TEST – Resident Evil 4 : Il m’a conquistador

Ce Resident Evil 4 avait pourtant tout l’air d’une balade bucolique…

 Image de Resident Evil 4

Développeur : Capcom
Éditeur : Capcom
Genre : Action / Survival Horror
Supports : : PC, PS4, PS5, Xbox Series
Support de test : PS4 (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 24 mars 2023
Conditions du test : Jeu terminé en mode Hardcore en environ 23h, sur PS4 Pro, avec le mode d’affichage qui privilégie le framerate à la résolution.

 

L’année 2005 a marqué un tournant pour la série de Capcom avec la sortie de Resident Evil 4. Un épisode révolutionnaire, plébiscité à sa sortie aussi bien par la presse que par les joueurs, qui a rapidement obtenu le statut de titre culte. Après les remakes très solides de Resident Evil 2 et 3 (et pas de Code Veronica… désolé), Capcom nous propose un nouveau billet direction l’Espagne, afin de revisiter ce petit village aux habitants si chaleureux. L’occasion de se remémorer plein de beaux souvenirs, mais aussi de se laisser surprendre par de nombreux changements.

Image de Resident Evil 4

Ha Ha Ha, Welcome !

Le postulat de Resident Evil 4 est simple : la fille du président des Etats-Unis a été enlevée. Plutôt que d’envoyer un escadron militaire en justifiant la possession de l’arme nucléaire par ce petit village, le gouvernement américain a pris la décision d’envoyer Leon S. Kennedy. Ce dernier, après avoir survécu aux événements de la ville de Raton Laveur (je préfère la VF désolé), a été enrôlé dans un programme de formation pour devenir ce qui s’apparente à une version plus moderne de Rambo. L’objectif de la mission : retrouver la fille du président qui se trouve apparemment dans ce village isolé d’Espagne et se carapater.

Si le postulat de base n’a pas changé d’un pouce, ce n’est pas forcément le cas du récit global de cette nouvelle mouture de Resident Evil 4. Si on remonte le temps jusqu’en 2005, force est de constater que l’histoire ne volait pas bien haut. Rien qu’au niveau des personnages, le jeu ne prenait pas vraiment le temps de les développer, privilégiant l’action quasi non-stop. Alors, le jeu est toujours aussi survitaminé, ne vous inquiétez pas. Mais désormais, il sait prendre un peu plus son temps pour développer un minimum ses personnages, leurs dilemmes intérieurs et leurs relations. Aucun ne symbolise d’ailleurs mieux ces apports que Krauser et Luis. Alors, ce n’est pas non plus une écriture digne d’un The Last of Us. Mais un effort a été fait pour leur donner un minimum de profondeur et les extirper de leur simple fonction scénaristique. Car c’était un reproche qu’on pouvait faire à l’opus original : on avait droit uniquement à des personnages fonctions, qui n’avaient pas une once de développement. Aujourd’hui, on prend un peu le temps de développer leurs histoires personnelles et ça fait un grand bien à l’aventure. Le jeu est aussi un peu plus bavard, avec plus de cinématiques mais aussi beaucoup de dialogues pendant qu’on joue.

Vous l’aurez compris, le récit de Resident Evil 4 est plus plaisant. Mais ce n’est évidemment pas le seul point à avoir subi des modifications. Car l’aventure n’est pas un bête copier coller et a reçu également de nombreuses modifications structurelles. Capcom n’a pas hésité à supprimer des séquences, en ajouter de nouvelles et réaménager un peu le tout. Les événements ont été réorganisés et le résultat parait plus logique quand on le compare fatalement au déroulé de l’aventure de 2005. Le joueur qui connaît déjà l’aventure originale sera donc souvent surpris et s’amusera à essayer de comparer avec l’original, tandis que le nouveau venu fera face à une progression un peu plus cohérente.

Image de Resident Evil 4

L’armée d’un seul homme

À l’image des remakes de RE2 et 3, bien des changements ont été opérés dans cette nouvelle itération de Resident Evil 4.

Dans RE4 version 2023, Leon a bien changé. Il n’est plus aussi rigide qu’avant et cela se traduit déjà par la possibilité de se déplacer en tirant. Mais ce n’est pas la seule chose, puisque la plus grosse modification opérée sur les affrontements concerne sans aucun doute le couteau. Il avait déjà une grande importance dans l’opus original, mais il a désormais une autre utilité. Et pas des moindres puisqu’il sert désormais à parer les attaques ennemies. Cela peut paraître  assez bête, mais c’est un ajout qui vient profondément changer l’expérience des combats. Déjà, ça vient dynamiser encore plus le gameplay, ce qui est toujours bon à prendre. Mais ça permet également de rendre les affrontements contre les ennemis plus intéressants. Car intrinsèquement, ajouter cette nouvelle possibilité permet de rendre les ennemis plus agressifs. Et c’est probablement la chose qui choque le plus quand on arrive pour la première fois dans le village : chaque ennemi est désormais une menace qui peut vraiment vous faire mal.

