TEST – Twin Mirror : passerez-vous de l’autre côté du miroir ?

Dernier né du studio parisien, Twin Mirror est un thriller psychologique qui prend place outre-atlantique en Virginie-Occidentale. Un nouveau décor, des nouveaux personnages et de nouveaux choix à faire pour mener à bien votre enquête. Cette histoire au ton dramatique vaut-elle le détour ? Est-elle bien ficelée ?

Développeur : Dontnod Entertainment
Éditeurs : Dontnod Entertainment/Bandai Namco
Genre : Thriller Psychologique, Point and Click
Prix : 29,99 €
Version pour le test : PlayStation 4 (joué sur Ps5) fournie par Dontnod
Date de sortie : 1er décembre 2020

A l’instar des autres opus de Dontnod (Life is Strange, Tell me Why), le gameplay de Twin Mirror est centré autour de la prise de décision du joueur. Des choix cruciaux par moment qui changeront drastiquement le scénario. Et pour vous éviter les mauvais choix, Dontnod a pensé à doter le personnage principal d’un don (ou handicap, ça dépend du point de vue), une sorte de clairvoyance façon Sherlock Holmes. Voyons voir si ce gameplay a bien servi l’histoire de ce jeu et réussi à tenir le joueur en haleine.

De l’autre côté du miroir

twin mirrorL’histoire de Twin Mirror prend place dans une petite ville rurale nommée Basswood et située en Virginie-occidentale (West Virginia). Une petite ville qui a connu une période de développement intense grâce à son activité minière. Cependant, cette activité a été stoppée à cause ou grâce à un article du journaliste d’investigation local, que l’on incarne, Samuel Higgs qui dénonce les horribles conditions de travail des miniers. Résultat : mine fermée et miniers au chômage. Autant dire que deux ans après avoir quitté Basswood, Sam n’est pas le bienvenu aux obsèques de son meilleur ami, décédé dans un accident de voiture. Voilà où commence l’histoire. On découvre aussi rapidement qu’il est parti après s’être séparé de sa copine… En somme, il a laissé beaucoup de souffrance derrière lui et il semble prêt à en endurer de nouvelles : décès de son meilleur ami, retrouvailles avec son ex, accueil belliqueux des miniers…  Cela promet moult péripéties.

Et l’intrigue principale sera amenée par Joan, la fille de son défunt meilleur ami. Elle lui explique qu’elle trouve que cet accident n’est pas sensé et que Nick (son père) était du genre prudent. Elle lui demande solennellement d’enquêter sur les circonstances de cet accident et de la tenir au courant. Voici le premier choix important que vous devrez faire dans le jeu : enquêter en la tenant au courant au risque de la mettre en danger ou enquêter sans rien lui dire au risque de lui cacher la vérité. Ce premier choix loin d’être cornélien ouvre la porte au fondement du jeu : les deux personnalités de Sam. La première insociable, analytique et rationnelle se concentrant uniquement sur les faits et rien que les faits pour faire éclater la vérité, véritable personnalité intrinsèque du protagoniste. La deuxième sociable et empathique se focalisant sur les personnes et leurs sentiments, vraie-fausse personnalité permettant à Sam de vivre une vie « normale ». Tous les choix que vous ferez relèveront de l’une ou de l’autre qui sont d’ailleurs symbolisés par des touches opposées. Pour couronner le tout, Sam possède un ami imaginaire lui permettant d’anticiper les actions ou les réactions de ses interlocuteurs. Vrai génie ou personnage complètement fou ? A vous de le découvrir…

Comme le monde est petit, surtout à Basswood

twin mirrorDontnod oblige, le studio ne renie pas le gameplay qui fait sa force aujourd’hui. Basé sur des interactions avec des PNJ et des objets, ce seront vos choix qui détermineront votre aventure. Certains choix seront cruciaux et seront présentés avec une mise en scène quelque peu dramatique. La singularité de Twin Mirror vient du don ou handicap de Sam Higgs. Sa capacité à analyser et anticiper se cache dans son Palais Mental. Sorte de dimension psychique où le temps n’est plus. Cet endroit lui permet de déterrer des vieux souvenirs, d’analyser une scène de crime ou encore de parler avec son ami imaginaire. Un beau bordel me direz-vous ! Ce personnage torturé est plutôt bien écrit. Un homme esseulé face à ses responsabilités et des douleurs qu’il pensait enfouies ressurgissent à son retour à Basswood. Mature et sérieux, ses réponses et ses discours sont dans l’ensemble crédibles. D’ailleurs, durant son aventure, il rencontrera une multitude de personnages plus ou moins proches de lui afin d’élucider le mystère autour de la mort de son meilleur ami.

