Entendu dans Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy : «Objection ! Prends ça ! Je te tiens !»
Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy débarque le 24 janvier 2024 sur les consoles PlayStation, Xbox, Nintendo Switch et même sur PC. Ce sont donc trois jeux qui étaient auparavant exclusifs à la Nintendo 3DS qui vont être accessibles à un plus grand parc de joueurs. Si Phoenix Wright n’est jamais trop loin du tribunal de justice, cette trilogie est l’occasion d’apercevoir de nouveaux héros, notamment Apollo Justice et Athena Cykes. Plus que de simples nouveaux avatars, ils embarquent avec eux de nouvelles façons d’enquêter et d’interroger les témoins appelés à la barre. Comme toujours, les scénarios imaginés par Capcom seront sujets à rebondissements et mis en scène par des personnages hauts en couleur.
Revenons en quelques lignes sur cette trilogie qui, s’il elle ne créera pas de vocations, propose un sacré spectacle de grande qualité mais aussi quelques défauts.
Version PS5 fournie par l’éditeur. Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy est aussi disponible sur Nintendo Switch, PC et Xbox.
La Divine Comédie
Les aventures d’Apollo Justice et ses acolytes sont loin de représenter un long fleuve tranquille. Les développeurs ont une nouvelle fois pris soin d’installer tout un décor, toute une histoire qui passe parfois par une longue narration (certains diront trop longues…) ponctuée de cinématiques (certaines doublées en VF s’il-vous-plait !), de grands écrits (merci la lecture automatique), de séquences d’enquêtes dans divers lieux et d’un dénouement qui se déroule toujours au tribunal !
Si vous pensiez juste enchaîner des joutes verbales à la barre, vous vous trompiez. Le jeu prend le temps de préparer les procès au point où il peut se passer une à deux heures entre deux verdicts énoncés par le juge (sa Crânerie pour les intimes !). D’ailleurs, ce n’est pas qu’une histoire de procès, et ce dans les trois volets de cette trilogie. Chaque fois, on retrouve un plus grand contexte scénaristique dans lequel s’intègrent ces procès. C’est en ce sens que l’on retrouve des cinématiques qui apportent du suspense et des mystères autour des grands acteurs du scénario. Honnêtement, on ne boude pas son plaisir, hormis certaines phases de dialogues où l’on se dit que les conversations se montrent redondantes, ou un peu longues notamment au cours des épilogues, les moments après le verdict que vous aurez évidemment remportés. Néanmoins, si le temps de narration parait long, j’ai apprécié l’effort du studio de ne pas proposer uniquement des successions de phases d’enquêtes et d’interrogation, donc de séquences de déduction et d’observation.
Les jeux Ace Attorney, c’est tout un univers, tout un modèle à respecter. Et dans ce modèle, on y retrouve une recette qui convainc. Des pincées d’humour par dizaines, des enchaînements de dialogues et de réparties qui créent des rebondissement et une atmosphère tantôt loufoque tantôt sérieuse. Il ne faut pas s’attendre à des situations réalistes tant le jeu montre des situations absurdes que notre personnage subit le plus souvent. Il faudra alors défaire les accusations, démêler les nœuds d’un scénario bien ficelé, et prouver l’innocence d’un client que l’on sait le plus souvent non-coupable.
C’est d’ailleurs sur ce fait que je mettrais une petite réserve. Chaque scénario introductif (et certains autres) commence par une petite cinématique qui montre le coupable dans ses œuvres. On sait toujours qui il est, manque de suspense évident mais assumé, et on suit ainsi un fil sans surprise dans ses grandes lignes. Par contre, entre les grandes lignes, c’est là que se trouve tout le sel du jeu.