Utiliser la parade n’est pas forcément un réflexe facile à prendre, car ce n’est pas une mécanique de gameplay dont on a l’habitude dans un Resident Evil. En plus, l’indice visuel qui vous indique le bon timing pour parer est placé en bas à droite de l’écran, ce qui se révèle assez peu intuitif dans le feu de l’action. Au-delà de simplement vous défendre, il est aussi possible de réaliser des parades « parfaites », qui déstabilisent les ennemis et vous permettent de contre-attaquer. Sur le papier, parer une attaque n’est pas très difficile, mais le timing pour réaliser une parade « parfaite » est assez chaud à chopper. En tout cas, dès que j’en faisais une (et ça n’arrivait pas très souvent), j’avais l’impression que c’était plus par chance que grâce à mon analyse de l’attaque ennemie qui est plutôt difficile à lire.

Resident Evil 4 donnait également la part belle à l’utilisation de QTE pour attaquer au corps-à-corps, notamment quand un ennemi titubait après un tir bien placé. En 2023, ce n’est plus aussi simple, car les ennemis ne réagissent pas forcément de manière hyper scriptée aux dégâts qu’ils prennent. Pour citer un exemple, dans le jeu de 2005, tirer dans la tête d’un ennemi vous offrait quasiment toujours la possibilité d’enchaîner avec un bon coup de latte. Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui et il faudra parfois tirer 2 à 3 fois dans la tête pour qu’il titube et vous offre cette possibilité. Le genre de détails qui a son importance, car ça en fait finalement des ennemis moins prévisibles dans leur comportement et leurs réactions.

Aussi, j’aimerais en placer une concernant les boss de ce RE4 qui ne m’ont pas pleinement convaincu. Et bizarrement, ce sont ceux qui n’ont pas subi de modifications qui ont été les plus agréables à affronter. En mode Hardcore, la plupart ont une quantité de points de vie assez grotesque, ce qui fait qu’ils peuvent très vite tirer en longueur. Surtout que fondamentalement, il s’agit juste d’esquiver des attaques en courant comme un dératé et tirer à certains moments opportuns. Pas vraiment intéressant d’un point du vue ludique. Un petit bémol donc, surtout que tous les boss n’ont pas eu la chance d’être présents dans ce nouvel opus. Oui, mon boss préféré a été supprimé et je suis frustré.

Pour revenir à Leon, les ajouts de son côté ne s’arrêtent pas au fait de pouvoir se déplacer en tirant ou contre-attaquer au couteau. Afin de dynamiser encore plus l’action, il est désormais possible de changer d’arme à la volée avec des raccourcis personnalisables. Cela évite, comme dans le jeu original, de devoir repasser par l’inventaire à chaque fois que vous voulez en changer. Un ajout qui peut sembler basique, mais qui vient faire un bien fou au rythme, car on ne coupe plus l’action toutes les 30 secondes pour aller dans la mallette et changer d’armes.

Au même titre, Capcom a souhaité changer un peu la façon d’aborder les affrontements. Leon peut désormais s’accroupir et réaliser des attaques furtives qui tuent la plupart des ennemis directement. J’ai trouvé cet ajout un peu superficiel, car on sent bien que certaines zones sont désignées pour donner la part belle à l’infiltration, mais ce n’est clairement pas un style de jeu qu’il est possible d’utiliser de manière régulière. Ça donne un petit côté superficiel à ces zones précises et on sent que Capcom les a mises là pour justifier ce nouvel ajout, dont on aurait clairement pu s’en passer. En arrivant à certains endroits, il est quand même possible de tuer un ennemi ou deux avec des attaques furtives grand maximum, mais vous ne pourrez clairement pas en faire un style de combat viable tout le temps. Enfin tout comme dans les derniers remakes, il est possible de fabriquer des munitions en récupérant de la ferraille et de la poudre pendant l’aventure. Et clairement, vous en aurez besoin car le jeu est bien moins avare en munitions que l’opus de base. En mode Hardcore tout du moins.

