Test – Ad Infinitum, mais pas au delà

Développé par le petit studio allemand Hekate (dont c’est le premier jeu), Ad Infinitum nous promet un récit horrifique psychologique ancré dans un contexte de Première Guerre mondiale. Une idée originale qui va apporter des idées visuelles intéressantes… mais aussi un rythme ennuyeux.

Image Ad Infinitum

• Genre(s) : Walking Simulator / Horreur
• Développeur : Hekate
• Éditeur : Nacon
• Supports : PC, PS5, Xbox Series
• Support de test : PS5 (clé fournie par l’éditeur)
• Date de sortie : 14 Septembre 2023

Difficulté de tranchées

Ad Infinitum nous place dans la peau d’un soldat allemand revenu de la Première Guerre mondiale. Pendant toute la durée du jeu, le récit va alterner entre des moments à l’intérieur du manoir familial (à priori dans le présent) et d’autres dans les cauchemars/souvenirs de notre personnage. Des cauchemars qui vont le ramener dans l’horreur des tranchées du « No Man’s Land ». Un récit entre deux temporalités donc, qui va bien se garder de nous dire ce qui tient du réel ou du cauchemar.

Malheureusement, on est face à un récit qui peine à décoller et qui tient tellement à brouiller les pistes, que ça en devient presque ennuyant. Et tout cela malgré des sujets évoqués qui sont intéressants et qu’on ne voit pas traités à chaque coin de rue. Le souci majeur, c’est qu’il a été assez difficile de s’y impliquer totalement. Pourquoi ? Notamment parce qu’il ne se développe que via des documents à lire et des flashback audio. En fait, je trouve que le jeu ne suggère pas assez de choses par l’environnement ou encore la mise en scène, et il reste piégé de ces artifices de gameplay qui, à titre personnel, me lassent extrêmement vite.

Alors le tableau n’est pas complètement noir. D’un point de vue scénaristique, même si l’histoire n’est pas racontée de la manière la plus originale et passionnante du monde, je me suis surpris à être intéressé par certains de ses aspects. Et cela parce que Ad Infinitum se concentre majoritairement sur l’histoire de ses personnages, leurs relations et la façon dont la Guerre avec un grand G a détruit cette famille. Et c’est dans ces moments plus intimistes (la plupart du temps pendant les phases qui se déroulent dans le Manoir), où l’on en apprend plus concernant les liens entre les membres de la famille, que le jeu est le plus intéressant.

Ad nauseam

Si vous ne l’avez pas encore compris, Ad Infinitum est un Walking Simulator teinté d’une ambiance horrifique mais aussi parsemé de quelques énigmes. Et que cela soit d’un côté comme de l’autre, le résultat n’est pas très intéressant.

Déjà sur son aspect «simulateur de balade» (Walking SImulator), le jeu se contente d’en être la forme la plus basique. On marche, on se cache, on allume sa lampe, on ouvre des portes et on lit des notes. Comme si le genre n’avait pas évolué depuis la sortie de Dear Esther, il y a de cela 10 ans. Et en général quand on propose des mécaniques de jeu aussi brutes et peu profondes, il faut que l’ambiance où l’écriture soit au rendez-vous afin de contrebalancer. Et comme on l’a vu, malgré quelques bons côtés, le scénario n’est pas assez bien raconté. Et en ce qui concerne l’ambiance… on y reviendra.

Finalement, il est difficile de s’étendre sur le gameplay d’Ad Infinitum tant il en est dépourvu. À tel point que le jeu ne propose aucune réelle mécanique de gameplay liée à l’horreur. Outre se cacher à des endroits prédéterminés à quelques moments et courir / contourner les ennemis, il n’y a pas grand-chose à faire. Alors si, il y a bien des créatures qui craignent la lumière et qu’il faut  stopper avec notre lampe torche à dynamo (qui nécessite donc un rechargement très régulier), mais cela couvre une portion du jeu tellement dérisoire que ça en est presque frustrant. Dommage, car c’est uniquement à ce moment que le jeu s’est montré terrifiant.

