Version du jeu testée fournie par l’éditeur.
Développeur / Editeur : PlayWay
Agony est un survival horror à la première personne qui se déroule en Enfer. Vous commencerez votre périple en tant qu’âme tourmentée dans les profondeurs de l’outre-monde, sans aucun souvenir de votre passé. A la lecture de cette description apportée par Koch Media, je tentai d’imaginer le décor, aidé par ce concept-art du jeu qui me révélait déjà qu’il s’agissait d’un titre morbide. En réalité, c’est bien pire que ce que j’avais pu imaginer. Nous sommes jetés en Enfer comme dans une fosse aux lions sans indication de la marche à suivre, de la direction à prendre, juste la notice pour les commandes… pas du tout rassurant en somme. Dans Agony, j’ai découvert une nouvelle vision de l’Enfer et croyez-moi, l’horreur n’a jamais aussi été bien représentée, mais malheureusement peut-être jamais aussi mal traversée.
Highway to hell !
Ce qui m’a frappé dans Agony demeure ce ressenti immédiat d’insécurité. Dans un premier temps, j’avançais à reculons car je n’étais en rien rassuré par mes premières minutes de jeu. Les décors sont sombres, le danger permanent, j’entendais des cris un peu partout et je ne savais pas comment faire pour progresser. PlayWay ne me donne pas la main et je me situe entre peur, prudence et frustration. La peur car le studio indépendant a parfaitement retranscrit l’envers du décor, Agony se dotant d’une direction artistique fabuleuse.
On vit une réelle plongée en Enfer, avec du morbide dans tous les coins, du sang et des corps qui jonchent le sol mais aussi suspendus de façon trash. Je suis resté parfois de longues secondes à assister aux décors que le jeu m’offrait. Les PNJ sont majoritairement cagoulés et cachent des visages marqués, horribles. Du gore il y en a et ce n’est pas rassurant pour notre personnage pour diverses raisons. Nous sommes dans l’impossibilité – du moins au début – de nous défendre, ce qui me poussait à me presser dans mon avancée, surtout vu la nature des environnements. Alors, quand on doit collecter des crânes pour ouvrir des passages, on panique doublement et la sérénité disparaît rapidement laissant place au doute et à la peur.
Néanmoins, cette ambiance parfaitement infernale ne gomme pas les manques dans le rythme et les mécaniques de jeu.
Les pêchés capitaux d’Agony
Honnêtement, je ne vais pas me plaindre des graphismes datés d’Agony même si les textures restent globalement affreuses. Elles ne m’ont pas dérangé et comme je le dis plus haut, le titre nous offre une telle immersion de par sa direction artistique que l’on oublie vite ces défauts. Par contre, j’ai éprouvé pas mal de frustrations dans ma découverte de ce monde, au cours de ma progression car toute n’était pas parfaitement clair, visible. Les jeux de lumière n’ont pas été hyper bien travaillés et ne nous permettent pas de bénéficier d’une interface optimale. Il m’a été à plusieurs reprises compliqué de détecter le bon chemin à suivre, l’emplacement de cachettes. Jouer avec le gamma n’est pas très agréable ni intuitif mais la pénombre était telle qu’elle m’a forcé à mettre la luminosité au maximum pour y voir quelque chose. Heureusement, le bouton R3 indique la voie à emprunter mais lorsqu’elle traverse des murs infranchissables pour le personnage, ce n’est pas génial.
Mais ce n’est pas ce qui me dérange vraiment lors de mon périple dans Agony. Le survival-horror est un peu vieillot dans ses mécaniques. Je n’ai fait que fuir sans pouvoir me défendre, marcher pour simplement découvrir les chemins en toute prudence, courir pour fuir les dangers, flotter dans les airs pour passer d’un corps à un autre, ce qui renvoie un rythme plat, monotone, sans moment marquant. Lorsque l’on prend possession d’un Onoskelis, c’est seulement après notre mort et surtout, c’est uniquement pour casser des portes, non pour affronter un seul ennemi. C’est réellement frappant au terme du second niveau où l’on peut en posséder mais aucune valeur ajoutée au gameplay car un autre ennemi m’a déglingué ; Second essai et c’est un autre obstacle qui me bloquait le chemin. Plutôt énervant ! Enfin, quand j’ai pu prendre le contrôle d’une bête bien plus coriace, le Tschart, j’ai pu mettre quelques coups sur des araignées ou des Onoskélis quand ces derniers ne fuyaient pas à toute vitesse. Néanmoins la réalisation n’était pas enclin à me procurer des sensations exaltantes.
Hormis pour les éviter, on ne retient pas une réelle satisfaction vis à vis des personnages incarnés. La plupart des ennemis, on ne peut que les fuir, les éviter, les détourner… Et se contenter d’une promenade, de casser des portes pour poursuivre notre progression, ce n’est pas la joie ultime. Le gameplay n’est pas à la hauteur du monde qu’il propose, on aimerait vivre des moments marquants, des moments épiques mais on ne maîtrise rien de la destinée de notre personnage. Son Enfer ne procure pas de grandes sensations car nous sommes clairement menés en bateau d’un endroit à un autre. Si l’objectif était de nous laisser dans un sentiment d’impuissance et de nous placer en tant que spectateur, c’est réussi. Le bémol c’est qu’en matière d’expérience de jeu, on trouve mieux.
En tant que joueur, j’aurais apprécié jouir de plus de possibilité dans les mécaniques de jeu, dans mon système de défense, or ce rôle extrêmement passif nous emplit de frustration. Trois causes à effet, le manque de clarté dans les objectifs, dans la quête principale pour le premier ; les défaillances dans des mécaniques de jeu trop limitées pour le second ; un rôle bien trop passif qui incite certes à une peur permanente mais à beaucoup de frustration. Je pourrais même faire état de tous les bugs qui ont entravé notre progression, des problèmes de visibilité, comme quoi c’est vraiment un tout qui m’a empêché d’apprécier l’expérience de jeu.
Agony nous laisse un sentiment clairement mitigé. D’un côté, malgré des graphismes à la traîne, il nous offre une réalisation artistique extraordinaire. C’est une plongée dans un Enfer bien dessiné, une angoisse continue et un sentiment d’insécurité permanent causés par des environnements hostiles de grande ampleur. Malheureusement, le reste ne tient pas toujours la route. Des mécaniques de jeu peu inspirées, un manque de clarté dans les objectifs et donc la progression du personnage et une frustration qui s’accumule au gré de notre progression. On en espérait plus de la part d’un survival-horror attendu au tournant.