Huit ans. C’est le temps qu’il nous aura été demandé d’attendre pour voir débarquer un nouvel épisode de la série des Red Dead. Tel un messie, Rockstar Games arrive au galop avec Red Dead Redemption 2, son premier (et probablement unique) jeu entièrement pensé pour cette génération de consoles.
LE jeu d’une génération ? Réponse dans les lignes suivantes.
TEST – Red Dead Redemption 2
Éditeur : Rockstar Games
Version pour le test : Nintendo (version fournie par l’éditeur)
Genre : TPS / GTA-Like
Support : PlayStation 4, Xbox One, PC
Date de sortie : 26 octobre 2018 (5 novembre 2019 sur PC)
Quid de la version PC ?
Revenons donc sur la version PC sortie ce 8 novembre. Et il nous faut commencer par le semi échec de lancement qui a vu nombre de joueurs se confronter à des crashs intempestifs, bugs graphiques, et autre impossibilités de lancement de jeu. Si les problèmes sont pour la plupart réglés depuis lors, il n’en reste pas moins que cela fait tâche pour un jeu aussi attendu et un studio avec autant d’expérience.
Quoiqu’il en soit, sur PC, le résultat technique est bluffant, notamment sur la profondeur de vue, pour le reste il s’agit de trois mots bien connus des gamers 4K et 60 FPS. C’est sublime et les options de paramétrage permettront à un large panel de machines de faire tourner Red Dead Redeption 2 (avec un large panel de qualité aussi soyons honnêtes). Vous pouvez d’ailleurs découvrir la galerie PC en fin d’article, les images utilisées par l’article étant celle de la version du test d’origine sur PS4.
De plus la maniabilité au clavier/souris semble avoir fait du bien au jeu, les personnages sont plus agiles et semblent plus rapides dans l’exécution de vos ordres. Ceci dit la gestion des inventaires ou l’utilisation instinctive de certaines actions demandera toujours un temps d’adaptation.
Concernant le mode online, Rockstar prévoit, à l’instar de GTA Online, des mises à jours à intervalle régulier, et les joueurs PC disposent ainsi de l’ensemble du contenu que les joueurs console ont du attendre une année. Et il va falloir farmer dur les rôles. Les missions peuvent sembler un peu répétitives (escorte de chariot, capture d’ennemi). Nous vous conseillons donc de découvrir le monde en ligne en groupe, rien de plus drôle que de préparer l’attaque d’un camp de bandits et de voir un de vos coéquipiers se jeter dans le dit camp car poursuivi par un ours dérangé dans sa sieste par la mise en place de votre plan si bien préparé. Et finir par voir l’ours chargé joueurs et PNJ.
Bref pour les amateurs de notation c’est un bon 9 que l’on donnera à ce portage PC.
Il descend de la montagne à cheval
Préquel au précédent épisode, Red Dead Redemption 2 a pour volonté de nous conter l’histoire de la fameuse « Bande de Dutch », l’entité dont John Marston était contraint de balayer les restes dans le premier épisode. On retrouve donc des têtes connues en la personne de Bill, Javier, Dutch et bien entendu John. Cependant, Rockstar Games fait passer ce bon Marston au second plan, pour nous donner le contrôle d’Arthur Morgan, second de la bande et bras droit de Dutch depuis une vingtaine d’années.
Le titre nous plonge donc in medias res en plein cœur de la bande, après qu’un boulot ait mal tourné. Obligé de fuir vers les montagnes, notre groupe qui compte bon nombre de hors-la-loi, n’en est toutefois pas moins composé de personnalités un peu plus fréquentables, en la présence de femmes et même d’un enfant (un certain Jack). Le début de l’aventure n’est pas forcément le plus passionnant. Après un long prologue, censé servir de tutoriel de luxe au jeu, le joueur arrive dans le monde ouvert. Et c’est dans les premières heures que réside la faiblesse de l’aventure de Rockstar. Arthur Morgan n’est pas encore vraiment intéressant et son caractère n’est pas encore mis en évidence. De leur côté, les missions sont assez classiques, pour qui connaît un tant soit peu la formule du studio. Constitué d’énormément d’allers-retours entre le camp et l’unique ville disponible, le début d’aventure à un rythme assez bâtard, qui a du mal à pleinement intéresser. Aucune scène n’est vraiment marquante et on se contente d’enchaîner les missions, comme une âme en peine.
Ce début, poussif et pas franchement emballant, prend fin après une douzaine d’heures et l’arrivée du chapitre 3. C’est à ce moment que le tempo s’accélère et que le jeu vous attrape pour ne vous relâcher qu’une fois l’aventure terminée. L’écriture commence à prendre en épaisseur, on en apprend plus sur les personnages et le caractère de notre Arthur devient réellement captivant, tout en nuances. Il ne vous reste plus qu’à vous laisser entraîner et à vivre cette période de changement, aussi bien pour la bande que pour le monde qui vous entoure.
