TEST – Daemon X Machina : la déception née de la machine

Daemon X Machina

Créé par Marvelous qui s’est offert le service d’anciens de From Software ayant travaillé sur la série Armored Core, Daemon X Machina avait des airs de promesses pour les fans de jeux de mechas. Après plusieurs démos décevantes mais également des retours de joueurs pris en compte avec grande attention, le jeu est désormais disponible en exclusivité sur Nintendo Switch.

• Genre : Action / Shoot’em up 3D
• Développeur / éditeur : Marvelous / Nintendo
• Support de test : Switch
• Version du jeu utilisée : version dématérialisée (eShop), fournie par l’éditeur
• Disponible sur : Switch

Matt Daemon

Malgré les critiques qui vont suivre, les premiers pas sur Daemon X Machina sont assez engageants. Le créateur de personnage, notamment, est un outil diablement complet qui met à l’amende bon nombre de character creator croisés dans certains RPG. Il est ainsi possible de choisir toute une panoplie de détails parmi lesquels se cachent quelques bonnes idées comme la possibilité de changer la symétrie de certains éléments comme les cheveux. On appréciera également l’outil des yeux qui propose des réglages pour chaque œil, de quoi faire frétiller les acharnés de la personnalisation. On est assez rapidement étonné par la qualité de ce créateur de personnage qui apporte d’excellentes idées, et qui débarque dans un type de jeu où on ne l’attendait clairement pas. On espère qu’il réussira malgré tout à se faire connaître par le monde du RPG dont certains membres gagneraient à s’en inspirer.

Si cette partie peut vous paraître accessoire dans un jeu de méchas comme Daemon X Machina, vous avez à la fois raison et tort. Le personnage peut, en effet, être amené à crapahuter hors de son cercueil de métal lors de certaines missions qui nécessiteront la plus grande discrétion, ce qui permet de profiter de son personnage – en plus de la possibilité de se promener au sein du hub entre chaque mission. En revanche, le jeu proposant des améliorations cybernétiques qu’il est tentant d’installer on se retrouve assez rapidement avec un personnage méconnaissable vers la fin du jeu, ce qui est un peu dommage (mais pas dramatique non plus).

Daemon X Machina

L’idée de personnalisation, évidemment, ne s’arrête pas à l’avatar du joueur et concerne également son mécha. Divisé en plusieurs parties distinctes (2 x jambes, 2 x bras, processeur, corps et tête), le mécha dont vous prenez possession peut accueillir toutes les pièces que vous pourrez acheter, récupérer sur le terrain, ou encore développer dans l’usine mise à disposition. Chaque partie du corps du mécha possède une liste faramineuse de caractéristiques qu’il faudra comparer minutieusement afin de construire le mécha le plus performant possible. Plusieurs profils sont d’ailleurs disponibles, tout en laissant le joueur les découvrir lui-même en étudiant les pièces à sa portée. Il est ainsi possible de se monter une armure mobile axée sur le corps-à-corps (avec de jolies épées, par exemple), sur le combat à distance, la mobilité, la défense, etc.

Les différents types de pièces sont assez nombreuses et d’apparences assez différentes pour vous donner envie d’obtenir certains sets complets qui seraient plus stylés que d’autres à vos yeux. Comme dit précédemment, il est possible d’obtenir ces pièces par différents moyen : l’achat classique, le développement à l’usine (qui vous demandera parfois des pièces spécifiques pour en créer d’autres), mais aussi le recyclage de méchas ennemis que vous ou vos compagnons aurez descendu en mission. Le système de custom est donc très complet, et celui-ci ravira les fans du genre qui auront de quoi s’amuser.

Daemon X Machina

Daemon X Ma(de in)china

Hélas, passé la folie des premières personnalisations d’avatar et de mécha, on se rend vite compte des limites de Daemon X Machina. Dès le départ, et malgré une cinématique censé aider à nous faire comprendre les bases de l’histoire, le jeu peine à nous immerger dans ses intrigues. On comprend rapidement que le joueur est un mercenaire parmi tant d’autres, dont la mission est de travailler pour divers consortiums humains qui se sont créés après la chute apocalyptique d’une partie de la Lune sur Terre. Malgré un système central qui équilibre les forces en présence, chaque consortium a ses propres inspirations, tout comme les divers camps de mercenaires existants. Au-delà de ça, il faudra ramer pour comprendre ce qui se passe, pourquoi telle trahison se produit, ou pourquoi ce personnage au design singulier pousse des cris à chaque phrase lors d’un dialogue.

Daemon X Machina

Car si le scénario est à peu près acceptable malgré une narration démissionnaire, il faudra beaucoup de patience pour supporter les trois-quarts des PNJ que vous aller vous coltiner. Principalement mercenaires, ces personnages sont souvent vos compagnons du jour imposés qui tapent régulièrement la discute avant chaque mission. Et entre les personnages au charisme mou et les reprises d’archétypes parmi les moins inspirés de l’univers anime/manga, on ne peut pas dire que les dialogues (sauf quelques rares exceptions) soient passionnants. On se retrouve vite à marteler le bouton en espérant que la souffrance s’arrête, mais impossible de passer ces scènes à l’écriture pauvre – à l’exception des dialogues radios qui suivent souvent les dialogues physiques.

