Outward est un RPG en monde ouvert développé par Ninedots Studio et édité par Deep Silver. Il tente de se distinguer des jeux classiques en cherchant du réalisme dans un univers heroic-fantasy. Le résultat est-il à la hauteur de la promesse ? Nous allons tenter d’y voir plus clair.
Version pour le test : PS4
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L’habit ne fait pas le moine. Vous incarnez un aventurier, enfin, en apparence seulement. En effet, Outward s’efforce de vous plonger dans un monde avec comme avatar, Monsieur tout le monde. Ici, on oublie le tueur de dragon ou encore le chevalier ayant une maîtrise de l’épée longue. Vous incarnez un personnage banal qui doit se faire une place dans un monde violent et sans pitié. Au lancement du jeu, il vous sera demandé de créer votre personnage. Cela sera rapide tant les choix sont peu nombreux.
La première remarque que l’on peut faire, c’est le style graphique pauvre que l’on découvre lors de cette création de personnage. Certes, la beauté d’un titre n’en fait pas pour autant un bon jeu, mais les graphismes semblent vraiment archaïques. Mea-culpa quand on sait qu’Outward a été développé par une toute petite équipe, alors ne nous arrêtons pas à l’emballage mais plutôt à ce que ce dernier peut nous proposer.
Posons les bases de votre aventure ! Vous débarquez sur une plage non loin de votre village. Enfin, débarquer est un bien grand mot, disons plutôt échouez. Votre bateau a fait naufrage et la plupart de l’équipage est mort dans la catastrophe. Vous arrivez tant bien que mal à rejoindre votre village pour vous reposer et vous soigner. C’est à ce moment que l’on apprend la réelle situation de votre personnage. Ce bateau devait ramener des richesses et les chefs du village vous tiennent responsable de la catastrophe.
Mais ce n’est pas tout ! Vous devez payer le prix du sang, sorte de dette que vous portez par la faute de vos ancêtres, plus particulièrement votre grand-mère. Dans Outward, ce n’est pas uniquement la personne ayant réalisé le méfait qui est punie, mais la totalité de sa lignée, tant que la dette n’est pas réglée. Malheureusement, votre absence de plusieurs jours vous a ralenti dans le paiement de cette dette et les chefs du village ne vous laissent que cinq jours pour rapporter 150 pièces d’or. Une somme conséquente pour un homme qui revient d’expédition sans rien. Si vous ne pouvez rapporter cette somme dans les temps, votre maison située dans le phare vous sera retirée. Sympa l’accueil… Vous l’aurez compris, Outward ne laisse jamais le joueur dans le confort.
La difficulté vous entoure
Outward est un jeu de rôle qui ne fait pas de concession. Vous l’aimez ou vous le détestez, mais il ne laisse clairement pas indifférent. Ce genre de jeu ou vos mains se crispent sur votre manette, car vous savez qu’au coin de la rue, vous allez sûrement rencontrer la mort. La difficulté n’est pas insurmontable. On peut même dire qu’elle est mesurée et intelligente. Il vous sera, la plupart du temps, possible de trouver des échappatoires pour éviter les ennuis. Ce qui reste l’aspect le plus difficile à maîtriser, c’est votre environnement et la gestion de votre personnage. Les amateurs de jeu de rôle ont pour habitude de se déplacer avec une mini-map dans un coin de l’écran. Outward ne vous propose qu’une carte basique qui ne dévoile pas votre positionnement.
C’est à vous seul de déterminer votre emplacement et la route à prendre pour arriver à votre destination. Au lancement sur PlayStation 4, cette carte était buggée, donc on vous laisse imaginer la complication que cela a pu engendrer. La notion de niveau est également absente. Pour faire évoluer votre personnage, vous ne pourrez compter que sur son équipement. Les habitudes des joueurs sont donc mises à mal par les développeurs et c’est une vraie surprise. Il vous faudra payer des PNJ pour acquérir des compétences et vous allez devoir gagner des pièces d’or si vous souhaitez avancer dans l’aventure. Autant de détails qui risquent d’en rebuter certains, mais également motiver d’autres joueurs demandeurs d’un autre style de jeu.
Un gameplay difficile à prendre en main
Outward va vous obliger à réfléchir, à préparer vos déplacements et organiser vos quêtes au mieux pour ne pas devoir abandonner des choses en route. Soyez certains qu’en suivant vos plans les mieux ficelés, vous allez devoir quand même passer à côté de certains butins tant la gestion des objets est compliquée. Votre personnage est équipé d’un sac à dos et le poids de ce dernier sera l’une de vos préoccupations principales. De plus, il vous faudra penser à la nourriture pour éviter à votre personnage une mort certaine.