Des modifications qui comptent

Tout comme dans Resident Evil 2, le couteau est désormais une ressource épuisable. Il faudra donc garder constamment un œil sur son état, car il est un élément indispensable à votre survie. Alors, on aimera ou pas, mais il est intéressant de noter que le couteau principal de Leon (car il est possible d’en ramasser des plus basiques au cours de l’aventure) peut être réparé et amélioré chez le marchand contre quelques deniers. Car comme dans l’opus originel, le marchand et l’argent sont au cœur du gameplay. En amassant suffisamment de Pesetas, il sera possible d’aller voir ce bon vieux commerçant afin d’acheter du nouvel équipement et d’améliorer votre arsenal en modifiant leurs caractéristiques.

Ce n’est pas le seul changement qui a d’ailleurs été opéré auprès de cet homme bien mystérieux qu’est le marchand. Désormais, il peut, via des petites affiches disséminées à plusieurs endroits, vous demander de réaliser des quêtes secondaires. Cela peut aller par exemple de trouver et détruire des médaillons cachés jusqu’à lui ramener certains objets pour lui vendre. Il y a d’autres objectifs, mais pour éviter tout spoil, je vous laisserai les découvrir par vous-même. Effectuer ces quêtes secondaires vous permettra de collecter des spinelles, une ressource qu’il est désormais possible d’échanger contre des objets rares qui vous aideront à progresser plus rapidement.

Ces quêtes secondaires participent à modifier un peu la structure de l’aventure hyper linéaire qu’était celle de Resident Evil 4. Dans ce remake, il y a désormais un peu plus d’allers et retours afin de réaliser ces objectifs, mais aussi pour récupérer des trésors qui n’étaient pas accessibles à votre premier passage (souvent parce que vous avez récupéré une nouvelle clé par exemple). J’ai beaucoup aimé cet ajout, mais moins le système d’affiche collée sur les murs. Même si je n’en ai raté aucune sur ma première partie, j’aurais préféré à titre personnel que ça soit directement le marchand qui vous les donne, histoire de tout centraliser. Car si vous ne faites pas attention, il est possible de rater ces petites affiches et donc de rater des quêtes. Pendant mon aventure, je vivais de manière permanente avec la peur d’être passé à côté de certaines et ce n’était pas forcément un sentiment agréable.

Ashley, la fille du président, est également de nouveau de la partie. Alors même si c’est toujours un peu agaçant de devoir s’occuper de la protection de quelqu’un pendant qu’on joue, on peut dire qu’elle est quand même un peu moins cruche et handicapante que dans le jeu de base. Elle ne possède plus de barre de vie, mais à contrario, il lui suffira de prendre 2 coups d’affilée pour décéder. En fait le premier coup l’immobilise et vous pouvez aller l’aider à se relever. Mais si vous ne le faites pas et qu’elle se reprend un coup, alors c’est le game overBien entendu, elle peut toujours être enlevée par les ennemis. Pour pallier à ça, il est toujours possible de contrôler un peu son comportement. Par simple pression de touche, vous pouvez lui demander de vous coller au train ou de prendre ses distances et s’éloigner du combat. Et je dois dire que je n’ai pas eu de gros soucis avec Ashley sur ma partie, donc je considère que cet ajout fonctionne bien. L’IA est plutôt bonne et Ashley se met vraiment bien à distance quand on lui demande, ce qui évite qu’elle subisse trop d’attaques. Après, c’est sûr que dans un monde parfait, Ashley ne serait pas là. Mais on ne peut pas tout avoir.

Parlons enfin de la mallette et par extension des trésors. Comme à l’époque, cette dernière est toujours présente pour stocker votre équipement et vos ressources. Il est par contre possible d’en obtenir de nouveaux modèles par divers moyens, car désormais, votre mallette peut octroyer un bonus permanent. Du coup, ce dernier varie en fonction du modèle de mallette équipée. Alors, elles sont certes peu nombreuses, mais peuvent vous aider dans certains cas. L’autre nouveauté, ce sont les portes-clés qui peuvent être attachés à cette mallette et qui octroient eux aussi des bonus permanent. Une bonne façon donc de personnaliser votre gameplay selon votre profil.

À noter qu’il est désormais possible d’entreposer certaines armes et objets dans un coffre virtuel, qui est accessible depuis les machines à écrire. Une nouveauté qui peut éventuellement être pratique, si vous récupérez une arme sur le terrain et que vous ne pouvez pas l’entreposer dans la mallette, car vous n’avez plus de place. En-dehors de ce cas de figure, c’est une nouveauté que je n’ai pas trouvé très utile. Mais c’est peut être parce que j’ai décidé de ne pas acheter toutes les armes possibles. Si vous décidez de le faire, ça peut être une fonctionnalité plutôt pratique. Et encore une fois, j’ai fait le jeu en mode Hardcore, ce qui implique qu’on ne croule pas sous les ressources. J’ai donc toujours eu assez de place dans la mallette pour y entreposer tout ce que je souhaitais.

