TEST – Age of Mythology Retold, une légende revisitée

La voie des dieux est repénétrable

Age of Mythology Retold

Développeur : Ensemble Studios
Éditeur : Microsoft
Genre : Stratégie en temps réel
Supports : Xbox Series, PC
Support de test : PC (version fournie en amont par l’éditeur)
Date de sortie : 4 septembre 2024

 

Si la renommée des Age of appartient sans conteste aux Age of Empire, les joueurs PC du début du XXIe siècle se souviennent avec émotion d’Age of Mythology. Sans être un véritable concurrent, puisque Microsoft était toujours aux commandes, AOM pour les initiés, proposait une alternative séduisante. S’appuyant, comme son nom l’indique, sur la mythologie, le titre d’Ensemble Studios avait conquis les amateurs du genre avec ses mécaniques bien rodées et sa campagne captivante. Les nostalgiques seront donc ravis d’apprendre qu’un remaster voit le jour sous le nom d’Age of Mythology Retold. La magie opère-t-elle toujours ? On vous explique tout ça dans les lignes qui suivent.

Les dieux sur le retour

Comme mentionné en introduction, Age of Mythology Retold est un remaster d’un jeu sorti au début du siècle, en 2002 pour être précis. Il ne pouvait donc pas être réédité tel quel s’il voulait séduire de nouveaux joueurs, ni même dans sa version HD de 2014. Un dépoussiérage s’imposait pour rendre le jeu attractif pour les néophytes.

Commençons par les graphismes, évidemment. Le travail réalisé à ce niveau est très satisfaisant, sans qu’il y ait vraiment matière à débat. La modélisation des unités et des environnements a gagné en modernité, rendant le jeu agréable à l’œil, en comparaison avec ce que d’autres RTS récents ont pu offrir. Cette refonte mérite d’être saluée, d’autant qu’elle respecte la patte artistique du jeu original. Un équilibre parfait a été trouvé entre modernité et tradition. Les anciens retrouveront leurs repères, tandis que les nouveaux venus ne seront pas rebutés par un aspect rétro.

L’interface a également bénéficié d’une mise à jour. Cela dit, elle n’est pas forcément plus lisible et occupe davantage d’espace à l’écran qu’auparavant. On sent une volonté de clarifier les informations, probablement pour offrir une meilleure lecture aux novices du RTS. Certes, l’interface est plus moderne, mais elle pourrait dérouter un temps les vétérans du jeu.

Côté sonore, les anciens ne seront pas dépaysés puisque les musiques d’origine n’ont pas été modifiées (ou très légèrement), et les interjections des unités sont intactes. On aurait cependant apprécié quelques réorchestrations des thèmes iconiques. Notons que les voix en VF sont toujours disponibles, même si le jeu d’acteur laisse à désirer, à tel point que l’on pourrait se demander si ce n’est pas une IA qui en est responsable. Lors du test, des problèmes de mixage sonore étaient également présents, avec quelques lignes de dialogue en anglais éparpillées ici et là, voire des personnages doublés en français changeant de voix en pleine scène. Les développeurs sont conscients du problème, qui devrait être corrigé. On l’espère, car cela fait un peu tâche.

Les mécaniques (presque) immuables

Sur le plan du gameplay, Age of Mythology Retold s’appuie largement sur les bases du jeu original, ce qui est somme toute logique. On retrouve un RTS nous plaçant à la tête de l’une des civilisations disponibles : Grecs, Égyptiens, Vikings et Atlantes. Contrairement à Age of Empires, le but n’est pas de faire progresser nos unités à travers les âges, mais d’étendre le culte des dieux. En effet, chaque civilisation permet de choisir parmi trois dieux principaux. Pour prospérer, il faudra sélectionner, à chaque palier de progression, entre deux dieux mineurs, apportant leurs lots de bonus, d’unités et de pouvoirs divins. Bien sûr, tout cela vous coûtera rapidement des ressources (nourriture, or et bois) qu’il faudra récolter sur la carte. Les créations d’unités, constructions de bâtiments, activations des bonus divins, ne se feront pas gratuitement et il faudra être stratégique dans la priorité des récoles. Tout cela est assez classique pour les habitués des jeux de stratégie en temps réel mais une aide à la priorisation de l’utilisation des citoyens a été incorporée. Elle sera utile à n’en pas douter pour les débutants.

Parfois, en plus des ressources, il faudra accumuler de la faveur divine, obtenue en rendant hommage aux dieux, chacun ayant sa méthode propre. Par exemple, les Grecs prieront dans des temples, tandis que les Égyptiens construiront des monuments en l’honneur des divinités.

Ainsi, au-delà des unités, chaque civilisation possède ses spécificités, offrant une véritable diversité tactique. On est loin d’un simple copier-coller avec un changement d’apparence. C’est très agréable et cela fonctionne bien. Selon notre style de jeu, on s’attachera forcément à une civilisation plutôt qu’à une autre. Les mécaniques sont bien rodées et fonctionnent toujours aussi bien que dans le jeu d’origine.

