TEST – Astria Ascending : il n’y a pas que le physique qui compte

À la base développé comme un jeu mobile appelé Zodiac : Orcanon Odyssey, Astria Ascending se présente comme une réinvention de ce dernier. Véritable ode au J-RPG « à l’ancienne », le jeu développé par le petit studio franco-québécois d’Artisan Studio s’est entouré de grands noms du genre, en la personne de Kazushige Nojima au scénario (FFVII, Kingdom Hearts) ou encore Hitoshi Sakimoto à la musique (FF Tactics, FFXII). Des noms qui ont marqué l’industrie de leur empreinte et qui sont venus épauler le studio pour livrer ce J-RPG au tour par tour visuellement enchanteur. Mais comme on dit, le physique ne fait pas tout et nous allons voir, dans les lignes qui suivent, si Astria Ascending a ce qu’il faut pour se faire une place aux côtés de ses idoles.

• Genre(s) : J-RPG / Tour par tour
• Développeur/éditeur : Artisan Studios / Dear Villagers
• Support de test : PlayStation 4
• Disponible sur : PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox Series, Xbox One, Nintendo Switch
• Date de sortie : 30 septembre 2021

image d'Astria AscendingUne histoire qui manque d’Harmonie

Artisan Studio a fait un pari risqué en s’entourant de la personne de Nojima pour écrire son histoire. En même temps, quand on a dans son CV des scénarios comme ceux de Final Fantasy VII ou Final Fantasy X d’un côté et ceux des 3 premiers Kingdom Hearts de l’autre, le très bon côtoie rapidement le un peu plus alambiqué.

Astria Ascending nous conte l’histoire du royaume d’Organon où règne l’Harmonie, une sorte de situation géopolitique idéale, mise en place par les « douze juges », tous les peuples vivent à peu près en… harmonie. Pour veiller à ce que cette Harmonie soit respectée, les habitants du monde se voient contraints de manger des « Harmelons », des fruits qui servent en quelque sorte à inhiber certains traits de caractère, pour que tous soient en accord avec cette doctrine. Les juges peuvent également compter sur les demi-dieux (un corps armé chargé de veiller au bon déroulement de cette Harmonie) pour veiller au bon fonctionnement de cette Harmonie.

Alors qu’il ne leur reste plus que 3 mois en fonction (un demi-dieu meurt après 3 ans de bons et loyaux services auprès des juges), cette Harmonie se trouve fragilisée par des « Réfractaires ». Il va donc s’ensuivre une longue chasse à l’homme, afin de lever le voile sur l’identité des personnes qui fragilisent peu à peu cette Harmonie. Une quête qui ira jusqu’à remettre en question le rôle des demi-dieux et le bien-fondé de leur mission.

En ce qui concerne les demi-dieux… Au nombre de 8 dès le début de l’aventure, il faut reconnaître que le tout ne déborde pas forcément de charisme. De plus, cette surcharge dès le début de l’aventure donne l’impression d’un « trop-plein » de personnages, qui se solde par le sentiment de ne jamais vraiment les connaître. C’est logique car plus il y a de monde à l’écran, plus la parole doit être divisée pour faire participer tous les personnages. De son côté, l’écriture est assez décevante, les dialogues étant souvent assez soporifiques et mal répartis entre les personnages. Et bien qu’une partie de l’aventure soit assez intimiste (les proches des demi-dieux étant liés à l’histoire principale) on a tout de même, malgré ça, l’impression de jamais vraiment avoir assez de matière pour s’attacher à eux.

L’écriture est également assez paresseuse, la progression scénaristique en tête. Le principal ressort narratif qui permet de faire avancer l’intrigue réside dans l’apparition soudaine et systématique des antagonistes pour parler, donner quelques bribes d’informations et se carapater au nez et à la barbe de nos 8 héros. Un poncif très lassant à la longue qui donne presque un aspect « blague » au scénario.

