TEST – Othercide : en rouge et noir, des montagnes de douleur

Othercide test lightbulb Crew Focus Home Interactive

A son annonce, le très français Othercide avait fait forte impression avec une patte artistique toute de rouge et de noir vêtue. Une impression qui demeure alors que nous avons enfin la possibilité de mettre la main sur la version définitive à l’approche de sa sortie le 28 juillet. Jeu de stratégie en vue isométrique mâtinée de Die & Retry et bercée d’une bande-son aux accents rock accompagnés de cordes frottées, Othercide s’annonce jusque là comme l’une des pépites indépendantes de 2020. Regardons ça plus en détail.

• Genres : stratégie, die & retry
• Développeur / éditeur : Lightbulb Crew / Focus Home Interactive
• Support de test : PC
• Disponible sur : Xbox One, PlayStation 4, PC, Switch (à une date ultérieure)
• Version du jeu utilisée : clé Steam fournie par l’éditeur, version pré-sortie encore en cours de débogage.

 

On the Other side

Othercide nous place dans une version alternative de la France du 19ème siècle frappée par une terrible vague de peste. Dans cet univers, de mystérieux enfants (les « élus ») font ponctuellement leur apparition, et la Mère – personnage qui vous accompagne tout au long du jeu – fait partie de ces êtres d’exceptions. Hélas, le nouvel élu apparu peu avant la période de pandémie est devenu possédé par Souffrance, une entité venue de par-delà le Voile. Ayant échoué à protéger ce jeune élu, la Mère n’a plus le choix… elle devient la Mère Écarlate et l’écho de son pouvoir donne naissance à des filles : les Sœurs, des guerrières d’élite qui doivent travailler ensemble pour éradiquer les Légions de Souffrance et aider la Mère Écarlate à sauver l’élu. Le chemin est cependant difficile, et nombre de Sœurs mourront par sacrifice ou sur le champ de bataille avant d’atteindre cet objectif… Notez que ceci est l’histoire telle qu’on la connait en début de partie, et que les entrées de codex à débloquer permettent d’en apprendre beaucoup plus sur les passionnants détails de ce monde singulier.

L’univers d’Othercide se veut sombre et violent, et le choix graphique d’un jeu en noir et blanc accompagné d’une fine touche de rouge vient donner du corps à son propos, tout en rendant le gore subtil à la manière du Sin City de Frank Miller. Concrètement, Othercide se présente comme un jeu de stratégie en vue isométrique assez similaire aux combats d’un XCOM ou d’un Shadowrun, à la différence que le titre du studio français ne s’embarrasse pas de couvertures défensives et privilégie une action soutenue au sein de laquelle vous êtes constamment exposés à l’ennemi. Mais Othercide est également un bon Die & Retry des familles, avec un gameplay qui ne vous laissera pas progresser de façon linéaire et qui vous forcera à abandonner la partie d’une manière ou d’une autre – pour mieux recommencer. La mort est ici inévitable, et vos Sœurs l’apprendront à leurs dépends…

Othercide Test Lightbulb Crew Focus Home Interactive

Les sombres héros de la Mère

Les Sœurs, vos combattantes, ne sont pas de simples soldats. Elles sont, en quelque sorte, toutes liées entre elles ; et jouer avec ces dynamiques existantes vous permettent de les améliorer ou de les aider à continuer à combattre. S’il est possible de faire « germiner » (naître) de nouvelles Sœurs pour étoffer votre équipe, il est également possible d’en sacrifier pour en régénérer d’autres (et c’est d’ailleurs le seul système de soin du jeu) à la condition que le sacrifice soit de niveau égal ou supérieur à celui de la Sœur qui en reçoit les effets. Le sacrifice permet également d’attribuer un trait spécifique en fonction de la classe de la sacrifiée (sacrifier un profil tank confère des points de vie et un profil épéiste attribuera des points de dégâts supplémentaires, par exemple). Il sera ainsi nécessaire de bien gérer son équipe pour avoir des « Sœurs de rechange » capables de se sacrifier pour soigner ses camarades à l’approche d’un boss. Froideur et pragmatisme ? Oui, clairement, c’est ainsi que se joue Othercide, et on vous déconseille de trop vous attacher à certaines Sœurs, même si certaines options disponibles – mais peu fréquentes – vous permettent d’en ressusciter. La notion de sacrifice se retrouve d’ailleurs dans les compétences utilisables sur le terrain : si certaines nécessitent certes de classiques points d’action pour être déclenchées, d’autres – à l’utilité redoutable, à l’instar des interceptions – demandent à être payées en pourcentage de points de vie.

