TEST – Persona 3 Reload : un remake chargé ou à deux balles ?

La licence Persona, ces dernières années, a touché un public plus large ; une tendance qui s’est véritablement amorcée avec le remaster de Persona 4 Golden sur PC et le succès des thèmes très contemporains abordés dans Persona 5 et sa version Royal. Alors que les fans se demandent à quoi pourrait ressembler un Persona 6 développé par une nouvelle équipe, tout en jetant un œil attentif à Metaphor: ReFantazio (réalisé par la même team que P3/P4/P5), débarque Persona 3 Reload. Remake de la version originale de Persona 3 (sans les additifs de P3FES et P3Portable), Persona 3 Reload nous propose une version techniquement plus accessible de cet opus qui amena la licence dans l’ère de la 3D polygonale.

Persona 3 Reload test Atlus SEGA

• Genre(s) : J-RPG.
• Développeur / éditeur : Atlus / SEGA.
• Support de test : PC (Steam).
• Disponible sur : PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox X|S, Xbox Game Pass.
• Versions du jeu testées : accès anticipé, puis day-one.
• Contexte & point de vue de cet article : l’auteur a joué au remaster de Persona 4 Golden sur PC et à Persona 5 Royal, et découvre Persona 3 avec ce remake.

Yuki entrez ici, abandonnez tout espoir

Persona 3 Reload vous met dans la peau de Makoto Yuki (le nom est personnalisable), jeune lycéen japonais qui intègre une classe de deuxième année au sein de la prestigieuse école de Gekkoukan. Sans parents et sans autres attaches, notre héros est affilié à un pensionnat où il fait rapidement la connaissance de ses deux camarades Yukari et Mitsuru avant d’être propulsé dans l’intrigue à grande vitesse. Contrairement à Persona 4 Golden (P4G) et surtout Persona 5 Royal (P5R), Persona 3 Reload fait le choix d’une mise en situation rapide qui place d’emblée les joueuses et les joueurs dans le vif du sujet. A ce stade, on regrette d’ailleurs que cette version Reload ne se contente que d’adapter le matériau de base de P3 avec quelques améliorations, sans reprendre du contenu propre à la version Portable initialement sortie sur PSP. Pas de possibilité de jouer la protagoniste féminine ajoutée dans Persona 3 Portable, donc, malgré une demande assez forte de la part des fans à ce sujet.

Pour qui débarquerait dans Persona 3 Reload sur le tard après avoir découvert P4G et P5R (ce qui est l’angle de ce test), on est finalement peu dépaysé malgré les années qui séparent ces épisodes. L’interface utilisateur a été remise au goût du jour pour coller au très stylé P5R, tout comme le chara-design de l’époque qui fait ici peau neuve afin de se rapprocher du style actuel adopté par l’équipe de développement. Et techniquement, remake oblige, Persona 3 Reload nous propose ici une belle 3D qui s’inspire là encore de ce que l’on a pu voir sur P5R. Léger bémol, cela dit : le style d’interface choisi hérite également des défauts pointés à l’époque de P5R, à savoir une certaine rigidité (un peu trop de sous-menus, descriptifs d’items parfois trop vagues, et une absence d’aperçu des tenues). Rien de réellement dommageable, mais on aurait préféré que le beau empiète un poil moins sur le fonctionnel.

Persona grata

Sur le plan des mécaniques, on retrouve l’essentiel de ce qui fait la recette des jeux Persona modernes : multiples personae à équiper/fusionner/améliorer, compagnons contrôlables, système de résistances/faiblesses, assaut, etc. Assez similairement à P5R et son Memento qui tire sûrement son inspiration de là, Persona 3 Reload propose au fil du récit l’exploration d’une grande tour de Babel nommée Tartare. Il s’agit d’un immense donjon qu’il convient d’explorer en plusieurs fois au fil des zones débloquées par la progression de l’histoire principale, et qui permet de gagner expérience, argent, personae, items et autres bénéfices. Un système de cartes de tarot à débloquer permet de fournir divers bonus plus ou moins puissants au fil de l’exploration, avec une montée en puissance notable et appréciable au fur et à mesure des heures de jeu. Elizabeth, l’hôte de la Chambre de Velours, propose également diverses tâches à accomplir en échange d’items, à l’image de ce qui se fait aussi dans les épisodes suivants de la licence, avec à la clé un boss giga-balèze qui ravira les pro de la construction de Personae.

