TEST – Shenmue 1 et 2 : fallait-il sauver le soldat Ryo ?

Les aînés me parlaient de Shenmue comme un pilier à respecter lorsque j'étais plus jeune. 20 ans après il est de retour avec un remaster sur PS4 et Xbox One...

Développeur : SEGA / D3T
Prix : 34,99 €
Genre : Action-Aventure
Date de sortie initiale : 21 août 2018
Support : PS4, Xbox One, PC
Version pour le test : PlayStation 4

Les aînés me parlaient de Shenmue comme un pilier à respecter lorsque j’étais plus jeune. Aujourd’hui, à bientôt 29 balais, je m’attaque à la saga avec prudence mais aussi curiosité de découvrir un titre vénéré par des passionnés du jeu vidéo. L’empreinte que le titre de SEGA a laissé sur Dreamcast est telle que la communauté a établi des records de financement sur Kickstarter pour pouvoir s’y replonger sur PlayStation 4 et Xbox One, pour que la saga connaisse enfin sa fin avec un troisième épisode prévu pour août 2019. Lançons-nous donc dans le périple de Ryo Hazuki.

Histoire

Nous sommes plongés dans une histoire digne d’un grand film de cinéma, une vengeance qui se fera étape par étape et dont le dénouement ne sera connu qu’au troisième épisode. Nous incarnons le fameux Ryo Hazuki, un jeune homme qui assiste impuissant à l’assassinat de son père. Dès lors, l’objectif sera de retrouver l’homme qui est venu détruire l’équilibre de sa famille, Lan-Di, et ce ne sera pas une mince affaire. Le périple du jeune héros nous conduira vers plusieurs quartiers en premier lieu, en direction d’autres villes et même d’autres régions et pays du monde asiatique.

En tant que joueur, j’ai trouvé le scénario d’une grande qualité, sans exagération, comme si sa sobriété représentait l’une de ses plus grandes qualités. Attention, il n’est pas dit ici que l’histoire est simplette, légère et que c’est ce qui fait son charme. Non, il faut comprendre ici que l’histoire est maîtrisée de bout en bout, que chaque petit élément participe à la grandeur de Shenmue, que l’œuvre de Yu Suzuki fait preuve d’une grande profondeur insoupçonnée. Par contre, si son immersion reste intacte, il faut dire que le tout a pris de l’âge et que cela se fait parfois sentir sur notre expérience de jeu. Il ne faut pas oublier que l’on ne se situe plus à l’aube de l’an 2000, que 2019 a ses propres codes et que le titre n’a pas seulement vocation à séduire les nostalgiques.

shenmue 1 et 2

Nous allons donc évoquer plus en détail le rythme et la réalisation des Shenmue.

Rythme et Réalisation

Si l’histoire est aussi immersive, c’est sans aucun doute grâce à sa réalisation, des cinématiques de qualité et un jeu d’acteur digne des grands films du septième art. A l’époque, SEGA était donc l’éditeur d’une des sagas les plus coûteuses mais aujourd’hui, nous y sommes habitués, les cinématiques d’un tel acabit sont devenus la norme. Il faut donc séduire au niveau du fond et de la forme pour se distinguer et Shenmue le fait très bien. Le charme opère et on suit volontiers les dialogues entre les différents personnages. Ce portage remastérisé sur PS4 et Xbox One retranscrit parfaitement l’univers proposé sur Dreamcast et les nostalgiques devraient adhérer sans problème au titre mythique de leur enfance/adolescence.

Néanmoins, pour les néophytes, ce sera beaucoup plus compliqué. En dehors de ces cinématiques qui servent l’histoire, il sera difficile de s’accrocher au faux rythme imposé par Yu Suzuki. Il était déjà critiqué il y a deux décennies, imaginez alors l’impact sur l’expérience de jeu habitué aux normes de ces dernières années. La lenteur du rythme, les allers-retours forcés encore plus prononcés que sur un J-RPG avec une population à questionner sans cesse pour trouver la bonne direction, les réponses adéquates afin de compléter le journal, étape après étape. Si les joueurs Dreamcast devraient avoir l’habitude, il n’est pas certain que cela passionne le public d’aujourd’hui et en ce qui me concerne, cela m’a paru vraiment épuisant, ennuyeux. Mais je me suis accroché et j’ai eu raison car si le premier Shenmue souffre d’inégalités flagrantes dans sa cadence ou ses activités, le second épisode n’éprouve aucun mal à nous maintenir dans son univers du début à la fin.

Si nous errons parfois pour rien dans les rues de Dobuita et autres dans le premier épisode, l’aventure est bien plus fluide dans le Shenmue 2. De même, les développeurs ont gommé un des grands défauts en ce qui concerne la gestion du temps et cela impacte grandement l’expérience de jeu. En effet, il est impossible d’accélérer le temps dans Shenmue 1. De ce fait, il est possible que l’on ait rien à faire à partir de midi et que notre prochaine étape de l’aventure ait lieu le lendemain à 13h. Vous voici donc libre de vos mouvements jusqu’à 20h, heure à laquelle il est possible d’aller dormir. Mais que faire pendant sept heures lorsque l’on ne peut pas accélérer le temps ? Collecter tous les jouets dans les machines ? Très peu passionnant. Les jeux d’arcade ? De même. Aller parler à tous les PNJ ? Un peu trop redondant. Quelle joie de constater la possibilité d’accélérer le temps dans Shenmue 2 en se positionnant simplement en face de l’objectif, les heures défilent à grande vitesse et on s’ennuie moins.