On est donc en face d’un titre qui avance de manière assez artificielle à l’aide de ressorts narratifs assez grossiers. Et même si certaines thématiques plutôt matures sont abordées (le rôle remis en question des demi-dieux ou encore le contrôle des émotions et des capacités de certaines espèces), le tout manque quand même de substance, de scènes marquantes et reste handicapé par une structure trop répétitive.

Image Astria AscendingUn système de combat qui ne fait pas forcément le Job

Astria Ascending opère dans la grande tradition du J-RPG en optant pour des combats au tour par tour. Du côté de la progression, tout se passe en scrolling horizontal, en 2D, à la manière d’un plateformer. Les donjons, qui composent la majeure partie du jeu, sont quant à eux jonchés de petites énigmes que vous pourrez résoudre grâce à votre anneau zodiacal. Ce dernier gagne en pouvoirs au cours de votre aventure et vous permettra par exemple de faire apparaitre une statue de pierre sur laquelle vous pourrez grimper pour vous hisser en hauteur, ou tout simplement activer des leviers pour modifier votre environnement et vous frayer un passage. L’exploration des donjons reste assez plaisante, même si elle n’est pas aidée par la carte qui aurait pu être nettement plus intuitive ou pratique.

Mais le cœur du gameplay d’Astria Ascending, celui qui nous intéresse le plus, est plutôt du côté des combats et de ses mécaniques d’évolution de personnage. Ici, on se retrouve avec un système de « Job », très inspiré de certains opus de Final Fantasy. Au cours de l’aventure, vous allez avoir la possibilité de donner des spécialités aux membres de votre équipe. Même si ce système est un peu guidé par les talents « naturels » des personnages, vous pouvez tout de même Image d'Astria Ascendingchoisir qui sera votre mage noir, votre mage blanc, votre voleur, votre attaquant, etc.

Une fois ce choix fait, cela débloque un arbre de compétences spécifique dans lequel vous pouvez évoluer grâce à des points débloqués à la fin de chaque affrontement. Même si cela paraît une bonne idée sur le papier, il est étonnant de constater qu’il n’est pas possible de choisir un Job pour tous vos personnages dès le début du jeu. De ce fait, il faudra attendre plusieurs heures de jeu pour que les 8 demi-dieux aient chacun leur Job. Encore pire, il faudra jouer une vingtaine d’heures et avancer de manière conséquente dans la trame principale pour pouvoir débloquer les « Jobs secondaires », qui vous permettent d’affiner encore plus les caractéristiques de votre personnage. Avec ces Jobs secondaires, vous pourrez par exemple débloquer des compétences d’une autre classe sur un personnage qui n’y était pas destiné à la base.

Pour vous donner un exemple, mon équipe de base était constituée d’un bretteur, d’un défenseur, d’un mage noir et d’un mage blanc. Malheureusement, ce n’est qu’après avoir eu l’occasion de débloquer les Jobs secondaires qu’un autre membre de mon équipe (autre que mon mage noir) ait pu commencer à débloquer la possibilité de lancer des attaques élémentaires magiques. Sur le papier cela ne pose pas vraiment de soucis. Mais là où le bât blesse, c’est que le système de combat est très nettement axé sur la magie.

Le système de combat, parlons-en. Tout d’abord, la première chose qui choque au fur et à mesure de la progression est le fait que quasiment tous les ennemis ont la priorité d’attaques sur vos personnages. Vous passez donc constamment vos premiers tours à vous soigner ou à réanimer vos compagnons qui se sont fait rouster, sans que vous ayez pu toucher le moindreImage d'Astria Ascending bouton. Chaque combat sans exception devient donc un calvaire et dure plus longtemps que ce qu’il devrait, les transformant en légère corvée.

