TEST – Utawarerumono: Prelude To The Fallen

C’est sacrément long comme titre !

Utawarerumono: Prelude To The Fallen

Développeur : Aquaplus
Éditeur : NIS America
Genre : Visual Novel / T-RPG
Supports : PS4, PS Vita
Support de test : PS4 (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 29 mai 2020

En 2002 sortait, sur PC, Utawarerumono qui était à classer dans la catégorie des eroge. Un eroge est ce que l’on pourrait qualifier pudiquement de jeu pour adultes, autrement dit basé sur du contenu érotique. Expurgé de tout ce contenu sensible, Utawarerumono faisait son apparition en 2006 sur PS2 puis en 2009 sur PSP. Seul le public nippon avait pu alors goûter à ces jeux qui donnèrent ensuite naissance à un anime et un manga. Deux nouveaux opus vidéoludiques sortaient en 2015, Mask of Truth et Mask of Deception et cette fois-ci, les jeux ne se cantonnaient pas au Japon puisque une sortie mondiale avait lieu en 2017. En 2018, cédant aux sirènes de la remasterisation, Utawarerumono premier du nom (en version soft) passait sur le billard. Vous l’avez deviné, c’est sous le nom de Utawarerumono: Prelude To The Fallen que le soft arrive ce 29 mai 2020 sous nos latitudes et je vous en propose le test.

Once upon a time…

La première chose à savoir sur Utawarerumono c’est que son principe repose sur un mix entre un visual novel et un tactical-RPG, autrement dit longues lectures et réflexion sont au programme. Ces deux pans du jeu étant bien distincts, je vais bien entendu m’attarder sur chacun d’entre-eux en commençant par celui qui occupera la grande majorité du temps de jeu, à savoir la partie visual novel.

Avant tout, présentons un peu les bases du scénario. Un homme se réveille dans une forêt, souffrant et en proie à une perte de mémoire. Il est trouvé gisant à même le sol par Eruruu, une jeune fille, qui recueille cet inconnu au sein de son foyer où elle vit avec sa sœur cadette Aruruu et sa grand-mère Tsukur. Cette dernière va nommer notre protagoniste amnésique Hakuowlo du nom du défunt père des deux fillettes (glauque). Petit à petit Hakuowlo va reprendre des forces et se rendre compte qu’il porte un mystérieux masque qu’il lui est impossible de retirer. Malgré tout, il va s’intégrer dans la vie du village de ses hôtes. Malheureusement tout ne restera pas rose puisqu’un événement tragique causé par les autorités locales va pousser notre héros à mener une rébellion, point de départ d’une épopée conquérante.

Seulement pour vivre cette épopée, il ne faudra pas compter sur notre chère langue française. En effet, Utawarerumono arrive chez nous avec les voix japonaises et les textes en anglais uniquement, ce qui en fait d’emblée l’énorme point noir. En tant que visual novel, le jeu va proposer énormément de texte et je pèse me mots. Il pourra parfois s’écouler plus d’une heure de dialogue entre deux phases de T-RPG.

Passer autant de temps à lire dans une langue qui n’est pas la nôtre, même si on la comprend, s’avère naturellement une tâche très fastidieuse. Alors si en plus l’anglais n’est pas votre tasse de thé, abandonnez tout espoir, Utawarerumono n’est pas pour vous. J’ai bien conscience des enjeux économiques que représente une traduction et souvent l’impasse peut se tolérer mais pour un genre où la lecture est le point central, c’est aussi se couper les ailes. Je le soulignais déjà dans mon test de Chaos;Child, normal que je le fasse ici aussi.

C’est d’autant plus dommage que Utawarerumono propose une aventure remplie de péripéties, de rebondissements et de personnages attachants. Les artworks qui ponctuent les longues phases de lecture sont superbes et l’on y retrouve de temps à autres des reflux de sa condition initiale d’eroge. Le doublage intégral en japonais est de grande qualité. Les musiques d’ambiance qui nous accompagnent de bout en bout de notre aventures sont très réussies (mention spéciale pour celle de l’opening). Le petit regret que j’ai sur la narration – outre celui de l’absence de traduction française – c’est qu’il n’y ait pas quelques cinématiques en animé.

L’autre manque sur le gameplay des phases visual novel, c’est l’absence de choix permettant aux joueurs d’avoir une influence sur le scénario comme c’est le cas dans la plupart des titres du genre. Les seules opportunités de choisir quoi que ce soit sont données quand il s’agit de sélectionner un événement à visionner plutôt qu’un autre. Hormis privilégier la suite de certaines interactions au profit d’autres, ces choix n’auront aucun impact sur la conduite de la trame principale. Dommage.

