TEST – Assassin’s Creed Valhalla, un épisode qui Thor le cou aux idées reçues

Assassin's creed valhalla test ubisoft

Après un Origins magistral et un Odyssey marquant, Assassin’s Creed revient avec un épisode intitulé Valhalla qui, comme son nom le laisse présager, nous place dans la peau d’un.e viking. Si quasiment chaque épisode de la longue saga a pu apporter avec lui un vent de crainte pour de multiples raisons, il faut avouer que la refonte de la franchise opérée après Syndicate porte ses fruits. Plus d’explications dans le test ci-dessous.

• Genre(s) : action, aventure, infiltration, éléments RPG
• Développeur / éditeur : Ubisoft
• Support de test : PC (RTX 2070, 16 Go RAM, Ryzen 5 2600X, SSD M.2)
• Disponible sur : PC, PlayStation 4, Xbox One (également prévu sur PlayStation 5, Xbox Series X|S)
• Version du jeu utilisée : 1.02 (patch day-one)

Saga à la Freyja

Nous sommes en Norvège, à la fin du IXème siècle, et une génération a passé depuis les premiers raids d’un certain Ragnar Lothbrock en Angleterre et dans d’autres régions du centre-ouest de l’Europe. Dans ce contexte, Assassin’s Creed Valhalla vous propose d’incarner Eivor, membre d’un clan dont la famille a été frappée au cœur par les trahisons et le manque d’honneur d’un clan rival. Mus par la vengeance, les premiers pas d’Eivor nous mènent vers une quête dont l’objectif est de racheter l’honneur de la famille, ce qui passe forcément par des coups de haches dans la trombine de ses ennemis.

L’introduction, somme toute traditionnelle pour un Assassin’s Creed, se contente toutefois de réserver le classique pèlerinage vengeur du/de la protagoniste pour son introduction. Car dès lors que celle-ci s’achève, votre personnage fait cap pour l’Angleterre et ses verts pâturages. On apprécie ici le thème de la découverte et de l’aventure placé au centre de l’histoire, avec une intrigue Assassins/Templiers qui reste pendant un bon moment en trame de fond afin de laisser le joueur ou la joueuse profiter d’une ambiance différente et plus centrée sur la progression des personnages principaux.

Si Eivor est un personnage tout à fait intéressant à incarner, on avoue qu’il est parfois difficile de se mettre dans la peau de l’envahisseur. Certes, nos Vikings ne tuent pas de civils innocents et aspirent à une vie nouvelle, mais débarquer dans les patelins de ces derniers en incendiant leurs maisons, en tuant leurs gardes et en pillant leurs richesses n’est pas forcément le quotidien héroïque-type des protagonistes auxquels la licence Assassin’s Creed nous avait habitués jusqu’à maintenant (sauf peut-être dans Black Flag qui faisait face au même dilemme). Malgré tout, on s’attache assez rapidement aux personnages principaux qui rythment le récit, et ce code d’honneur guerrier qui les distingue de bêtes pillards permet quand même de faire tenir l’ensemble en équilibre.

Un gameplay réglé comme un Orlog

Assassin’s Creed Valhalla continue de pousser la nouvelle formule qui avait été introduite avec l’épisode Origins, à savoir un monde ouvert extrêmement vaste et peuplé d’activités et de trésors à découvrir. Et si on serait tenté de se dire que ladite formule pourrait devenir redondante comme cela fut le cas avant, il semblent que les équipes d’Ubisoft ont anticipé cela en introduisant quelques nouveautés ça et là pour rendre l’ensemble moins mécanique et plus organique. On pourra citer par exemple la présence des « évènements », ces minis-quêtes qui se déclenchent en parlant à des PNJ croisés sur la carte. Ces mini-quêtes ne figurent pas dans le journal, et s’effectuent dès leur lancement pour se terminer assez rapidement.

Si on regrette un manque de mise en scène dans certaines d’entre elles, l’idée est globalement bien exécutée et on apprécie ce genre de pause pendant l’exploration ou un long trajet et qui peuvent par exemple permettre de jouer à cache-cache avec des enfants, rompre une malédiction, ou encore rendre service à des personnages isolés en besoin d’assistance. Ces quêtes n’ont rien d’obligatoire, offrent des récompenses assez standard, mais permettent aux joueurs et aux joueuses de mieux s’immerger dans l’univers du jeu – et c’est là la grande force du concept.

Diverses activités plus ou moins classiques parsèment également la carte, souvent près des agglomérations. Il est ainsi possible de participer à des concours de boissons avec QTE, d’affronter quelqu’un à l’Orlog (un jeu de dés plutôt intéressant), de pêcher, voire de lancer des joutes verbales en bonne et due forme avec des orateurs. Ce dernier point est d’ailleurs intéressant dans le sens où celui-ci est un mini-jeu très intelligent qui nécessitera de comprendre la structure verbale des paroles de l’adversaire (rimes, nombre de syllabe…) pour mieux lui répondre avec force et remporter la joute. Les victoires font d’ailleurs grimper un niveau de charisme qui peut avoir son importance dans certains dialogues.

