Arlésienne du jeu vidéo, Skull and Bones se décide enfin à sortir sur nos consoles pour nous permettre de parcourir l’océan Indien en quête de richesse, reste à savoir ce que nous réserve cette nouvelle aventure.
Support de test : Xbox Series X et PC
Date de sortie : 16 février 2024
En 2013 sort Assassin’s Creed Black Flag, reprenant le concept de batailles navales introduites dans Assassin’s Creed 3. Cependant, le jeu se démarque assez rapidement avec son contexte : des pirates et des destinations exotiques, ce qui en fait un excellent titre et l’épisode préféré d’une grande majorité de joueurs. Voyant cela, Ubisoft se décide à travailler sur une nouvelle licence qui proposerait de retrouver cette ambiance et permettre aux joueurs d’embrasser la carrière de pirate. C’est ainsi qu’en 2017, Ubisoft est heureux d’annoncer le développement de Skull and Bones, une nouvelle licence qui nous faisait toutes ces promesses. Malheureusement, le développement du titre prend du retard, la communication ne se fait pas et nous voici 7 ans plus tard, en 2024, pour découvrir cette nouvelle licence. Alors, Skull and Bones est-il la dernière victime de la malédiction des arlésiennes du jeu vidéo ? Le jeu est-il suffisamment fun pour trouver son public face à Sea of Thieves, son principal rival ? Réponse dans ce test.
L’avis express de Svpl4y : Bon on va faire vite et commencer par être désolé pour les devs et artistes qui ont travaillé durement sur ce jeu, mais il n’y a rien qui va. Tout fait penser à un jeu service ou un F2P. Les graphismes sentent bon le jeu générique de 2016 pour habiller un jeu de pirate et donc de bateaux où l’on ne peut gérer son équipage, visiter son navire, gérer le vent et où naviguer revient à jouer à un simulateur de fenwick. Les dialogues sont mal écrits et interprétés, mais ça à la limite nous y sommes habitués, et les choix proposés n’ont aucune influence. On se retrouve dès lors à faire le livreur d’îles en îles (non explorables) en attaquant des bateaux en cliquant sur une touche tirer et un autre pour aborder. Pas de réel abordage jouable, juste une cinématique rapide. On loote en spammant une autre touche et votre avatar ne sert qu’à interagir avec les PNJS. Un jeu ambitieux qui a du revoir sa copie maintes et maintes fois en se retrouvant confronter à la réalité d’un projet trop innovant pour un studio qui ne l’est plus. Une erreur de casting, un naufrage sur l’île déserte de nos jeux vite oubliés.
L’avis rapide de TobyOne : Je me souviens de mes premiers espoirs à l’annonce de Skull and Bones à l’époque, tous appelaient à l’aventure. Vous savez, l’ère de la piraterie, ce n’est pas que des combats (et heureusement que je n’avais pas d’énormes attentes de ce point de vue), c’est tout un imaginaire, des mystères et un goût pour l’exploration. Or je n’ai jamais trouvé cette essence lors de mes sessions sur le jeu d’Ubisoft. Les quêtes s’enchaînent mais toujours autour d’un même cheminement. Et quand on garde un cap, il n’y a jamais d’autres surprises que de ramasser des débris sur les eaux. L’éditeur a oublié une chose élémentaire dans la livraison de ce jeu : on voulait du plaisir et il devait se trouver sur le chemin, or on ne retient rien d’autre que des destinations, et ce de façon éphémère. J’ose espérer que des nouveautés vont pleuvoir dans les semaines et les mois à venir… mais le temps est déjà compté, et pas sûr que Skull and Bones ait des chances de survivre dans un océan de jeux vidéo aussi vaste.
A l’abord… AU SABORDAGE
Pour présenter le titre développé par Ubisoft, on peut aller très vite : c’est Assassin’s Creed 4 Black Flag, avec moins de contenu. Je m’explique : le titre nous propose de découvrir les mers de l’Océan Indien avec notre bateau, de prendre part à des batailles navales et de récolter des ressources. Et c’est tout. Là où Assassin’s Creed nous permettait de nous balader et d’explorer des îles, Skull and Bones nous permet de mettre pied à terre dans des hub, dans lesquels nous ne pouvons pas combattre, donc le gameplay se limite à la bataille navale. De même, les phases d’abordage se résument à des cinématiques, là où Assassin’s Creed nous permettait de lâcher le gouvernail et d’aller sur le bateau de nos adversaires pour mener l’abordage avec notre équipage. Le développement de Skull and Bones a sans doute été plus chaotique que celui d’Assassin’s Creed 4 Black Flag, mais on a réellement l’impression d’un retour en arrière par rapport à un jeu qui date de 11 ans. De plus, si on prend Sea of Thieves, qui est son principal concurrent, le titre nous permet de nous mouvoir librement, d’explorer des îles, de résoudre des énigmes pour trouver des trésors, ce que ne fait pas Skull and Bones. La comparaison est dure, mais elle doit être soulignée, à l’heure actuelle, le titre propose une expérience trop limitée pour que cela ne génère pas de la frustration auprès des joueurs et il était important de le souligner.
