TEST – Murder By Numbers (Version Nintendo Switch)

Une enquête et des puzzles, ce n’est pas Lieutenant Columbo version 2020 mais Murder By Numbers. Un indispensable de la Switch ou un simple passe-temps pas adapté à tout le monde ?

Développeur : Mediatonic
Éditeur : The Irregular Corporation
Genre : Casse-tête et Enquête
Prix : 11,24 €
Version pour le test : Nintendo Switch
Date de sortie : 5 mars 2020

Mediatonic (Gears Pop, Hatoful Boyfriend) revient en 2020 avec Murder By Numbers, un titre qui fait déjà parler de lui. Le concept est plutôt unique puisqu’il souhaite mélanger les genres.Un visual novel, avec de l’enquête, du casse-tête, le tout sur un ton humoristique, nous emmène aux quatre coins d’une ville secouée par une affaire de meurtres. Attention, le titre n’est aucunement localisé en français et vous passerez donc votre temps à lire les textes qui s’enchaîneront les uns après les autres. Si vous faites partie de ceux qui rayent des jeux proposés seulement en anglais ou en japonais, ne vous dirigez donc pas vers le titre de Mediatonic. Néanmoins, il a des arguments à faire valoir même s’il ne sera pas apprécié par tous.

De la fiction à la réalité, il n’y a qu’un meurtre

Murder By Numbers ne plaira pas à tous, c’est évident. La première raison renvoie directement aux choix effectués sur la narration et sa direction artistique. C’est un visual novel, il ne sera pas question de cinématique ni d’exploration. Nous faisons face à des décors figés dans lesquels les personnages prendront place et discuteront par le biais de textes à lire. C’est donc de cette façon que l’histoire nous est racontée et elle nous emmène dans des enquêtes et meurtres en plusieurs étapes.

On suit les traces de la comédienne Honor Mizhari jouant le second rôle d’une émission de télévision mettant en scène des détectives. Sa vie bascule le jour où elle se retrouve accusée d’un meurtre qu’elle n’a pas commis. Par chance, elle tombe sur SCOUT, un allié de choix qui l’aidera à prouver son innocence. Mieux encore, avec ses compétences, vous serez en mesure de prendre les rênes de l’enquête et résoudre cette affaire de meurtres. Néanmoins, le scénario se montre dirigiste et vous suivez plus une enquête que vous ne la menez en tant que joueur.

Alors que Honor était simplement comédienne et interprétait une petite Sherlock, elle se voit propulsée directement dans le rôle d’une véritable détective. Cela reste plutôt inattendu voire improbable mais le côté kitsch fonctionne à merveille, notamment grâce au duo de choc qu’elle forme avec son robot SCOUT. Leurs répliques sont accompagnées d’une dose d’humour bienvenue et on apprécie ce robot qui débarque dans un monde dont il ne connaît pas les codes. Il en résulte des conversations sans filtre, maladroites et drôles à plusieurs reprises. Le ton est décalé et l’intrigue reste mystérieuse tout le long du jeu. Il est simplement regrettable que les choix de dialogue n’aient aucune conséquence et ne débouchent que sur un seul cheminement dans l’histoire.

Les mécaniques d’enquête reposent ainsi sur des choix de discussions, des éléments à collecter afin de faire parler les témoins mais comment les récolter ? Par une mécanique de picross proposés tout le long de l’investigation.

L’équation mathématique

De la réflexion, de la logique, de l’anticipation et de la déduction visuelle, c’est ce que demande globalement Murder By Numbers. Vous connaissez probablement le système de nonogram, vous l’avez vu sur Mario’s Picross, Pokémon Picross, Picross DS et on en retrouve même en application mobile. Le studio se donne pour mission donc de se faire une place dans le paysage vidéoludique avec des mécaniques souvent monopolisées par Nintendo.

Le principe est simple, vous avez une grille de cases en ligne et en colonnes, 5 par 5, 10 par 10, 20 par 20 mais aussi 15 par 10, 20 par 15 etc. selon la difficulté. En noircissant certaines cases, vous démarrez un croquis. Pour connaître lesquelles noircir, il faut être attentif aux indices laissées au bord de la grille. Dans le titre de Mediatonic, ce seront des chiffres. Et en recouvrant toutes les cases blanches correctement, vous obtenez un dessin qui désigne un élément particulier, une preuve, un objet ou un indice dans Murder By Numbers. Vous y verrez peut-être plus clair en images dans notre galerie ci-dessous.

