Une nouvelle fois je repars déçu d’un jeu autour de nos héros Astérix et Obélix. Pourtant sur le papier et en vidéo, ça paraissait aguicheur. Manette en mains, le ciel nous est tombé sur la tête…
Astérix et Obélix : Baffez-les tous !
C'est pas comme si on vous laissait le choix...
Éditeur : Microids
Genre : Beat’em Up
Version pour le test : PlayStation 5
Date de sortie : 2 décembre 2021
Artistiquement irréprochable
En bon fan d’Astérix (pour ne pas dire fanatique qui connaît par cœur les répliques des films), je me suis retrouvé envoûté par la direction artistique du jeu Astérix et Obélix : Baffez-les tous ! Les dessins sont très beaux, les décors chatoyants et on se croirait dans la BD version 2021. Visuellement l’immersion est parfaite. Même les dialogues sont pensés façon BD et le rendu s’avère bien séduisant, même si on regrette l’absence de doublage sur certaines discussions.
Mieux encore, l’histoire reprend des arcs scénaristiques bien connus des fans d’Astérix, des plus récents aux plus anciens. On prendra donc la magique potion chez les Bretons, on fera naître la peur chez les Normands, on ira même construire un palais à Alexandrie tout en n’oubliant pas d’aller saluer nos amis de Corse et d’Hispanie. Les Gau-Gau iront même couler les navires des pirates de Barbe-Rousse. La routine habituelle quoi.
Ce voyage prend donc la forme d’une aventure en 2D dans le genre beat’em all. Sur le papier, tout était réuni pour redorer le blason de la licence Astérix en jeux vidéo. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu pour les Gaulois. A croire que Panoramix est retombé amnésique, qu’il a perdu la recette pour faire naître la magie…
L’expérience de jeu est clairement gâchée par un rythme de croisière monotone, répétitif et sans transcendance. Dommage le potentiel était là…
Une routine un peu trop habituelle quoi
Sur le papier l’aventure semblait plaisante. Pourtant le fossé est énorme entre nos attentes et le plaisir procuré. On aperçoit très rapidement les limites de ce Astérix et Obélix : Baffez-les tous ! Pas de progression pour les compétences ou simplement le pattern de nos deux héros, un enchaînement de baffes et de patates sur des ennemis que l’on retrouve du début à la fin. Au début, on s’amuse. Très vite on s’ennuie.
Le plaisir de jeu est vite gâché par une redondance dans les mécaniques. Que l’on prenne Astérix ou Obélix (ou les deux en solo), un niveau nous prend 5 à 10 minutes et pendant ces longues minutes, on se contentera d’appuyer sur deux touches pour frapper et ce des dizaines et des centaines de fois. En tapant on gagne de l’énergie qui nous permet de faire des coups un peu plus puissants avec la touche Triangle (sur PS5). Pour un beat’em all, je trouve ça très limite, peu passionnant. Malgré une direction artistique de toute beauté, il manque clairement quelques cases à cet Astérix.
Astérix et Obélix : Baffez-les Tous souffre cruellement d’un manque d’idées. D’abord dans le game design. Plusieurs séquences auraient mérité quelques variétés dans la construction des niveaux mais il n’en est rien. Même si certains niveaux en Corse ou en route pour Rome nous font grimper en hauteur, cela ne se ressent jamais dans l’expérience proposée. Les mécaniques de jeu sont toujours les mêmes. Un déroulement de niveaux de gauche à droite où des ennemis poppent plus en nombre au fur et à mesure que l’on progresse dans le mode Histoire.
Or le jeu affiche trop ses limites, se montre bien dépassé. Ce n’est pas en redoublant le nombre d’ennemis romains que l’on gagne en intérêt voire en nervosité. Le bestiaire est d’ailleurs si limité qu’on a l’impression de vivre les mêmes moments du début à la fin. Et ajouter des lions dans une pyramide ou ailleurs (cohérence zéro !) ne change strictement rien à la donne. Les boss manquent clairement d’imagination et de charisme aussi. Rien ne nous transcende durant cette dizaine d’heures de jeu. Le dernier chapitre regagne quelques points mais c’est trop peu suffisant pour nous faire oublier l’aventure redondante des précédents niveaux.
