TEST – Dead Space Remake : on m’a entendu crier

C’est peu dire que Dead Space a été un titre majeur de la 7e génération de consoles. Marquant via ses choix de game design et traumatisant par son ambiance, il avait déjà pleinement digéré l’héritage récent d’un certain Resident Evil 4, afin de prolonger la mutation du genre Survival Horror que le titre de Shinji Mikami avait initié 3 ans plus tôt. 15 ans plus tard, Dead Space Remake pointe le bout de son Cutter Plasma. Retour en grâce d’une série déchue ?

Image Dead Space Remake

Développeur : Motive Studio
Éditeur : Electronic Arts
Genre : Survival Horror
Supports : : PC, PS5, XSERIES
Support de test : PC (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 27 janvier 2023
Condition du test : Terminé en 13h en Difficile avec toutes les quêtes secondaires

Le don de la parole

Alors que l’USG Ishimura, célèbre vaisseau brise surface (comprenez qui détruit des planètes), ne répond plus, une petite équipe composée de 5 membres se rend sur les lieux pour apporter son aide et s’assurer que tout va bien. C’est dans cette petite équipe que se trouve notre héros, Isaac Clark, ingénieur de son état. D’ailleurs, sa femme Nicole fait partie de l’équipage du célèbre destructeur de planètes et a envoyé un message pour le moins énigmatique à Isaac. Alors que l’équipe pénètre sur l’Ishimura, on ne peut pas dire que l’accueil soit à la hauteur. En effet, ils vont rapidement faire la connaissance des Nécromorphes. Ces Image Dead Space Remakecréatures, qui font assez peu dans le social, ont décimé la quasi-totalité de l’équipage et comptent bien faire de même avec les nouveaux arrivants. Une lutte de tous les instants va donc se mettre en place pour Isaac et sa clique, afin de trouver de potentiels survivants et tenter de se sortir de cet enfer.

C’est donc sur ce postulat de base que débute Dead Space Remake. Jusque-là, les différences avec le jeu de base sont minimes. Mais la grosse nouveauté, c’est bien qu’Isaac a été doté du don de parole, chose qui n’était pas le cas à l’époque. Et déjà, rien que ce petit ajout ne manque pas de rendre l’histoire plus intéressante et surtout engageante. Pour avoir refait l’opus original avant de m’attaquer à celui-ci, le fait que notre ingénieur favori ne parle pas était pour moi un vrai frein à la narration. Je comprends bien que d’un point de vue du joueur, cela permet de rendre le personnage plus lisse et ainsi faciliter l’identification à ce dernier. Mais en ce qui concerne l’impact sur la façon de vivre l’histoire, je trouve le procédé vraiment pas terrible. Alors, je ne dis pas que c’était la seule cause de la qualité plutôt médiocre de la narration de l’épisode originel, mais les faits sont là : le fait d’implémenter un Isaac qui parle rend la progression scénaristique du jeu beaucoup plus agréable et fluide. Le voir réagir aux événements et échanger par radio avec ses coéquipiers donne moins l’impression d’être le soldat à qui on donne des ordres sans qu’il n’ait son mot à dire. On a plus l’impression de participer à ce qu’il se passe et aux solutions trouvées que de tout subir.

Dead Space Remake possède un univers bien construit. Par exemple, le lore raconté grâce aux documents écrits et l’écoute de textes audio dépeint une histoire globale qui se révèle intéressante. Alors, à titre personnel, je ne suis pas fan de devoir me taper un nombre incalculable de documents à lire pour tout comprendre, mais si vous n’avez rien contre ce procédé, ce qui est raconté fonctionne plutôt bien. Enfin, il est important de noter que ce remake implémente également tout un système d’hologrammes, qui permet de revoir des scènes qui se sont déroulées avant notre arrivée. Là aussi, ça permet de dynamiser un peu la narration et la rendre moins plate qu’elle ne l’était auparavant.

Mais au final, quand on fait le bilan de l’histoire qu’on a réellement vécu dans la peau d’Isaac, ce n’est pas incroyable. La construction de cette dernière se révèle très classique et les personnages secondaires n’ont pas une personnalité ainsi que des enjeux très développés. Rajoutez à ça des révélations finales un peu éclatées et des échanges qui se font majoritairement par radio et vous obtenez une histoire qui ne va clairement pas marquer les Annales.

On ne va pas cracher dans la soupe : des petites améliorations ont été faites et permettent de rendre le tout quand même plus digeste en 2023. Mais avec des fondations déjà bancales en 2008, il aurait fallu un travail de réécriture complet pour redresser complétement la barre. Cependant, est-ce que ça n’aurait pas trop dénaturé l’œuvre de base ? Le débat est ouvert.

