We Happy Few : Le malsain joyeux
1964, les Allemands ont gagné la guerre, encore serions-nous tentés de dire, sauf que dans le cadre de We Happy Few, il s’agit plus d’un prétexte, d’un fond qui justifiera, installera l’univers. Car oui We Happy Few propose bien un univers certes cantonné à une ville anglaise, mais un univers dystopique gouverné par des autorités obligeant sa population à la prise d’une drogue (Joy) causant bonheur irrépressible, hallucinations et perte de mémoire.
Dans ce cadre vous incarnerez tour à tour trois personnages, ayant chacun leurs motivations, problèmes et capacités pour les solutionner. Les trois compères se connaissant, il sera amusant de les incarner à des moments différents, pour découvrir comment s’entremêlent leurs destins et leurs secrets.
Gameplay
We Happy Few, en plus de son aventure relativement conséquente, proposera bientôt un mode survie de type sandbox montré lors de l’alpha. Ce jeu d’équilibre entre aventure et survival repose sur un gameplay déjà vu maintes et maintes fois. On doit fabriquer ses objets directement – ou via des établis – dont la plupart se trouvent dans des abris, à réhabiliter au préalable, qui vous serviront de zone de dépôt, repos et de checkpoint pour les voyages rapides qui vous éviteront ainsi de repasser par des ponts sécurisés barrant l’accès entre les différentes zones. Vous devrez aussi faire attention à gérer votre inventaire et à être relativement reposé, alimenté et hydraté, petit tips au passage, ramassez toutes les épingles à cheveux possibles pour les crochetages de serrure. Pour le second acte (avec le second personnage) il vous faudra beaucoup d’eau pure.
Point d’inquiétude, si en mode survival lors de l’alpha il fallait constamment surveiller ces jauges, le tir semble avoir été corrigé au moins pour le mode histoire. Certes vous devrez y faire attention, mais vous pouvez vous contenter d’une heure de sommeil par jour pour être frais et dispo. J’avoue en concevoir une certaine jalousie. D’ailleurs selon les compétences que vous débloquerez vous pourrez même ne plus du tout regarder les jauges concernées (en fin de jeu donc). Par contre vous pouvez oublier les raccourcis tant passer par l’inventaire sera plus naturel et rapide.
En tant que jeu d’aventure, vous n’avez pas de choix dans les dialogues, d’ailleurs on parlera aux habitants uniquement pour les petites sailles sarcastiques, les quêtes secondaires données automatiquement à l’approche de la zone ou personne concernée, et aucune information ne pouvant être obtenue par le dialogue.
Pour ce qui est du système de combat, là encore nous sommes dans le très archaïque, un bouton pour parer, un autre pour frapper. Idem pour les phases d’infiltration, même si on doit reconnaitre au système un léger mieux par rapport à d’autres titres. On voit bien mieux où sont les ennemis à éviter et si ceux-ci sont susceptibles de nous remarquer. We Happy Few propose aussi quelques énigmes mais leur temps de résolution se comptera en dizaines de secondes.
Ambiance
La direction artistique de We Happy Few est tout simplement excellente. Certes les passants sont redondants et les graphismes moyens, ce qui est particulièrement flagrant lorsque l’on regarde l’horizon, et la région ne propose pas une diversité de décor notable mais tout le reste ! Personnages hauts en couleurs, bande-son qui sent bon l’Angleterre Pop des années 60, un monde cohérent, intéressant qui ne délivrera pas tous ses secrets. Un vrai et beau scénario et background dans lequel de multiples aventures pourraient prendre place. On oscille entre le bizarre, le glauque, le sarcastique, le malsain, le franchement drôle et parfois tout en même temps.
Le début de l’aventure vous rendra paranoïaque. Ai-je le bon costume pour cet endroit ? Le Bobby (policier anglais) va t’il me remarquer si je saute ou me met à courir (ce qui est interdit par la loi), les détecteurs vont-ils remarquer que je n’ai pas pris ma Joy ?
Car c’est le principal choix que vous aurez, prendre ou non votre drogue, subir les hallucinations et pertes de mémoire, ne pas voir le monde tel qu’il est et affronter les conséquences comme les descentes qui, elles aussi, vous montreront un tout autre monde.
Les trois personnages proposés sont bien différents dans leurs capacités et dans leur but et vous feront découvrir le monde sous trois aspects. On pourra peut-être reprocher au jeu de ne pas aller encore plus loin en proposant un twist final plus travaillé ou de jouer plus encore sur les pertes de mémoires ou hallucinations.
Ce serait une erreur d’être rebuté par le côté survival, d’être démotivé par une interface pas très user friendly. Les quêtes secondaires arrivent à ne pas être répétitives, certes il vous faudra de multiples fois apporter un objet à une personne, mais on ne se lasse pas de cet univers à l’identité très forte. La durée de vie est très importante et vous serez poussés sans cesse à jouer une quête de plus pour découvrir la vérité, aussi bien sur Wellington Wells que sur vous-même. La rejouabilité semble assez limitée cependant, mais vous aurez déjà énormément à faire lors de votre premier run.
Les trois personnages offrent une expérience différente. Par exemple, et sans trop donner de détails, disons que le premier acte est plutôt généraliste et consiste en une progression dans la cité pour s’en échapper alors que le second est plus orienté sur la survie et la dissimulation autour d’un point central. De plus vos compétences en chimie seront améliorées alors que vous n’aurez plus la possibilité de faire de mécanique, le second personnage n’étant pas doué en ce domaine.
Effectivement, si vous êtes des amoureux des jeux d’action sous adrénaline, ou de jeux de rôle aux dialogues à construire par vous-même, vous resterez sur votre faim.
Mais pour ceux qui tomberont amoureux de son univers, We Happy Few, propose gratuitement une expérience VR avec Uncle Jack Live qui vous permettra de travailler avec l’oncle Jack, figure emblématique de la propagande.
We Happy Few n’est pas sans défaut, des bugs sont encore corrigés et à corriger au moment où vous lirez ces lignes, mais il y a bien longtemps qu’on ne nous avait pas proposé un univers original, riche et particulièrement bien construit.