TEST – Moonlighter, rogue-lite au clair de lune

moonlighter 11 bits studios digital sun

Non-contents d’être les développeurs des excellents This War of Mine et Frostpunk, les polonais de 11 bit studios semblent également avoir l’œil pour repérer les talents chez leurs confrères et consœurs indépendants. On ne sera donc pas étonné de les voir éditer Moonlighter, un très sympathique rogue-lite mâtiné de gestion créé par le studio espagnol Digital Sun.

• Genre : rogue-lite / gestion
• Disponible sur : PC, Xbox One, Switch, PS4.
• Support de test : PC (i5 2500K – GTX 1060 6G – 8Go RAM).
• Version du jeu utilisée : version commerciale (Steam) fournie par l’éditeur (11 bit studio).

The Binding of I̶s̶a̶a̶c̶  Will

Le synopsis de Moonlighter tient en quelques lignes : il y a des années de cela, de mystérieux donjons sont apparus près du village de Rynoka, entraînant un âge d’or pour les commerces du coin qui virent passer de nombreux héros désireux de se faire un nom. Hélas, les donjons furent ensuite considérés comme trop dangereux pour être explorés et furent alors fermés, plongeant de nouveau Rynoka dans une léthargie économique. Mais cétait sans compter sur Will, un marchand ayant hérité de la boutique « le Moonlighter », qui décide de se lancer à son tour à la conquête desdits donjons…

L’histoire débute rapidement avec un court tutoriel qui pose les bases des commandes avant de vous laisser prendre possession de votre magasin. Vous l’aurez compris, Moonlighter alterne régulièrement entre les phases de rogue-lite en donjon et celles de gestion du magasin. Il sera d’ailleurs possible de dormir dans son lit afin de passer du jour à la nuit, cette dernière étant garante d’un loot de meilleure qualité dans les donjons en contrepartie d’un niveau plus ardu. Le magasin, lui, ne pourra en revanche être ouvert que durant la journée, et vous obligera à y rester du matin jusqu’au soir.

Moonlighter test digital sun 11 bit studios

Et on lui pèlera l’donjon… ♫

Revenons à nos donjons : au nombre de quatre, ceux-ci vous proposent chacun un thème visuel bien particulier. Le premier est somme toute assez basique et vous baladera dans des environnements principalement constitués de murs et de sols en pierre, dans la plus pure définition du donjon en tant que tel. Les autres, quant à eux, auront pour thème la forêt, le désert (le feu), et la technologie (l’électricité). Ces quatre donjons déblocables au fil de votre aventure génèreront à chacune de vos entrées une carte différente de façon aléatoire, vous permettant ainsi de faire face à un challenge différent à chacun de vos passages.

Les donjons s’organisent sur 4 niveaux. Les 3 premiers sont d’une difficulté évoluant crescendo, et le quatrième héberge le boss qu’il vous faudra vaincre afin de boucler le donjon et débloquer le suivant. Afin de vous aider dans votre exploration, vous débloquerez assez rapidement le médaillon (permettant de rapidement revenir au village en gardant votre loot mais en réinitialisant votre progression contre un peu d’or), le miroir (donnant la capacité de détruire du loot en échange d’un peu d’or), ainsi que l’emblème (qui a la formidable capacité de vous téléporter en ville sans perdre votre progression en échange d’une somme non-négligeable).

Au-delà de votre capacité à résister aux ennemis dans les donjons de Moonlighter, l’intérêt de l’exploration réside également dans votre gestion de l’inventaire, dont les places sont suffisamment limitées pour en devenir précieuses au fil de votre progression. Digital Sun a même poussé le vice jusqu’à créer des sortes de malédictions sur certains objets, lesdites malédictions ayant ensuite un effet – positif ou négatif – sur les autres objets de votre inventaire. On pourra citer, parmi celles-ci, les malédictions qui rendent un objet impossible à identifier avant la sortie du donjon, celles qui détruiront un autre objet situé à proximité à cette même occasion, ou encore celles qui obligent le joueur à ranger l’objet concerné à tel ou tel endroit du sac. La récolte du loot devient ainsi plus stratégique, forçant le joueur à organiser son sac comme il faut afin d’optimiser au mieux le résultat de la récup’ à la fin de l’exploration du donjon.