Il faut dire que la mise en scène est aussi bien trop légère. On repart avec l’impression que Mr Nutz Studio n’a pas tenté grand chose. Il y a bien quelques jeux de mots bien placés mais les situations sont trop légèrement amenées. De simples cinématiques auraient été bienvenues pour introduire les chapitres ou les clore, pas une simple image (ou trois c’est vrai…). Le schéma se répète mais repartir dans une œuvre Astérix sans voir réellement César, visiter Alexandrie en apercevant l’espace de 8 mots Cléopâtre, c’est frustrant. Inviter plus souvent d’autres personnages que nos amis les deux Gaulois aurait été bienvenu et aurait servi la narration voire l’immersion dans ces décors majestueux.
Or, on est trop dans la répétition des mêmes séquences de combat et elles nous ennuient vite. Il faut dire que les mécaniques ne sont pas exemptes de tout défaut. Les niveaux ne sont même pas dotés d’un système de Rang pour les scores pourtant bien présents. D’ailleurs, pourquoi nous contraindre à ramasser des sesterces lors des combats ? Depuis quand chaque soldat romain se trimballe avec sa bourse au combat ? Depuis quand Astérix et Obélix sont intéressés par l’argent romain ? C’est fatiguant de faire le tour du niveau et de casser des tonneaux dans le but de tous les amasser et de gonfler son score… Frapper du romain devrait suffire à compter les points obtenus.
Autre cas flagrant au niveau du score qui amène à d’autres manquements pour le jeu. L’écran de chargement du jeu nous a apporté une astuce. On nous invite à ramasser les sandales des Romains. Super ! On va pouvoir interagir avec ces sandales pour taper ? On va pouvoir les lancer en pleine tête ? On va sentir leurs odeurs nauséabondes et Obélix lancera une super tirade drôle ? Non. Ramasser les sandales d’un Romain mis K.O rapporte simplement 50 points… Ce qui ne représente rien. Ce qui n’apporte strictement rien à l’expérience de jeu. Ce qui dénote de l’incapacité des créateurs à fournir des idées inspirées. Aucune interaction avec l’environnement hormis ces satanés tonneaux et constructions en bois à détruire pour des sesterces ou de la nourriture.
Les coups spéciaux avec la touche Triangle quand on a des éclairs très vite obtenus frappant avec la touche Carré… C’est bien trop léger et simpliste comme idée. Un super coup ou la possibilité de choper quelque chose pour le balancer, casser du décor avec de l’ennemi et ne pas le voir rebondir sur un mur invisible, ça aurait été un plus. Il reste des moments sympathiques lorsque l’on combat. Par exemple, lorsque l’on chope avec Obélix un Romain pour le baffer, c’est une belle sensation. Dommage que ce soit pénalisé lorsque l’on s’y attarde trop puisqu’une fois touchée par un autre Romain, le mouvement est stoppé et notre jauge de vie diminuée. Bien plus plaisant de choper avec Astérix pour faire tournoyer un ennemi permettant une attaque de zone. D’ailleurs on aura tendance à spammer à notre tour les courses pour renverser les Romains, ou les faire tournoyer pour les assommer en pagaille.
Cela dit, je ne demande pas à ce que Astérix sache manier des épées (quoique ils ont été légionnaires !) mais il manque d’inspiration dans son game design et ses mécaniques de combat, dans le rythme et simplement ce qu’il propose au joueur. Et cela se voit bien trop rapidement. Le jeu est trop linéaire, répétitif, ennuyeux.
D’ailleurs on regrette ce bestiaire peu fourni. Pirates, pillards ou romains, on se les coltine du début à la fin et ça n’apporte pas vraiment de plus-value d’un monde à un autre.
Astérix et Obélix : Baffez-les Tous est une belle déception. Les clins d’œil aux divers albums d’Astérix n’aident malheureusement pas à apporter un peu de lumière. Les entre-actes sont courts, n’apportent que trop peu d’humour à nos aventures. On repart avec cette terne impression que le studio a pris trop peu de risque, ne s’est pas assez emparé de l’univers d’Astérix pour l’emmener quelque part. Le jeu manque clairement de personnalité et emprunte un genre à qui il ne rend pas vraiment ses lettres de noblesse. Les fans apprécieront forcément la direction artistique qui est formidable mais il reste un jeu qui manque d’idées et qui ne nous a apporté que trop peu de plaisir.
