Stellar Blade est probablement une des exclusivités PS5 les plus attendues de ce début d’année. Alors, douche froide ou belle surprise ?
Notre test a été réalisé à partir d’une version PlayStation 5 envoyée par l’éditeur.
Comme pour le test de Princesse Peach Showtime, ce test prendra la forme d’une interview. Un nouveau concept sur Tryagame.fr qui vous permet un accès plus simple aux informations que vous cherchez et aux questions que vous vous posez. Et ne vous fiez pas aux apparences, votre rédacteur-testeur rédige les questions et les réponses. Vous êtes prêts ? Feu !
Stellar Blade, ça parle de quoi ?
Alors, Stellar Blade nous plonge dans un futur dystopique dans lequel une race alien, les Naytibas, a décimé la quasi-totalité de la planète ainsi que l’espèce humaine. Cette dernière s’est alors retranchée dans l’espace et envoie régulièrement des soldats sur Terre afin de reprendre du terrain et, in fine, décimer la race alienne. Dans ce contexte, le joueur incarne EVE, une combattante du 7e escadron aéroporté, alors qu’elle participe à une opération de reconquête. Une opération qui va tourner au vinaigre et la laisser seule survivante. Néanmoins, EVE ne va pas se décourager et va tout de même essayer de poursuivre la mission qui lui a été confiée.
Le postulat de départ ressemble un peu à Nier Automata, non ?
Alors, difficile de ne pas voir un écho à l’œuvre de Taro Yoko dans le scénario de départ de Stellar Blade. Surtout quand les développeurs citent eux-mêmes Nier Automata comme une inspiration majeure. Et effectivement, dans les faits, les similitudes en ce qui concerne le scénario et l’univers sont nombreuses. Mais je vais lever les doutes directement : à aucun moment Stellar Blade n’arrive à s’approcher ne serait-ce que d’un iota de la profondeur thématique et scénaristique de Nier Automata. Le jeu se contente de narrer une histoire un peu oubliable, pas très bien racontée et qui ne possède aucune fulgurance. Alors certes, le tout va très légèrement se complexifier et certains retournements de situation vont pointer le bout de leur nez. Mais ils sont pour la plupart assez prévisibles et en toute honnêteté, ils ne vous feront clairement pas tomber de votre chaise.
Et en ce qui concerne l’écriture des personnages ? Difficile d’évoquer Stellar Blade sans parler de la polémique concernant son personnage principal. Est-ce que ce dernier à plus à offrir que ce que les bande-annonces ont montré ?
Malheureusement, non. L’écriture des personnages de Stellar Blade est d’une fainéantise assez abyssale. Et pourtant, j’avais de l’espoir en ce qui concerne le personnage d’EVE notamment. Un espoir assez candide qui me faisait espérer que le studio allait en faire plus qu’une femme ultra-sexualisée. Mais il n’en est rien. Et manifestement, les développeurs ont préféré créer tout un tas de tenues affriolantes mettant en avant les formes de leur héroïne plutôt que de lui donner une personnalité. Chacun son combat, mais en 2024, on souffle. Pour le reste du casting, c’est la même chose : aucun réel développement et aucune personnalité propre. Et j’aimerais qu’on m’explique aussi pourquoi, dans cet univers, la plupart des femmes sont à moitié à poil et pas les hommes ? Ah non, j’ai rien dit, j’ai une petite idée en fait.
Et concernant le gameplay ? Les bande-annonces donnaient l’impression d’un Beat’em All à la Devil May Cry. C’est bien le cas ?
Alors, pas du tout. Et vous l’aurez remarqué si vous avez joué à la démo. D’ailleurs, un petit passage par celle-ci est plus que conseillé pour savoir si le jeu pourrait vraiment vous plaire. Car dans les faits, j’étais le premier à penser que Stellar Blade allait offrir une expérience proche d’un Beat’em All à la Devil May Cry ou Bayonetta. Mais en vérité, le jeu est beaucoup plus proche dans sa structure d’un jeu de From Software. Patience, réactivité, morts en chaîne et feux de camp pour remplir votre sacoche de potions seront donc les maître mots de l’expérience de jeu de Stellar Blade.
Un Souls-like ? Le jeu est donc difficile ?
Alors oui, Stellar Blade propose un challenge un peu relevé. Le jeu possède néanmoins un mode « Histoire » qui vous permet de profiter de cette dernière ainsi que de l’exploration sans vraiment vous prendre la tête sur les combats. Mais si vous voulez mon humble avis, c’est justement le gameplay et le système de combat qui sauvent le jeu. Du coup, le constat de mon côté est assez simple : si vous n’aimez pas les jeux qui demandent une certaine exigence et persévérance dans leur système de combat, passez votre chemin. Car je pense sincèrement que c’est la seule chose qui vaut réellement le coup dans Stellar Blade. Et je n’imagine pas qu’on puisse débourser de l’argent pour uniquement suivre une histoire aussi plate et des personnages aussi creux sans être au moins stimulé par les combats.
On parle beaucoup de système de combat, mais est-ce qu’il y aussi une dimension de personnalisation ?
Tout à fait ! D’ailleurs, on n’esquive bien entendu pas le traditionnel arbre de compétences qui vous permet de dépenser vos points durement acquis dans l’amélioration de votre personnage. Aussi, les compétences en combat d’EVE peuvent être améliorées grâce à de l’équipement qui développera certaines statistiques. Malheureusement, on ne pourra se battre qu’avec une unique arme. Rien de bien révolutionnaire dans tout ça, on est dans quelque chose d’assez classique mais qui a fait ses preuves.