Basswood… Que dire sur Basswood ? Pas grand chose… on fait vite le tour. La ville est enclavée entre des montagnes, on y trouve un cimetière, une mine fermée, un journal, une pharmacie, une communauté, un restaurant et un bar. C’est à peu près tout… Graphiquement, on retrouve la patte du studio au style BD plutôt réaliste. Bien entendu tous ces endroits associés à leurs personnages ont leur lot d’importance. Vous naviguerez entre ces différents endroits comme dans un couloir. Le jeu est ultra scripté et ne laisse aucune place à une quelconque liberté de mouvement, dommage. Ceci dit, l’univers reste bien crédible et on se sent rapidement investi de la mission confiée par Joan. Notre vilaine curiosité nous pousse à enfoncer des portes qu’il aurait fallu, peut-être pour le bien commun, laisser fermées. Au passage, les interactions avec les éléments ou les PNJ sont souvent source d’énervement car il faudra jouer avec la caméra pour afficher le menu contextuel, une véritable plaie à certains moments.

Choisir c’est renoncer… ou pas

twin mirrorAutant le dire franco, le studio parisien nous a habitué à des scénarios plus poignants. Que ce soit dans Life is Strange ou le dernier très bon Tell Me Why, les choix ont toujours été lourds de conséquences (ou du moins, l’impression d’être lourds). Dans Twin Mirror, on regrettera cette absence de conséquences dramatiques suite à un « mauvais » choix laissant au joueur un goût de frustration intense. Sans parler de TellTale Games ou Quantic Dream, les maîtres du genre, on s’attendait à une meilleure gestion des choix et sans doute un arbre des possibilités plus vaste. Surtout que le scénario tombe vite dans le déjà-vu et la facilité. Si le jeu commence plutôt bien, le soufflé retombe assez vite après les 2 ou 3 premières heures de jeu. Au final, on s’intéresse presque plus à l’histoire de la ville qu’à notre investigation, c’est dire ! Pour un Point and Click c’est vraiment dommage et préjudiciable.

Heureusement qu’il reste le Palais Mental, un aspect intéressant qui donne une vraie plus-value au jeu et à notre personnage. On aime chercher toutes les possibilités avant de faire notre choix. Là encore, la plupart des « mauvais » choix ne seront pas préjudiciables. A vrai dire, seuls les choix effectués lors de la scène du dénouement final semblent affecter la suite du jeu… la fin en somme. Sans vous spoiler, sachez qu’il existe 4 fins différentes, soit 2 fins par personnalité de Sam… Vous pourrez essayer d’obtenir les différentes fins en recommençant à la dernière scène du dénouement si cela vous chante. Vous verrez bien que peu importe vos choix de dialogues, les réponses des PNJ seront identiques. Pour en revenir au Palais Mental, cet endroit est vraiment hors du temps et on a vraiment l’impression de se balader dans l’esprit du personnage. On y verra ses souvenirs, ses souffrances, les personnes à qui il tient, ses regrets, etc. Il faudra parfois fuir à travers ce Palais Mental afin d’éviter la folie et le craquage total de Sam. Enfin, un mot sur les énigmes proposées par le jeu. Celles-ci ne sont pas nombreuses et restent relativement simples. Encore un regret, j’aurais aimé des énigmes plus complexes nécessitant l’esprit analytique de Sam.

Twin Mirror n’est pas un mauvais jeu. Malgré de bonnes idées et une bonne réalisation avec un bon rythme, Dontnod semble être tombé dans la facilité. Un scénario finalement décevant et surtout des choix qui ne pèsent pas vraiment sur la suite de l’aventure. C’est bien là le principal point négatif du jeu. Dommage car l’idée de la double personnalité avec l’ami imaginaire et le Palais Mental, la thématique du génie inadapté opposé au journaliste lambda sympathique était vraiment bonne. Finalement, on se retrouve dans une sorte de mini-série dans laquelle on assiste passivement au dénouement. Et ce n’est pas ce qu’on attend d’un Point and Click…


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Points forts

  • L'histoire de Basswood
  • La double personnalité de Sam Higgs
  • Le Palais Mental matérialisant l'esprit de Sam
  • L'ambiance mature et sérieuse
  • La réalisation et le rythme du jeu

Points faibles

  • Un scénario déjà-vu et prévisible
  • Des choix sans vraiment de conséquences
  • Des fins trop peu différentes
  • L'absence totale de liberté
  • L'imprécision du Point and Click pour interagir avec les éléments
5

Average

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