Que des seconds rôles transformés en premiers rôles
Les moments d’enquête à travers les différents lieux demeurent pleins de surprises dans cette trilogie Apollo Justice : Ace Attorney. On ne discute jamais pour rien avec un PNJ. Il lâche souvent des pièces à conviction qui seront déterminantes le jour du procès. Il en va de même pour les entretiens personnels avec les personnages. Certes ils cèdent quelques vérités ou mensonges qui les trahissent, mais on en apprend davantage sur eux et leur personnalité. Tous les acteurs de chaque scénario montrent une forte personnalité, parfois exagéré, mais cela sert le propos et le décor d’ores et déjà planté depuis la première apparition, que dis-je, depuis la première ligne de dialogue !
On retrouve une forme d’exubérance dans chacun d’entre eux, tous les traits des personnages étant amplifiés pour la mise en scène. C’est d’ailleurs un plaisir de découvrir chaque acteur du scénario, on est curieux de savoir comment sera écrit le prochain qui apparaîtra. L’amour de la caricature du studio est criant, chacun jouant son rôle à la perfection. On assiste à un simulacre de procès, un spectacle vivant qui a quelque chose d’exaltant. Chacun a son rôle à jouer, et même si les témoins se succèdent en tant que second rôle, leur prestation en fait presque des premiers rôles tant ils animent les séquences avec entrain.
Certes, certaines tirades se montrent bien trop longues pour le peu d’informations récoltées, mais cela fait partie du jeu et peut-être d’une technique pour grossir la durée de jeu. Néanmoins ça participe au résultat global et jamais cela ne devient incohérent et malvenu. Les chapitres ne seront jamais expédiées. Vous assistez, ou plutôt vous faites partie intégrante du scénario qui va durer un bout de temps.
Les fans sont habitués, avec les novices ça passe ou ça casse.
On n’apprend pas au bâtonnier à lancer le bâton
Vous l’aurez compris, cette trilogie Apollo Justice : Ace Attorney est marquée par le sceau de la narration, avec un style très visuel-novel mais qui garde un contenu spectaculaire dans le genre théâtral. Mais pour que ça fonctionne, il ne faut pas se louper sur les mécaniques de jeu. Après tout, en incarnant un avocat, il est normal de s’attendre à du gameplay attrayant à la barre. Pour les fans des Phoenix Wright, vous débarquez en terrain connu. Le système est le même dans les grandes lignes.
On démarre avec un inventaire composé de notre badge d’avocat et du dossier de l’affaire. De même, on défend toujours l’accusé et on doit prendre connaissance de tous les éléments pour sortir de la panade notre client. Car en face, il y a du répondant, souvent Victor Boulay mais pas seulement. Autant dire que c’est un véritable duel qui nous oppose au procureur durant tous les scénarios. D’ailleurs les interactions entre eux et la défense sont souvent de haute volée, oscillant entre joutes verbales tendues, drôles, absurdes mais sujettes à de moult rebondissements.
Pour revenir aux mécaniques d’enquête à disposition de la défense, il est donc doté au départ des deux mêmes éléments, dossier et un badge qui ne sert que par sa symbolique. Quant au dossier, il sera ensuite accompagné des divers éléments glanés durant votre enquête, soit au procès durant lequel on ajoute des éléments importants de l’enquête, soit durant vos vagabondages à analyser l’environnement du meurtre commis, ou en discutant avec les personnes concernées par la scène du crime, du moins qui peuvent faire office de témoin.
Une fois à la barre, on reste sur le classique témoignage en quatre temps. Chaque temps pouvant être « attaqué » pour plus de détails et d’opportunités de relever des incohérences. Le jeu sera alors de trouver la faille dans les 4 phrases (puis 5, 6…) énoncées par le témoin, en soulignant la contradiction avec un élément clé du dossier. Cela ne suffit jamais de le faire une fois puisque le témoin modifiera son témoignage pour se protéger, et il faudra à nouveau trouver un nouvel illogisme vis à vis des pièces à conviction. Il n’y a pas deux solutions, chaque témoignage ne peut être mis en porte à faux qu’avec un seul élément. Si vous vous trompez dans votre objection, vous êtes pénalisé. Au bout de 5 pénalités, c’est le game over. Le studio empêche ainsi le joueur de faire tout et n’importe quoi pour résoudre l’énigme. Néanmoins, pour empêcher toute frustration, il existe des aides qui vous donnent la solution. Le revers de la médaille, c’est que leur utilisation vous prive de récompenses du jeu.
