TEST – Légendes Pokémon Arceus : un épisode plein d’audace

LEGENDES pokémon arceus test

Après 26 ans d’existence et une série de jeux dont le succès commercial n’est plus à prouver, la licence Pokémon a cependant été plus d’une fois la cible de critiques concernant le manque de renouvellement des opus principaux. Construction narrative similaire, schéma de progression qui ne bouge pas, concept global qui n’innove que par petites touches à chaque épisode… autant de critiques qui se sont accumulées avec une certaine question qui s’est élevée au fil des années : que donnerait un jeu Pokémon plus libre, moins enfermé dans ce traditionnel carcan rigide et rassurant qu’on lui connait ? La réponse vient, du moins en partie, avec un spin-off qu’on aimerait voir comme une expérimentation pour les épisodes principaux à venir : Légendes Pokémon Arceus.

• Genre : aventure, exploration, capture et combats de créatures
• Développeurs / éditeur : Game Freak / The Pokémon Company
• Disponible (et testé) sur : Nintendo Switch
• Version du jeu utilisée : version day-one (dématérialisée)
• Angle du test : point de vue d’un habitué de la licence

Sinnoh-psis

Vous vous réveillez dans un kaléidoscope lumineux sans trop savoir ce qui se passe. Assez rapidement, une voix mystérieuse habitant une forme que vous connaissez bien s’adresse à vous et vous met en possession d’un Smarceus, une version améliorée de votre smartphone personnel. Votre mission, si vous l’acceptez… n’est pas très claire, et vous atterrissez aussitôt sur une plage abandonnée où vous accueille le visage affable (et chaudement vêtu) d’un bien étrange personnage accompagné de ses trois Pokémon…

Vous l’aurez compris, Légendes Pokémon Arceus ne se perd pas dans une longue intro et vous place rapidement dans la peau de votre personnage (personnalisable, là encore). Puis, le traditionnel choix du starter se fait assez rapidement alors que le bon professeur Lavande et son bonnet à la couleur éponyme vous plonge dans le vif du sujet : bienvenue sur le continent d’Hisui, terres étrangement semblables à d’autres que vous connaissez sûrement déjà, et où cohabitent plus ou moins facilement trois factions : le groupe Galaxie, et les deux clans du coin nommés Diamant et Perle. S’en suit un long tutorial pour vous mettre dans le bain des nombreuses nouveautés de cet opus.

Globalement, l’histoire de Légendes Pokémon Arceus demeure simple mais intéressante du début à la fin, et celle-ci évite tous les poncifs croisés dans les principaux jeux de la licence. Le récit est certes classique et sans réelle surprise, mais celui-ci suffit néanmoins à habiller un jeu qui se concentre avant tout sur la liberté du joueur d’explorer les zones d’Hisui avec le moins de barrières possible. Passé la légère lourdeur du tuto en début de partie, on remarque d’ailleurs que le jeu cesse de nous interrompre et de nous prendre par la main à tout bout de champ, ce qui était un des défauts des jeux précédents. Du côté de la durée de vie, tout dépendra comme d’habitude de votre volonté de compléter le Pokédex : comptez entre une vingtaine et une centaine d’heures en fonction de votre investissement.

Un jeu qu’Hisui pas, visuellement parlant

Comme vous avez déjà pu le lire chez nos confrères et consœurs, Légendes Pokémon Arceus ne brille effectivement pas par la qualité de ses graphismes. Et même s’il est nécessaire de prendre en compte les limitations techniques de la Switch pour en juger, force est de constater que le résultat est en-dessous de ce qui peut se faire actuellement sur la machine de Nintendo : textures parfois très floues et trop répétitives, reliefs du terrain taillé à la serpe, gestion des lumières hasardeuse… Légendes Pokémon Arceus, personnellement, nous donne cette même impression qu’exhalent des jeux qui n’ont pas bénéficié d’un temps de développement suffisant.

Pourtant, cet aspect d’un jeu n’est pas forcément une fatalité, et avec une bonne direction artistique, ne sont pas si rares les jeux aux environnements ouverts qui ont su compenser une technique bancale ou limitée par leurs supports. On pense notamment à The Legend of Zelda Breath of the Wild ou Xenoblade Chronicles Definitive Edition qui ont su compenser avec des effets spéciaux bien calibrés et un excellent travail de level design. Hélas, Légendes Pokémon Arceus pèche également de ce côté-là, et mis à part quelques endroits bien précis, les panoramas du jeu peinent à impressionner, et les décors sont très souvent génériques et sans surprise.

