TEST – Cloudpunk, une question de rythme

Quand Blade Runner rencontre UPS.

Développeur : ION LANDS.
Éditeur :  ION LANDS, Maple Whispering Limited
Genre : Aventure
Plateformes : PC
Date de sortie : 23 Avril 2020
Support de test : PC (version fournie par l’éditeur)

Il aura fallu attendre 2020 pour qu’un jeu nous propose de piloter des voitures volantes dans un univers se retrouvant à mi-chemin entre le 5e élément et Blade Runner après avoir fait un détour par Ghost In The Shell. Bienvenue à Nivalis, mégalopole située dans les nuages, perpétuellement dans la nuit (le Cyberpunk a ses codes).

Une ambiance tendue.

Vous incarnez Rania, jeune femme nouvellement arrivée à Nivalis, ancienne musicienne, devenue livreuse pour la société, illégale, Cloudpunk. Par son biais vous découvrirez la cité, ses quartiers, habitants et enjeux entre corporations, services policiers, hackers, intelligenceS artificielleS et habitants paumés. Et notre pauvre Rania, encore un peu naïve et candide vis à vis des requins de Nivalis va très vite se retrouver au milieu de problématiques la dépassant quelque peu. Elle aura à ses côtés Cammus, son chien IA, pour lequel elle tente d’économiser en vue de lui redonner un corps décent et Control, son dispatcheur de livraison, encore que son rôle soit souvent ambigu.

La ville est immense (surtout pour un jeu dit indépendant) et s’offre à vous sans trop de résistance. Vous êtes immédiatement libre de vos déplacements, libre de découvrir la cité comme bon vous semble, quitte à ne pas vous occuper de vos missions immédiatement. Si le « GPS » vous guide bien pour vos missions, une carte globale aurait été un plus pour comprendre l’organisation de la ville. Se diriger dans un quartier est très simple, dès qu’on a compris que tout se jouait sur plusieurs niveaux, mais lier les quartiers entre eux, et s’y retrouver, peut être plus ardu.

Au delà de cet aspect, contrôler le HOVA (véhicule volant) tient de l’évidence, et la ville est comme rêvée par tous les fans du genre. Elle réussit même le petit tour de force de proposer des environnements diversifiés,ce qui, vu le contexte pouvait paraitre très compliqué. Le parti pris graphique, entre Lego et Minecraft rend très bien, d’autant que le premier plan reste, en général, assez éloigné. Et la bande-son colle parfaitement, à la fois discrète et immersive, on ne pouvait rêver mieux. Idem avec les effets sonores qui vous plongeront dans la ville.

Une aventure un peu molle.

Cloudpunk est avant tout une aventure narrative. N’imaginez pas une succession de courses-poursuites endiablées, d’explosions de pixels ou de combats dantesques contre des androïdes philosophant en slip sur un toit (si vous avez la référence, je vous aime un peu plus). Cette aventure va vous amener très tôt à faire des choix, mais disons-le de suite, cette aventure manque de punch. On retrouve les thématiques du genre, le tout servi par des personnages qui auraient pu avoir le charisme attendu, s’ils parlaient moins.

Le jeu parle trop et tout le temps, dialogues inutiles, surexposition forcée, des détails explicités jusqu’à la moelle. Comme si le jeu nous criait : « Regardez-moi, j’ai un univers hyper fourni, regarde, hé ! Hé ! Regarde-moi je te dis. » Sachant que seul 50% des dialogues peuvent être accélérées, on peut se retrouver parfois à n’écouter que d’une oreille. Et le jeu le sait  ! Car certains PNJS blagueront sur le sujet ! Pour être factuel, certains dialogues dureront plus de 4 à 5 minutes, et nous ne sommes pas dans le contexte d’un jeu où vous pouvez choisir vos réponses ou interagir de quelconque manière, vous êtes spectateur du dialogue. Et là où un Grand Theft Auto timait parfaitement la longueur de ses dialogues avec la distance à parcourir, ici vous vous retrouverez souvent sur un parking, à attendre que le dialogue se finisse pour enchainer sur la suite, quand vous ne ferez pas des tours sur vous-même, cramant ainsi un peu plus de votre carburant.

Cloudpunk manque de rythme, la faute à des missions de livraison sans difficulté et des dialogues trop longs servis par des personnages fades. Par moment on se retrouve à faire des Alt+Tab le temps que le dialogue se termine, puisque interagir avec l’environnement est impossible tant que celui-ci n’est pas fini.

Fix it, Trash it, change it, mail, upgrade it

Concrètement que manque-t-il à Cloudpunk pour viser plus haut ? Déjà qu’il soit un jeu. Et d’abord qu’est ce qu’un jeu ? Autant prendre un raccourci, tant cette question agite le milieu philosophique depuis des siècles. Tentons le consensus en disant que l’une de ses composantes est de devoir proposer au moins une opposition ou une coopération. Ce que ne fait pas Cloudpunk, il nous donne par moment des choix et un gameplay de circonstance (dont nous n’avons même pas parlé tant il est peu important dans cette expérience) mais oublie son rôle premier. En caricaturant on pourrait dire qu’il est d’abord un film interactif.

Au niveau de l’écriture, les dialogues trop longs rendent la narration indigeste et les personnages peu attachants. Dans la plupart des histoires, le personnage principal (re)découvre le contexte dans lequel il est projeté. C’est une norme d’écriture permettant au public de comprendre le monde présenté avec une certaine facilité et fluidité, Rania découvre Nivalis et nous avec. Le problème vient de la surexposition, Rania semble être longue à comprendre et nous perd. Idem avec les personnages qui, trop verbeux, ne sont jamais vraiment attachants, menaçants ou drôles. Cammus doit être, aussi, un comic relief, mais il est lourd. Le concept derrière le détective privé Huxley est assez drôle et innovant, un androïde détective parlant comme s’il lisait un roman noir des années 50, mais passées les premières minutes il est juste exaspérant.

Avoir des dialogues à choix, plus courts, allant à l’essentiel tout en gardant la personnalité des PNJs bien existante elle, aurait été un plus, même en gardant le reste du gameplay à l’identique.

Cloudpunk a envie de nous raconter une histoire à tout prix, et oublie peut-être son media, sa nature même de jeu. Techniquement irréprochable, l’écriture des dialogues est trop lourde pour accepter de se laisser porter par l’histoire ou alors en se réservant des sessions de jeux assez courtes, comme des épisodes d’une série. On attendra donc Cyberpunk 2077 et un éventuel remake du jeu Blade Runner pour être rassasié.

 

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Points forts

  • Une ambiance parfaite

Points faibles

  • Les dialogues trop longs ou inutiles
  • Une map globale aurait été un plus
6

Fair

Personne ne lis jamais ces encarts (mais tu peux cliquer sur les liens)

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