Et l’exploration, ça vaut quoi ?
Le jeu se décompose entre des phases plus linéaires et des zones un peu plus ouvertes. En général, les passages plus linéaires sont ceux qui servent à faire avancer l’aventure principale, tandis que les zones plus ouvertes seront le théâtre des quêtes secondaires. Enfin, il y a une ville qui fera office de hub principal, Xion. Celle-ci sera l’occasion de récupérer quelques quêtes secondaires, d’échanger avec certains PNJ et de faire quelques emplettes.
Tu parlais de quêtes secondaires, est-ce qu’elles valent le coup ou seule l’aventure principale vaut le détour ?
Si je dois être tout à fait honnête, l’aventure principale de Stellar Blade m’a malheureusement pas mal laissé de marbre. Il y a beaucoup de longueurs et de nombreux passages assez répétitifs. De plus, le tout est servi par une direction artistique assez terne. Certes, elle est tout à fait cohérente avec l’univers dépeint par le jeu. Mais ça manque cruellement de diversité et on a vite l’impression de traverser encore et encore les mêmes environnements. De leur côté, les quêtes secondaires sont pour la plupart très peu scénarisées et là aussi, ça manque pas mal de diversité.
Le tableau paraît donc extrêmement négatif, il n’y a rien pour sauver le jeu ?
Tout n’est pas à jeter ! Comme je le disais, j’ai pris pas mal de plaisir manette en mains pendant les combats. Le jeu demande une certaine rigueur et les animations sont d’une grande qualité. Les combats peuvent vite devenir dynamiques, notamment grâce aux esquives qui permettent de passer derrière les ennemis ou celles qui permettent d’ouvrir leur point faible, donnant ainsi la possibilité d’enchaîner avec des attaques à distance. Car oui, Stellar Blade offre aussi la possibilité d’alterner entre combat à l’épée et combat à distance. Et bien que ce système soit, dans la plupart des affrontements classiques, assez peu exploité, il se révèle être une bonne cartouche à utiliser pendant les combats contre des ennemis plus puissants. Et en plus, certaines parties de l’histoire principale vous obligent à vous battre uniquement avec vos armes à distance, ce qui permet d’apporter une belle diversité !
Le jeu demande également une certaine réactivité, notamment sur les timings d’esquives et surtout de parades, qui sont assez serrés ! Stellar Blade se base d’ailleurs beaucoup sur ces dernières pour dynamiser les combats. Car si vous les réalisez dans un timing parfait, vous annulez les dégâts ennemis et vous entamez la barre d’équilibre de l’adversaire. Et si vous arrivez à terme à descendre cette dernière à 0, vous pourrez déclencher une attaque très puissante. Une habitude à rapidement prendre pour faciliter les combats, mais très difficile à maîtriser parfaitement !
On n’a a pas encore abordé la musique ! Qu’est-ce que tu en as pensé ?
La musique de Stellar Blade est aussi une belle réussite ! Concernant ce point, le travail a impliqué plusieurs acteurs. D’un côté en interne, où le compositeur principal crédité est Park Jin-bae. Mais une bonne partie de l’OST a aussi été réalisée par le studio Monaca, fondé par nul autre que Keichii Okabe (le compositeur principal de NieR et NieR Automata). Alors ce dernier n’a a priori pas travaillé sur le projet, mais ce sont plutôt des noms comme ceux d’Oliver Good (Voice of Cards) ou encore Keita Inoue (Soul Hacker 2) qui sont crédités. Et clairement, on sent l’inspiration Nier et la patte de Monaca dans la production des musiques avec l’abondance de voix féminines dans les morceaux. Mais pourtant, malgré cela, le jeu arrive à surprendre sur pas mal de morceaux, qui partent dans des sonorités beaucoup plus électros. Voire même sur du métal par moments ! Mes oreilles ont pris beaucoup de plaisir et attendent de pied ferme la sortie de la bande originale !
Et au niveau de la direction artistique, même son de cloche ?
La direction artistique de Stellar Blade ne m’a clairement pas charmé. Les environnements sont fades, répétitifs et ne provoquent presque jamais d’effet « Wahou » en arrivant dans une nouvelle zone, par exemple, ou en scrutant les panoramas. À la limite, la première aire de jeu (la ville d’Eidos 7) se révèle comme la plus captivante, avec ses immenses sculptures disséminées un peu partout dans les rues. Mais pour le reste, ce n’est pas très intéressant.
Et ce manque d’intérêt se retrouve aussi dans le design des personnages principaux, que j’ai trouvé assez peu inspiré. À la limite (et c’est assez frustrant au final), la plupart des PNJ ont des designs beaucoup plus recherchés et cools que ceux de nos 3 protagonistes. On pourra cependant se consoler avec le design des créatures (les Naytibas), qui représentent, quant à elles, une très belle réussite et diversité. La plupart sont tous plus dégoûtants les uns que les autres, certes, mais tout de même très recherchés !
Du coup, on en retient quoi de Stellar Blade ?
Une petite déception, voilà ce qu’on en retiendra. Le jeu, s’il avait bénéficié d’un travail plus soigné et profond sur son écriture (personnages, univers), aurait clairement pu être un excellent cru de cette année 2024. Certes, tout n’est pas à jeter. Et ceux qui comme moi sont plutôt de « l’école du gameplay » pourront y trouver une petite satisfaction. Mais si vous venez ici pour y trouver autre chose qu’un système de combat exigeant et dynamique, vous serez clairement déçu. Allez si, l’OST vaut également le détour. Mais ça reste assez maigre non ?