Notons malgré tout que le ciel est d’une grande beauté, le style estampe voulu pour l’ensemble du jeu faisant enfin mouche avec cette magnifique voûte céleste parsemée de jolis nuages finement taillés. Précisons également qu’une zone située en région côtière corrige un peu le tir avec des couleurs plus chatoyantes et plus de diversité de terrain, bien que les problèmes de textures et d’éclairage sus-cités demeurent. Idem avec une zone montagneuse enneigée, qui évite certains écueils grâce à la nature de ses décors. Nous avons également remarqué que jouer en mode portable permettait d’atténuer certains défauts visuel, le mode docké étant logiquement plus punitif à cause d’un écran plus grand, ce qui se constate notamment au niveau de l’aliasing et de la qualité des textures. Enfin, précisons que le chara design est quant à lui plutôt réussi, avec des personnages au faciès expressif et dont certains nous paraissent sympathiques dès le premier regard.

Bivouakwakwak

Fort heureusement, Légendes Pokémon Arceus ne saurait se limiter à ce qu’il nous propose visuellement. Le gameplay du jeu, quant à lui, est bien plus excitant dès les premières heures de jeu. Fort d’un parti pris assez radical dans sa façon d’aborder l’univers Pokémon, le dernier jeu de Game Freak réussit à nous faire adhérer à ces changements en un rien de temps. Un parti pris que l’on pourrait même qualifier d’audacieux, alors que l’on parcourt discrètement les herbes hautes pour mieux surprendre les Pokémon sauvages, prenant totalement à contre-pied une longue tradition où l’inverse était la norme. On apprécie alors ce sentiment de réelle cohabitation avec les Pokémon à la « Man vs Wild », dans des lieux où l’humain n’est pas (encore) en terrain conquis.

Si on regrette que Game Freak n’ait pas poussé un peu plus loin le concept (on aurait apprécié monter sa tente en pleine nature et faire la popote avec son équipe comme dans épée/bouclier, par exemple, ou prendre des photos pour compléter le Pokédex), on ne peut qu’apprécier ce dépaysement massif qui tranche avec le concept devenu trop convenu des épisodes de la série principale. On peut ainsi se ravitailler dans des bivouacs, s’infiltrer dans les hautes herbes, lancer des écrans de fumée pour avancer discrètement, prendre les Pokémon à revers pour augmenter les chances de réussite de la capture, récolter des ressources pour construire ses propres Pokéballs, préparer des appâts pour distraire ses cibles pendant qu’on les contourne, etc.

On remarque d’ailleurs, et avec un plaisir non-dissimulé, que les combats n’entraînent plus de transition vers un écran dédié. Engager un duel avec un Pokémon sauvage vous fait rester sur place, et vous pouvez même bouger votre personnage lors de l’affrontement (et prendre des coups si vous êtes trop près). Une fois le combat terminé, l’interface habituelle revient – toujours sans écran de transition – et vous pouvez reprendre votre chemin. Le gain de fluidité est manifeste et rend les combats moins fastidieux. Même remarque avec les montures qui s’enchaînent toutes seules en fonction du terrain. Si vous courrez en direction de la mer, le jeu passera automatiquement de la monture terrestre à la monture aquatique en un clin d’œil, et il en va de même avec les autres types de terrains.

Autre point intéressant : la gestion du Pokédex. Celui-ci, en effet, ne se contente plus de vous demander une capture pour valider l’enregistrement d’un Pokémon. Hisui étant un continent reculé et technologiquement moins avancé que tout ce que vous avez connu auparavant, votre Pokédex est avant tout un livre et donc un objet assez rudimentaire qui nécessite que vous fassiez le travail à la place de la technologie habituelle. Chaque page dédiée à un Pokémon possède donc une liste de missions à effectuer, qui varient d’une espèce à une autre. Toutes les missions ne sont pas nécessaires à la complétion de la page, mais un certain nombre devra néanmoins être effectué afin de valider celle-ci. A vous de choisir les missions qui vous intéressent le plus, comme capturer un certain nombre de représentants de l’espèce, leur donner à manger X fois, leur faire utiliser une attaque précise, ou encore les vaincre en combat avec ou sans l’usage d’un élément particulier. Les possibilités sont vastes et bénéficient grandement à l’exploration.

