[Avis] Pourquoi Mass Effect Andromeda est une trahison ?

Mass Effect Andromeda

Comme beaucoup, j’ai parcouru la Trilogie dans sa version Legendary, ce qui m’a donné envie de retenter l’expérience Mass Effect Andromeda et j’avais envie de mettre le doigts sur ce qui ne va pas dans ce jeu d’après moi.

Alors que la Legendary Edition est sorti, ravivant les fans du monde entier, moi y compris, j’avais envie de retenter Mass Effect Andromeda. J’y avais joué au début de l’année 2019, peu après avoir complété ma toute première run de la trilogie, histoire de voir pourquoi cet opus était tant décrié. A l’époque, j’avais passé un bon moment, malgré quelques sensations de longueur dans l’histoire, mais il ne m’avait pas marqué comme la trilogie et je n’ai jamais refait de run sur cet opus. Cependant, j’ai retenté il y a quelques jours et j’avais envie de mettre en avant ce qui, selon moi, a amené à la trahison de l’esprit de la trilogie originale, histoire de compléter l’édito de Plumesdanges sur la trilogie, édito avec lequel je suis plutôt d’accord et qui va m’aider à mettre le doigt sur les problèmes.

Dans un premier temps, j’aimerais parler des points positifs, car il y en a et je le pense sincèrement. Déjà, l’idée de déplacer l’action dans une autre galaxie est très bonne, permettant de ne pas créer d’incohérence avec la trilogie originale, avec de nouveaux environnements à découvrir, donnant un réel sentiment d’exploration, qui pouvait rappeler la découverte du premier opus, la première fois que l’on découvre cet univers si riche. De même, certains personnages auraient pu avoir un développement intéressant, comme Drack, le vieux papy Krogan ou Vetra, la grande sœur Turienne. Les missions de loyautés sont les missions que j’ai le plus appréciées dans cette seconde run et contrairement au reste du jeu, j’avais encore souvenir de ces missions, qui sont beaucoup plus marquantes que le reste de l’aventure. Voilà qui conclue les points positifs.

Pour commencer toutes les missions secondaires sont les mêmes dans Mass Effect Andromeda : va chercher un objet, va tuer tel monstre… En fin de compte, ce qui a tué l’esprit, selon moi, c’est le passage en monde ouvert. Il y a eu des moments en monde semi-ouvert dans la trilogie originale, mais c’était avant tout de l’exploration, qui était facultative. Là on retrouve les éléments de monde ouvert classiques, avec des quêtes qui se répètent à droite et à gauche, qui viennent rapidement au bout de ma patience. Selon moi, dans un premier temps, c’est ça qui marque une trahison de l’esprit de la trilogie originale, qui était marquante sur bien des points, dont ses missions secondaires qui donnaient envie d’être effectuées, elles donnaient réellement l’impression de faire partie d’un univers plus vaste, comme lorsqu’on nous demande d’aller mater une révolte de biotiques dans le premier opus. Il y a une implication dans le lore, ça donne envie de s’investir. Dans, Andromeda, on nous dit « va chercher de la salade de l’espace ». Pourquoi ? Bah je sais pas, scénario. Si encore on avait l’impression que ces missions aidaient les colonies à se développer, cela aurait un sens, mais non, c’est juste là pour faire du remplissage. Et encore, je ne parle pas des missions qui te demandent d’aller sur plusieurs planètes pour accomplir des objectifs bancales.

Le méchant est là, parce qu’il fallait un méchant, mais à aucun moment il ne nous donne ses motivations, ce qui est extrêmement dommage. Et le personnage principal est une coquille vide, sans aucun intérêt et lisse au possible, toujours très gentil parce qu’il fallait un gentil. Là où la trilogie avait réussi un tour de force selon moi, c’est qu’aucun personnage n’est foncièrement bon ou mauvais, même les Moissoneurs ont un rôle à jouer, ils n’ont que faire du bien ou du mal. Shepard peut être extrêmement gentil ou la pire des ordures, ou encore un benêt qui déclenche plusieurs génocides parce qu’il n’a pas compris la question (ça c’est moi dans ma première run). Et pour reprendre les mots de Plumesdanges, on modèle notre Shepard selon nos désirs, sur les quatre runs que j’ai effectuées, j’ai fait quatre Sheppard différents, j’envisage même de faire l’aventure incroyable de Marlène Shepard prochainement. Mais dans Andromeda, il n’est pas possible de modeler son Ryder, ça sera Ryder, le gentil couillon, et c’est tout. Aucun choix n’est percutant ou impactant, ce qui change, c’est seulement la manière de le dire. Et pourtant, j’ai toujours choisi la voie conciliante, sauf une fois (ce qui s’est soldé par la mort de Shepard à la fin du 2), mais là, ça ne passe pas. Les personnages de Mass Effect ne sont pas manichéens, même l’homme trouble avait des motivations et dans le 2, il nous apporte une aide considérable… Avant qu’on l’envoie chier pour d’excellentes raisons. On en vient à pactiser avec celui que je considère comme l’un des principaux antagonistes de la trilogie, qui est certes manipulé, mais aveuglé par son désir de puissance. Dans Andromeda, il y a gentils aliens et méchants aliens, ces derniers pouvant nous aider à un moment-clé, mais cela reste finalement assez accessoire.