D’autant plus que de petites améliorations ont été apportées pour affiner l’ensemble, notamment un rééquilibrage des unités. À l’époque, certaines d’entre elles dominaient tous les types d’ennemis. C’est désormais révolu. Maintenant, chaque unité est efficace contre un ou deux types spécifiques, mais limitée face aux autres. Par exemple, les hoplites sont redoutables contre la cavalerie, mais en tant qu’unités d’infanterie, ils sont vulnérables face aux archers, qui eux-mêmes sont efficaces contre les unités d’infanterie. C’est donc un jeu de pierre-feuille-ciseaux qui s’installe à chaque affrontement. À ceci près que, par exemple, certains types d’archers sont efficaces contre d’autres archers, ce qui faussera les cartes. Il devient alors crucial de bien connaître toutes les unités pour dominer le champ de bataille.

Il faudra cependant se méfier d’une IA parfois imprécise et d’un pathfinding des unités pas toujours à la hauteur. Cela oblige parfois à trop materner ses troupes en combat, ce qui peut faire perdre un temps précieux pour gérer d’autres tâches. Tout cela parce qu’une unité de siège a décidé de faire un détour incohérent pour se positionner, par exemple. C’est assez frustrant.

Age of Mythology RetoldL’autre amélioration notable est la possibilité d’utiliser plusieurs fois les pouvoirs spéciaux divins. En effet, dans le jeu original, ces capacités accordées par les dieux étaient uniques, ce qui pouvait se révéler frustrant, surtout pour les pouvoirs moins dévastateurs. Dans Age of Mythology Retold, une utilisation multiple est possible, mais bien sûr, cela ne sera pas gratuit après la première fois. Moyennant de la faveur divine, il sera possible de réutiliser les pouvoirs divins, et bien sûr, plus le sort est puissant, plus son coût est élevé. Cela permet notamment de ne pas encroûter les parties une fois les gros sorts lancés. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de l’âge des merveilles implémenté dans cette réédition, où la faveur s’accumule plus rapidement et les pouvoirs divins deviennent moins cher, permettant de lancer des sorts plus fréquemment contre nos ennemis.

En rase campagne

Et c’est là que se trouvent les seules véritables nouveautés d’Age of Mythology Retold. En effet, ce n’est pas du côté du contenu disponible que l’on trouvera du neuf. On retrouve bien sûr le mode campagne, sur lequel on fera difficilement l’impasse. Il était l’un des points forts du jeu original, et cela reste vrai ici. Découpée en trois grands chapitres, l’histoire nous entraîne entre la Grèce et l’Égypte antiques, la Scandinavie et l’Atlantide. Cela tombe bien puisque ce sont les quatre civilisations disponibles dans le jeu. Le mélange scénarisé des différentes cultures fonctionne bien, et les événements s’appuient avec brio sur les récits mythologiques. Bien sûr, la narration paraît aujourd’hui un peu vieillotte, puisqu’elle n’a pas été retouchée du tout, avec de nouvelles cinématiques par exemple ou bien des dialogues en plus.

Concrètement, ces campagnes offrent une grande variété d’objectifs, qui ne se limitent pas à une simple succession d’escarmouches sans intérêt. De nombreuses mécaniques sont mises en œuvre pour éviter la monotonie, et cela fonctionne très bien. C’est aussi un excellent moyen pour les nouveaux joueurs de découvrir toutes les composantes du jeu de manière ludique et progressive.

Cependant, on regrettera forcément que la civilisation chinoise, et sa campagne associée, éditées dans une extension de 2016, n’aient pas été incluses de base. Il faudra repasser à la caisse pour se les procurer, ce qui fait un peu tâche. En général, les rééditions de jeux anciens incluent tous les DLC sortis. La stratégie économique laisse donc à désirer, d’autant qu’il n’y a, à ce jour, aucune nouvelle campagne, ce qui est bien dommage. Les anciens joueurs n’auront ainsi rien de neuf à se mettre sous la dent. Ils en auront même moins s’ils avaient acquis l’extension précédente.

Pour ce qui est des autres modes de jeu, on retrouve bien entendu les affrontements classiques, avec la possibilité de paramétrer différents objectifs de victoire. Les parties peuvent être jouées en solo contre une ou plusieurs IA, ou bien en multijoueur et ce jusqu’à 12 joueurs. Il y a même un mode classé qui pourra satisfaire les meilleurs d’entre nous. La présence d’un marché de mods, directement intégré à l’interface du menu, permettra sans doute de dénicher quelques pépites, tout comme l’éditeur de campagne. De quoi pallier le manque de nouveauté de base ? Qui sait.

En résumé, Age of Mythology Retold réussit à moderniser un classique du RTS sans trahir son essence. Les améliorations graphiques et les ajustements de gameplay apportent un vent de fraîcheur, tout en respectant l’ADN du jeu original. Cependant, l’absence de véritables nouveautés sur le contenu conjugué à l’exclusion de l’extension chinoise, peut laisser un goût amer aux vétérans du jeu. Malgré quelques défauts techniques et une IA perfectible, ce remaster reste une opportunité pour les nostalgiques de se remettre dans le bain et une découverte plaisante pour les nouveaux venus qui se doivent de découvrir ce grand jeu de son époque.

 

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Évaluation de l'article

Points forts

  • Graphismes modernisés et fidèle à l'oeuvre d'origine
  • Gameplay toujours aussi solide et amélioré par petites touches
  • Une campagne toujours divertissante
  • Un marché de mods

Points faibles

  • Pas de vrai nouveau contenu
  • Exclusion de l'extension chinoise (il faudra repayer)
  • Quelques problèmes techniques
8

Great

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