Les fonctions en ligne font aussi leur grand retour, avec des fonctionnalités telles que la caserne à Jomsvikings qui permet de recruter des guerriers créés par d’autres joueurs et joueuses pour les inclure dans notre escouade. Le mode photo est également de la partie, avec divers outils déjà connus, bien qu’on regrette de ne pas y voir greffées des options qui ont fait le succès des modes photos d’autres jeux (comme le changement de poses ou d’expressions faciales du/de la protagoniste). La boutique Helix, quant à elle, est bien évidemment présente elle aussi, même si on regrette à chaque épisode depuis plusieurs années maintenant qu’un jeu solo vendu 60-70€ puisse s’accompagner d’une boutique à microtransactions, même pour y vendre des éléments cosmétiques qui auraient pu figurer dans le jeu par défaut. Spiderman sur PS4, ainsi que l’opus qui va suivre avec Miles Morales, ne sont par exemple pas aussi avares à ce sujet.

Enfin, on notera que l’orientation RPG – balbutiante dans Origins et bien plus notable dans Odyssey – confirme sa place dans Assassin’s Creed Valhalla. Les dialogues à choix multiples sont toujours là (bien que sans grandes conséquences pour la plupart), le ou la protagoniste peuvent être un peu plus personnalisés (cheveux et tatouages), mais c’est surtout au niveau des arbres de compétences que cet épisode de la licence tire son épingle du jeu. Au lieu de continuer à proposer un arbre avec un nombre de compétences standard à débloquer au fil des niveaux, Assassin’s Creed Valhalla fait le choix d’un arbre gargantuesque avec de multiples embranchements qui s’articulent autour de trois thèmes connus sans pour autant être trop rigide à ce sujet : le loup (distance), le corbeau (assassinat) et l’ours (corps-à-corps).

Les niveaux (nommés « puissance ») correspondent ici au nombre de points investis, et l’une des meilleures surprises à ce sujet se situe au niveau de la possibilité de redistribuer tous ces points comme vous le souhaitez, à n’importe quel moment. Inutile, donc, de stresser face à l’immensité de l’arbre étant donné qu’il sera possible de tout revoir une fois la période de découverte passée. A ce système déjà complet se rajoute d’ailleurs un système d’aptitudes à débloquer (via des livres à trouver sur la carte) et qui vous permettront de vous équiper de techniques puissantes à utiliser en combat.

Techniquement loin du Helheim habituel

On a pu comparer l’état de l’optimisation technique avant et après le patch day-one, et la différence a sauté aux yeux. La 1.02, en effet, a permis de corriger les grosses chutes aléatoires de framerate qu’il était possible d’observer en 1.01, peu importe les réglages utilisés. Pour ce test, avec une RTX 2070 et un modeste Ryzen 5 2600X, nous avons pu jouer en réglages ultra et en 1080p/60 FPS à framerate presque constant. On a parfois constaté, en effet, quelques baisses à 50/55, mais l’ensemble tient la route et aucune saccade visible ne fut à déplorer. Malgré tout, quelques rares bugs existent encore, le pire étant sûrement le crash du jeu qui peut être causé par une capture d’écran effectuée par le launcher d’Ubisoft si celle-ci est prise pendant certaines courtes scènes cinématiques. Mais à part cela, Assassin’s Creed Valhalla nous apparait (du moins sur notre bécane) comme le jeu de la licence le plus stable techniquement à sa sortie.

Visuellement, pour avoir pu pousser le jeu en 100% ultra, force est de constater qu’Assassin’s Creed Valhalla nous paraît être le plus beau jeu du moment, du moins en ce qui concerne les décors. Plusieurs biomes coexistent à la perfection, et chacun d’entre eux possède une atmosphère qui lui est propre. Qu’il s’agisse des hauteurs enneigées de Norvège, des plaines verdoyantes qui entourent le campement du/de la protagoniste, ou encore les champs automnaux et autres marais brumeux qu’il est possible d’arpenter, les équipes d’Ubisoft ont abattu un travail de titan pour créer des environnements qui caressent la rétine à chaque trajet. On pourrait aussi parler de la taille dantesque des cartes, qui était déjà impressionnante avant qu’on ne découvre à un moment donné que le jeu n’avait pas encore joué toutes ses cartes à ce sujet… Il est juste dommage qu’en terme de direction artistique la bande-son ne soit pas au niveau de la réalisation visuelle, celle-ci proposant des thèmes peu percutants et sans réelle identité, alors que les BO d’Origins et Odyssey étaient tout bonnement excellentes.

