Caravan SandWitch, c’est une balade dans le désert.
Planète Cigalo, une quarantaine d’années plus tôt, une catastrophe causée par le consortium a laissé une communauté d’irréductibles dans un mode de vie quasi post-apocalyptique. Une communauté que vous rejoignez après des années d’absence, il faut dire que vous venez de recevoir un message d’urgence du vaisseau de votre sœur disparue il y a 6 ans.
Caravan SandWitch, sans heurt ni violence
Nous avions découvert ce mignon petit jeu lors du Wholesome Direct de juin dernier, une conférence présentant des jeux à la cool, des jeux sans haine ni violence créés par des studios plutôt inclusifs et surtout indépendants. Vous ne pouvez pas mourir dans Caravan SandWitch, vous n’aurez pas non plus d’écran de game over car il n’y a pas non plus de chronomètre ou d’échec sur une éventuelle énigme.
Vous êtes Sauge, la jeune sœur qui retourne sur Cigalo, retrouvant père, amis et voisins dans une petite communauté qui survit et que vous aiderez (nous y reviendrons) tout en vous frayant un chemin vers le vaisseau de votre sœur Garance. Pour avancer sur ce chemin il vous faudra suivre les instructions techniques de Nèfle, la meilleure amie de votre fratrie.
Pour y parvenir, un van vous permettra de voyager à travers la région, un van qui va, au fil de l’aventure, être équipé d’un grappin, pour ouvrir certaines portes et d’un scanner, permettant de pirater certaines machines et repérer plus aisément les interactions possibles et surtout les pièces détachées à récupérer.
Car pour avancer il vous faudra récupérer moult de ces pièces, soit directement en « farmant » les divers lieux, soit en aidant vos proches et ceux qui vont le devenir et c’est là que le premier bât blesse : toutes les quêtes secondaires sont à ranger dans la case FedEx (manque d’ennemi oblige). On apporte une nouvelle, on récupère des graines, on livre, bref, on fait des allers-retours, on collecte à ne plus savoir quoi ni combien et parfois pour de discutables raisons. Ainsi le vieux Curry qui veut 10 sandwichs baguette et 10 sandwichs triangle qui trainent depuis des dizaines d’années dans les ruines, et bon appétit bien sûr.
Et il en sera un peu de même pour la trame principale, toutes les zones sont accessibles dès le départ (ou presque) en open world, mais elles comportent plusieurs niveaux, accessibles qu’après obtention d’un outil ou d’une amélioration du van.
Reste Toaster, une application de messagerie permettant de revoir les objectifs de quêtes de manière bien plus immersive qu’un journal classique et d’enchainer quelques lignes de dialogues. A noter que des postes fixes sont disséminés dans la région, et on se demande bien pourquoi puisque l’application est accessible de n’importe où et n’importe quand. Puis on découvre le piratage et la possibilité de récupérer de vieux messages uniquement via ces postes pour donner un peu plus de lore, d’épaisseur et d’informations, belle trouvaille.
Mais alors c’est un Metroidvania ?
« Oui, oui » dit-il de manière dubitative, « sur certains aspects, si on met de côté l’absence de combats et d’ennemis menaçant directement votre vie ». Mais il faut admettre que cette mécanique de revisite des lieux (entrepôts, ruines, usines…) pour accéder à une partie alors interdite ouvre une discussion assez peu intéressante au final, vous l’avouerez aisément. Les énigmes sont simples, il suffira souvent de suivre un câble électrique, trouver le bouton à actionner, faire un peu d’escalade, la gestion des sauts et de saisie et des plateformes est d’ailleurs sans reproche.
Le tout pourra donc être apprécié comme une expérience calme, contemplative et savoureuse ou à l’inverse, être mésestimé comme rébarbatif, soporifique et redondant. En fait, pour bien apprécier Caravan SandWitch à sa juste valeur, il faudra se mettre dans l’ambiance et surtout prendre le temps de le parcourir, peut-être sur des sessions de jeu plus courtes. Surtout que la durée de vie est estimée à 7h : j’avoue avoir fait un tout droit, et m’être refusé à réparer les douches. En même temps, je n’allais pas perdre 2h à ramasser des champignons alors que ma sœur envoie un message de détresse depuis 4 jours, gestion des priorités quand tu nous tiens.
Finissons par rendre hommage à la direction artistique : le monde de Cigalo est beau et surtout magnifiquement animé, les dialogues sont assez bien écrits et le jeu n’est pas trop verbeux, le character design est lui aussi de qualité, les personnages étant tous attachants voire drôles. La bande-son chantée par Antynomy est envoutante mais ne consiste qu’en un seul vrai morceau. Enfin l’inclusivité dont fait preuve le jeu est à louer même si certains aspects semblent vraiment insérés à la truelle et au burin : en force et par couches bien épaisses.
Caravan SandWitch est un balade sympathique au travail d’animation notable et noté. Sans stress car sans difficulté, il offre un moment de répit qu’il faudra doser car les nombreux va-et-vient pourraient laisser apparaitre une forme d’ennui si joué d’une traite. Une jolie aventure feelgood dont les fins pourraient vous shyamalaniser.