Les Aventuriers du Rail débarquent sur PlayStation 4 via le programme PlayLink et sous le nom de Ticket To Ride, de quoi (re)découvrir un classique du jeu de société.
TEST – Ticket To Ride : Les Aventuriers du Rail
Éditeur : Asmodee Digital
Date de sortie initiale : 14 novembre 2018
Version pour le test : Code PS4 fourni par l’éditeur
On connait les Aventuriers du Rail depuis leur arrivée en jeu de société au cours du mois de mars 2004 dans l’Hexagone. Aux origines de cette création, nous retrouvons Alan R. Moon qui s’est aidé de Julien Delval pour l’illustration et Days of Wonder à l’édition. Ensuite, tous ont eu la bonne idée de faire appel à Asmodee pour distribuer le jeu et c’est la même équipe qui est chargée de porter le concept sur PlayStation 4 via le programme PlayLink. La question sera donc de savoir si ce grand classique représente une réussite sur consoles ou s’il vaut mieux rester autour d’une table. Voici notre test de Ticket To Ride soit Les Aventuriers du Rail.
Les aventuriers du rail, un concept qui n’a pas pris une ride
Ticket to Ride est donc l’adaptation du jeu de société les Aventuriers du Rail qui regroupe plusieurs titres pour plusieurs cartes du monde avec chacun ses spécificités. Sans surprise, la production sur PS4 reprend les bases de la création de Days of Wonder. L’objectif est donc de relier un maximum de villes constituant vos objectifs. Pour ce faire, vous disposez de wagons qu’il ne vous est possible de poser seulement si vous avez les cartes représentant les couleurs adéquates.
Deux choses principales peuvent rendre votre quête plus difficile que prévu. La première c’est qu’il est nécessaire de tracer toute une route entre deux villes d’un seul coup. Ainsi, cela demande de la chance avec les cartes que l’on pioche et de regrouper toutes les cartes nécessaires afin d’emprunter une voie. Il est effectivement impossible d’y aller wagon par wagon, sauf si une route n’exige qu’un wagon. Le second obstacle sera la source majeure de conflit, les autres joueurs. Ils possèdent aussi des objectifs de jonction entre deux villes et il est possible que vous convoitiez deux routes similaires, ce qui contraindra l’un ou l’autre à faire un petit détour, celui-ci ne s’appuyant probablement pas sur les mêmes couleurs.
Votre tour ne vous permet qu’un type d’action. Soit vous piochez deux cartes parmi les cinq visibles (une seule si c’est une locomotive), soit vous construisez une route, soit vous piochez trois cartes objectifs avec l’obligation d’en garder au minimum une seule. Pas d’inquiétude lors de la prise en main sur PlayStation 4, le jeu vous propose de suivre une partie tutorielle. Celle-ci est dispensable si jamais vous connaissez le jeu comme votre poche, surtout l’édition américaine avec la carte des États-Unis. Car pour la France, c’est une variante plus qu’intéressante mais nous y reviendrons plus tard. Rien ne vous force à entamer le tutoriel si vous connaissez le jeu car tout y est pour les amoureux du jeu. L’interface est bien pensée, les différentes étapes sont clairement visibles et compréhensibles, on s’y retrouve vite. Il ne restait plus qu’à voir comment Ticket To Ride se dépatouillait en matière de gameplay.
Ticket To Ride sur PS4 ou le manque d’immersion
On se doutait que Ticket to Ride serait plus plaisant à jouer sur une table entre amis plutôt que devant un écran. Certes, on s’amuse tout de même à se lancer dans des parties, à jouer entre gamers et cela représente une bonne alternative à tout joueur qui n’a pas les moyens de mettre 40 balles dans un jeu de société. Néanmoins, il manque quelque chose, la spontanéité, l’ambiance conviviale et un certain gameplay intuitif. Le double écran reste tout de même une très bonne idée. On peut suivre le jeu sur l’écran de télévision et concevoir ses stratégies sur l’écran de son smartphone (jeu playlink = application à télécharger sur mobile). Cela favorise le côté stratégie et coups de poignard dans le dos, cela maintient une certaine intimité dans les coups bas mais on en ressort avec un goût d’inachevé.
Parlons du gameplay. Certes, la prise en main sera rapide et accessible pour tous, après un tutoriel pour les novices, une simple partie pour les plus aguerris. Une fois que l’on comprend qu’il ne faut absolument pas lâcher l’écran du doigt au risque de poser une route là où on ne le voulait pas, tout est clair. La musique est douce mais elle sonne creux, elle devient vite molle et on a intérêt à interagir entre joueurs pour maintenir une bonne ambiance. Si jamais vous jouez silencieusement, l’attente de votre tour peut vite tourner au grand piqué du nez.
Quelques soucis d’interface posent aussi problème en matière de fluidité et de gameplay. En effet, parfois on aimerait aller d’un côté de la carte à un autre et en prenant une route à poser. Or, si la destination est hors-champ, la carte reste bloquée et ne scrolle pas, ce qui empêche d’atteindre notre objectif. Il faut alors faire attention à la poser nulle part pour ne pas se tromper et prendre son petit temps pour réajuster la caméra.
