TEST – Rise of the Ronin

La Team Ninja entame un nouveau virage avec Rise of the Ronin.

Rise of the Ronin

Ce test de Rise of the Ronin a été réalisé à partir d’un code de la version PS5 du jeu, transmis par Sony deux semaines avant la parution de cet article.

L’Histoire avec un grand H

Rise of the Ronin est identifié comme le projet de l’année 2023 de Team Ninja, après Wo Long Fallen Dynasty en 2023, Stranger Paradise Final Fantasy Origin en 2022, Ni-Oh 2 en 2020, Marvel Ultimate Alliance 3 : The Black Order et Dead or Alive 6 en 2019. Bref, ça c’était juste pour vous présenter le studio par le biais de leurs titres ces cinq dernières années. Pour certains joueurs plus aguerris, Team Ninja est et restera toujours le studio créateur des Ninja Gaiden et des DoA notamment dans les années 2000.

Le studio japonais a habitué les joueurs à les plonger dans des périodes historiques qui servent de contexte pour une intrigue plus ou moins bien menée. Cette fois-ci, on nous ancre clairement dans l’histoire du Japon au cours de la deuxième partie du XIXe siècle. Les férus d’Histoire nipponne reconnaîtront la période Bakumatsu puis la Guerre de Boshin qui a donné lieu à des conflits internes à partir de 1868. La particularité de cette guerre civile, c’est le rôle joué par les forces occidentales, surtout les Britanniques, Américains mais aussi les Français. C’est une période où le Japon est contraint à sortir de son isolationnisme et c’est assez mal vécu par certains clans du Japon qui se voient basculer de force dans une nouvelle ère.

  • [A SAVOIR] Cette période de l’histoire a été dépeinte à travers de nombreuses œuvres, du manga Kenshin le Vagabond au film Le Dernier Samurai en passant par le roman Mibu gishi-den et le film When the Last Sword is Drawn.

Si j’entre autant dans les détails du contexte historique de Rise of the Ronin, c’est que l’on y jouera indubitablement un rôle. On suit chronologiquement le conflit à travers les différents chapitres et on sera amené à prendre des décisions importantes, en faveur d’un camp ou d’un autre. On vous conseille d’ailleurs de préparer trois ou quatre vestes parce que vous risquez de les salir à force de les retourner selon vos choix. Heureusement le jeu a mis en place un système facile pour rejouer chaque grand axe de l’histoire et connaître les diverses conséquences de vos actes. C’est joliment inspiré tant les choix ne sont pas anodins, ils s’avèrent lourds de conséquences et c’est toujours agréable à vivre.

Dans Rise of the Ronin, on incarne une « lame », une ou un épéiste que l’on personnalisera de la tête aux pieds. Comme d’habitude, on se plaît à voir les multiples options de customisation, notamment au niveau des coiffures qui permettent de créer des personnages tape à l’œil. D’ailleurs, les images que vous verrez dans la galerie de notre test sont représentatives de notre expérience de jeu. Hormis le fruit d’un total hasard, vous ne retrouverez pas deux fois le même personnage dans les différents tests de toutes les rédactions de la presse Jeu Vidéo, ni chez les créateurs de contenu. Cet avatar nous sert durant toute l’aventure et de nombreux gros plans le mettront en scène. On peut même choisir sa voix, même si, avouons-le, il n’y avait pas énormément de choix sur cet aspect vocal.

Mais le plus intéressant dans Rise of the Ronin, c’est qu’en plus de personnaliser son personnage dans son apparence, c’est qu’on s’appropriera surtout ses façons de combattre. Dès le départ, on nous laisse effectivement beaucoup de choix différents pour les armes principales. On aura ainsi l’occasion d’en choisir deux types, autant vous dire que j’ai choisi les doubles épées qui apportent une grosse intensité au combat.

Aiguisé comme une lame, pointu comme un couteau

Les créateurs de Rise of the Ronin ont mis l’accent sur les mécaniques de combat. Dès le départ du jeu, on nous laisse donc le choix de multiples armes pour commencer l’aventure. On sera d’ailleurs très rassuré de collecter bien plus d’armes par la suite en réalisant des missions ou en mettant à terre les ennemis. Il ne sera donc jamais question de contrainte dans la façon de combattre puisque vous pourrez changer à tout moment, et ce même en plein combat puisque l’inventaire est disponible.