Capitalism simulator 2018

De retour dans le village, il vous faudra ensuite trier vos trouvailles afin de garder les éléments utiles de ceux que vous pourrez revendre les yeux fermés. Certains éléments sont en effet des ingrédients que vous pourrez échanger contre des améliorations d’arme ou d’armure, et il sera alors nécessaire de ne pas les revendre aveuglément afin de tenir la route au niveau de l’équipement et ainsi survivre plus aisément aux prochains donjons. Le reste, lui, devra être vendu en tâtonnant dans les tarifs au début afin d’en déterminer le juste prix. Les acheteurs qui viendront visiter votre magasin vous feront rapidement comprendre si votre prix est trop ou pas assez cher via un système d’émoticônes qui s’affichera au-dessus de leurs têtes. Votre journal, accessible via le menu, vous permettra d’ailleurs de garder en mémoire les sommes en question pour vous permettre à tout moment de connaître le prix idéal d’un élément. Les phases de vente en magasin ne seront toutefois pas de tout repos. Régulièrement, certains voleurs se feront passer pour des clients afin de dérober les plus chers de vos articles. Il sera alors nécessaire de les prendre la main dans le sac et de vous jeter dessus avant qu’ils ne sortent du magasin et ne vous délestent définitivement du fruit de votre dur labeur. Le tout sans oublier, bien sûr, de servir à temps vos clients qui attendent en caisse, avant qu’ils ne se lassent et quittent le magasin.

Mais l’aspect gestion de Moonlighter ne s’arrête pas là. En-dehors de votre magasin familial, il est également possible d’aider le village de Rynoka à se développer au fil de vos pérégrinations. Grâce à la monnaie sonnante et trébuchante que vous aurez durement gagnée, il est en effet possible d’aider d’autres magasins à s’installer afin que ceux-ci puissent à leur tour vous offrir leurs services. Au nombre de 5, ces marchands vous proposeront divers services allant de l’indispensable au plus anecdotique (pour ne pas dire totalement inutile). L’enchanteuse sera par exemple un must-have, tout comme le forgeron, ces deux marchands vous proposant respectivement potions et enchantements, armes et armures. A contrario, le banquier sera aisément dispensable, celui-ci se contentant de vous demander un investissement en échange d’éventuels bénéfices, avec un résultat plus que discutable.

On regrette d’ailleurs que l’aide à l’essor de Rynoka se limite à ces brefs investissements. Avec l’argent glané au bout d’un moment, il aurait pu être intéressant d’aider à la construction de nouveaux bâtiments ou de se voir offrir la possibilité d’améliorer le village d’autre manière. A terme, un système de gestion plus étoffé aurait même pu permettre à Moonlighter de gagner en durée de vie, ce genre d’objectifs encourageant souvent les joueurs à jouer plus longtemps afin de tout débloquer.

Moonlighter test digital sun 11 bit studios

La lune à moitié pleine

La durée de vie est d’ailleurs un point intéressant à évoquer concernant Moonlighter. En difficulté « Difficile » (2/3), celle-ci atteint les 20 – 25h en fonction de votre rythme de jeu. Pour un jeu facturé 20€ sur Steam, il est facile de trouver cela acceptable, même s’il est difficile de ne pas rester sur sa faim à la fin du jeu, lorsque vient le moment de se demander si celui-ci n’aurait pas pu aller plus loin dans son concept afin de se garantir une durée de vie plus conséquente, à l’image d’un Stardew Valley. A l’image de celui-ci, Moonlighter introduit certes un village comme décor, mais sans en avoir la profondeur. Les PNJ se contentent par exemple d’être de simples clients potentiels, et aucun d’entre eux ne proposent de liens à tisser avec le personnage principal. Le village de Rynoka se contente ainsi d’être un banal décor planté entre les donjons et le magasin, alors qu’il aurait pu constituer un troisième axe de gameplay des plus intéressants à développer.

Les donjons, pour y revenir, se révèlent finalement assez courts et se maîtrisent généralement en 5 ou 6 passages maximum, le temps d’obtenir les matériaux nécessaires à l’upgrade des armes et armures. Le rythme se prend ainsi rapidement, et une forme de répétitivité s’installe. Là encore, on regrette que les donjons ne s’étalent pas sur plus de niveaux, et que les interactions se limitent à cogner du mob avec quelques rares occasions de salle secrètes à découvrir. On est ici loin de la profondeur d’un Binding of Isaac, lequel avait un panel d’armes, d’ennemis et de boss bien plus varié.

Moonlighter test digital sun 11 bit studios

 

Addictif, très agréable à jouer, et proposant un concept accrocheur, Moonlighter ne va malheureusement pas assez loin dans ses idées et rate ainsi de peu le statut d’indispensable. Pour autant, le jeu dispose de solides arguments, maniabilité et direction artistique en tête de liste. Moonlighter demeure un jeu fort sympathique et doté d’un rapport qualité/prix somme toute honnête. On attend malgré tout avec impatience les prochaines mises à jour promises par les développeurs afin de savoir si Moonlighter est amené un jour à sortir de sa confortable chrysalide pour évoluer vers quelque chose de plus riche et ambitieux.

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Évaluation de l'article

Points forts

  • Le design tout en pixel art, parfaitement géré
  • La bande-son franchement réussie
  • Le système de combat simple et efficace
  • La variété visuelle des donjons

Points faibles

  • L'aspect gestion trop peu développé
  • La rejouabilité quasi-nulle
  • Le manque total d'intéraction avec les PNJ
  • La gestion poussive de l'inventaire à la manette
7

Good

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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