Dans sa globalité, la réalisation de Shenmue reste ancienne et il faudra outrepasser des graphismes en-dessous des standards de la PS4 et Xbox One. Il bénéficie d’une certaine attraction mais tous n’y seront probablement pas sensibles. Les multiples décors gardent leur charme et une fois que l’on adhère à l’univers – ce fut aisément mon cas – de Shenmue, on explorera facilement ses environnements, surtout dans le second épisode. En matière de rythme, il n’y a pas seulement l’histoire qui le définit mais aussi les mécaniques et les activités intégrés au jeu. Nous allons en discuter.

Mécaniques de jeu

Le rythme des Shenmue est aussi composé par ses différentes mécaniques de jeu, notamment autour des affrontements. Dans notre poursuite de Lan-Di, nous allons rencontrer des malfrats de plus en plus dangereux. Nous alternons entre des Free Battle et des séquences QTE assez exigeantes. Le premier genre implique des affrontements contre un ou plusieurs adversaires durant lesquels il faudra mettre K.O chaque adversaire. Sur quoi s’appuie-t-on niveau gameplay ? Un bouton pour esquiver, un autre pour attraper, un pour le coup de pied et un autre pour le coup de poing. Si vous appuyez sur le menu pause, vous aurez même accès à un grand nombre de combos et il est vrai que cela paraît impressionnant au premier coup d’œil. Il sera difficile de les maîtriser mais ce sont de simples habitudes à intégrer et reproduire. Mieux encore, au cours de votre périple, vous rencontrerez des maîtres du kung-fu qui vous apprendrez des coups puissants.

J’ai trouvé la prise en main plutôt difficile mais nous maîtrisons finalement assez vite Roy durant les combats. Néanmoins, que ce soit dans le premier (cc Chai) ou dans le second (cc Eileen dans la quête des 3 médailles), l’opposition nous donne du fil à retordre. Enchaîner les esquives et les coups, ce n’est pas si facile car les adversaires ne vous attendent pas. Ce qui est plutôt agréable, c’est que si vous perdez un combat, il vous est possible de le recommencer assez vite et ce, indéfiniment. Néanmoins, il arrive qu’il n’est pas indispensable de vaincre. Vous aurez ainsi parfois deux scènes disponibles, une qui s’active si vous perdez et une autre si vous gagnez. C’est aussi le cas pour les QTE qui mettent en scène tantôt des courses-poursuites tantôt des rencontres directes avec l’adversaire. Si vous les manquez, on vous redonne votre chance mais certains ne demeurent pas évidents.

Certaines mécaniques manquent de réalisme et de sensations, on peut évoquer par exemple la conduite de la moto qui est la difficulté principale d’un des niveaux du premier Shenmue. Le pilotage est similaire au jeu d’arcade pixelisé et nécessite freinage au timing opportun, des mécaniques exigeantes mais frustrantes (vidéo à l’appui). La course de chariot paraît plus amusante malgré quelques mécaniques rigides et gagner une course demandera un temps d’adaptation. Personnellement, il m’a fallu 4 ou 5 jours de travail au port mais j’y suis arrivé sans éprouver de grande frustration, il fallait juste que j’accepte mes erreurs et les complications imposées par le jeu. En parlant de boulot, il sera indispensable d’en trouver aussi dans Shenmue pour se faire de l’argent. C’est là que l’on parle des sessions horribles de transport de marchandises en duo qui nous infligent des sessions de QTE désastreuses au cours desquelles je piquais du nez. Les QTE, le studio les apprécie beaucoup et nous les sert aussi dans des transports de livres (liés à l’histoire) et il faudra être très rigoureux et prudent pour parvenir à ses fins.

Les activités ne se contentent pas de petits boulots mais aussi de jeux de rue dans Shenmue 2 et c’est ici que l’on peut rentabiliser ses gains d’argent. Des minis-jeux sur lesquels on peut miser des sous. En ce qui me concerne, j’ai pu passer de 82 dollars HK à plus de 1000 dollars en une journée et j’étais le plus heureux des hommes. J’allais pouvoir payer un PNJ et en garder pour des jeux ou quêtes annexes.

Shenmue 1 et 2 satisferont les fans de la première heure avec un remaster qui retranscrit brillamment l’univers du jeu original et ses composantes. Néanmoins, les épisodes gardent aussi leurs défauts qui pourraient en rebuter plus d’un, notamment le rythme plus qu’inégal du premier opus. Celui-ci connaît des débuts poussifs mais en lui donnant sa chance, vous découvrirez une histoire rondement menée avec une suite qui va crescendo. Si vous êtes prêts à passer quelques obstacles, Shenmue reste une œuvre à découvrir ou redécouvrir.

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Évaluation de l'article

Points forts

  • L'ambiance
  • Le scénario
  • La réalisation artistique
  • VOSTFR disponible
  • Un univers plus riche qu'il n'y paraît

Points faibles

  • Des débuts poussifs
  • Le rythme du 1er
  • Caméra et mouvements parfois difficiles à gérer
  • la qualité sonore des voix
7

Good

Toujours dans la magique potion du jeu vidéo !
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