Rabi-Ribi
(testé à partir d’une version PS4 fournie par l’éditeur)
L’art de piéger son monde et l’habit ne fait pas le moine. Voilà en substance ce qui pourrait ressortir de ma confrontation avec Rabi-Ribi. En effet, de prime abord, sous son esthétique kawai et flashy, on pourrait se dire que le titre développé par le studio indépendant taïwanais Crespirit ne se résumerait qu’en une petite aventure tranquille et mignonette. Hé bien que nenni ! Rabi-Ribi est en fait un redoutable jeu qui aura mis mes nerfs en pelote à certains moments. De bonne ou de mauvaise façon ? La lecture de ce test devrait vous apporter la réponse.
Quoi de neuf Docteur ?
Rabi-Ribi débute sur une base complètement loufoque. Une jeune fille, nommé Erina, se réveille dans un carton et on comprend très vite (puisqu’elle le dit elle-même, pas besoin de sortir de l’ENA), qu’elle était auparavant un lapin… ce qui explique son look de bunny-girl tout droit sortie d’un magazine Playboy. La suite des événements ne sera pas moins farfelue puisqu’il y sera question de fées, de femmes-chats, de sorcières, de magiciennes ou d’adoratrices de lapins. Le scénario est loin d’être toujours très compréhensible voire parfois sans queue-ni-tête et je pense que la traduction française n’aide aucunement la compréhension (elle a au moins le mérite d’exister). Pour résumer, malgré tout, de manière très simpliste le scénario du jeu, le village de Rabi-Rabi est en danger et c’est à Erina, accompagnée de la petite fée Ribbon, de le sauver en parcourant les environs à la recherche de personnes pouvant donner un coup de paluche.
Et les environs sont parsemés d’embuches et de recoins secrets. Rabi-Ribi est un Metroidvania, c’est à dire que pour pouvoir accéder à certaines zones de la map et ainsi faire progresser l’histoire il vous faudra obtenir certaines capacités. Le double saut, le saut contre les parois ou bien encore la glissade figureront au menu des compétences à débloquer pour continuer votre périple. L’occasion nous est alors donnée de découvrir petit à petit ce titre en 2D à la mode pixel-art très réussi. Les couleurs sont chatoyantes, les animations d’Erina sont mignonnes, les ennemis le sont tout autant et certains décors sont très beaux pour qui a l’amour du style pixelisé. Pour agrémenter ce plaisir visuel, de jolis dessins typés manga viennent ponctuer les scènes de dialogues rajoutant encore du kawai s’il en était besoin.
Enfin, pour prolonger l’ambiance rétro distillée par Rabi-Ribi, la bande son joue également dans un registre à l’ancienne, avec ces musiques comme on en entendait à l’époque de la Super Nes. Des pistes sonores d’ailleurs très réussies et qui accompagnent parfaitement notre partie. Non, ce n’est donc pas de ce côté-là que Rabi-Ribi a joué avec mes nerfs.
Le show lapin
Je l’expliquais brièvement dans l’introduction de mon test, c’est sous ses apparences choupinettes que se cache les ennuis. Pour comprendre, il faut aborder le gameplay de Rabi-Ribi. Le jeu peut se découper en deux parties assez distinctes. Les phases que je qualifierais d’exploration et les phases de boss. Débutons par les phases d’exploration. Ici, on a affaire à un plateformer plutôt classique. On se déplace au gré de la map en passant à tabac tous les ennemis en chemin. Pour cela, Erina possède un marteau qu’elle utilisera pour taper au corps à corps et Ribbon a la capacité de projeter des lasers qui feront office d’arme à distance. Au cours de l’aventure, on trouvera sur notre route diverses améliorations. Ainsi Erina pourra porter de nouveaux coups, comme le roulé-boulé, l’attaque en piqué ou le jet de carottes explosives et Ribbon, elle, apprendra de nouveaux sorts qui projetteront de nouveaux types de lasers. Autant le dire, toute cette partie là est très plaisante. Le game design est bien pensé, on évite des pièges, on saute de plateformes en plateformes, on tape sur la tronche des trucs, on explore la map en quête de bonus cachés. Hé oui, il y a également un système de bonus qui permet d’augmenter les PV, la jauge de MP etc… Si certains peuvent être achetés, d’autres sont dissimulés sur la map et il faudra parfois bien ouvrir l’œil pour les débusquer. Non, ce n’est pas là non plus que Rabi-Ribi a joué avec mes nerfs.
Les plus perspicaces d’entre vous l’auront sans doute désormais compris, ce sont bien les phases de boss qui m’auront rendu dingue. Lors de ces phases, fini le petit plateformer tranquille et bienvenue dans l’enfer des « bullets ». En effet, les phases de boss sont ce que l’on appelle des bullet-hell, c’est à dire que l’écran va se remplir de projectiles qu’il faudra esquiver. Il faudra alors faire preuve de maitrise, de réflexes et d’agilité. Disons-le tout de suite, les boss sont de véritables défis qui s’imposent aux joueurs et ceux qui, comme moi, ne sont pas à l’aise avec les shoot’em up pourraient très vite s’arracher les cheveux. La difficulté est, en plus, surprenante car les boss sont tout aussi kawai que notre cher Erina et il ne sera pas rare de voir des projectiles en forme de cœur et dans des couleurs très girly.
D’ailleurs chaque erreur est très punitive, chaque projectile que l’on ne parvient pas à éviter fait des dégâts conséquents et le Game Over pointe vite le bout de son nez. Alors quand on se fait complètement poutrer par un boss, on se dit « Pas grave, je vais aller chercher quelques bonus pour monter mes stats ». Si cette idée semble bonne, on se rend vite compte que le niveau des boss s’aligne sur le niveau de vos bonus. Cruel. Par conséquent, la seule façon de s’en sortir c’est la pratique… ou profiter des petits bonus généreusement offerts après plusieurs Game Over d’affilée. Et même avec ces bonus, il ne faudra pas lambiner. (Une petite vidéo de gameplay ci-dessous).
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Rabi-Ribi génère alors beaucoup de frustration et si l’on aime pas les bullet hell, on finira par ne plus prendre de plaisir et redouter les boss comme la peste. En revanche les amateurs du genre trouveront de quoi s’amuser un petit moment. La durée de vie du jeu s’élève à une petite vingtaine d’heures (à condition de ne pas rester bloqué plusieurs heures sur un boss). Pour 30 euros sur PS4, l’investissement peut être judicieux si vous êtes séduit par les univers rétro, kawai, les plateformes et les shoot’em up ardus. Sinon vous êtes prévenu, Rabi-Ribi n’est pas aussi mignon qu’il en a l’air.