Image de Resident Evil 4

Une version PS4 qui déçoit

Resident Evil 4 n’a jamais été aussi sublime. C’est probablement ce que j’aurais pu dire si la version PlayStation 4 n’était pas handicapée par de gros problèmes d’apparition tardive des textures, un souci qui vient vraiment gâcher la beauté de la direction artistique du titre. Car le travail opéré sur l’ambiance m’a beaucoup plu. Bien plus sombre que dans l’opus original, certaines zones du village, du château et de l’île sont un bonheur à (re)découvrir. Mais c’est sans conteste le second qui m’a le plus bluffé. Alternant parfaitement entre des zones plus crasseuses, des pièces d’une élégance rare et des environnements plus « château-fort » qui n’était pas forcément présents à la base, la demeure de Salazar n’a jamais été aussi fascinante à découvrir.

Mais voilà, pour être tout à fait honnête, le plaisir a été un peu gâché par ce gros problème d’affichage des textures, qui apparaissent au fur et à mesure que vous avancez. Alors au début, je me suis dit que ça venait du mode qui privilégie le framerate à la résolution, que j’avais choisi dans les options. Et en effet, ça a un petit impact. Le problème, c’est que le mode « résolution » fait énormément baisser le nombre d’images par seconde et franchement, cela rend l’action pas vraiment agréable à suivre. Du coup, je ne peux que vous conseiller d’y jouer sur PC ou sur console de nouvelle génération. Et si vous ne pouvez vraiment pas et que vous souhaitez tout de même parcourir l’aventure sur PS4, préparez vous à faire un choix entre taux d’images par seconde au minimum ou texture parfois très moches et qui mettent beaucoup de temps à apparaitre. Pour votre confort de jeu, je vous conseille tout de même la deuxième solution.

Mis à part ça, les décors sont de très grande qualité et hissent ce remake parmi les meilleurs opus de la série à ce niveau-là. Alors, on pourra dire que le RE Engine commence à vieillir sur certaines textures, mais en tout cas, les jeux de lumières fonctionnent toujours aussi bien de leur côté !

De son côté, Resident Evil 4 cuvée 2023 possède une excellente bande-originale, sûrement supérieur au millésime 2005. J’ai d’ailleurs été très surpris, car les musiques (qui convoquent tout de même certaines mélodies de l’opus original) sont de très bonnes facture et supplantent peut-être même les anciennes. J’ai clairement envie de réécouter certaines musiques de boss et c’est très rare, en ce qui me concerne, pour la série des Resident Evil. Enfin, toujours côté audio, le jeu est doublé en version française et le travail est de très bonne facture. Je n’ai pas noté de fausses notes à ce niveau là et vous pouvez y aller les yeux fermés. De mon côté, je vais retourner le faire et en profiter pour tester la VO, qui a l’air tout aussi qualitative.

Vous l’aurez compris, j’ai plus qu’aimé ce Remake de Resident Evil 4. Je ne saurai pas encore dire s’il supplante l’opus original, mais il offre assurément une expérience bien différente sur de nombreux aspects. Le gameplay est plaisant, plus dynamique que jamais et plusieurs ajouts comme la parade sont plutôt bien sentis. On a également une histoire mieux écrite, même si ça reste assez classique et une progression moins linéaire avec beaucoup plus de choses à faire. On pourra se plaindre des boss qui ne sont pas les passages les plus intéressants et d’une version PS4 qui n’est clairement pas à la hauteur d’un point de vue graphique, mais le plaisir qu’on éprouve manette en mains prend largement le pas sur tout le reste. Assurément un des meilleurs remakes que Capcom a pu offrir à sa série des Resident Evil.

 

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Points forts

  • Une aventure et des personnages mieux écrits
  • Le contre au couteau qui change tout
  • Beaucoup moins linéaire
  • Plus de choses à faire
  • Un plaisir manette en mains
  • Parfait pour les collectionneurs
  • De nouvelles séquences

Points faibles

  • Des combats de boss qui traînent en longueur
  • Quelques passages en moins
  • Une version PS4 avec beaucoup de soucis de textures
  • Pas de scénario d'Ada, malheureusement
9

Amazing

Que ton cœur soit la clé qui te guide.

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