TEST – Spiritfarer, une aventure contée l’amour dans l’âme

 

Spiritfarer test Thunder Lotus indépendant indie deuil mort

On l’attendait avec impatience, et le voici qui vogue enfin entre nos mains : Spiritfarer, le dernier jeu du studio québécois Thunder Lotus, est prêt à nous embarquer dans son Odyssée funeste. Un conte de voyage placé sous le signe de l’acceptation de la mort et de l’intense réflexion qui naît parfois sur son seuil.

• Genres : gestion de ressources, exploration, histoire à thème
• Développeur / éditeur : Thunder Lotus Games
• Support de test : PC (RTX 2070, 16 Go RAM, Ryzen 5 2600X, SSD)
• Disponible sur : PC, PlayStation 4, Xbox One, Switch
• Version du jeu utilisée : clé Steam fournie par l’éditeur (édition day-one + premier patch).

Spiritfarer tonton Atul~ À la mémoire de Tonton Atul ~
« Puisse le fumet de nos meilleures côtes de porc accompagner ton dernier voyage »

Charon’s stone

Comme si tout ce qui avait existé jusqu’à présent n’était qu’un rêve, Stella se réveille à bord d’une barque aux côtés de son fidèle félin, Daffodil. Face à elle se dresse une forme impressionnante, sombre et encapuchonnée, qui se dit être Charon, le passeur d’âmes. Malgré les atours d’un tel contexte, vous n’êtes pas une cliente habituelle et Charon a une mission pour vous : le remplacer et devenir la prochaine passeuse d’âmes. Après vous avoir donné quelques brèves explications ainsi que la Lanternelle (un orbe de lumière qui vous servira de couteau-suisse éthéré), l’imposante figure mythologique vous abandonne alors à votre nouvelle tâche tout en traversant le Seuil Éternel.

Ainsi débute Spiritfarer, la suite vous encourageant rapidement à récupérer votre propre navire de passeuse afin d’y héberger les âmes errantes que vous croiserez durant votre voyage. Mais le navire offre également d’autres types de bâtiments à construire, tels qu’un jardin pour y faire pousser vos légumes, des ateliers pour faire fondre le métal ou couper du bois, etc. Le bateau de Stella, la protagoniste que vous contrôlez dans Spiritfarer, est un véritable quartier général ambulant regroupant la majorité des outils dont vous aurez besoin pour contenter les âmes que vous rencontrerez et ainsi les aider à s’apaiser suffisamment pour qu’ils acceptent de partir.

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Si effectuer toutes les validations au bouton X (ou ☐) est un peu compliqué au début pour tout.e joueur.se habitué à valider ses choix avec A (ou la croix), le gameplay se veut rapidement accessible avec une palette de contrôles assez simple. Entre chaque voyage, Stella a ainsi la possibilité de larguer les amarres pour visiter différents types d’îles sur lesquelles elle a la capacité de sauter, planer, voire bondir afin d’explorer et découvrir les mystères et les trésors qu’elles renferment. Ces compétences se débloqueront d’ailleurs au fur et à mesure afin d’encourager la joueuse ou le joueur à revenir plus tard pour atteindre des zones qui lui étaient auparavant inaccessibles. La mer, également, se divise en plusieurs parties, séparées par plusieurs types d’obstacles naturels (glace, récifs rocheux, brume) qui permettent de juguler l’exploration en instaurant un ordre de progression. Et à ce sujet, les améliorations disponibles au chantier naval d’Albert (qui nécessiteront d’avoir des ressources précises en poche) seront incontournables pour continuer l’aventure.