Néanmoins, cela reste un plaisir de se relancer dans les Aventuriers du Rail avec le jeu Ticket to Ride sur PS4. Il est juste difficile de conseiller son acquisition si vous possédez une version du jeu de société à la maison. Il sera toujours plus convivial de se poser autour du jeu sur une table. Mais Asmodee Digital garde un argument de taille pour vous faire craquer, ses multiples éditions disponibles en DLC et ses deux cartes dans le jeu de base.
Un ticket pour le monde
Nos pensées restent plutôt mitigées pour Ticket to Ride et surtout autour des DLC. Au départ, nous étions plus qu’enthousiasmes à l’idée d’enchaîner les parties sur les différentes éditions des Aventuriers du Rail qui apparaissent à l’écran. Mais la joie fut de courte durée car nous avons rapidement réalisé qu’elles sont tous payantes et que cela ne fait pas partie des récompenses à débloquer au fil des parties. L’incitation à l’acquisition de ces extensions est grande mais frustrante. Ainsi, le titre Ticket to Ride nous permet de découvrir gratuitement deux éditions : la France et la version d’origine (les États-Unis).
Ce qui est tout autant appréciable que déroutant lorsque l’on ne connaît pas les variantes des Aventuriers du Rail, c’est de les découvrir. La carte de la France ne se joue pas ainsi de la même façon que la carte des États-Unis. Il est ainsi impossible de croiser les routes en dehors des villes, si jamais deux lignes se croisent, l’une peut vite condamner l’autre. Mais le changement fondamental, c’est que l’on construit la map au fur et à mesure que l’on pioche des cartes.
Si du côté des USA, nous sommes contraints à nous adapter aux routes qui possèdent déjà leurs couleurs, nous devons poser nous-mêmes nos rails et leurs couleurs sur une carte neutre au départ. Ainsi, en piochant nos cartes, il est demandé à la fin du tour de dessiner la carte tour à tour, ce qui implique une grande et agréable variété dans le gameplay. La façon de jouer évolue dans ses stratégies et dans ses risques. Un adversaire qui vous regarde tracer une route pourra l’emprunter à votre place et dézinguer votre stratégie. Au contraire, vous êtes en mesure de le tromper en faisant croire qu’une route vous intéresse alors qu’il n’en est rien, ce qui peut vider ses munitions et le désavantager. Ainsi, un petit poker menteur peut animer la session de jeu et rendre la partie vraiment intéressante.
Pour ceux qui souhaitent encore varier les plaisirs, Ticket to Ride comprend d’autres versions – payantes – que sont l’Europe (à 9,99 €), l’Allemagne (à 3,99 €), l’Inde (à 6,99 €), l’Asie (à 6,99 €), la Scandinavie (à 6,99 €), la Pennsylvanie (à 6,99 €), la Suisse (à 3,99 €), le Royaume-Uni (à 9,99 €) et USA 1910 (à 4,99 €). Si l’on vous partage les prix à l’unité, c’est qu’il n’est proposé aucun pack les regroupant, ce qui est simplement dommage. Autre chose, si les prix des éditions diffèrent, c’est que les éditions les plus originales sont les plus chères et comprennent donc certaines évolutions dans le gameplay. Quant aux versions à quatre euros, vous devinez que ce sont les moins intéressantes car elles ne changent pas grand chose à l’expérience de jeu.
Si l’on peut pester contre ce choix économique d’Asmodee Digital et Days of Wonder, on rappelle que les jeux de société coûtent en général une quarantaine d’euros. Ticket to Ride sur PS4 est proposé à 20 euros avec les cartes de la France et des États-Unis, ce qui reste bien plus abordable tout comme le prix des DLC dans leur globalité. Donc, la perte dans le plaisir global de jouer aux Aventuriers du Rail sur PS4 est bien compensée par un coût moindre. Dommage que les développeurs n’aient pas eu l’ambition d’intégrer des fonctionnalités en ligne afin de dépasser le cadre du jeu de plateau et nous permettre de se lancer dans Ticket To Ride avec des joueurs du monde entier, ce qui aurait encore plus crédibilisé son contenu et son expérience de jeu.
Ticket To Ride offre une expérience de jeu plus que fidèle aux Aventuriers du Rail. Malgré une ou deux maladresses dans le gameplay, le concept reste tout aussi prenant sur PlayStation 4 qu’en jeu de société. Néanmoins, les parties restent moins délirantes car l’ambiance est toujours meilleure autour d’une table que devant l’écran de télévision. De même, qu’il est dommage de ne pas pouvoir profiter de parties en ligne avec des amis ou joueurs du monde entier. Par contre, on appréciera pouvoir profiter de deux versions du jeu à presque 20 euros et plus encore si vous souhaitez investir dans les DLC et autres variantes. Une arrivée bienvenue sur console de jeu mais pas indispensable.
