[Edito] Les réseaux sociaux se politisent et il faut être prudent

Twitch

La plateforme gaming évolue quelque peu à l’approche des élections présidentielles françaises et cela pose quelques questions notamment d’éthique.

Juin 2020 Jean Luc Mélenchon lance sa chaîne Twitch.
Juillet 2020 Emmanuel Macron lance son compte TikTok
Février 2021 Gabriel Attal, porte parole du gouvernement, débat en direct sur Twitch avec des influenceurs sur l’avenir de la jeunesse et des étudiants français, gravement atteint par la crise de la Covid-19, tandis que le président lance un défi aux youtubers McFly & Carlito pour chanter les gestes barrières.
Mars 2021, Samuel Etienne, s’apprête à recevoir le premier ministre Jean Castex après avoir reçu moins d’une semaine auparavant, François Hollande, le précédent président de la République. Quelques jours plus tard ce sera au tour de Marine Le Pen d’être reçue sur la chaine Twitch de BFMTV.

Telles sont les principales annonces en termes de communication politique sur 12 mois bien particuliers. Communications sur les réseaux sociaux et plateformes de contenus aux contextes différents mais aux buts similaires.

La politique prend la mesure des nouveaux médias.

Ne nous détrompons pas, le phénomène n’est pas nouveau ni lié aux nouvelles technologies. D’une certaine manière il est même étonnant que les politiques aient mis autant de temps à investir les nouvelles plateformes. Après tout Valerie Giscard d’Estaing s’invitait bien chez les particuliers pour partager le repas familial, Laurent Fabius, alors premier ministre, profitait de la paparazzisation du journalisme pour faire sympa en allant chercher des croissant à la boulangerie d’en face quand François Mitterrand se faisait coacher sur le verlan.

Enjeux identiques en 2021, il faut toucher un public imperméable aux canaux habituels et apparaitre comme sympathique.

Contextes différents comme nous l’écrivions plus haut sur cet investissement des réseaux sociaux. Lorsque JLM lance sa chaîne, les spectateurs savent immédiatement qu’ils sont dans un espace géré par un parti, ou du moins, une personnalité politique d’opposition. C’est clair et limpide. Idem pour BFMTV, chaine d’information en continu qui veut toucher un public qui, habituellement, évite son contenu télévisuel. Avec l’annonce d’une interview d’une personnalité clivante elle compte sur le buzz généré et attirer curieux, opposants et très certainement trolls. Et si ce n’est pas le cas, les modérateurs ont intérêt à se préparer psychologiquement à gérer ce moment qui pourrait devenir anodin et anecdotique, comme être un moment de malaise historique pour la chaîne.

En revanche pour les autres exemples, le fog of war obscurcit la map, et il serait temps de poser un peu de vision.

Dans son émission #SansFiltre, pendant 1h30, le porte-parole du gouvernement a discuté avec cinq influenceurs de la crise sanitaire pesant largement sur les jeunes. Discuté et non débattu, car il animait lui même cette émission entouré d’influenceurs, pas de journalistes, pas d’étudiants, mais bien de gens dont le métier est, étymologiquement, de peser sur la prise de décision de leur public. Remarque qui sera d’ailleurs remontée par EnjoyPhoenix. Discussion où le tutoiement et la décontraction étaient de rigueur tout comme les esquives aux questions des participants, pourtant bien loin du quotidien des gens ciblés par le sujet, a tel point que #etudiantspasinfluenceurs apparaissaient comme top mention sur les réseaux devant cette équation :

Poids du lieu (Elysée) + Porte Parole du gouvernement + Influenceurs = Aucune réponse/Bad Buzz.

Même exercice pour le président avec McFly & Carlito pour les gestes barrières. Un an après le début de la pandémie et alors que le gouvernement annonce fièrement que les restrictions ne sont plus qu’une question de semaine, il peut paraitre anachronique de vouloir faire le buzz sur les gestes barrières, même si ceux-ci ne sont toujours pas vraiment respectés. Il en aurait été autrement si ce défi avait été initié au printemps dernier.

L’enjeu serait donc ailleurs ?

Réseaux sociaux : Audience Vs Auditoire.

Et le petit dernier dans le game, c’est le sympathique (pas d’ironie) Samuel Etienne, présentateur de QPUC mais surtout étudiant à l’Institut d’études politiques de Paris, et présentateur de multiples journaux télévisés, il semble avoir toute légitimité à interviewer des personnalités politiques. Mais se posent plusieurs questions. Déjà Twitch n’est pas soumis aux règles du temps de paroles entre candidats, partisans, groupes politiques. Voir le gouvernement investir massivement les réseaux peut et va fausser cette parité déjà bien mise à mal depuis quelques mandats. Et il serait étonnant que la chaine de S.Etienne, comme celle de ses confrères ait comme but de la respecter.

Autre point, S.Etienne est employé par le service public, tout comme les journalistes politiques de France Radio/Tv me direz-vous. Oui mais quand on finit son tweet d’explication par #FCbienveillance, difficile d’imaginer le premier ministre repoussé dans ses retranchements. Premier ministre qui sera coaché par une horde de consultants en communication avant la dite intervention. Premier ministre qui ne convainc pas lors de ses allocutions. Premier ministre qui a, apparemment donc, le temps d’être coaché et d’aller faire le mec sympa sur Twitch en temps de crise.

Et puis ne serait-ce pas en se mettant en « danger » face à des détracteurs plus incisifs que Jean Castex avait le plus d’opportunité de convaincre ? Ce ne sont pas les choix qui manquent, y compris sur la plateforme de streaming. A l’annonce de cette intervention on ne peut s’empêcher de penser que le but est bien d’apporter une communication gouvernementale (au mieux) ou partisane (au pire).

Et puis vient le sujet des audiences. S.Etienne a cassé Twitch avec son live avec F.Hollande. Un cassage à 84 000 viewers pour un passage relativement insipide ou l’on « apprit » que la présidence de Trump était « anormale » et que Poutine était diplomatiquement brutal. Une goutte d’eau comparée aux audiences de la mer(e) télévisuelle.

Pour l’anecdote cette décision a eu un effet néfaste sur le streamer Etoile, qui a amener S.Etienne vers Twitch, beaucoup lui reprochant, à tort, ces émissions.

C’est qu’à un an de la présidentielle en France, l’enjeu n’est pas de parler aux plus nombreux, mais à ceux qui, jusque là, n’écoutaient pas, ou plus. Et clairement pas dans un but d’information civique, mais bien pour une session d’autopromo et ce pour tous les courants usant de ces réseaux. Alors peut être que le #FCbienveillance sera une bonne surprise, mais avec un gouvernement porté sur l’ultra-communication, et ayant déjà joyeusement et sans décomplexion usé du mensonge et de la manipulation statistiques pour gagner temps et taux de confiance, c’est la notre, de confiance, qui est mise à mal. Soyez Soyons attentifs car cet investissement des réseaux et plateformes semble nous ramener aux heures de gloire de l’ORTF où toute communication ne semblait être que propagande. Que les politiques sortent de leur zone de confort télévisuelle et radio-visuelle n’est pas le problème, le problème c’est le but et le fond de cette communication

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