L’arène du monarque

Et Légendes Pokémon Arceus ne s’arrête pas en si bon chemin : le jeu en profite également pour refondre certaines vieilles habitudes des précédents jeux de la série principale. Les Pokémon n’évoluent plus automatiquement, par exemple, et c’est à vous d’aller dans le menu de l’équipe pour voir si un Pokémon est prêt à évoluer et si vous désirez le laisser faire. Idem avec les capacités dont la gestion devient bien plus pratique et agréable : chaque Pokémon garde désormais avec lui l’historique des techniques apprises, et c’est à vous de décider quelles sont les quatre que vous souhaitez conserver pour le combat. Un simple passage dans le menu de l’équipe vous permet ainsi de switcher entre les techniques, avec des PP limités au moment du changement pour éviter les abus. Il est également possible de rendre visite au dojo du village du groupe Galaxie afin d’apprendre plus de techniques à vos Pokémon. Malgré tout, on déplore un peu la disparition des capsules techniques dont la présence dans la nature aurait pu rajouter de l’intérêt à la fouille du moindre recoin.

On note toutefois quelques petits défauts en terme de qualité de vie, à l’image de la gestion des boîtes (illustrées par un ranch qui trie vos Pokémon par pâturages) qui se contente de proposer les mêmes options qu’auparavant, sans corriger certains manquements déjà notables. Impossible, par exemple, de faire du tri dans une boîte ou l’ensemble des boîtes. Quand vous commencez à accumuler plusieurs exemplaires d’un même Pokémon et que ceux-ci sont dispersés à travers toutes les boîtes, par exemple, cela rend la gestion de l’ensemble très laborieuse. Au niveau de l’interface utilisateur, on déplore également un trop grand recours aux choix organisés par listes au sein de certaines interfaces, ce qui rend les sélections là encore laborieuses – surtout quand les choix deviennent nombreux, à l’image de la boutique des tenues qui ne signale d’ailleurs pas les nouveautés, ou encore de la boutique photo qui ne propose aucun aperçu des arrière-plan proposés et aurait pu bénéficier d’un inventaire en grille. Ce qui est étonnant, d’ailleurs, compte tenu du fait que les inventaires des boutiques d’objets sont présentés ainsi. Des soucis de finitions qui ne sont certes pas cruciaux mais qui rendent parfois les expériences citées assez frustrantes.

Votre personnage, par ailleurs, n’a plus de badges à glaner auprès de champions d’arène, mais un niveau de progression lié au Pokédex qui vous permet de débloquer des tenues, des recettes d’objets, ou plus de choix en magasin. On note également la présence de tampons prouvant votre victoire contre l’une des nouveautés du jeu : les Pokémon Monarques. Sans spoiler, nous dirons simplement que certains Pokémon sont habités par une puissance aussi étrange qu’extraordinaire, et que pour les apaiser il vous faudra les combattre vous-mêmes avant d’engager des phases de combat avec vos Pokémon. Non, vous ne rêvez pas : vous avez ici la possibilité de vous battre physiquement lors de véritables combats de boss durant lesquels vous devrez esquiver les attaques avec votre protagoniste pour éviter de finir KO, pendant que vous leur balancez de quoi les affaiblir pour enfin engager un combat de Pokémon plus traditionnel. A vrai dire, ces phases sont toutes aussi étonnantes que très réussies, et celles-ci en rajoutent au dépaysement apporté par les grands changements de gameplay qu’opère Légendes Pokémon Arceus.

Si le premier contact avec Légendes Pokémon Arceus peut rebuter à cause d’une technique datée et d’un aspect visuel peu engageant, il serait injuste de ne pas prendre en compte toutes les autres qualités du jeu. Car celui-ci fait l’effort manifeste de proposer une toute autre formule qui répond à un besoin de changement, tout en améliorant certains éléments de gameplay bien connus qui deviennent ici plus pratiques à l’usage. Malgré des premières heures qui peuvent être difficiles si l’aspect artistique d’un jeu vous importe, on se surprend à mettre régulièrement ce détail de côté pour enchaîner les dizaines d’heures de jeu sans s’en rendre compte. Pour terminer, on espère que Légendes Pokémon Arceus ne sera pas qu’un simple spin-off comme Pokémon Colosseum ou Pokémon XD en leur temps, et qu’il fera office de base pour les prochains jeux à venir. Si certains éléments sont encore à améliorer, on aimerait vraiment ressentir à nouveau ce sentiment de liberté qui correspond finalement si bien à la licence.

 

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Évaluation de l'article

Points forts

  • Une aventure dépaysante
  • La gestion des capacités et des évolutions
  • Vraiment plaisant à jouer
  • L'absence de transition entre l'exploration et les combats
  • Captures et combats placés sur le même plan d'importance

Points faibles

  • Visuellement, c'est pas terrible...
  • Léger manque de fonctionnalités liées à l'exploration
  • Système de tri des boîtes toujours aussi sommaire
  • Raccourcis parfois peu intuitifs
7.5

Good

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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