Vous passez donc plus de temps à réfléchir sur ces nonogram que sur l’identité du tueur. Il arrive de ressentir une certaine lassitude d’enchaîner ces petits jeux pour identifier des objets du décor qui paraissent parfois insignifiants mais qui pourtant font avancer l’enquête. Nous aurions apprécié une plus grande diversité dans les mécaniques, quelque chose qui change et qui nous sort de l’habituel résolution du picross. Or, Murder By Numbers en échappe trop peu de fois. Nous aurions apprécié bénéficier davantage de ces petites sessions chronométrées durant lesquelles il faut reconstituer les puzzles dans le temps imparti.

Un problème de rythme

L’ambiance est plutôt réussi comme je le disais plus haut. Un ton décalé, une enquête bancale au fond mais qui préserve nos interrogations et un mystère sur ce qui se trame vraiment, ajoutant petit à petit des éléments troubles sur chaque acteur du scénario. Des personnages hauts en couleurs, qui sont un minimum creusés, mais tellement clichés que l’on se doute que c’est volontaire. Parmi tous ces clichés, on doit retrouver des possibles suspects et cela s’avère difficile. On jette notre dévolu sur chacun d’entre eux puis on change d’avis etc. En cela, le jeu d’enquête est réussi. Mais on ne sait pas vraiment où il nous mène contrairement aux Ace Attorney avec qui il partage des similitudes dans son animation.

L’enchaînement des grilles fait qu’il est difficile de plonger vraiment dans cette enquête. L’univers est cohérent mais ce monde fabriqué et cliché, à l’instar du monde de la TV, fait que l’on peut ne pas accrocher totalement au titre de Mediatonic. J’adore les picross en général, j’ai aimé le ton humoristique et les deux personnages principaux que sont Honor et SCOUT mais à vrai dire, le rythme m’a fait décrocher petit à petit. On analyse l’environnement trois secondes, on se lance dans un nonogram, on entretient une discussion souvent sans intérêt avec les protagonistes de seconde zone, on s’interroge et on continue de creuser via SCOUT et Honor notre petite enquête. En quatre actes et bien plus de grilles, c’est plié. Entre temps, on aura avalé des milliers de caractères non-traduits et surtout pas hyper passionnants non plus. Heureusement que certaines phrases font mouche et nous décroche quelques sourires, merci petit robot.

Mais le résultat final n’est pas si captivant. Cela manque de rebondissement au cours de l’enquête, de véritables choix et implications personnelles du joueur dans l’investigation. Les deux personnages principaux font tout le boulot de l’enquête, ils ont juste besoin de notre cerveau pour résoudre ces bonnes grilles. Malheureusement, la récolte des indices par ce biais ne m’a jamais donné l’impression de participer réellement à la trame. Malgré une bande-son de qualité et des débuts prometteurs, il m’arrivait de décrocher puis de revenir pour décrocher à nouveau…

Murder By Numbers n’est pas sans qualité. Une écriture au poil ponctuée de quelques notes d’humour, un duo d’enquêteurs complémentaire, une direction artistique cohérente et des dessins réussis, ce qui est indispensable pour un visuel novel. Le titre de Mediatonic reprend aussi avec brio les mécaniques du picross. Néanmoins, il n’est pas exempt de tout défaut, avec une localisation française aux abonnés absents, des picross pas toujours inspirés, une aventure dirigiste et des choix de dialogue pas si importants pour un jeu d’enquête. On passe un bon moment mais sans fulgurance ni dans le rythme ni dans le scénario.

Points forts

  • Le duo d'enquêteurs fonctionne bien
  • Des répliques inspirées et drôles
  • L'univers cohérent et décalée
  • Les mécaniques de Picross globalement réussies
  • Le prix plus que raisonnable

Points faibles

  • Réservé aux anglophones
  • Des choix de dialogues pas pertinents
  • Un problème de rythme
6.5

Fair

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