Néanmoins, là où Dead Space avait marqué les esprits, c’était grâce à son gameplay révolutionnaire à l’époque. Alors de loin, c’est quand même assez similaire. Mais quand on y regarde de plus près et qu’on vit l’aventure manette en mains, on découvre que de nombreuses améliorations et modifications ont été réalisées par Motive Studio.

Une aventure tram-scendée

Tout comme à l’époque, Dead Space Remake propose un gameplay à la troisième personne avec caméra épaule. Déjà en 2008, c’était dans le top de ce qu’il se faisait de mieux en la matière. Et encore aujourd’hui, il s’agit d’une des meilleures expériences dans ce registre. On note également une certaine fluidité et un confort de jeu encore supérieur à l’original. Après, en termes de contrôle, rien de révolutionnaire. On n’est pas sur un gap de jouabilité comme avait pu le proposer Resident Evil 2 Remake par exemple.

Image Dead Space RemakeEn ce qui concerne les combats, la formule reste à peu près la même. Dans la tradition de la série, le jeu reprend le système de démembrement tactique, qui avait été mis en place par l’épisode de 2008. Un système lui aussi révolutionnaire qui vous demande de couper les membres de vos ennemis pour les tuer, plutôt que d’aligner les headshots comme on vous a habitué à le faire dans la majorité des jeux de tir. Une mécanique de jeu qui rend les combats grisants et plus stratégiques. Niveau arsenal, Isaac sera bien équipé. En-dehors de la demi-douzaine d’armes adaptés à différentes situations, notre héros peut également compter sur la Stase et la Télékinésie pour progresser dans l’aventure. La première permet de ralentir les objets et ennemis tandis que la seconde permet de déplacer et d’utiliser les éléments du décor (et les membres coupés des nécromorphes). En ce qui concerne la Télékinésie en particulier, on peut regretter des soucis de précision quand il s’agit d’attraper un objet dans la précipitation et je ne compte plus le nombre de fois où on se retrouve devant un Nécromorphe avec une chaise entre les mains au lieu d’une bombonne explosive. Moins efficaces dirons nous et c’était un problème qui était déjà présent dans le jeu de base.

Deux éléments ont quant à eux été complètement transformés à l’occasion de la sortie de ce Dead Space Remake. Dans un premier temps, c’est la structure même de l’aventure. À l’époque, le brise-surface constituait un lieu assez linéaire, qui avait par moment des aspects de train fantôme. Chaque zone du vaisseau constituait grosso modo un chapitre et la montée dans un tram signait la fin d’un chapitre. Vous n’aviez pas la possibilité par exemple de revenir dans une zone déjà parcourue, sauf si un chapitre vous demandait d’y retourner. Ici, le système a été complétement revu et l’Ishimura devient un terrain de jeu dans lequel vous pouvez pour déplacer quasi librement. Alors, certaines zones sont quand même débloquées au fur et à mesure de la progression dans l’histoire principale, mais rien ne vous empêche de revisiter certaines zones quand vous le souhaitez.

Ce qui est lié à cette nouvelle structure, c’est l’ajout de quelques quêtes secondaires. Certaines seront utiles pour en apprendre plus sur les événements qui sont survenus sur le vaisseau tandis que d’autres permettront de gagner des niveaux de sécurité afin d’ouvrir des pièces ou des boîtes d’équipements verrouillées. Ces deux éléments mis bout à bout permettent de transformer la façon de visiter l’Ishimura et de rendre l’exploration plus importante et organique. Alors, ça reste des ajouts assez basiques, qui créent un backtracking plutôt superficiel et on aurait pu espérer des ajouts un peu plus majeurs de ce côté-là. Notamment sur le nombre d’objectifs secondaire à réaliser. Autre point qui avait été proprement honteux à l’époque, c’est la carte. Enfin (et heureusement) elle a été complétement remaniée. Et cette fois-ci, même si elle n’est pas encore parfaite, elle est plus intuitive et devient plus centrale dans l’exploration et la progression. Et pour ceux qui ne souhaitent pas l’utiliser, rassurez vous : l’aberration qu’est le GPS est toujours disponible.Image Dead Space Remake

L’autre grosse modification concerne les zones en zéro gravité. À l’époque, il s’agissait en fait simplement de zones où il était possible de sauter sur les murs, le plafond et de s’y déplacer librement. Aujourd’hui, ce Dead Space Remake pique l’idée du second épisode, où il était possible de se déplacer librement dans ces zones en apesanteur. Et sans surprise, ces séquences fonctionnent toujours aussi bien et ont même une importance encore plus grande, car certaines zones qui n’étaient pas en zéro gravité le sont désormais.

