TEST – Dragon’s Dogma 2, le dogme de la liberté

Il suffit de savoir placer ses pions

Dragon's Dogma 2

Développeur : Capcom
Éditeur : Capcom
Genre : RPG
Supports : PS5, Xbox Series, PC
Support de test : PS5 (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 21 mars 2024

 

Douze ans après la sortie du premier opus, Dragon’s Dogma 2 marque le retour sur le devant de la scène de l’Insurgé et ses pions. On oubliera aisément la moyenne série Netflix passée entre temps (lire notre critique). Est-ce que la longue période prise par Capcom pour sortir cette suite aura été bénéfique pour nous proposer, à nous autres joueurs, une expérience de qualité ? Voyons les éléments de réponses.

Le bal du Dragon

Malgré son nom, Dragon’s Dogma n’est pas une suite directe du premier volet. Nous incarnons l’Insurgé, certes, mais dans un monde parallèle de celui que nous avion connu autrefois. Et l’aventure débute de manière assez classique pour un RPG : en prison et avec une perte de mémoire. Classique on vous dit. Bien sûr, le héros ne restera pas bien longtemps sous écrous. Après lui avoir donné un visage avec l’extrêmement complet éditeur de personnage, il réussira à s’évader. Il va alors pouvoir réaliser son destin, celui de terrasser le Dragon qui terrorise toutes les contrées alentours. Le dragon même qui lui a volé son coeur lors d’une précédente rencontre et faisant ainsi de lui l’Insurgé. Malheureusement, l’affaire n’est pas simple puisque des hordes d’ennemis se dresseront devant nous de même que tout un tas d’intrigues politiques qu’il faudra savamment déjouer.

C’est le début d’une aventure au scénario intéressant mais dont la mise en scène de la narration manque de tonus. Les cinématiques manque d’entrain et le doublage n’aide pas beaucoup. En tout cas, l’histoire nous amènera à la découverte d’un monde ouvert conséquent et qui récompensera les plus explorateurs d’entre nous. En effet, Dragon’s Dogma 2, à l’instar de son ainé, ne nous prend jamais par la main pour nous guider. Dans l’exploration donc, puisque si l’on peut sagement parcourir de grandes distances en restant sur la route, on gagnera beaucoup à sortir des sentiers battus. C’est comme ça que l’on pourra découvrir des trésors et faire des rencontres amicales ou non. Mais le jeu n’est pas dirigiste non plus dans les quêtes, des quêtes pourtant somme toutes assez classiques dans leurs mécaniques (chercher un objet, battre des monstres,…). Si régulièrement un point à suivre sur la mini-map nous guide vers l’objectif, il n’est pas rare que seulement quelques indices dans les dialogues nous indiquent vraiment quoi faire.

Puisque ce parti pris favorise l’écoute et la réflexion, on ne s’en plaindra pas… Sauf que parfois, les indications données sont pour le moins obscures. On peut vite être complètement perdu sur les suites à donner à notre quête. Heureusement, il existe les pions. Pour ceux qui n’auraient pas joué au premier opus, sachez que les pions sont ces êtres dont le seul et unique but et d’accompagner et protéger l’Insurgé dans l’accomplissement de son destin. Ce dernier est théoriquement le seul à pouvoir les contrôler et leur donner des ordres. Ça tombe bien.

Plus qu’un simple pion dans Dragon’s Dogma 2

Quelques minutes après le début de notre partie, il nous est demandé de créer notre pion principal. Celui qui nous accompagnera de bout en bout de l’aventure. Avec le même éditeur de personnage que celui utilisé pour notre Insurgé, on personnalise notre protecteur dévoué. On peut par la suite recruter deux pions secondaires pour compléter son équipe. Ces derniers appartiennent en réalité à d’autres joueurs. Bien sûr ce sont des versions hors ligne de leurs pions, on ne leur vole pas. Toujours est-il que lorsque l’on les intègre à notre équipe ils viennent avec les connaissances acquises lors de la partie de leur propriétaire.

Ils connaitront les points d’intérêt comme les trésors mais aussi les lieux auxquels se rendre pour poursuivre une quête. Ce système est très bien pensé. Ce qui est également intéressant, c’est que notre pion principal peut aussi être recruté par d’autres joueurs. Dans leurs parties, il apprendra également des choses qu’il pourra vous signaler à son retour. L’échange d’informations marche dans les deux sens. C’est comme ça que Dragon’s Dogma 2 se mue en jeu communautaire sans pour autant être multijoueur.

Bien entendu, nos pions ne servent pas que de guide, ils sont aussi là pour combattre à nos côtés. Comme son ainé, Dragon’s Dogma 2 repose tout d’abord sur un système de classe. D’emblée, quatre classes sont accessibles : guerrier, voleur, archer ou mage. En progressant dans le jeu, on pourra en changer à tout moment. Surtout, on pourra faire évoluer ces classes ou même les mixer pour en débloquer de nouvelles. Le système est évolutif et permet de réellement personnaliser son expérience de jeu en fonction de nos préférences de joueurs. Des plus bourrins aux plus stratèges. Bien sûr, cela demande de bien réfléchir à son build pour dépenser les poins de compétences au bon endroit pour notre Insurgé… mais aussi pour notre pion. Les deux fonctionnant sur le même système de classe.