Enfin, on ajoute ici des petits éléments de gameplay dans cette trilogie avec les personnages d’Apollo Justice qui peut déceler des tics trompeurs lors de cachotteries ou mensonges du témoin, et les instabilités émotionnelles de l’interrogé grâce au matériel d’Athena Cykes. En effet, lorsque vous incarnez Apollo Justice, vous pourriez être à court d’idées et de ressources pour mettre en péril le témoignage de l’appelé. Alors, votre capacité d’analyse sera indispensable pour vous sortir d’une voie sans issue. Ce sera donc à vous de détecter des tics nerveux chez le témoin, de quoi lancer une interaction qui le contraindra à en dévoiler davantage. Cela peut être un petit mouvement corporel tout comme une animation bien plus visible. Dans ce cas, vous passez en mode scanner et devez indiquer avec le curseur la zone en question.
Quant à Athena Cykes, son système permet également de détecter les incohérences dans les témoignages mais en les mettant en contradiction avec les sentiments des personnes appelées à la barre. Il s’agit de la psychologie analytique, une étude qui renvoie au Lunatrix, le gadget d’Athena Cykes.
Toute une interface y est dédiée, quatre sentiments différents et à l’instar d’une pièce à conviction, il faudra attaquer le témoignage en soulevant cette contradiction. En découlera une explication plus longue qui permettra de débloquer un nouvel élément appuyant la défense, ou déviant le sujet vers un autre questionnement. Si le Lunatrix n’est pas très spectaculaire dans son fonctionnement, il affiche une variété dans les mécaniques de jeu qui est toujours la bienvenue.
Des nouvelles façons de résoudre les enquêtes et de comprendre les scènes de crime sont aussi apportées dans le troisième volet, Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice. Dès le premier épisode, on voit une superbe cinématique doublée en français mettant en scène une danse de la divination. Celle-ci affichera les derniers moments de la victime et sera sujette à multiples interprétations au cours du procès.
Une trilogie Apollo Justice généreuse
Une nouvelle fois, on ne peut que souligner la volonté du studio d’offrir aux fans une aventure riche en émotions et en contenu. Cela passe aussi par la réalisation d’un souhait qui a fait beaucoup de bruit à l’époque, celle d’entendre des doublages en français. Certes ce n’est pas un doublage continu et on lira plus qu’on écoutera les dialogues des personnages, mais certaines cinématiques bénéficient de voix françaises et cela apporte une plus-value au titre. On aurait forcément apprécié entendre beaucoup plus de temps ces doublages mais ce sera peut-être pour le prochain épisode de la série.
En plus de cela, comme précisé dans la preview de cette trilogie Apollo Justice : Ace Attorney, le Musée regroupe toutes les musiques du jeu et de nombreux artworks. Il nous est aussi offert la possibilité de refaire des scènes du jeu, à notre sauce, avec les animations et les humeurs des acteurs comme on le souhaite. Je ne doute pas que les plus grands adeptes sauront exploiter bien mieux leur fibre artistique que moi.
Apollo Justice : Ace Attorney Trilogy s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs. Si l’aspect visual novel et sa narration qui tire sur la longueur ne vous gênent pas, c’est une expérience superbe qui vous attend. Des personnages hauts en couleur qui font vivre un scénario autant rocambolesque que captivant. Les énigmes sont efficacement introduites et les enquêtes restent bien menées. Un plaisir qu’il ne faut pas bouder pour tout fan de la franchise, d’autant plus que l’on a droit à des doublages en français qui font mouche durant les cinématiques.
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