TEST – Draugen, le nouveau projet des créateurs de Dreamfall Chapters

Draugen Test

Développé par le studio norvégien Red Thread Games (à qui on doit notamment Dreamfall Chapters), Draugen est un jeu d’enquête qui nous met dans la peau d’Edward, un homme à la recherche de sa sœur disparue. Accompagné par la facétieuse Alice, Edward débarque ainsi au beau milieu de nulle part, dans une communauté reculée de Norvège, afin de retrouver la trace d’Elizabeth… ce qui l’amènera rapidement à enquêter sur un tout autre drame. Et comme dans tout bon roman d’enquête, un drame peut en cacher un autre…

• Genre : enquête, jeu narratif
• Développeur / éditeur : Red Thread Games
Support de test : PC (AMD Ryzen 5 2600X – Nvidia GTX 1060 6Go VRAM – 16Go RAM – HDD)
• Version du jeu utilisée : version Steam (fournie par les développeurs)
• Disponible sur : PC, PS4, Xbox One

Edward et Alice sont dans un bateau…

Draugen commence avec le rythme modéré qu’il gardera tout au long de son histoire, incitant le joueur à la contemplation plus qu’à l’observation effrénée des moindres petits détails. Vous incarnez ici Edward, un homme de science qui recherche sa soeur par monts et par vaux, que l’enquête a mené à Graavik, petit village perdu entre deux falaises d’un fjord norvégien. Dans ses recherches, celui-ci est accompagné par Alice, dont le caractère dynamique et un peu farfelu tranche rapidement avec le tempérament sérieux et réservé d’Edward. Il est difficile de parler de la suite de l’histoire dans un jeu qui base tout son intérêt sur le moindre détail de narration, nous allons donc rester vague et nous contenter de dire que l’arrivée à Graavik ne se déroulera pas comme prévu. Edward et Alice devront donc découvrir ce qui se trame dans cette petite communauté reculée tout en restant focalisé sur leur objectif premier : retrouver Elizabeth, la sœur du protagoniste.

Les premières minutes de Draugen peuvent s’avérer frustrantes pour qui n’a pas ou plus l’habitude des jeux à rythme modéré. Edward n’est ni le héros du temps, ni un soldat ultra-testostéroné, mais un simple savant qui s’essouffle quand il porte sa valise sur plus de cent mètres. Il faudra donc un petit temps d’adaptation à certains joueurs afin de s’adapter au rythme voulu par le jeu. Rapidement, pour compenser la vitesse du héros dans ces fameuses premières minutes de jeu, on en vient à jouer avec la caméra pour observer les environs, découvrant avec plaisir que le village de Graavik est d’une grande beauté.

Ce réflexe de regarder autour de soi afin d’observer le charme certain des environs est l’heureux déclic qui habitue le joueur à s’adapter au rythme du jeu. Alors que la touche nous permettant de courir devient rapidement disponible, on se surprend ainsi à ne pas l’utiliser pour se contenter de marcher tranquillement au sein du village de Graavik afin de bien prendre la mesure de ce qui nous entoure. A ce sujet, Draugen est une réussite, et sans pour autant être une pépite visuelle inoubliable, le jeu réussit à nous dérouler des décors d’un charme incontestable.

Au chapitre des bonnes idées que l’on remarque rapidement, on notera que le système de choix des dialogues – bien que sans aucune incidence sur le déroulement du jeu – met en place un système de double validation extrêmement intéressant qui mériterait d’être repris dans certaines autres productions. Draugen, comme beaucoup de jeux à embranchements scénaristiques, vous soumet ses choix de dialogue avec plusieurs résumés de la réponse que vous pouvez donner, mais là où le jeu de Red Thread Games se démarque, c’est dans la possibilité de presser les boutons correspondant de deux manières : en maintenant pour valider la réponse, et en pressant un coup bref pour lire un aperçu plus long de le réponse choisie. Il est dommage que les choix de dialogue n’entraînent aucune conséquences dans Draugen, car ce système permet une meilleure compréhension des réponses proposées par le jeu, un défaut souvent constaté dans des jeux comme Mass Effect ou Fallout 4 où les aperçus de réponse ne collent pas forcément avec les dialogues derrière.