En plus de cela, on regrette aussi quelques lacunes qui viennent ternir le tableau, à l’image de certaines animations corporelles et expressions faciales de PNJ, ou certains chara-designs peu inspirés. Certaines actions (comme le fait de boire, par exemple, mais aussi au niveau de certains assassinats) sont encore trop raides et peu précises, et certaines interactions parlées perdent parfois en vie à cause de faciès trop peu expressifs. Pas de quoi briser l’excellent bilan technique d’Assassin’s Valhalla, évidemment, mais ce sont des détails qui peuvent parfois troubler l’immersion à certains moments du jeu. L’IA des ennemis, également, est parfois à la ramasse, comme cette fois où un garde s’est tué tout seul en tombant d’un rebord alors qu’il enquêtait sur le meurtre de l’un de ses camarades…

Globalement, Assassin’s Creed Valhalla n’est peut-être pas exempt de reproches mais celui-ci peut tout de même se vanter d’avoir une des meilleures réalisations du moment. Même en terme de level-design, difficile de ne pas remarquer les efforts fournis pour rendre l’exploration plus organique et plus futée. Le jeu balise moins clairement ses indices, par exemple, et laisse parfois le soin au joueur ou à la joueuse de trouver lui/elle-même son chemin, même si certaines nouvelles mécaniques (comme le contournement de portes barricadées) sont parfois un peu trop redondantes et sous la même forme. Le corbeau possède ainsi une véritable utilité en terme de repérage du terrain. Nous avons fait face, une fois, à une situation où nous ignorions comment accéder à un souterrain : c’est en contrôlant le corbeau d’Eivor que nous avons pu repérer un puits qui en était le point d’entrée. Rajouté au fait que l’UI est personnalisable et moins encombrante, le joueur ou la joueuse bénéficie ainsi d’une immersion visuelle optimale.

Avatar-Soren-tryagameMise à jour du test et note de l’auteur (23/12/2020) : pour ce test d’Assassin’s Creed Valhalla, il me paraissait (sans doute naïvement) pertinent de pouvoir rendre un avis après une solide quarantaine d’heures de jeu. Hélas, et c’est sûrement une première à titre personnel, mon avis sur le jeu a évolué de façon assez brusque passé ce stade. Si les premières dizaines d’heures passées dans l’univers d’AC Valhalla ont été une formidable expérience pour toutes les raisons évoquées dans ce test, il s’avère que la suite de mon aventure fut différente. En avançant dans la quête principale, en effet, il devenait de plus en plus difficile de ne pas remarquer les grosses lacunes en écriture de celle-ci, qui étaient jusqu’ici pardonnables au sujet de certaines plus petites histoires. Si l’exploration libre est une réussite – tout comme la fluidité des mini-quêtes ou encore la chasse aux trésors – l’histoire d’AC Valhalla peine à décoller à cause de certaines incohérences d’écriture et d’enjeux qui échouent à créer une aventure palpitante. L’aventure principale n’est qu’une succession de missions vues et revues, peu inspirées, et on ne ressent à aucun moment ce souffle épique qui a pu animer certains épisodes comme la trilogie d’Ezio ou AC Origins. Si la forme d’AC Valhalla est bonne, le fond s’enlise hélas dans un manque d’ambition qui semble se contenter de raconter des choses sans se demander pourquoi elles doivent l’être. En résulte des histoires fades qui n’invitent pas réellement au voyage, a contrario des magnifiques environnements qui demeurent une franche réussite. C’est pourquoi la note originale, qui indiquait un avis construit sur les 40 premières heures de jeu, perd un point au moment de juger celui-ci dans sa globalité.

 

Soyons honnêtes, Assassin’s Creed Valhalla ne nous avait pas spécialement emballé ces derniers mois avec ses trailers un peu trop marketing, ses différentes éditions à contenus exclusifs et la peur d’une recette copiée-collée et servie à la sauce viking. Pourtant, c’est avec grande surprise qu’on découvre un jeu aux petits oignons, techniquement stable, avec de bonnes idées et un charme visuel indéniable. Avec un jeu aussi généreux en histoire et équilibré en game-design, les joueurs et joueuses pourront soit foncer dans l’histoire principale soit s’y perdre pendant au moins une centaine d’heures en fonction de leur temps disponible. Assassin’s Creed Valhalla est une belle surprise de fin d’année.

 

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Évaluation de l'article

Points forts

  • Visuellement sublime
  • Les activités, nombreuses mais pas pour autant opressantes
  • L'UI moins encombrée que d'habitude et personnalisable
  • La taille gigantesque du terrain de jeu
  • La personnalisation du personnage
  • Les réglages assez poussés présents dans les options de jeu
  • L'arbre des compétences, fourni et complet
  • La durée de vie colossale

Points faibles

  • Une bande-son peu marquante
  • La qualité d'animation corporelle et faciale un peu en retrait
  • Les conditions de travail des équipes pendant le développement
  • Une qualité d'écriture trop basse dans l'ensemble
7.5

Good

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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