Tout ce que vous avez de base dans d’autres jeux vous est retiré dans Outward. Tous ces différents aspects vous forcent à vous adapter continuellement. Dès votre sortie des villages/villes, le jeu va vous retirer votre confort habituel dans les jeux de rôle et vous poussera dans vos derniers retranchements. Un vrai plaisir ! La magie est également présente et demandera un peu de votre temps et votre patience pour y accéder. Elle n’est pas innée pour votre personnage et s’insère dans l’histoire de manière très intelligente. On ne vous en dit pas plus mais disons que la maîtrise de la magie se mérite dans Outward.
La mort elle-même est différente des jeux habituels. En effet, Outward ne vous annonce pas une mort, mais vous projette dans un événement aléatoire. Vous pouvez successivement vous retrouver dans une prison ou l’on vous demande de creuser du minerai, mais également dans une caverne avec une personne vous ayant secouru non loin de votre malheureux combat. Autant de situations qui vous permettront de découvrir d’autres endroits sur la carte.
Les combats vous obligent à vous séparer de votre sac. Il vous ralentit dans vos déplacements et il vous est conseillé de le déposer au sol pour vous défendre ou attaquer des ennemis. Mais lorsque vous tombez au combat, votre sac reste à l’endroit où vous l’avez déposé quand votre dépouille est envoyée ailleurs via les événements aléatoires. C’est à ce moment que votre patience est mise à rude épreuve tant le chemin pour retourner récupérer votre sac devient dangereux et périlleux. Le craft vous aidera grandement dans votre aventure avec la possibilité de créer des pièges et des potions capables de décupler vos sens. Tout cela donne lieu à des stratégies pour vous permettre de tuer des ennemis récalcitrants.
La difficulté est également présente lorsqu’il faut vous reposer. En dehors du temps de repos, vous allez devoir également prévoir un temps à la réparation de votre équipement. Mais encore mieux, vous allez devoir aussi prévoir les tours de garde pendant la nuit pour vous prémunir d’attaque nocturne. Vous l’aurez compris, même lorsque vous reposez votre personne, ce dernier risque sa vie.
Dormir à la belle étoile n’est plus aussi sympa que sur la carte postale. D’ailleurs, le temps est également un facteur à prendre en compte, ce qui engendre une gestion des vêtements de son personnage. On ne peut utiliser des vêtements chauds lorsque l’on se déplace dans un désert. La même chose dans une montagne enneigée où il est conseillé de mettre un vêtement capable de résister au froid. Si vous ne suivez pas ces quelques règles élémentaires, votre personnage subira un malus plus ou moins important. Ce dernier risquera de vous handicaper un long moment.
L’écran splitté de retour
Outward vous propose également un mode multijoueur en ligne ou en écran splitté. Et oui, vous pouvez jouer avec un pote directement sur le même écran. Nous manquons clairement de jeux en écran splitté de nos jours. Merci aux développeurs ! Le jeu à plusieurs permet des approches différentes et prolonge en partie la durée de vie du soft. Il vous faudra environ 25 heures pour faire le tour de l’histoire et une trentaine d’heures pour tenter d’y visiter la plupart des endroits du monde d’Outward.
Outward est un bon jeu mais risque d’en décevoir certains. Les graphismes sont clairement en-dessous de l’attente actuelle des joueurs. On comprend assez vite que les développeurs ont dû faire des choix forts et assumés et les graphismes n’étaient pas une priorité. Il en est de même avec les grands espaces relativement vides par rapport aux donjons. Ces derniers sont beaucoup plus travaillés et participent grandement à l’ambiance du jeu. L’impression s’y retrouve également sur les graphismes qui semblent plus propres. Impossible de vous dire si cela est réellement le cas mais c’est l’impression que cela donne en se baladant dans ces donjons. On sent que le studio n’a pas eu les moyens de ses ambitions. Mais ces derniers ont réussi un travail excellent avec leurs moyens.
Outward est ce genre de jeu que l’on aime ou l’on déteste, sans juste milieu. Un titre qui fait des choix assumés et qui va au bout de ses idées. Malgré ses quelques défauts comme des graphismes un peu limités ou une impression de vide lorsque l’on se balade dans de grands espaces, Outward n’en demeure pas moins un très bon RPG. Exigeant à souhait, il ne cherche pas à vous prouver qu’il est bien, il vous pousse simplement dans vos retranchements en vous faisant comprendre que vous devez le maîtriser. Et au final, si vous en êtes capable, il vous ouvrira les bras et vous plongera dans un univers sublime. Un petit budget, une petite équipe pleine d’ambition. Mélangez le tout et vous obtiendrez un titre qui mérite le détour.