Enfin, l’amélioration des armes a été également un peu modifiée. Vous pouvez toujours augmenter entre autres la puissance, la capacité ou encore le temps de rechargement, mais il faudra trouver ou acheter des plans afin de débloquer de nouveaux chemins d’amélioration pour chaque arme. On notera également l’ajout des « augmentations spéciales » qui permettent par exemple de modifier la puissance du tir secondaire de certaines armes. Un ajout très intéressant qui permet de personnaliser encore plus le gameplay. Par contre, étant donné le faible nombre de points de puissances qui permettent les améliorations, il faudra toujours faire un choix vis à vis des armes. De toute façon, vous ne pouvez en équiper que 4 dans la croix de sélection rapide, ce sont donc de véritables choix. À moins que vous vouliez vous amuser à changer les raccourcis toutes les 2 secondes et bloquer des slots d’inventaire très précieux avec des armes que vous n’utilisez pas toujours.

Une ambiance qui Clark

C’est normal pour un Remake me direz vous, mais la majeure partie de la communication de Dead Space Remake était orientée sur l’aspect visuel du titre. Et sans surprise, le travail réalisé à ce niveau là est tout simplement bluffant. L’aventure est aussi magnifique que dégoutante et parcourir l’Ishimura dans ces conditions exacerbe tous les sentiments que pouvait procurer le jeu original. Bien entendu, ceux qui ont parcouru l’aventure de 2008, le savent, mais Dead Space fait peur. Jusque-là, pas de surprise à priori. Mais l’ambiance de ce titre reste tout de même assez différente. Pour cause, le jeu est nettement plus sombre qu’à l’époque et de nombreuses zones doivent être parcourues avec la lampe torche, qui du coup gagne plus en utilité. À noter aussi que le jeu garde sa construction en plan-séquence et aucun temps de chargement ou de coupure n’est à noter. Oui, God of War n’a pas inventé la chose et Dead Space faisait déjà ça il y a 15 ans.

Mais au-delà de ça, le plus saisissant est sans conteste les jeux de lumière. De ce côté, 2008 oblige, le jeu original était plutôt plat. Mais ici, le travail réalisé est subjuguant et dégage une atmosphère stressante à tous les instants. On note par exemple que l’éclairage de certaines zones de l’Ishimura fonctionne sur un mode aléatoire, ce qui fait que si vous repassez dans une zone déjà visitée, il est possible que l’éclairage ne soit pas exactement le même. Au niveau des graphismes, on est donc sans surprise sur un des plus beaux Survival Horror disponible à ce jour.

Au niveau sonore, Dead Space Remake n’est pas en restes. Déjà à l’époque, l’ambiance sonore était ce qui se faisait de mieux. Mais aujourd’hui, avec une meilleure spatialisation du jeu, plus précise, chaque bruit entendu dans l’Ishimura vous donnera des frissons. Pour continuer dans l’aspect sonore, j’ai trouvé à titre personnel que les musiques, déjà très efficaces à l’époque, avaient quand même un peu plus d’importance et étaient plus présentes dans ce Remake.

De leur côté, les Necromorphes restent des créatures terrifiantes. Toujours aussi peu ragoûtantes, elles sont très fidèles à ce qu’elles étaient à l’époque. Et puis le gap technique permet d’améliorer le démembrement de ces derniers et il faudra vraiment tirer plusieurs fois exactement au même endroit si vous voulez découper efficacement ces créatures de l’enfer.

Enfin, le level design a eu droit à quelques ajustements. Alors, les joueurs qui ont déjà parcouru l’aventure ne seront pas dépaysés. Cependant, on peut noter des modifications dans certaines zones, le cheminement de l’aventure, les boss ou l’apparition des ennemis. D’ailleurs concernant ce dernier point, j’ai eu l’impression pendant l’aventure que certaines apparitions étaient aléatoires. Exit aussi certaines séquences de jeu qui n’étaient déjà pas hyper intéressantes à l’époque, notamment sur certains « combats de boss ». Rien de fondamentalement bouleversant, mais c’est suffisant pour dépayser assez régulièrement ceux qui connaissent l’aventure, sans pour autant la défigurer.

2008 avait marqué un tournant dans l’histoire du Survival Horror avec l’arrivée de Dead Space. 15 ans plus tard et avec de nombreuses modifications bien senties, Motive Studio réussit le pari de ressusciter une série déchue. Ce Dead Space Remake vient bonifier l’œuvre original et lui donner une dimension encore plus grande. Le visuel est subjuguant et les ajustements apportés au gameplay et à la structure de l’aventure permettent de l’actualiser et d’en faire d’ores et déjà un titre marquant de 2023. Peut-être pas un séisme aussi tonitruant que le remake de Resident Evil 2. Mais sans aucun doute un nouvel exemple d’un remake réussi.

 

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Points forts

  • Un Isaac qui parle et une histoire plus engageante...
  • C'est beau !
  • Des modifications structurelles bien senties
  • Un gameplay toujours aussi efficace

Points faibles

  • ... même si la narration est toujours aussi basique et cliché
  • La télékinésie qui manque de précision
  • Quitte à y être, on aurait aimé + de contenu secondaire
8.5

Great

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