TEST – Mutant Year Zero: Road to Eden

Mutant year zero road to eden testTiré d’un jeu de rôle sur table suédois sorti en 1984, Mutant Year Zero: Road to Eden narre les aventures des derniers survivants de l’Humanité après qu’une catastrophe d’ordre mondial a précipité l’Homme vers sa perte. Dans l’adaptation de 2018 par The Bearded Ladies/Funcom, MYZ:RTE met en scène un duo de mutants : Bormin l’humanoïde-sanglier et Dux l’humanoïde-canard, qui sont rejoins par la suite par d’autres personnages au caractère bien trempé. S’il est difficile de vendre les mérites d’un jeu avec un tel synopsis, sachez que vous auriez tort de vous en détourner sans chercher à en apprendre un peu plus à son sujet… Plus de détails ci-dessous.

• Genre : Tactical RPG (avec phases tour-par-tour et temps réel)
• Développeur / éditeur : The Bearded Ladies / Funcom
• Disponible sur : PC, Playstation 4, Xbox One
• Support de test : PC (i5 2500K – GTX 1060 6G – 8Go RAM – Windows 10)
• Version du jeu utilisée : version commerciale (Steam)

Les Mutants du Bois de Quat’Sous

Dans Mutant Year Zero: Road to Eden le joueur incarne des mutants, des humanoïdes modifiés, retrouvés dans les ruines de l’ancien monde sans aucun souvenir de ce qui leur est arrivé. Plusieurs années après avoir été recueillis par l’Arche, ce sanctuaire qui résiste tant que faire se peut face au lent délitement des restes de la civilisation humaine, l’heure est grave : l’Arche a désespérément besoin de ressources, et c’est aux traqueurs de braver les danger de l’extérieur afin d’aider l’Arche à survivre. Seul problème : le meilleur ingénieur de l’Arche a disparu, et il faudra s’éloigner encore plus loin dans les terres afin de le retrouver… Au risque de se faire de nouveaux ennemis.

Dans Mutant Year Zero: Road to Eden, le premier élément qui nous a frappé lors de la toute première partie, c’est sa direction artistique. Malgré la succession des dizaines de mondes post-apocalyptiques précédemment adaptés par l’industrie du jeu vidéo, le jeu de The Bearded Ladies/Funcom réussit tout de même à imposer sa patte personnelle sans tomber dans le piège du déjà-vu ou de la copie grossière. On est ici face à un post-apo typé 90′, avec des protagonistes aux tronches franchement atypiques. Et ce n’est pas Dux l’homme-canard, Bormin l’homme-sanglier ou encore Farrow la femme-renarde qui vous donneront l’impression du contraire. Si de prime abord, toute cette ménagerie peut sembler un poil kitsch, force est de constater que la direction artistique réussit à faire tenir le tout ensemble. Les personnages précédemment cités, malgré le caractère loufoque de ce qui les constitue, se fondent étonnamment bien dans le décor, et on en vient à s’y attacher très rapidement, spécialement quand la VO vient ponctuer le tout avec quelques expressions verbales bien typiques (comme le « What the duck ? » de l’ami Dux).

Road to Eden, ou Highway to Hell ?

Concrètement, Mutant Year Zero: Road to Eden est un Tactical RPG contenant d’ailleurs un peu plus de tactical que de RPG. Le système de combat fait d’office penser à un XCOM ou à un Shadowrun, avec ses maps en damier et ses éléments de couverture à prendre en compte afin de réduire les dégâts ennemis. La gestion des personnages, bien que légère, a le mérite d’être claire et rapidement maîtrisable. Chaque protagoniste reçoit le l’XP lors d’une montée de niveau, ce qui lui confère des points de compétence à répartir dans deux types de catégories. La première d’entre elles permet au joueur de débloquer des compétences, quand l’autre vous propose des amélioration de caractéristiques (points de vie, distance de déplacement par tour, etc). Les joueurs ayant subi un choc allergique face aux fiches de personnages de Pathfinder: Kingmaker pourront souffler, celles de Mutant Year Zero: Road to Eden sont parfaitement lisibles et compréhensibles. Un peu trop, peut-être, pour qui aurait souhaité un peu plus de diversité dans les builds.