De plus, le système de jeu est basé sur la récupération et l’utilisation de « points de concentration » qui vous permettent d’augmenter les dégâts de chacune de vos attaques, sorts ou compétences. Et la principale manière d’en obtenir est d’attaquer les ennemis avec leurs faiblesses, qui sont dans la plupart des cas, magiques. Vous commencez donc à comprendre pourquoi on vous disait plus tôt que le système de combat est quasiment axé sur la magie et rend la plupart des attaques physiques anecdotiques. Donc si vous faites les mauvais choix pour attribuer vos Jobs en début de partie, il est possible de se retrouver avec un seul magicien capable d’infliger de gros dégâts, ce qui fait partie des choses les plus frustrantes du jeu.

Le jeu possède également son lot d’activités annexes. Vous pourrez, dans les différentes villes, remplir des contrats de chasse, jouer au J-Ster (un jeu de cartes inspiré du Triple Triad de Final Fantasy VII) ou encore parler aux différents villageois afin d’obtenir des quêtes secondaires. Des contenus sympathiques, qui viennent casser un peu le côté cyclique de l’aventure, qui avance uniquement en vous faisant explorer des donjons, revenir dans la ville principale, régler les péripéties qui surviennent au sein de cette dernière et repartir faire un autre donjon.

Finalement, quand on prend un peu de recul sur le système d’amélioration des personnages et le système de combat, on a vite l’impression qu’il y a juste trop de choses. Trop de personnages, trop d’ennemis pendant les combats, trop d’arbres de compétences, trop de capacités à améliorer dans ces arbres, etc. C’est dommage, car certaines idées sont bonnes. Mais on se laisse vite dépasser par tout ce qu’on nous propose et les mauvais choix (notamment sur les Jobs de vos personnages) ont des influences trop négatives sur le déroulé de l’aventure.

Image Astria AscendingUn travail d’Artisan

Mais là où Astria Ascending est indéniablement le meilleur, c’est dans son enrobage. Alors certes, on pourra pinailler en disant que certaines animations de personnages sont un peu rigides et que certains écrans à l’intérieur des donjons sont un peu répétitifs, mais comment bouder son plaisir devant une œuvre aussi belle ? Avec ses décors et ses personnages dessinés à la main, Astria Ascending surprend à chaque région de la carte découverte. Que cela soit dans la ville d’Harmonie ou dans les nombreux donjons qui composent cet univers, les décors sont chatoyants et il en dégage, sans trop qu’on sache comment l’expliquer, un aspect réconfortant. Au même titre, le bestiaire qui compose ce monde est une véritable réussite. En fin de compte, sur son aspect graphique et son univers, Astria Ascending est indéniablement une émerveillante réussite.

De leur côté, les musiques laissent un sentiment un peu plus mitigé. Le thème de combat est plutôt réussi, mais la musique qui résonne face aux boss est quand même moins inspirée, entrainante et épique. Le reste des compositions est plutôt en harmonie avec l’univers, même si elles sont assez timides et auraient gagné à être un peu plus mises en valeur.

Enfin, un petit mot sur le doublage d’Astria Asceding. On notera l’effort de le doubler à la fois en anglais mais également en japonais, qui est d’ailleurs le doublage original. Un détail pour certains, mais une preuve supplémentaire s’il en fallait que le jeu transpire d’amour pour la culture nippone et leurs RPG.

Image de F.I.S.T
Petite déception que cet Astria Ascending. Bien qu’il soit une réussite complète sur son aspect graphique et son univers, c’est sur son système de combat et de progression que le jeu pêche. Avec une impression de trop plein à tous les niveaux, le jeu aurait notamment mérité d’être un peu plus épuré de certaines mécaniques et un peu mieux équilibré sur ses phases de combat.

 

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Points forts

  • Une direction artistique somptueuse
  • Un univers séduisant
  • Le J-Ster, un bonheur pour les fans de Triple Triad
  • Des thématiques matures
  • Des musiques efficaces

Points faibles

  • Des héros peu attachants
  • Les combats, longs, frustrants et mal équilibrés
  • Une structure de progresson cyclique et rébarbative
  • L'impression d'un trop plein à tous les niveaux
5

Average

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