Pourtant, on sent bien que l’équipe derrière Skull and Bones a joué au titre de Rare, puisque le système de progression ressemble grandement à celui de Sea of Thieves. En effet, ce qui doit pousser les joueurs à revenir jouer au jeu, c’est cette jauge d’Infamie, qui nous permet de marquer notre évolution dans le monde de la piraterie et d’accéder à de nouveaux objets. En revanche, il est à noter que Skull and Bones intègre un système de craft, permettant d’obtenir de nouveaux navires ou encore de cuisiner des repas pour obtenir divers effets. Si la cuisine se retrouve chez son principal concurrent, il est à noter qu’il n’est pas possible d’obtenir de nouveaux vaisseaux dans Sea of Thieves. En effet, les objets à acquérir ne sont que cosmétiques chez Rare, là où Ubisoft a souhaité que la progression des joueurs soit aussi marquée par l’acquisition d’un plus gros vaisseau, avec de meilleurs canons et avec l’équipage qui va avec, ce qui permet tout de même d’avoir la sensation de devenir de plus en plus puissant et de devenir une légende des mers. Le sentiment de progression est tout de même agréable et nous permet de ne pas ressentir la frustration de joueur seul comme celle que peuvent ressentir les joueurs solos dans Sea of Thieves, ce qui est un bon point à mettre en avant.
Touché coulé
Passée la déception que certains joueurs peuvent connaître en découvrant le titre, que nous propose Skull and Bones exactement ? Et bien la réponse est simple, le jeu est un jeu service, avec une foultitude de cosmétique, mais surtout avec une trame narrative nous amenant à devenir le roi des pirates. Il y a donc beaucoup de cinématiques et très rapidement, on débarque à Saint-Anne, le paradis des pirates pour rencontrer John Scurlock, qui va nous aiguiller sur ce que nous allons faire pour faire grandir notre légende. Et cette trame narrative, mélangée au loot à foison des jeux service, doit nous permettre de rester connecté au jeu afin de progresser dans les rangs de la piraterie avec les contrats qui nous sont proposés par les différents personnages que nous allons rencontrer. Ces contrats sont donc un excellent prétexte pour retourner constamment sur les mers afin d’affronter les navires que nous rencontrons. Au final, on fini par se prendre au jeu, surtout lorsqu’on commence à customiser son navire pour devenir le plus puissant de tous, ce qui nous montre que le jeu développé par Ubisoft a décidé d’opter pour une autre voie, ce qui peut plaire à certains joueurs adepte de jeux services qui trouveront ici leur compte.
Par ailleurs, le mode PVP du jeu est limité à des événements mondiaux. En effet, il n’est pas possible d’attaquer directement les autres joueurs. Pour le moment, il faut donc rejoindre ces événements, à noter que cela prend une toute autre dimension à la fin du jeu. Le End Game du jeu nous propose ainsi de remplir notre rôle de roi des pirates en créant des routes commerciales afin de gagner de l’argent. Cependant, la création de ces routes commerciales n’est pas de tout repos et les autres joueurs peuvent s’amuser à profiter de ces routes commerciales pour tendre des embuscades. Cependant, ceux-ci ne seront pas le seul danger, car des navires contrôlés par l’ordinateur seront également de la partie, ce qui peut amener à des batailles navales où tout le monde se tire dessus et où le vainqueur sera celui qui arrive à faire le plus de dégâts. Ce contenu End Game permet à Skull and Bones de briller sous son meilleur jour, avec l’accent sur les batailles navales, mais cela permet aussi de relancer tout l’intérêt du jeu pour les joueurs qui arriveraient au bout de son aventure principale qui propose une boucle de gameplay plutôt sommaire.
L’union fait la force
Pour ce qui est du multijoueur, comme dit plus haut, il y a du PVP, sous condition, mais le titre oriente plutôt son approche sur la coopération. Ainsi, jusqu’à trois personnes peuvent se rejoindre pour constituer une flotte afin de faire régner la terreur sur l’Océan Indien. C’est aussi à ce moment-là que les joueurs doivent faire des choix selon le rôle qu’ils entendent jouer. Comme dans tout jeu service, on retrouve les rôles classiques : Tank, DPS et Soutien, selon le navire que l’on choisit, avec des armes plus où moins puissantes et c’est ainsi que les joueurs vont plutôt s’orienter sur tel ou tel navire. Dans tous les cas, Ubisoft souhaitait réellement nous proposer une toute autre expérience, mais il faudra tout de même s’armer de patience pour arriver à la fin du jeu, car les contrats proposés sont plutôt redondants et jouer avec des amis rend l’expérience plus amusante. Nous avons donc tenté l’expérience avec une flotte complète de trois navires, dont l’un des joueurs se trouvait sur une plateforme différente. Nous avons donc noté que le jeu ne souffrait pas de problème technique dû au cross play, ce qui est un excellent point et mérite d’être souligné. Dans tous les cas, le multi nous a permis d’avancer ensemble, même si la boucle de gameplay reste la même et que l’anarchie règne rapidement quand chacun part de son côté.
Dans tous les cas, le titre développé par Ubisoft nous propose une expérience suffisamment différente de celle de son principal rival, Sea of Thieves. Les joueurs adeptes de jeu service trouveront donc facilement leur compte, mais ceux qui s’attendaient à un jeu proche du titre de Rare devront passer leur chemin. Passée cette déception, le titre dispose tout de même de certains atouts, notamment les batailles navales qui sont une franche réussite, reste à savoir si cela arrivera à convaincre les joueurs de se lancer dans l’aventure. A noter qu’il faut compter entre 20 et 25 heures pour arriver à la fin du jeu.
Après avoir été annoncé il y a quelques années, puis avoir disparu des radars, nous n’étions pas très emballé par la sortie de Skull and Bones. Après plusieurs années et surtout, après que Sea of Thieves se soit imposé comme une référence sur ce style de jeu, Skull and Bones fait pâle figure. Si le jeu reste tout de même sympathique, il est difficile de s’engager sur le long terme avec ce titre, reste à savoir si Ubisoft va tenter de développer du contenu pour le titre afin de conserver ses joueurs et d’en attirer de nouveaux.