Sur la route toute la sainte journée

Une fois parés pour l’aventure, on peut se lancer dans les combats. Les routes du monde de Dragon’s Dogma 2 sont pour le moins infestés d’ennemis en tous genre. Dans l’absolu, les combats sont assez stratégiques. Les ennemis ont leur forces et leurs faiblesses avec lesquelles il faudra composer ce qui demander bien entendu de sortir avec une équipe de pions complémentaires pour faire face à toutes les situations. On regrettera cependant que seulement quatre compétences de classe sont mobilisables. On se retrouve ainsi rapidement à spammer les mêmes attaques pendant plusieurs minutes lors des combats ardus. D’autant que les IA sont redoutables et que le jeu ne laisse pas la place à une attitude dilettante. Surtout contre les gros monstres qui possèdent une force impressionnante. Heureusement l’IA de nos pions est dans l’ensemble bien fichue également.

Ils vont en effet avoir tendance à réagir assez rapidement aux événements et à s’adapter en conséquence. Par exemple, si l’on encaisse un gros dégâts et qu’un soigneur est dans notre groupe, il lancera un soin très rapidement. Si l’on est ciblé par un ennemi, un pion au profil corps à corps viendra nous couvrir. Ou bien encore, si un pion est mis à terre, un autre pion pourra rapporter son corps près de nous pour que nous puissions le ranimer, puisque seul l’insurgé à cette faculté. Les IA des ennemis et de nos pions rendent les combats très dynamiques… mais parfois un peu brouillons. Les indications à l’écran s’entremêlent régulièrement avec tous les effets notamment magiques et on finit parfois par perdre les petits ennemis de vue.

Toutefois les effets sont détaillés comme l’ensemble de la direction artistique.  Les environnements de Dragon’s Dogma 2 sont très beaux et assez variés. Les villes et villages, sans non plus que cela soit extrêmement foisonnant, semblent quand même fourmiller de vie. C’est d’ailleurs toujours surprenant de découvrir au milieu des autres PNJ un donneur de quête qui surgit de nul part. Puisque l’on aborde les environnements, parlons bien sûr des graphismes. Sans être époustouflants, le résultat proposé par Capcom est tout de même très satisfaisant. La partie technique du jeu est d’ailleurs très convaincante. Très peu de bugs sont à déplorer et seuls quelques chutes de framerates intempestives viennent noircir un peu le tableau.

Le véritable point noir, et qui a perturbé à juste titre bons nombres de joueurs, ce sont les sauvegardes. Un seul emplacement de sauvegarde avec une sauvegarde auto pas toujours lancée à des moments opportuns. Lors d’un game over, on peut soit charger la dernière partie, soit « le dernier point de sauvegarde » qui est en réalité la dernière fois que l’on a sauvegardé dans un lieu sûr de type auberge. Si la dernière fois était il y a des heures, et que l’on choisit l’option par inadvertance ou pour voir ce que c’est, paf ! On perd tout le temps joué depuis puisque la sauvegarde automatique viendra faire son œuvre immédiatement. C’est un peu n’importe quoi même si je comprends le principe. Si une excursion tourne au vinaigre et que la sauvegarde automatique nous a placé dans une situation inextricable où l’on repart à chaque fois avec très peu de vie face à des hordes d’ennemis… le jeu pense que c’est mieux de retourner au dernier point sûr… Oui sauf s’il y a 2 heures de jeu au milieu en fait.

Finissons quand même avec un petit mot sur la polémique des microstransactions. Il faut préciser qu’en jouant normalement à Dragon’s Dogma 2, il n’y a pas d’obligation à passer à la caisse. Alors oui, les pierres de téléportation ne sont pas légion dans le jeu, et c’est assez frustrant parfois parce que taille conséquente de la map fait que les trajets sont souvent longs. Même si des modes de voyages rapides (les chars à bœufs par exemple) existent, ils ne couvrent pas toutes les zones. Alors les pierres de TP ne sont pas du luxe mais leur utilisation avec parcimonie fait partie de l’expérience. Seuls ceux qui veulent plus de confort devront passer à la caisse. Sans jeter la pierre à Capcom, la question se situe plutôt à un niveau plus général de l’industrie de JV qui a laissé entrer ce modèle économique. C’est un autre débat dont Dragon’s Dogma 2 ne peut être le souffre douleur.

En résumé, Dragon’s Dogma 2 donnera satisfaction aux joueurs qui attendaient une suite douze ans après. Ainsi qu’aux néophytes amateurs de RPG cryptiques, vastes et faisant la part belle à l’exploration. Le système de combat et de classes, similaire à celui du premier volet, fait le job. Le principe des pions est bien pensé et la partie technique fait peu de fausses notes. Vous vous en doutez mais la durée de vie est bien entendu conséquente surtout si l’on se donne pour ambition de tout découvrir. Sa principale faiblesse est aussi sa force, en ne voulant pas être dirigiste, il rebutera ceux qui n’aiment pas toujours chercher par eux-mêmes. Les autres peuvent foncer sur le titre, il passeront un très bon moment.

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Points forts

  • Un monde ouvert vaste
  • La part belle à la liberté et à l'exploration
  • Le système des pions communautaires
  • Une excellent durée de vie
  • Une DA soignée

Points faibles

  • Le système de sauvegarde
  • Des chutes de framerate
  • Une narration sans peps
8.5

Great

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