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Le jeu a ses récits que le récit ignore

Au-delà de son gameplay typé « Harvest Moon sur un bateau », l’objectif de Spiritfarer est de proposer aux joueuses et aux joueurs un récit onirique inspiré du mythe grec de Charon, le passeur d’âmes qui faisait traverser la rivière Styx en échange d’une pièce d’or. Une inspiration aux accents odysséens, le jeu prenant le parti d’une histoire qui se tisse au fil des rencontres et des découvertes. Et quelles rencontres ! Mis à part une ou deux âmes qu’il est plus difficile d’aimer que les autres, celles croisées par Stella (dont le vécu est presque toujours inspiré par celle d’un grand-parent de membres de l’équipe de développement) sont touchantes au même titre que l’histoire qui les définit. On vogue ainsi au gré des rencontres et des ressources amassées, échangeant avec ces personnages aux traits d’animaux et apprenant petit à petit quelles étaient leurs aspirations, leurs peines, leurs regrets. Puis on se surprend à les pleurer, parfois, quand vient le moment de les laisser partir.

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Car Spiritfarer n’est pas qu’un jeu feel good, c’est un récit qui parle du deuil et des difficultés variées qui l’accompagnent. Tel personnage préfèrera ainsi disparaître sans dire un mot, laissant émotionnellement la joueuse ou le joueur sur le carreau ; un autre devra être accompagné plus que les autres car sa mémoire flanche à cause de la maladie ; etc. On se passionne ainsi pour leur vécu, on se prend au jeu à vouloir découvrir ce qui les a amené ici, le tout en essayant de lire entre les lignes pour véritablement comprendre ce qui se cache parfois derrière les métaphores.

Malgré tout, alors que cet aspect de Spiritfarer est censé être central, une certaine frustration peut poindre à l’horizon quand on se rend compte que le jeu ne raconte parfois pas assez ses personnages. Difficile d’aller plus loin sur cette critique sans divulgâcher le scénario, alors on se contentera de regretter que certaines infos doivent être piochées sur un Wiki ou sur l’artbook officiel (vendu séparément) pour connaître la véritable identité de certains personnages, alors qu’il s’agit d’informations pourtant essentielles afin comprendre et apprécier le véritable propos de Spiritfarer.

Ne vous méprenez pas, toutefois : même on reste un peu sur notre faim quand vient le moment de raccrocher la manette ou le clavier, le jeu de Thunder Lotus est une merveille sur le plan de l’intention et du thème abordé. C’est juste que nous aurions tellement aimé en savoir plus, avoir cette possibilité d’aller plus loin en jeu dans la recherche d’informations au sujet de la protagoniste et des âmes qu’elle accompagne. Nous aurions également apprécié passer un peu plus de temps en compagnie de certains personnages qui donnent le sentiment de partir trop vite (mais peut-être est-ce volontaire sur ce point). Néanmoins, si cette rétention d’informations est frustrante et bride quelque peu le potentiel du jeu, Spiritfarer demeure une œuvre atypique et émouvante capable de nous faire réfléchir. Une expérience à recommander, et qui fait sans conteste partie de ces jeux indépendants qui coiffent au poteau d’autres productions plus ambitieuses techniquement qu’artistiquement.

Malgré un léger sentiment d’inachevé qui transparaît vers la fin, Spiritfarer réussit à nous faire forte impression. Oui, on aurait aimé en savoir plus et discuter plus longuement avec certains personnages, mais le voyage effectué et le processus d’accompagnement des âmes suffit à laisser une marque indélébile dans notre expérience de joueur. Rarement on aura eu la gorge aussi nouée à l’idée de se séparer d’un simple sprite en 2D, et encore plus rarement nous aura été donné la capacité de gamberger sur les modalités de son départ. Toutes ces raisons font de Spiritfarer une expérience inoubliable.

 

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Évaluation de l'article

Points forts

  • L'univers charmant et enchanteur
  • L'implication que l'on ressent naturellement envers les personnages
  • L'écriture des personnages
  • Le gameplay orienté « Harvest Moon »
  • Visuellement superbe
  • La bande-son qui s'adapte parfaitement à toutes les situations

Points faibles

  • La rétention de certaines informations, qu'il faut aller chercher en-dehors du jeu
  • Quelques personnages peinent à susciter l'empathie
  • Une trad' FR parfois bancale, entre mots manquants et expressions québécoises
8

Great

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
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