Draugen Test

Roman Graavik

Toutefois, cet appel à la contemplation est bien l’une des rares qualités de Draugen. L’aspect enquête, lui, n’en a que la forme. L’histoire, en effet, se veut assez linéaire, et se déroulera sous la forme de voyages d’un point A à un point B sans possibilité de découvrir des chemins de traverse narratifs. Les indices nécessaires à la progression sont hélas tous apparents, et aucun véritable effort de recherche n’est nécessaire pour faire avancer le schmilblick. Si vous êtes passionnés d’enquêtes vidéoludiques pour les énigmes dont elles peuvent être les prétextes, alors passez votre chemin : Draugen ne propose rien de la sorte. Il serait d’ailleurs plus juste de considérer le jeu de Red Thread Games avant tout comme un roman interactif, dont le thème est celui de l’enquête.

Malgré tout, même si le jeu ne propose pas de challenge pour vos neurones au sein de son tissu-même, il réussit néanmoins à créer une forme d’enquête en-dehors du jeu, en poussant le joueur à se demander ce qui se trame vraiment en arrière-plan de l’histoire qui se déroule devant ses yeux. Là encore, difficile d’être plus précis tant ce principe dépend d’éléments scénaristiques qu’il serait dommage de vous divulgâcher. En tout cas, cette quête cachée sous la quête est ce qui sauve Draugen de l’ennui, à l’instar de cette relation entre Edward et Alice qui finit par prendre malgré des débuts un peu convenus.

Toujours sans divulgâcher, cette relation entre Edward et Alice est appréciable sur plus d’un point, et les joueurs qui arriveront jusqu’à la fin du jeu comprendront de quoi il s’agit. Le sujet traité par le biais de ces personnages a le mérite de s’écarter un peu des classiques du genre, avec une manière différente de traiter ce type de relation. On pourra déplorer que celle-ci fasse un peu d’ombre aux intrigues qui animent Graavik et qui paraissent vite bien pâles en comparaison, mais au vu de l’annonce d’une suite en fin de jeu, on se dit finalement que Draugen est une introduction adaptée pour ces personnages.

Pour terminer sur les aspects techniques, Draugen est fidèle à ce que l’on attend d’un jeu de ce genre, à savoir bourré de charme malgré une réalisation globale dans la moyenne. On notera tout de même une gestion un peu maladroite de la profondeur de champs, celle-ci ayant tendance à s’emmêler les pinceaux lorsque l’on fixe certains détails du décor. Il arrive ainsi à Alice de se prendre un effet de flou en fixant le panneau situé à quelques centimètres derrière elle, alors que les deux sont à proximité du héros. On regrette aussi que l’exploration nous force à suivre les chemins balisés, avec l’impossibilité de sortir de certains sentiers ou d’escalader la moindre petite pente pour prendre un raccourci.

Draugen Test

Bien qu’agréable à suivre, Draugen n’en demeure pas moins un jeu très dirigiste, qui offre l’illusion du choix pour tenter de masquer un déroulement linéaire. On regrette que l’aspect enquête soit facilitée par une trop grande mise en exergue des indices nécessaires à l’avancée de l’histoire, ainsi qu’une absence totale d’énigmes. Malgré tout, la relation entre Edward et Alice permet de garder un semblant de rythme dans la narration, tout en stimulant le joueur via des questionnements spontanés d’ordre scénaristique. D’une durée de vie très courte, Draugen est à réserver aux aficionados du genre qui lui pardonneront ses défauts. Les autres, en revanche, risquent de rester sur leur faim.

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Évaluation de l'article

Points forts

  • Une histoire plaisante à suivre, avec un twist inattendu
  • La dynamique entre Edward et Alice
  • Un environnement qui incite à la contemplation

Points faibles

  • La narration trop linéaire et trop dirigiste
  • La durée de vie très courte (comptez entre 3 et 4 heures)
  • La trop grande mise à disposition des indices importants
6

Fair

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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