Rise of the Ronin démarre par une cinématique puis par la personnalisation de votre personnage. Dès le départ, on nous laisse le choix entre 6 profils pré-définis : Tueur, Briseur, Séducteur, Espion, Novice et… le profil « aucun affûtage », histoire de corser l’expérience de jeu. Par la suite, on décidera de nos premières armes pour l’entraînement et on enchaînera sur une première quête et le début du scénario du jeu. Cette première quête lance l’histoire du jeu par un événement marquant que l’on vous laissera découvrir.

Quoiqu’il en soit, Team Ninja avait toutes les clés pour nous fournir des sensations grisantes en combat. Il y parvient d’ailleurs dès lors que le combat est lancé. On aperçoit toute la maîtrise sur la technique des affrontements, où l’on a le choix entre l’esquive, le bloc et même avec un pistolet ou la parade, avec une jauge d’endurance difficile à maintenir à flot. Le studio a été inspiré en composant des équipes de 2 ou de 3 lors de missions. On pourra faire équipe avec tous les personnages importants de l’histoire, les généraux que l’on rencontre, à condition de ne pas y être opposé évidemment. Toujours inspiré, le jeu ne déclenche pas le mode Game Over si votre jauge de vie est à 0, il vous fait basculer dans la peau de vos alliés. De quoi continuer le combat et tester une autre façon d’attaquer. Par contre, si les 2 ou 3 protagonistes qui ont entamé la mission périssent, on redémarre le combat à zéro, au checkpoint précédent. D’ailleurs on en retrouve assez pour ne pas trop ressentir la frustration de devoir recommencer. Malgré tout, on se dit que des combos d’attaques entre les divers personnages auraient été fantastiques à vivre.

Par contre, les séquences d’infiltration sont catastrophiques et c’est notamment dû à une I.A complètement aux fraises. Le comportement de l’I.A est indigne et c’est un constat qui ne peut être que conforté tout au long de l’aventure. Cela concerne principalement les mobs qui n’en ont pas vraiment dans la cervelle.

Le principal challenge commence dès lors que l’on affronte face à face des ennemis, même si lorsqu’ils sont en surnombre, ils laissent un duel s’installer pour venir tour à tour s’empaler sur vos techniques de combat. D’ailleurs, parlons de ces mécaniques de combat.

Elle se repose principalement sur vos facultés de contre, avoir le bon réflexe donc. Vous devrez enchaîner les parades avec une simple touche dans le bon timing. On vous y prépare dès les premières minutes de jeu, et plus vous progressez dans l’histoire, moins l’erreur sera permise. Bien sûr, vous pourrez choisir d’esquiver mais le but étant de vider la jauge d’endurance de l’adversaire, il sera donc impératif de maîtriser l’art de la parade.

Là où il se distingue vis à vis d’autres productions, c’est qu’une seule parade ne suffira pas car l’ennemi enchaîne les coups d’estoc jusqu’à une frappe lourde. Celle-ci devra être contrée pour renverser l’adversaire. Une fois la mécanique maîtrisée, les sensations s’avèrent grisantes. Plus les adversaires sont redoutables, plus les mécaniques sont, quant à elles, exigeantes ! Tenir tête 3 à 6 minutes face à un boss peut demander énormément de concentration et de lucidité. On peut néanmoins féliciter les développeurs d’avoir rendu les mouvements des ennemis extrêmement claires et lisibles, de sorte qu’on ne puisse s’en prendre qu’à soi-même lorsque l’on loupe une esquive. D’ailleurs, quel plaisir d’inspecter la variété des ennemis et de leurs techniques de combat, chaque profil d’épéiste disposant d’un arsenal pour vous affronter et d’un timing différent qui nous force à être au taquet sur chaque attaque.

L’envie passe comme les heures

Nous aurions tellement apprécier ne pas nous languir de cette immersion dans le Japon du 19e siècle tant le contexte historique a été judicieusement choisie, et surtout reste pleinement exploitée à travers un certain folklore. Malheureusement, il y a des qualités et des défauts dans ce premier monde ouvert offert par Team Ninja. On se plaît à explorer le quartier des plaisirs, retrouver tous ces chats perdus qui ne demandent qu’à être câlinés tout comme les chiens errants, tous ces panoramas qui nous demandent à être immortalisés et ces lieux symboliques à être visités. Le contenu reste généreux et appréciable dans sa quantité. Néanmoins, la modélisation de cet environnement ne reste pas si envoûtante que cela, clairement en deçà d’un certain Ghost of Tsushima qui le dépasse dans tous les domaines de la réalisation. Même sans demander d’être à la hauteur du jeu de Sucker Punch, cet open-world paraît dépassé dans sa construction.

