Avec son ambiance sectaire, son horreur lovecraftienne et sa volonté de laisser une belle place à la narration, The Chant a tout pour satisfaire les joueurs recherchant une aventure singulière. Mission réussie pour le jeune studio canadien Brass Token ?
Éditeur : Prime Matter (Plaion)
Support : PC, PS5, Xbox Series
Version pour le test : PC (version fournie par l’éditeur)
Genre : Action / Aventure / Horreur
Date de sortie : 3 novembre 2022
Conditions du test : Jeu terminé en environ 7h, en mode de difficulté Normal
La profondeur d’une comptine
Avec sa volonté de raconter une histoire d’horreur surnaturelle teintée d’une grosse dose de spiritualité, The Chant nous place dans la peau de Jessica. Cette dernière, qui n’arrive toujours pas à se remettre d’un traumatisme vécu bien des années auparavant, décide de rejoindre son ami Kim (elle aussi traumatisée par le même incident) afin de renouer des liens avec cette dernière et d’entamer une « retraite spirituelle » auprès d’une petite secte des familles (ne faites pas ça chez vous). Bien entendu, comme on est en droit de s’y attendre, tout va se compliquer à notre arrivée et des éléments surnaturels vont très rapidement pointer le bout de leur nez.
Trop rapidement d’ailleurs. Et c’est le premier reproche que j’ai à faire au jeu, il n’arrive pas à gérer la mise en place de ses éléments scénaristiques et ses concepts de base. Tout va bien dans le meilleur des mondes et d’un coup, tout s’accélère. J’ai trouvé que les éléments de base à la compréhension de ce qui se déroule sous nos yeux sont très mal posés sur la table, ce qui fait qu’on ne comprend pas vraiment ce qui se passe. Et le plus frustrant, c’est que tous les personnages (notre héroïne y compris) donnent l’impression, via leurs réactions, que tout ce qui se passe est parfaitement normal. La conséquence ? L’impression, en tant que joueur, d’être mis sur le banc de touche. Et pour être tout à fait honnête avec vous, les explications données au cours de l’aventure (si on peut considérer vraiment ça comme des explications) ne sont vraiment pas satisfaisantes et sortent tout droit du chapeau magique du scénariste. Globalement, j’ai trouvé la narration et l’écriture du titre vraiment très mauvaises, au même titre que l’écriture des personnages qui ne mène nulle part.
De plus, The Chant propose des choix de réponse à certains dialogues, mais leur impact sur le déroulement de l’histoire n’est pas vraiment très clair. Mais étant donné que le jeu propose plusieurs fins, il doit y avoir une corrélation. En attendant, étant donné la qualité globale du titre, il y a peu de chances que vous ayez envie de le terminer plusieurs fois pour découvrir toutes les issues. Et tout cela est regrettable, car de prime abord, l’univers de The Chant avait un très gros potentiel. Par exemple, j’ai beaucoup aimé toute l’ambiance ésotérique du titre et son rapport à la spiritualité qui, mine de rien, ne sont pas vraiment des thématiques très présentes dans le paysage vidéoludique.
Un gameplay qui sonne faux
Dans son gameplay, The Chant propose quelque chose d’assez classique, nappé d’un enrobage ésotérique. Le contrôle de Jessica se fait à la 3e personne et vous allez alterner entre exploration, combat et petites énigmes. Dans sa partie exploration, le soft nous propose de parcourir des environnements assez sympathiques visuellement. Cependant, ne vous attendez pas à un open world, la progression étant très cloisonnée. Ce n’est pas une mauvaise chose en soit, car cela permet au titre de garder le contrôle de son rythme. Et dans les faits, The Chant se laisse parcourir sans grande difficulté. Alors attention, tout ce qu’on y fait n’est pas incroyable, mais le rythme du jeu est assez intéressant. On est rarement perdu, on a régulièrement des ressources à récupérer ou encore des notes à lire. Si on ne peut pas dire que j’ai aimé ma visite de The Chant, j’ai au moins trouvé que la progression dans le jeu était plutôt fluide.