Rapidement, on se rend toutefois compte que Mutant Year Zero: Road to Eden n’est pas aussi similaire à XCOM que l’on voudrait le croire, contrairement à ce que son genre pourrait laisser penser. Ici, pas de gestion de base (l’Arche sert uniquement de zone de repos pour en apprendre plus sur le lore, acheter du matériel, échanger des artefacts, et améliorer votre matériel), le gameplay s’articule autour du duo exploration/combats tactiques. Mutant Year Zero: Road to Eden, en effet, vous permet d’explorer les zones du jeu en temps réel, les combats tactiques ne se déclenchant que lorsque l’ennemi vous repère. En tant que traqueurs, votre rôle est avant tout de mener l’enquête et de rassembler du matériel, et le jeu reste raccord avec ça. D’ailleurs, les habitués d’XCOM se casseront vite les dents sur le jeu en constatant l’extrême difficulté apparente de celui-ci. Et c’est sans doute cette incompréhension qui a valu à Mutant Year Zero: Road to Eden de se prendre quelques mauvais commentaires sur Steam… Pourtant, cette difficulté est aisément contournable en embrassant le concept du jeu et en abandonnant toute envie de se la jouer soldat d’élite.

Teenage Mutant Ninja Duck

Il faut s’en rendre compte assez rapidement pour ne pas se faire du mal : Mutant Year Zero: Road to Eden est un jeu qui privilégie la furtivité et punit sévèrement tout quidam fier d’avoir bouclé XCOM2 en mode Légende et qui penserait naïvement importer son skill dans le monde de Dux et Bormin. Le mode exploration, en effet, n’existe pas dans l’unique but de partir à la chasse aux champignons, celui-ci permet également de profiter d’une fonctionnalité diablement utile : l’embuscade. Cette fonctionnalité permet d’approcher au plus près d’un ennemi isolé afin de l’éliminer discrètement – à la condition de n’utiliser que des armes silencieuses. C’est en rôdant plusieurs fois autour de l’ennemi tel un prédateur que l’on repère ainsi les unités les plus exposées, permettant au joueur de réduire petit à petit le contingent adverse jusqu’à le réduire à peau de chagrin. Les boss deviennent ainsi bien plus gérables lorsqu’ils n’ont pas 5 hommes en renfort pour vous arroser de cocktails Molotov ou pour rameuter des alliés supplémentaires avec leurs cors d’alerte. C’est l’acceptation de ce mécanisme qui enclenche le véritable début du jeu.

Malheureusement, quasiment tous les affrontements de Mutant Year Zero: Road to Eden se résument à ça : « entrée dans un niveau > reconnaissance > éliminations furtives > combat ouvert contre les ennemis restants ». L’éventail d’approches tactiques est très mince, et le sentiment de redondance arrive vite – surtout quand le jeu ne propose pas grand-chose à côté pour varier les plaisirs. C’est dommage, car le reste du jeu est accrocheur. Malgré tout, notons que Mutant Year Zero: Road to Eden est un jeu indé dont le prix de base est fixé à 35€. Pour ce prix, le jeu propose tout de même un contenu décent, ainsi qu’un univers visuel des plus agréables à regarder. Pour passer le temps en attendant XCOM3, et pour peu que l’on ne soit pas trop regardant sur les quelques défauts cités précédemment, l’ensemble tient la route.

Malgré un gameplay peu varié, Mutant Year Zero: Road to Eden est un bon Tactical-RPG à prix abordable et dont la direction artistique a le mérite d’innover. Si les fans d’XCOM resteront sur leur faim à cause de l’absence de mécanique de gestion et d’une variété tactique assez limitée se résumant souvent à user de la même stratégie, celles et ceux préférant un jeu plus court et moins complexe pourront y trouver leur intérêt. Mutant Year Zero: Road to Eden possède un univers à fort potentiel, et nous sommes impatients de voir ce que pourrait en faire l’équipe de The Bearded Ladies si une suite venait à voir le jour.

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Évaluation de l'article

Points forts

  • L'univers post-apo qui réussit à se distinguer de la concurrence
  • L'alternance entre phases tactiques au tour par tour et phases d'exploration en tempsp réel
  • Certains protagonistes sont charismatiques et attachants

Points faibles

  • Les combats se suivent et se ressemblent
  • Pas de gestion de base, alors que l'Arche aurait pu s'y prêter
  • Pas de diversité dans les approches tactiques
7

Good

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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