Malgré tout, on ne pourra que pester contre cette progression en mission chère au cœur de Rockstar et toujours aussi linéaire. Presque 2 ans après Zelda Breath of the Wild, qui est devenu instantanément la quintessence de ce que peut être la progression dans un monde ouvert, ce retour dans le temps fait, sous certains aspects, plutôt mal. Comprenez bien, le problème ne vient pas de la mécanique de mission, qui a toujours été présente dans les jeux Rockstar, mais bien de leur déroulement. Tout d’abord, se rendre sur les lieux des missions est bien souvent un supplice plus qu’autre chose. Il s’agit 4 fois sur 5 de suivre votre camarade en cheval, pendant des trajets qui sont réellement interminables. De plus, il est rare que les sujets de conversation soient vraiment intéressants dans ces phases et la mise en scène inexistante n’aide vraiment pas. Inutile de mentionner ici le nombre de micro siestes qui ont été prises pendant ces trajets. Enfin, le déroulement des missions est ce qui se fait depuis toujours chez Rockstar. L’objectif peut évoluer en cours de mission, mais la manière de le rejoindre est fixe et ne laisse aucune place à l’improvisation. Rockstar a pensé son histoire et ses missions pour qu’elles soient parcourues d’une certaine manière et pas d’une autre. Et cela même si certaines missions nous proposent de faire des choix.
Entre frustration et fascination
Affublé d’une lourdeur omniprésente et d’une sorte d’ultra-réalisme, le gameplay de Red Dead Redemption 2 est aussi riche que frustrant. Les gunfights, pierre angulaire du jeu, sont toujours aussi peu passionnants et ont pour seule rédemption le Dead Eyes, une mécanique qui fonctionne toujours aussi bien et qui marchera toujours. Néanmoins, il en résulte des affrontements un peu répétitifs et dont la difficulté est gonflée artificiellement via l’ajout d’une quantité, souvent ridicule, d’ennemis. Sur certaines missions, le génocide n’est qu’à un pas.
Red Dead Redemption 2 fait dans l’ultra réalisme, quitte à charcuter son rythme. La présence d’un nombre incalculable d’animations est autant un point fort qu’un point faible. Bien entendu, la présence d’une telle obsession pour les détails ne fait qu’accentuer l’impression de réel de ce monde. Pourtant, cette orgie d’animations apporte parfois son lot de problèmes. Jamais looter un cadavre n’a été aussi insupportable, Arthur s’attachant à fouiller chaque corps via une animation qui dure bien 4-5 secondes. Multiplié par le nombre ahurissant d’ennemis que vous abattez, il vous faudra plusieurs minutes pour complétement looter un champ de bataille. En conséquence, il n’est pas impossible que vous abandonniez rapidement l’idée de récupérer des ressources sur le cadavre encore tiède de vos ennemis. Globalement, récupérer des objets est plus une épreuve qu’un réel plaisir, la faute donc à cette sur-abondance d’animations, mais également à la lourdeur de notre hors-la-loi. Arthur est aussi agréable à diriger qu’un camion-benne. Dans les endroits exigus, se déplacer est tout simplement un calvaire et vous placer correctement pour interagir avec votre environnement est à s’arracher les cheveux. Un gameplay classique estampillé Rockstar Games qui n’a pas réellement évolué depuis GTA IV.
Pourtant malgré cette jouabilité infernale et très largement datée, parcourir et évoluer dans le monde de Red Dead Redemption 2 est une expérience qui restera dans la mémoire de beaucoup de joueurs. Rockstar a pensé à tout pour nous occuper des heures durant. Que ça soit via une foule de missions secondaires, des missions de « chasseur de primes » ou plus basiquement des quêtes de chasses et de pêches, le jeu regorge de contenu. Les activités annexes comme jouer aux cartes, aux dominos ou au jeu du couteau sont assez lentes et pas toujours passionnantes, mais participent à diversifier les moments de gamepay et les moyens d’obtenir de l’argent, nous apportant ainsi des moments de paix bien mérités.
Jouer à Red Dead Redemption 2, c’est vivre la vie de cow-boy. Littéralement. Pour ce nouvel épisode, Rockstar a eu l’idée (bonne ou mauvaise, cela dépend entièrement de ce que vous recherchez) d’implémenter une sorte de Rôle Play dans son titre. Sur le papier, il faudra donc veiller à manger régulièrement, se laver, nettoyer son arme, brosser son cheval et bien d’autres choses, sous peine d’infliger à Arthur ou à sa monture certains malus. Cependant, ces derniers ne sont jamais assez handicapants. De ce fait, il est tout à fait possible de ne pas vraiment y prêter attention, le jeu étant globalement beaucoup trop facile pour qu’ils vous impactent suffisamment. On se demande donc très rapidement pourquoi avoir implémenté ce genre de mécaniques, car elles donnent principalement une impression de « trop-plein » qui vient desservir le titre et le rendre inutilement complexe. Mais globalement, le gameplay de Red Dead Redemption 2 se veut artificiellement profond. De plus, la mécanique de camp, qui vous demande d’approvisionner régulièrement votre lieu de vie en ressources et argent, n’est pas aussi intéressante que le laisse présager les premières heures de jeu. Au début, on se surprend régulièrement à donner un peu d’argent au camp et être sûr de l’approvisionner suffisamment en nourriture et en munitions. Pourtant, tout l’aspect « gestion » (et encore, c’est un bien grand mot) n’est que de la poudre aux yeux qui, au même titre que les mécaniques citées précédemment, apportent quelques avantages totalement dispensables au bon déroulement de votre aventure.