On retrouve également dans cet opus des compétences à maîtriser (au nombre de trois : courage, charme et savoir), ainsi qu’une palette de Liens Sociaux à établir avec divers personnages, ce qui permet de découvrir leurs histoires et de débloquer des Personae. Sur le plan narratif, on remarque un certain déséquilibre qualitatif entre ces petites histoires qui se développent au fur et à mesure des moments passés avec les personnages concernés. Si quelques histoires nous ont favorablement marqués (notamment celle de la petit Maiko et le récit d’Akinari), les autres se montrent bien plus anecdotiques et loin d’être aussi poignantes… voire nous abandonnent sur un sentiment d’inachevé.

Profitons-en pour répondre à une question qui brûle les lèvres de certaines joueuses et joueurs : non, Persona 5 Reload n’est pas plus souple que sa version d’origine en terme de temps disponible pour monter les compétences et les Liens Sociaux. Contrairement à P5R qui accordait aux joueuses et aux joueurs une latitude suffisante pour permettre de tout maximiser en une partie sans se prendre le chou avec un guide, Persona 3 Reload dispose d’un agenda très très serré. A titre d’exemple, nous avons eu à peine deux jours de marge sur toute l’année scolaire pour rattraper deux liens in extremis avant la fin du jeu et en optimisant au maximum avec un peu d’aide extérieure. Il vous faudra donc sûrement compter sur un guide ou sur une partie en NG+ pour espérer avoir tous les Liens au max en une seule run.

Si son histoire demeure très plaisante à suivre, Persona 3 Reload accuse, sur certains points, son statut d’ancien en comparaison de P4G & P5R qui ont bénéficié quelques années plus tard d’une écriture un peu plus fine au niveau des personnages. Mais Persona 3 Reload tire quand même son épingle du jeu en 2024 grâce à sa thématique centrale plus sombre que celles de ses prédécesseurs, ainsi qu’avec des dénouements d’histoires moins heureux pour la plupart. Notre point de déception principal concerne surtout l’absence de contenus supplémentaires proposés par les précédentes versions : P3FES et P3P. En tant que nouveaux joueurs découvrant cet épisode pour la première fois, on aurait préféré vivre une expérience complète (notamment avec l’épilogue The Answer, mais surtout la possibilité de jouer avec la protagoniste féminine).

 

Vous pouvez réagir à ce test avec un commentaire ou sur les réseaux sociaux via Facebook / Twitter / Instagram, et vous abonner à notre compte curateur Steam afin de retrouver nos tests PC. Pour suivre nos inénarrables péripéties en direct ou en différé, sachez que nous sommes aussi sur Twitch !

N’hésitez pas non plus à aller vous promener sur notre site, pour y découvrir nos nos tests de jeux et autres dossiers, ainsi que divers avis au sujet de films ou de séries, ainsi que des guides et astuces pour vos jeux favoris. Et ce n’est pas fini : nous testons aussi des jeux de plateau !

0 0 votes
Évaluation de l'article

Points forts

  • La beauté des interfaces.
  • Une remake techniquement et visuellement honnête.
  • Des mécaniques de gameplay toujours aussi solides.
  • Une histoire prenante avec des thèmes matures.

Points faibles

  • Une écriture moins fine et un peu plus vite expédiée que dans P4G et P5R.
  • Prix de vente bien trop élevé (70€ en édition de base au moment de ce test).
8

Great

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments

Mot de passe oublié