L’histoire est finalement assez bancale, on parle de coloniser de nouvelles planètes, de rencontrer d’autres races dans la galaxie Andromède, mais c’est simplement des mots. A aucun moment on a l’impression de faire partie de l’aventure spatiale de la colonisation de planètes inhabitées, mais le jeu nous sort un deux ex machina, avec une machine incroyable qui peut terraformer toutes les planètes de cette galaxie, histoire d’aller plus vite. J’ai trouvé cela très bancale, c’était seulement là pour nous donner un but clair, qui aurait pu être mieux amené. Pour revenir sur le grand méchant, à aucun moment on ne connait ses motivations, on aurait pu avoir par exemple la surprise de découvrir que la race des Kerts était vouée à l’extinction, d’où la nécessité de recourir à l’exaltation, mais non, on a juste un méchant qui veut faire une armée, pour se mettre sur la gueule. Et l’Archonte veut mettre la main sur Méridiane pour tout casser dans la galaxie. Pas pour permettre aux Kerts de survivre sur des planètes, dans des environnements qui leur seraient favorables ? Non, pas du tout, juste un but de méchant pour jouer au méchant…

Plus j’y réfléchis et plus je me dis que ce qu’il manque à Mass Effect Andromeda, c’est une vrai mission suicide, comme celle du 2. En effet, la mission suicide, c’est, pour moi, le moment le plus important de toute la trilogie, car c’est la première fois que l’on ressent le poids de tous nos choix passés, conduisant à la vie ou à la mort de personnages auxquels on s’est attaché. Dans Andromeda, il est impossible de perdre le moindre personnage et du coup, on a aucune attache émotionnelle envers eux. Pour rappel, dans le premier Mass Effect, on pouvait perdre Wrex si on jouait comme un pied (je confirme), et c’est l’un des moments les plus marquants de ma première run. Là, il n’y a aucun enjeu dans les choix que nous faisons au fil de l’aventure, la mission finale est un moment comme les autres, qu’on aura oublié une semaine après l’avoir fini (je ne déconne pas, je ne me souviens absolument pas de la mission de fin d’Andromeda). A aucun moment on n’a peur pour eux et, fatalement, on s’attache moins à ceux-ci, comme on pouvait s’attacher à Wrex, à Mordin Solus ou encore à Légion.

En fin de compte, je n’ai pas envie de tout mettre sur le dos des développeurs, ils ont fait ce qu’ils pouvaient, malgré un développement chaotique. A savoir que l’équipe principale qui a travaillé sur la trilogie originale, dont Casey Hudson, n’a pas participé au développement. En effet, Andromeda est le travail de BioWare Montréal, qui n’avait travaillé que sur le mode multijoueur des précédents opus, ce qui peut expliquer que l’aspect combat du titre était finalement plus réussi, malgré l’impossibilité de se mettre à couvert d’une simple pression de touche. Pendant le développement d’Andromeda, la petite équipe de Montréal a dû travailler seul, sans l’aide des vétérans du studio et ils ont voulu changer beaucoup de choses, sans jamais recevoir d’aide. Donc avec un développement chaotique et surtout, avec une pression constante d’EA qui voulait profiter de la poule aux œufs d’or en pressant les développeurs pour sortir le jeu le plus rapidement possible, est-ce que ce naufrage aurait pu être évité ? Je ne pense pas, rien que dans son développement, le jeu prenait une mauvaise direction, de celle dont le crunch est finalement une coutume répandue, puisque les équipes ont dû cruncher pour sortir le jeu dans les temps. Cela peut aboutir à des réussites, certes, comme Red Dead Redemption 2, mais le plus souvent, ce sont des échecs, la faute à un mauvais management, à un manque de recul, qui aboutissent à des catastrophes comme Mass Effect Andromeda ou encore Cyberpunk 2077. Parce que le crunch a un impact sur la vie des salariés et, même si une fois sur deux, cela peut marcher, cela ne vaut jamais le coup, surtout quand le succès n’est pas au rendez-vous.

Et comme je ne peux pas vous laisser partir sur une touche aussi sombre, découvrez en avant première des images exclusives du prochain Mass Effect (bon, au moins de ma prochaine run) :

Vous voyez, ça peut toujours être pire

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Force tranquille de la rédaction, grand spécialiste du « ça va ? ». Sloth est le Lucky Luke de la news, il écrit plus vite que son ombre ! D’après la légende personne n’a jamais réussi à lui poser la question « ça va ? » en premier !
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