Attention, même si le titre dans sa globalité manque de charme (mais ce n’est que mon humble avis), on perçoit tout de même le travail du studio japonais pour allier des décors traditionnels japonais et l’influence de l’Occident. Ce biome sociétal (oui j’invente un terme) joue un rôle central dans l’intrigue et de la conception de la ville de Yokohama. Les endroits les plus reculés restent somme toute classiques tandis que le cœur de cette ville portuaire est un savoureux mélange des deux. Il faut dire que les Occidentaux sont forcément arrivés par la mer. Lorsque l’on découvre Yokohama, on constate qu’ils s’y sont déjà installés et que la diplomatie est déjà un nœud politique important. Il faut dire qu’on nous met très vite nez à nez avec le Commodore Perry qui a joué un rôle historique dans cette ouverture du Japon vers le reste du monde.

Team Ninja parvient donc à nous plonger dans cette ambiance correctement mais pas idéalement. On peut pester autour du retard graphique du titre au vu de ce que permet la console PlayStation 5. On est loin de se prendre une seule baffe visuelle durant les 30 heures de jeu qu’a duré mon premier run.

Deuxième obstacle à une expérience de jeu optimale, la conception de la carte par le studio. Si les potentiels amoureux du jeu pourront se ravir d’avoir des centaines de choses à réaliser dans les trois lieux qui constituent notre épopée, avouons que toutes les missions ne sont pas dignes d’intérêt. D’ailleurs, elles se ressemblent un peu toutes. Il y a des missions éphémères, comme un point d’exclamation qui poppe sur la carte, tout ça pour nous avertir qu’un méfait est en cours aux alentours. En mettant fin à celui-ci, cela vous rapportera des récompenses et le jeu ne lésine pas sur le loot acquis en toutes circonstances. Ensuite, on peut retrouver des quêtes liées aux personnages rencontrés durant le jeu, et on en retrouve énormément. Ce qui est agréable, c’est que vous renforcez les liens avec chaque personnage en vous consacrant à leurs missions. Et plus vous vous liez avec eux, plus vous obtenez des objets importants. Il faut avouer que cette idée n’est pas mauvaise et nous donne parfois l’envie de creuser avec des protagonistes appréciés, ce que l’on peut même faire en discutant avec eux ou en leur offrant des présents.

A chaque chapitre du jeu ses nouveaux acteurs et donc ses nouvelles missions. Dans le dernier tiers du jeu, j’ai mis de côté toutes ces quêtes annexes pas plus par manque de temps que par manque d’intérêt. J’ai eu l’impression que j’avais déjà fait le tour de ce que ça m’offrait. De même, sur la carte du jeu, on trouvera diverses icônes. Des lieux à découvrir, mais aussi des fugitifs à vaincre et des chats à retrouver, des zones dont se sont emparées des bandits etc. Il faut savoir que toutes ces activités rapportent des sous ou des objets… ou la perspective d’acquérir des items chez un PNJ en particulier.

Héritage et testament

Rise of the Ronin n’oublie pas de reprendre quelques mécaniques connues du genre. Par exemple, lorsque vous mourrez, vous pouvez récupérer vos pertes de karma en allant vaincre celui qui vous a vaincu, un système appelé « vendetta » ici. Lorsque vous démarrez une mission, vous pouvez vous dépêcher et fuir les zones d’affrontement mais le jeu vous invite à nettoyer la zone en donnant des objectifs secondaires, souvent « vaincre des ennemis redoutables ». Ce sont des sous boss qui donnent du fil à retordre. Cela rapporte évidemment plus de récompenses. Autre chose, on vous confiait qu’il était possible de former des équipes de 2 ou de 3 avec des PNJ. Il est aussi possible de lancer le jeu en multijoueur en ligne, de quoi accomplir des missions difficiles avec des joueurs aguerris qui connaissent autant que vous le système de parade.