Le reste du temps, il est dépourvu de mécaniques qui pourraient jouer sur les horreurs que l’on voit. Comme le faisait par exemple Amnesia et sa gestion de la santé mentale. Ici, on erre, on esquive de manière grossière des ennemis qui sont assez peu diversifiés et un peu bêtes, on lit des notes et on résout des énigmes simplistes. Rien qui n’arrivera vraiment à tenir éveillé le joueur. Surtout que le jeu est beaucoup trop long pour son bien. En général, le créneau pour les Walking Simulator se situe aux alentours des 4-5 heures, car les développeurs savent qu’à trop tirer en longueur, ça peut vite devenir soporifique. Ici, j’ai terminé l’aventure en 9 heures. Je vous laisse faire le calcul.

Aussi, le jeu essaye de s’aventurer vers le titre narratif à embranchements multiples. Dans Ad Infinitum, cela se traduit par des phases qui sont clairement indiquées comme «ayant un impact sur l’histoire». Mais c’est extrêmement binaire, mal expliqué et même si ça amène à une fin qui pourra varier, on ne sait ni trop comment ni pourquoi ça le fait. Et, soyons honnête, il y a peu de chances que vous repartiez à l’aventure pour connaître toutes les conclusions possibles.

Même pas peur

C’est peut-être d’un point de vue visuel que Ad Infinitum se révèle le plus intéressant. Déjà, il est une bonne surprise au niveau de sa technique et il offre des jeux de lumières très réussis. Et en plus des phases dans les tranchées (plutôt originales pour le genre) le jeu propose des séquences plus «oniriques», qui d’un point de vue purement visuelle fonctionnent diablement bien. Et c’est quand il sort de son carcan «réaliste» et qu’il se permet des extravagances visuelles qu’il est le plus attirant. Aussi, belle surprise, le jeu est intégralement doublé en français et le résultat est très convaincant.

Mais voilà, quand on se surprend à trouver des points relativement positifs à l’égard d’Ad Infinitum, on est vite rattrapé par d’autres éléments nettement moins enthousiasmants. Déjà, le jeu est jonché de bugs. Soucis de synchronisation audio/vidéo, script de dialogue qui se relance en boucle pendant toute une phase d’exploration, téléportation en dehors des limites du jeu… vous ne serez pas épargné par le jeu. Et pas dans le bon sens du terme. Un peu à l’image de son combat final qui retombe comme un soufflé à cause de soucis de synchronisation audio/vidéo. De leur côté, les musiques, qui sont, de manière globale, de très bonne facture, ne collent pas toujours bien à l’ambiance qu’essaye de donner le jeu. Parfois, ça peut donner à certaines scènes un côté dissonant.

Enfin, et c’est la le plus dommage, le jeu ne fait jamais peur. Enfin si, sur les 9 heures qu’a duré mon aventure, une petite séquence de 5 minutes a réussi à m’hérisser les poils du dos. Mais en dehors de ça, il n’arrive jamais à mettre mal à l’aise ou tout simplement à surprendre. Et cela malgré un design de créature plutôt travaillé, mais qui aurait mérité meilleur écrin qu’Ad Infinitum. Mais bon, la peur, vous savez, c’est totalement subjectif.

Image Ad Infinitum

Difficile de recommander ce Ad Infinitum. Bien que l’on sente qu’il part avec les meilleures intentions, il se prend trop régulièrement les pieds dans le tapis et nous livre une expérience finale proprement oubliable. Perclus de bugs, soporifiques par moment, il n’arrive jamais à tirer parti de son contexte original pour nous livrer une expérience qui vaut le coup manette en mains. Réaliser un bon Walking Simulator n’est pas chose aisée. Et quand on propose un gameplay aussi limité, il faut que l’ambiance du jeu ou le propos soit maîtrisé de bout en bout. Chose qui n’est pas le cas ici, et cela même si certaines thématiques se révèlent plutôt intéressantes. Il en reste qu’Ad Infinitum propose quelques moments bien recherchés d’un point de vue visuel. Mais clairement, ça ne vaut clairement pas le prix auquel il est proposé à sa sortie.

 

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Points forts

  • Quelques idées visuelles intéressantes
  • Un récit pas dénué d'intérêt
  • Un doublage VF de bonne qualité

Points faibles

  • Beaucoup de bugs
  • Quasiment jamais effrayant
  • Un Walking Simulator ennuyeux
  • Trop long
4

Poor

Que ton cœur soit la clé qui te guide.

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