TEST – Sniper Elite 5, en plein dans le mille ?

On va voir les vaches blanches et noires sur lesquelles tombent la pluie, et juste après on se fait la guerre made in Normandie

Les grands conflits armées sont des périodes de l’Histoire que le jeu vidéo aime à nous rappeler. La Seconde Guerre Mondiale fait d’ailleurs office de favori des studios car elle offre un terrain idéal pour poser des bases simples. En effet avec ses deux camps bien manichéens, il est assez facile de se déculpabiliser d’abattre des soldats, nazis en l’occurrence. De l’armée nazie tout du moins. C’est d’ailleurs ce que nous propose, comme ses prédécesseurs depuis 2005, Sniper Elite 5. Après un séjour en Italie dans l’opus précédent, nous voici dans notre douce France. Cette virée en territoire occupée est-elle de qualité ? En lisant ce test, vous aurez tous les éléments de réponse.

Aux armes, citoyens…

On retrouve une nouvelle fois ce bon vieux Karl Fairburne, son caractère taciturne et son fusil à lunette, dans les derniers préparatifs avant le débarquement en Normandie, en 1944 donc. Une fois encore, le tireur d’élite américain va se retrouver derrière les lignes ennemies afin d’empêcher les nazis de créer une arme top secrète. Aidé par la résistance, il va parcourir le nord de la France pour pister l’officier allemand, un certain Moller, en charge de l’opération Kraken, et mettre fin aux recherches. Une trame assez similaire à Sniper Elite 4 et qui ne sera d’ailleurs pas débordante d’originalité et même assez plan-plan. La mise est scène est d’ailleurs très minimaliste avec seulement quelques cut-scenes au compteur. Cela n’aide vraiment pas à rendre attachants les quelques personnages que Karl va croiser.

Pour suivre cette histoire, il n’y a cette fois-ci pas de VF. Le choix fait à ce niveau-là est par contre très immersif puisqu’il consiste à avoir des doublages avec diverses langues. Si l’ensemble des protagonistes principaux s’expriment entre eux en anglais, parfois avec de bon gros accents, les nazis durant les missions parlent, eux, en allemand ou bien encore les instructions données aux habitants d’un village français sont données en français… Ça n’a l’air de rien comme ça, mais ça aide à se retrouver plongé dans l’ambiance du jeu.

Seulement le sound design n’est pas réellement au beau fixe. Si le bruit des armes et notamment du fusil qui décrasse les oreilles sont très réalistes, les environnements font parfois un peu mornes. Un niveau qui se déroule dans une fonderie par exemple est quasiment vide de bruits, ce qui parait assez peu compréhensible quand on connait l’enfer des hauts fourneaux. La musique est quant à elle plutôt inégale. En effet, si certaines pistes sont très bien senties, d’autres en revanche semble parfois un peu hors de propos pour un jeu d’infiltration.

Visuellement Sniper Elite 5 s’en sort avec la mention honorable. Sans vraiment faire feu de tout bois, les graphismes sont très corrects et les environnements sont bien modélisés. Inspirés de vrais endroits, on peut tout à fait faire un peu de tourisme entre deux séances de shooting.

Par le petit bout de la lorgnette

Oui, l’activité principale du jeu reste tout de même la mise en déroute de l’armée nazie et pour ça il va falloir dégommer le petit personnel. Karl a pour cela un petit arsenal à sa disposition, à savoir son fusil à lunette, un pistolet et une mitraillette que l’on pourra personnaliser en débloquant des composants grâce à nos exploits et découvertes sur le terrain. Cela permet de calibrer notre équipement en fonction de notre style de jeu. Malin.

En plus de ces armes, il peut dégainer des grenades et des pièges comme des mines. A l’aide de son équipement, il faudra remplir les objectifs qui lui sont assignés sur chacune des maps. Des objectifs secondaires pourront même être dénichés à certains endroits. Il est à noter que de nombreux objectifs pourront se réaliser de plusieurs manières différentes, amenant alors des approches tout aussi différentes. Un plus pour la rejouabilité.

Il faudra en tout cas se débarrasser des ennemis pour remplir ces objectifs. Le but du jeu étant de les mettre hors-jeu le plus discrètement possible car lorsque l’on est repéré, on a vite fait de se retrouver encerclé par les renforts ameutés. Il devient alors très difficile de contenir les assauts adverses si l’on ne décide pas de fuir. C’est d’ailleurs à là que l’IA montre ses premières limites puisque les ennemis seront rapidement déconcertés quand on se transforme en fuyard. De même, lorsqu’un soldat commence à avoir des soupçons, il arrive régulièrement qu’il lâche l’affaire beaucoup trop rapidement pour que cela soit crédible. Après, dans l’ensemble, l’IA reste quand même compétitive. Et elle pourra même compter sur de l’appui humain (on en parle un peu plus bas).