Si l’histoire globale n’est pas totalement inintéressante, on déplore assez rapidement ses soucis d’exécution qui rendent le scénario peu compréhensible et les interactions sociales pénibles. Si vous ne cherchez qu’un jeu de mécha dans Daemon X Machina, vous surmonterez sûrement ce défaut ; si vous souhaitiez un minimum de narration pour vous ambiancer dans votre surplis de métal, par contre, le voyage risque d’être difficile.

Daemon X Machina

Salades techs mechs

Techniquement, on sent que Marvelous a du composer avec les performances de la Switch pour obtenir une fluidité de jeu remarquable. L’action est parfois très chargée sans que la Switch ne cille, mais cela a sûrement été permis au détriment de la qualité graphique globale. Les couleurs sont assez pauvres, avec un contraste très élevé, ce qui pourrait passer pour une direction artistique acceptable si les décors faisaient preuve d’un peu plus de folie. Les déserts sont on ne peut plus désertiques, les villes en ruines sont… vertes, on croise souvent les mêmes type de bâtiments, et les cartes d’un même style de biome se ressemblent beaucoup. Si le style légèrement « cel-shadé » n’est pas pour nous déplaire et que la saturation des couleurs possède parfois un charme indéniable avec certains décors, la patte visuelle manque globalement d’ambition.

Et cet ennui visuel qui nous anime rapidement n’est pas aidé par l’interface étouffante qui occupe la majeure partie de l’écran et nuit à la lisibilité de l’action. Souci également constaté hors-combat, l’interface n’étant pas un modèle d’ergonomie. Rajouté à cela, les missions se suivent et se ressemblent, avec des buts peu variés à base de protection ou de destruction d’objectifs. Seuls quelques missions comme celles s’effectuant à pied ou les combats de boss viennent briser quelque peu la monotonie en proposant de nouvelles choses. Bien que dans le cas des boss, la principale difficulté vienne essentiellement de leur statut de gros sacs à PV, ceux-ci n’étant pas particulièrement riches en patterns ni en finesse.

En combat, le manque de sensation est flagrant, et mis à part quelques vibrations de ci de là, on a du mal à ressentir le mécha sous nos doigts. La rapidité des combats est à la fois appréciable en terme d’action mais provoque souvent une illisibilité de celle-ci que l’interface n’aide déjà pas à suivre. Même constat avec les armes, on utiliserait l’un des sabres lasers géants proposés par le jeu ou un simple coupe-papier qu’on ressentirait les mêmes sensations. Les armes à feu, quant à elle, ne sont pas en reste avec des effets sonores assez moyens qui nuisent au plaisir de jeu. Quand on manie des pétoires de deux mètres de haut et de quatre mètres de long, on est en droit de ressentir des bruits de détonations plus musclés que ce que proposent les gunfights de Daemon X Machina.

Malgré tout, Daemon X Machina est un jeu que l’on voudrait aimer malgré ses défauts. Celui-ci n’est pas dénué de charisme, ce qui nous donne parfois envie de lui prêter attention pour une mission de plus (à moins que cela ne soit causé par l’effet de manque en l’absence d’autres jeux de mécha à se mettre sous la dent), mais les défauts énumérés dans ce test ne sauraient être ignorés. Si la licence réussit à se tailler un chemin vers une suite, peut-être pouvons-nous espérer mieux.

Si Daemon X Machina possède des qualités certaines, celui-ci n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Son scénario flou et ses personnages agaçants vont repousser plus d’un joueur initialement intéressés par l’idée de s’immerger narrativement, et son style de combat plus orienté arcade que simulation créera un schisme là aussi. Si le jeu n’est pas extrêmement mauvais, il n’est pas non plus le Graal tant attendu, et seuls celles et ceux capables de lui pardonner tous les défauts sus-cités pourront trouver du plaisir dans Daemon X Machina.

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Points forts

  • La personnalisation du personnage
  • La personnalisation du mecha
  • Un des rares jeux de mécha à se mettre sous la dent, surtout sur Switch
  • Le design des méchas, pas exceptionnel mais stylé quand même

Points faibles

  • Des sensations de pilotage quasi-inexistantes
  • Les gunfights manquent de patate
  • Une interface franchement mal fichue, que ce soit en combat ou hors-combat
  • A part de rares exceptions, les missions sont globalement trop similaires
  • Un style visuel bancal : tantôt joli, tantôt fade
  • L'OST peu inspirée, voire agaçante dans certains menus
  • Des PNJ souvent agaçants
6

Fair

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires.

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