Test Lightbulb Crew Focus Home Interactive

Comme dit plus haut, la progression dans Othercide n’est pas linéaire. Celle-ci se découpe en plusieurs ères qui sont chacune dominées par un boss précis, et battre ces derniers vous permettent de passer à l’ère suivante. Cependant, si vous échouez en perdant toutes vos Sœurs ou si vous décidez manuellement d’abandonner la partie, vous réinitialiserez toute votre progression. Malgré tout, au fil des réinitialisations, vous cumulez des fragments, une forme de monnaie qui vous permet d’activer des bonus débloqués au fur et à mesure de vos combats. Ces bonus (plus de points de vie, meilleur niveau de démarrage pour les nouvelles Soeurs, bonus d’XP, etc.) vous permettent ainsi de revenir à chaque fois plus forts, voire de passer les ères dont les boss ont déjà été vaincus. Si Othercide est un jeu assez difficile et punitif, il sait malgré tout récompenser la patience et la persévérance, et c’est au bout de plusieurs heures de jeu qu’on commence enfin à se sentir capable d’en voir le bout

A cela, se rajoutent la possibilité d’équiper des compétences actives ou passives aux techniques de combat des Soeurs, le déblocage de nouvelles classes, ou encore celui d’entrée de codex qui permettent de découvrir le lore d’Othercide petit à petit et d’en apprendre plus sur le mystérieux personnage de la Mère et des ennemis qu’elle combat.

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Le rouge et le noir

Si le gameplay d’Othercide est plutôt plaisant et bien ficelé, c’est surtout au niveau de sa direction artistique que celui-ci brille de tous ses éclats. Si l’usage de seulement 3 couleurs dont le noir et le blanc avait de quoi rendre admiratif sur les premières images mais dubitatif à l’idée de voir ce choix perdurer sur le long terme, il est désormais évident que ce choix de couleur passe étonnamment bien même après plus de 10h de jeu. L’usage des dégradés de gris, qui s’ajoute à une parfaite maîtrise du clair-obscur, est ici très intelligent et permet de conserver une excellente lisibilité dans l’action ou en dehors. L’interface, d’ailleurs, est très claire, à l’image des polices employées dont la simplicité permet une bonne lecture des menus (même si on regrettera une taille de texte qui sera peut-être gênante pour les malvoyants, les options permettant de ne régler que la taille des sous-titres). Ajouté à une bande-son riche qui fait la part belle au rock symphonique et qui a la bonne idée de gagner en intensité à certains moments-clés des combats les plus rudes, Othercide est un véritable bijou sur le plan artistique. Une de ces claques créatives pleine d’audace que la scène indé adresse de temps en temps aux grands darons du triple A.

Et ce n’est pas qu’une question de forme : le corps artistique d’Othercide est aussi d’une grande richesse, que ce soit au niveau de l’atmosphère globale ou de l’histoire qui se dévoile petit à petit pour ne pas inonder le joueur avec un trop-plein d’information. L’univers typé 19ème siècle avec des touches de fantasy teintées d’incursions démoniaques est également une grande réussite et réussit à nous faire évoluer en terrain connu tout en proposant ses propres innovations apporté au genre. Bien qu’on regrette que les Sœurs ne soient parfois pas toujours très variées au niveau de l’attirail cosmétique (une critique qui ne concerne toutefois pas les similitudes faciales qui s’expliquent par leur nature), il est compliqué de ne pas tomber sous le charme du chara-design tantôt angélique et tantôt horrifique et brutal de l’ensemble du casting d’Othercide. Et de manière globale, on apprécie la grande cohérence des choix visuels effectués, notamment avec ce rouge vif, discret mais omniprésent, qu’il est difficile de ne pas voir comme le symbole du sang et de la vie évoluant au milieu d’un monde terne, sombre, et ravagé par la mort. Par ces choix singuliers et totalement pertinents, Othercide est assurément une expérience dont on se souviendra longtemps.

Même si on souffre beaucoup dans ce « Tactical Die & Retry » et qu’il faudra aimer le genre pour ne pas être bloqué par son inhérente répétitivité, Othercide est une véritable réussite autant sur le plan du gameplay que sur le plan artistique. Les parties s’enchainent, les morts aussi, et on revient sans cesse avec une détermination proportionnelle aux bonus accumulés pour en découdre avec les agents de Souffrance. Et fatalement, même si on ne devrait pas, on finit par s’attacher aux Claymore éphémères de cette sororité guerrière qui se sacrifient, tombent mais parfois renaissent face à un ennemi implacable et cruel. L’année est loin d’être finie, mais en ce qui nous concerne, Othercide se place en bonne position pour figurer parmi les futurs GOTY 2020.

 

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4.8 4 votes
Évaluation de l'article

Points forts

  • Une bande-son du tonnerre
  • Visuellement sublime
  • Un gameplay punitif mais qui ne nuit pas à la progression
  • Un sentiment de précarité constant qui met la pression
  • Des mécaniques équilibrées qui laissent une bonne marge stratégique
  • Un lore captivant qui motive la progression

Points faibles

  • L'absence de mode facile pour les moins patients
  • Pas de signets pour sauvegarder et quitter en cours de bataille
  • Un poil répétitif pour les non-habitués du genre Die & Retry
8.5

Great

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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