Là où j’ai moins été convaincu, c’est par ses phases plus orientées action, et notamment les combats. Il faut dire que ces phases sont très répétitives et que le seul élément intéressant sur lequel elles se reposent pour dynamiser le tout est la faiblesse des ennemis. Il faudra donc bien vous référer à votre menu « Bestiaire » afin de savoir à quel type d’arme chaque ennemi est sensible. Vous pouvez également utiliser une « arme secondaire » et cela de 2 manières distinctes : soit l’envoyer directement sur vos ennemis, soit les poser par terre pour créer des pièges qui se déclencheront à leur passage. Vous aurez également la possibilité de réaliser de petites esquives ou encore de pousser vos ennemis. Là où réside le problème de ces phases de combat, c’est qu’elles sont extrêmement répétitives, que les différentes armes que vous utilisez se jouent de la même manière. Il n’y a vraiment aucune subtilité à ce niveau là et vu le grand nombre d’affrontements que propose le jeu, ça devient vite redondant manette en mains. Enfin, au fur et à mesure que vous allez récupérer certains objets clés au cours de votre progression, vous allez débloquer de nouveaux pouvoirs spirituels. Ces derniers vous permettront par exemple de ralentir le temps, éjecter vos ennemis ou encore faire sortir des piques du sol afin de les blesser. Alors, ils peuvent sauver la mise quand beaucoup d’ennemis s’agglutinent autour de vous, mais dans les faits, je les ai trouvé assez anecdotiques et tous ne sont clairement pas utiles.
Pour tout ce qui concerne les mécaniques d’évolution de votre personnage, il faudra bien entendu passer par le fameux arbre de compétences. Il vous permettra d’améliorer, votre santé, vos pouvoirs spirituels ou encore votre santé mentale. Et je ne l’ai pas encore mentionné, mais sur le papier, la santé mentale de votre personnage est un élément important auquel il faut faire attention. Car à force de rester dans les zones d’obscurité, vous perdez peu à peu de la santé mentale, ce qui peut entraîner des crises de panique. Le résultat ? Vous ne pouvez plus combattre et êtes contraint de fuir. Alors au début, ça peut être handicapant. Mais on se rend vite compte que ce n’est pas vraiment compliqué d’éviter ces crises. Durant ma partie, j’ai dû en faire en tout et pour tout 2 ou 3, la santé mentale pouvant être restaurée en méditant ou via des objets. C’est dommage, car cette mécanique (qui n’est pas sans rappeler ce que pouvait proposer Amnesia à l’époque) aurait pu être un élément décisif dans le sentiment de peur que procure le jeu. Pour faire grandir le sentiment de peur et en faire un élément vraiment gênant qui constitue le cœur du gameplay, il n’aurait pas dû être aussi facile de la faire remonter. Au final, elle ne devient qu’un énième élément un peu anecdotique.
Une partition musicale sans fausse note
C’est par sa proposition artistique et son postulat scénaristique de base que The Chant a réussi à s’attirer un regard curieux de la communauté. Mais comme nous l’avons vu précédemment, l’aspect narratif ne réussit pas à convaincre au-delà de l’introduction du jeu. Donc est-ce qu’on peut tout de même aller trouver un peu de réconfort du côté des environnements et plus largement du côté de la direction artistique globale du jeu ? Oui… et non
Dans un premier temps, il faut reconnaître que The Chant nous emmitoufle les oreilles d’une partition musicale surprenante et convaincante. En utilisant très souvent le synthé, Paul Ruskay (directeur audio) nous livre une bande-son mystérieuse et dynamique, qui n’est pas sans rappeler l’ambiance musicale de vieux films d’horreur des années 70-80 , ambiance qu’on a pu retrouver plus récemment dans une certaine série nommée Stranger Things. On ne parle pas d’une bande-son qui va réinventer la roue, mais tout de même d’un travail de qualité qui a fait de l’ambiance musicale de The Chant le seul point qui a provoqué chez moi de l’engouement de A à Z.
En ce qui concerne ses environnements, The Chant propose quelques lieux intéressants, bien que le tout dans les grandes lignes reste assez quelconque. Étant donné l’ambiance sectaire que propose le jeu, on aurait pu imaginer des lieux plus surprenants, à l’architecture plus recherchée et ésotérique. Et comment ne pas mentionner l’ambiance du titre qui n’est tout simplement pas à la hauteur. C’est terrible, mais The Chant, vendu comme un jeu d’horreur psychologique, n’arrive jamais à faire peur ou ne serait-ce que créer un semblant de tension chez le joueur. Du coup, on ne saurait recommander le titre aux adeptes de jeu à ambiance ou tout simplement les fans de jeu d’horreur.
La partition rendue par The Chant est une énorme déception. Malgré un univers qui, sur le papier, a tout pour nous proposer une aventure horrifique originale teintée d’ambiance sectaire, la production de Brass Token rate complétement son sujet. Sa narration, sans queue ni tête, n’arrive pas a être sauvée par un gameplay très vite répétitif. Et comment ne pas mentionner son ambiance, qui n’arrive jamais à faire peur ou à créer un sentiment de tension. Clairement, il y aura bien mieux à trouver pour s’occuper en cette fin d’année.
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