Par contre, si l’on ne veut pas fuir nos ennemis et que l’on préfère recharger une sauvegarde antérieure, il est agréable de constater que les temps de chargements sont rapides. Une bonne nouvelle pour ceux qui ne supportent pas d’être repéré et qui veulent une partie totalement en fantôme.

L’une des nouveautés de Sniper Elite 5, c’est le mode invasion, qui permet à un joueur de pénétrer dans la partie de la campagne d’un autre joueur. Si vous activez cette fonctionnalité, n’importe quel joueur peut donc venir vous chercher des noises dans votre partie que vous jouiez pourtant pépère en solo jusqu’à présent. Dans la peau d’un jaeger nazi, l’intrus devra chercher son adversaire sur la carte pour lui faire la peau. Il pourra pour cela être aidé par les PNJ qui repéreront le propriétaire de la campagne. Ce dernier pourra lui localiser approximativement le joueur qui vient lui rendre visite en trouvant des téléphones disséminés sur la map et qui fourniront des précieux renseignements.

Cette fonctionnalité est un vrai plus pour ceux qui voudront un peu corser leur campagne en s’ouvrant la possibilité d’être traqué par un joueur à l’intelligence humaine. Ou bien pour ceux qui apprécient d’aller embêter d’autre joueurs pendant leurs parties. Bien entendu, si vous ne faites partie ni des premiers, ni des seconds, vous pouvez heureusement, comme je le disais plus haut, ne pas activer ce mode. C’est très bien d’avoir le choix et de ne pas être forcé de subir l’intrusion d’autres joueurs.

Muskatnuss Herr Moller !

Pour le reste Sniper Elite 5 s’appuie sur les bases des épisodes précédents. Les maps proposent des environnements variés où se mêlent grands espaces et endroit exigus ce qui nous demande de s’adapter à ces changements pour éviter de se faire repérer. Les assassinats au corps à corps ou bien à longue distance sont régulièrement ponctués d’une kill cam au ralenti et au rayon X permettant de voir quels os et organes ont été touchés. Malsain et pourtant étrangement jouissif.

Les mécaniques d’infiltration proposent tout ce que l’on est en droit d’attendre de ce genre de jeu. Les gardes peuvent entendre les bruits de pas, on peut se mettre à couvert dans les angles pour assassiner un garde qui passe dans le couloir, les coups de feu peuvent aussi être entendus et il faut profiter des sons ambiants pour couvrir ses tirs, etc… Après 5 opus, on sent que la recette du gameplay est maitrisée du côté de Rebellion Developments.

Il reste par contre quelque petits bugs dans cette recette. Des soldats qui restent figés ou encore des corps d’ennemis morts qui traversent des murs… rien de bien gênant en soi mais on est là pour faire un test le plus complet possible donc on en parle.

Une légère composante de RPG est présente avec un arbre de compétences qui permettra de faire évoluer notre personnage. Des points de vie supplémentaires, la possibilité de porter plus de munitions, de pièges, etc… Autant le dire directement, toutes ces améliorations, aussi pratiques soit-elles, ne changeront pas réellement l’expérience. Ce sont de simples petits plus, pas une spécialisation particulière de notre personnage. Un peu dommage.

Ce mode campagne vous occupera facilement une bonne vingtaine d’heure si vous cherchez à remplir tous les objectifs de mission (principaux et secondaires) tout en privilégiant l’infiltration. Si vous jouez en bourrin et foncez dans le tas (ce qui es tout à fait possible même si pas forcement plus facile), les choses iront plus vite… Mais si vous la jouez comme ça, autant prendre un autre jeu de guerre… Pour les plus acharnés, vous pourrez rejouer les missions pour aller récupérer tous les collectibles et compléter les nombreux défis que propose Sniper Elite 5 dans le but de débloquer de nouvelles armes et autres skins.

Ou bien vous pourrez repartir en mission avec un ami puisque la campagne est également jouable en duo. Les jeux d’infiltration à deux sont toujours des challenges très intéressants.C’est donc une bonne chose que Sniper Elite 5 permette de le faire. Et il y a encore d’autre modes pour s’éclater à plusieurs.

Tout d’abord le mode survie qui comme son nom l’indique consiste à survivre face à des vagues d’ennemis qui vont déferler pour prendre possession d’un point de contrôle. Ensuite, du deathmatch classique en chacun pour soi, en 8V8 ou 4v4v4v4. Le dernier mode multi c’est le mode « Pas de traversée » qui met deux équipes face à face mais à longue distance sans possibilité de se retrouver au corps à corps. Le multi permettra de prolonger encore un peu plus la durée de vie pour ceux qui aiment ça bien sûr.

En résumé, si vous aviez apprécié les opus précédents, Sniper Elite 5 vous convaincra sans mal. Les bonnes mécaniques sont de retour et permettent de proposer un titre d’infiltration convaincant. Les quelques petits bugs et le scénario sans saveur ne gâcheront que très peu l’expérience de jeu. Une expérience qui pourra dépasser la trentaine d’heure si vous décidez de faire le tour de tous les modes et de remplir tous les défis.

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