Pour revenir à un autre souci, parlons du mapping des touches. Ces dernières sont dispatchées de manière vraiment étrange et peu naturelle. Même après 50 heures de jeu, il est souvent difficile d’interagir avec le décor de la façon dont on le souhaite. Et pour preuve, Rockstar a fait en sorte que des aides visuelles apparaissent dans le HUD, pour vous rappeler à tout moment à quoi correspond chaque touche, en fonction de votre position dans l’espace. Par exemple, si vous vous trouvez devant votre cheval, une pression sur L2 vous permet de viser le cheval et c’est à ce moment que toutes les touches (qui correspondent chacune à une interaction avec le cheval) apparaissent à l’écran. Le titre fonctionne comme ça pour a peu près toutes les interactions et cette pratique brise un peu l’immersion en apportant beaucoup d’informations à l’écran. De plus, le mapping sans queue ni tête vous amènera inévitablement à vous tromper de boutons de manière régulière.
Pour une poignée de pixels
La claque. Tout simplement. Red Dead Redemption, premier du nom avait déjà réussi le tour de force de nous proposer un univers captivant, plongé dans cette époque phare de l’Amérique, mais également du cinéma hollywoodien. Ici, ce premier volet ne tient même pas la comparaison avec ce deuxième épisode. Rarement l’open-world n’a été aussi crédible et vivant, nous plongeant instantanément dans l’univers du far west. Le souci obsessionnel du détail dont nous vous parlions précédemment se fait ressentir une fois plus ici, mais on ne peut que se prosterner devant tant de génie. Que cela soit au niveau des interactions entre chaque PNJ, le côté organique du monde ou encore le comportement des animaux, tout a été pensé par le studio et l’immersion fonctionne à 100%.
D’un point de vue plus technique, Red Dead Redemption 2 est magnifique. Les paysages sont incroyablement beaux et la gestion de la lumière est tout simplement époustouflante. Il n’est donc pas rare de parfois s’arrêter pour profiter d’un paysage particulièrement ébouriffant, d’un jeu de lumière saisissant de réalisme et de faire tout simplement une petite pause pour profiter, faire le plein de screenshots, et prendre conscience du travail titanesque entrepris par l’équipe artistique et technique de Rockstar Games.
Là où Red Dead Redemption 2 dépose délicatement sa plus grosse claque, c’est sans conteste sur tout son aspect sonore. Le doublage est génial, les musiques sont saisissantes (peu importe le registre et l’émotion véhiculée) et le sound design est tout simplement ahurissant. Que cela soit le bruit des animaux, de vos déplacements ou plus généralement l’ambiance sonore qui vous entoure, tout est saisissant de réalisme. Chaque note, chaque bruit, chaque son reste si cohérent avec l’univers dépeint, qu’il ne peut que participer encore plus à l’immersion proposée par le titre de Rockstar Games. L’ambiance de cow-boy ultime en somme.
LE jeu de la génération PlayStation 4 / Xbox One ? Peut-être pas. Mais quelle claque ! Red Dead Redemption 2 arrive aussi bien à témoigner du talent de Rockstar Games que de ses lacunes. Piégé dans une formule dont les fondations n’ont pas évolué depuis des années, le titre alterne entre la claque et le coup de pied dans les parties intimes. Très souvent au sommet de son art, Rockstar Games n’en oublie pas moins de se prendre les pieds dans le tapis sur de nombreux points. Incroyable de justesse d’écriture et de mise en scène, le jeu se traine néanmoins un gameplay daté qui arrive aujourd’hui en bout de course. Heureusement, la générosité des développeurs ainsi que leur incroyable talent pour créer un univers aussi riche que passionnant, prend le dessus et arrive à nous faire oublier les défauts grossiers qui pullulent malgré tout dans le jeu. Red Dead Redemption 2 n’est peut-être pas le jeu de l’année et encore moins le jeu parfait, mais il a tout ce qu’il faut en lui pour marquer durablement les joueurs et témoigner de la puissance scénaristique, émotionnelle et immersive du média.
Galerie (PC)
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Un test qui me parait franchement plus juste que certains 21/20… 😉