[Attention] Si vous souhaitez découvrir les fonctionnalités qui apparaissent au bout de quelques heures de jeu, nous vous conseillons de passer directement à la conclusion pour ne pas vous divulgâcher certains éléments du jeu.

Vous serez amené à customiser votre Nagaya, un lieu dans lequel vous êtes en mesure de tisser plus de liens avec vos alliés, personnaliser la décoration et offrir des cadeaux. Ce n’est pas une fonctionnalité centrale mais complètement optionnelle. Par contre, le Testament Spirituel est également optionnel mais diablement plus intéressant puisqu’il permet de relancer des missions passées, en constatant ainsi les divergences scénaristiques lorsque l’on réalise d’autres choix.

Les choix sont importants, parfois vous augmenterez la jauge en faveur du Shogunat, parfois ce sera en sa défaveur. L’impact joue sur vos relations mais aussi sur les récompenses. La narration reste aussi importante, on bénéficie alors d’un glossaire dans les menus du jeu qui nous expliquent le rôle historique de chaque personnage qui, on le rappelle, ont bel et bien existé.

Rise of the Ronin change clairement de cap vis à vis de la franchise Ni-Oh qui était un Dark Souls-like. En offrant son premier open world, le studio rend aussi ses mécaniques plus accessibles, tout de même exigeantes sur certains boss qui vous demanderont de vous employer pour en venir à bout. Mais l’accent est mis sur l’exploration (mais pas assez sur la contemplation) avec un appareil photo, un cheval et de quoi planer dans les airs.

Le côté RPG est basique et il rappelle les anciens jeux de Team Ninja. Chaque élément de personnalisation possède des caractéristiques qui peuvent favoriser une approche ou autre, avec des bonus liés mais un niveau d’équipement qui invite le joueur à renouveler ses équipements régulièrement. J’ai donc éprouvé des difficultés à m’attacher à une tenue en particulier, de crainte qu’elle ne soit plus au niveau de ma progression.

Enfin, il existe des fonctionnalités après la fin du jeu, mais dans la veine de ce qu’on nous proposait déjà. C’est réservé à ceux qui recherchent du challenge et des récompenses et équipements avec plus de valeur et de prestige.

Pour conclure, car je suis obligé de le préciser, l’amour des créateurs pour les chats est tel qu’on débloque au bout de quelques heures de jeu un système de location de chat, chacun aura un rôle à jouer, sachez-le !

Rise of the Ronin est une formidable revisite de la révolution japonaise de la seconde moitié du 19e siècle. Team Ninja s’est encore permis de puiser dans un contexte historique pour nous faire revivre une période majeure de l’Histoire nipponne. Mieux encore, il parvient à nous offrir des sensations de jeu nerveuses et agréables à travers des mécaniques de combat aiguisées. Malheureusement, le titre n’est pas si envoûtant. On regrette que la maîtrise technique du jeu ne soit pas suivi d’une maîtrise graphique tant les décors ne sont pas dignes d’une PS5. On peste aussi que les séquences de combat et d’infiltration soient parfois gâchés par une I.A complètement aux fraises. Enfin, même si le plaisir d’explorer la carte à la recherche de quêtes et d’activité est présent dans les premières heures, il disparaît petit à petit pour laisser place à la lassitude tant les quêtes FedEx s’enchaînent et les missions paraissent répétitives. Reste à savoir si le public est prêt à se lancer dans ce premier monde ouvert offert par la Team Ninja qui, malgré ses défauts évidents, parvient à créer quelques attaches à ses personnages et à une intrigue au cours de laquelle on joue un rôle par le biais de choix qui ont un impact sur la suite du scénario.

 

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Points forts

  • Une période historique clé pleinement exploitée
  • Des mécaniques de combat nerveuses
  • On tient à les câliner ces chats...
  • De nombreux personnages jouables
  • Des choix scénaristiques à impact
  • Les tutos sont efficaces
  • L'exploration est récompensée...

Points faibles

  • Loin d'exploiter les performances graphiques de la PS5
  • Des quêtes FedEx en veux-tu en voilà
  • Peut-être mieux à faire avec cette double lame
  • Une I.A à revoir en profondeur
  • Même si l'exploration perd en intérêt au fil des heures
7

Good

Toujours dans la magique potion du jeu vidéo !

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