La sortie de The Suicide of Rachel Foster a suscité de fortes émotions de la part d’une partie de la communauté. Une polémique, en effet, est née suite à la façon dont le studio traite le sujet de la pédophilie. Nous avons pu recueillir les commentaires des développeurs concernant les réactions sur les réseaux sociaux.
The Suicide of Rachel Foster a célébré sa sortie le 19 février 2020. Globalement bien accueilli par la presse et notre rédactrice Plumesdanges (test à cette page), le titre édité par Daedelic Entertainment et développé par One-O-One Games se paye une polémique qu’il aurait souhaité éviter. En première ligne, le thème de la pédophilie qui se trouve au cœur de l’intrigue du jeu.
Alors qu’aucun média (nous compris) n’avait émis de critiques sur la façon dont le thème est abordé, de vives réactions sont nées suite aux propos de l’internaute @_Nat_Ali sur Twitter le 25 février dernier. Nat’Ali, après plusieurs heures de jeu, n’y est pas allée par quatre chemins pour exprimer son ressenti vis-à-vis de la manière dont le thème de la pédophilie y était traité, accusant les développeurs de la cautionner. Les propos sont certes forts, mais résument ce qu’elle a ressenti pendant sa partie. Petit extrait parmi les dizaines de tweets que vous pouvez retrouver sur son thread Twitter.
Je me suis rarement sentie aussi sale, j’ai besoin de prendre une douche mais je suis juste trop énervée. Je viens de perdre 4h de ma vie à jouer à un jeu qui défend un agresseur sexuel et appelle une relation entre une ado de 16 ans déprimée et son professeur de 49 ans de « l’amour ».
Suite à son propos largement détaillé et construit, de nombreux internautes ont partagé son tweet pour y réagir, même si parmi eux tous n’ont pas joué au titre de Daedelic. Un besoin de réagir sur un sujet qui, en effet, est plus que délicat et qui possède de quoi émouvoir toute personne qui s’y sent sensible de près ou de loin. Un peu plus bas, elle cite de nombreux journalistes ayant testé le jeu et apprécié leur expérience sur The Suicide of Rachel Foster (aucun jugement de notre part, là encore, chacun est libre d’interpréter l’histoire comme il l’a vécue, comme il l’a comprise, comme il l’a ressentie). Certains d’entre eux n’ont pas tardé à répondre afin de préciser qu’en aucun cas ils n’approuvaient un tel message. Les médias n’ont ensuite pas tardé à mettre à jour leurs tests avec un encart précisant que le sujet évoqué dans le jeu est sensible et risque de heurter.
Après toutes ces réactions, celle que l’on attendait était celle des développeurs. Nous nous sommes permis de contacter l’agence française qui gère les relations presse du jeu afin d’obtenir une réaction de la part des développeurs. Après un temps d’attente assez rapide, le message est clair de leur côté : The Suicide of Rachel Foster ne fait pas la promotion de la pédophilie. Par souci de transparence, nous allons partager avec vous leurs propos en anglais avant de traduire :
The Suicide of Rachel Foster is a work of fiction that features a number of complex subjects. While care was taken to treat these topics with due respect, the views expressed by any character(s) within the game do not necessarily represent those of Daedalic Entertainment or One-O-One Games. As always, we encourage players to think critically, discuss their feelings openly, and exercise self-care as needed.
Traduction :
« The Suicide of Rachel Foster est une œuvre de fiction qui aborde un bon nombre de sujets complexes. Si nous avons pris soin de traiter ces sujets avec le respect qui leur est dû, les opinions exprimées par les personnages dans le jeu ne représentent pas forcément celles de Daedelic ou One-O-One Games. Comme toujours, nous encourageons les joueurs à faire preuve d’esprit critique, à discuter de leurs ressentis ouvertement et à prendre soin d’eux si nécessaire. »
En résumé, le studio évoque un sujet complexe, une histoire avec des personnages fictifs, mais en aucun cas un traitement du sujet qui reflèterait la pensée des développeurs qui ont créé l’histoire. Nat’Ali, quant à elle, souligne que le message passé est aberrant. Une question semble demeurer pour toute forme d’art : peut-on traiter de tout, et surtout avec un angle qui exclut la morale de l’histoire ? Doit-on condamner une œuvre de fiction qui aborde un sujet aussi difficile que la pédophilie sans noircir le tableau du personnage en question ? Sachant que le jeu vidéo est tout de même accessible au plus grand nombre, ne doit-on pas multiplier les avertissements sur les sujets sensibles comme celui-ci ?
Difficile de répondre à toutes ces questions mais n’hésitez pas à partager votre opinion avec nous en commentaire, sur Twitter et Facebook, et à nous suivre directement sur Instagram, Twitch, Youtube ainsi que notre compte curateur Steam.