Let’s get ready to rumble

Passons maintenant à la partie T-RPG. Ces phases là font dans le classique du genre. Sur de petites maps, on dispose ses unités afin de les faire affronter celles de l’adversaire. Tout ce beau petit monde se déplace, chacun son tour, de case en case pour approcher puis frapper l’ennemi. Rien de neuf sous le soleil du T-RPG.

Utawarerumono a quand même quelques spécificités que je vais aborder. La mécanique principale est celle des chain-attack. Arrivé à un certain niveau, nos unités ont la possibilité, lorsque elles attaquent un ennemi, d’enchainer les coups à l’aide d’un QTE qui se déclenche. Si le timing est parfait, on remplit même plus rapidement la jauge qui, une fois pleine, nous permet de terminer notre combo par une attaque spéciale.

Du côté de la progression et de l’optimisation de nos personnages, toujours rien de révolutionnaire mais rien de très élaboré non plus. On gagne bien évidemment de l’expérience à force de combats. D’une part on prend des niveaux classiques qui augmenteront au fur et à mesure nos points de vie. D’autre part, on glane des BP que l’on peut dépenser à notre bon vouloir uniquement sur 3 caractéristiques : Attaque, Défense et Défense magique. Un peu léger. Pas de possibilité d’améliorer par exemple la vitesse d’action ou la distance de déplacement si ce n’est à l’aide d’objets. Malheureusement encore, un seul équipement est autorisé par unité. On est dans le minimum syndical.

Côté stratégie pure, là encore cela reste somme toute assez basique mais efficace. On a à notre disposition des unités au corps au corps, à distance et les magiciens. On se rendra vite compte que ces derniers sont de loin les plus faibles à tout point de vue, leur seul point positif étant de disposer de sorts avec AOE. Il n’y a par ailleurs pas d’avantage donné à un type sur un autre. Les archers ne feront pas plus de dégâts aux magiciens par exemple.

Utawarerumono prelude to the fallenLes deux seules façons de prendre un avantage sont aussi très classiques. Chaque unité a une affinité élémentaire : feu, eau, terre, vent, sacré ou ombre et comme à pierre, feuille, ciseaux, chacune se voit octroyé un bonus sur l’un et un malus sur un autre. L’autre moyen d’augmenter ses dégâts c’est de se positionner dans le dos de l’ennemi ou sur ses flans tout en prenant garde de ne pas exposer son popotin aux quatre vent sous peine de prendre une déculottée. Il n’y a en revanche pas d’autre positionnement tactique à appréhender, pas de bonus sur les positions élevées ou de couverture par exemple. Impossible aussi de se mettre en position défensive pour réduire les dégats.

De toute façon, Utawarerumono est assez simple. J’ai allégrement roulé dessus en mode difficile, il y a donc de la marge même pour ceux qui découvriraient le genre. On nous donne en plus la possibilité de rembobiner l’action d’une dizaine de tour si l’on s’aperçoit que nos choix étaient funestes. Et quand bien même vous seriez bloqués, on a la possibilité de refaire à foison les anciens niveaux pour gagner en expérience supplémentaire. Tout est fait pour que les phases du T-RPG ne constituent pas une épreuve insurmontable. C’est un peu frustrant en fait.

Pour l’aspect technique les combats bénéficient de graphismes plaisants. Le chara-design et la modélisation des personnages sont très sympathiques. Il y a aussi de courtes animations qui se lancent lors des attaques spéciales et qui valent le coup d’œil. Le seul bémol vient du fait que la caméra ne pivote qu’à 90°. Si la plupart du temps ce n’est pas gênant, il arrive que les ennemis ne soient pas visibles au premier coup d’œil car camouflés dans l’angle où la caméra ne tourne.

Avec énormément de lecture, en anglais je le répète, et une trentaine de niveaux, Utawarerumono: Prelude To The Fallen possède une durée de vie conséquente avec en prime la possibilité d’un New Game+ et le cross-save entre PS4 et Vita, histoire de jouer partout.. Si vous êtes friands à la fois de visual novel et de T-RPG mais surtout que la langue de Shakespeare ne vous effraie absolument pas, le titre d’Aquaplus pourrait vous satisfaire. Si un seul de ces points ne vous concerne pas, passez votre chemin sans vous retourner. Malgré une histoire prenante et un gameplay simple mais efficace même avec ses défauts, Utawarerumono est un jeu de niche et il aura du mal à s’en extraire. Je précise, à l’horizon de la fin de mon test, que je suis obligé de prendre en compte l’absence de traduction pour un visual novel dans la notation.

 

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Points forts

  • Une histoire riche...
  • La partie T-RPG fonctionne bien...
  • Une direction artistique soignée
  • Une durée de vie solide

Points faibles

  • ... mais non traduite en français
  • ... mais un peu trop simple
  • L'absence de choix pour aiguiller la trame
6.5

Fair

Ma devise : "Raler, c'est utile uniquement si tu en profites pour apporter une solution... sinon ça reste juste un plaisir".

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