Le test de Monster Hunter World est réalisé à partir d’une version PS4 fournie par l’éditeur.
Monster Hunter World, en route pour le nouveau monde
Si la série a commencé en 2005 en Europe avec Monster Hunter sur PS2, celle-ci n’a connu un réel engouement que très récemment. Sortant sur les consoles de Sony exclusivement, la PS2 et la PSP, la série s’adressait en effet à un public-cible bien défini, ce qui n’a pas aidé à la popularité de la série. Mais avec Monster Hunter Freedom Unite sur PSP en 2009 en Europe Portable 3rd au Japon en 2010, la série va finalement quitter les consoles de Sony pour atterrir sur celle de Nintendo, qui va, à son tour, en accueillir l’exclusivité. Ainsi, pendant quelques années, la série va développer sa popularité sur Wii, WiiU et 3DS et pendant que certains pensaient qu’on ne verrai plus jamais un Monster Hunter sur une console de Sony, Capcom a pris tout le monde de court en annonçant la sortie de Monster Hunter World à l’E3 2017. Prévu pour 2018 sur PS4, mais aussi Xbox One et PC, le jeu fait la promesse de se constituer une solide réputation en Europe en élargissant son public, rendant le jeu plus accessible par les plateformes choisies, mais aussi par le gameplay qui a été revisité pour offrir la meilleure expérience de jeu possible.
Ainsi, après avoir créé notre personnage grâce à l’outil de création, qui semble avoir plu à certains joueurs, nous voici lancé dans l’aventure. Si depuis peu, Capcom commence à vouloir développer le scénario de ses jeux, Monster Hunter World ne déroge pas à la règle et nous propose donc de nous lancer dans une quête d’exploration du nouveau monde. Un nouveau continent a été découvert, sur lequel les monstres et les Dragons Anciens se réunissent tous les 10 ans. Ne sachant pas ce qu’il s’y passe, la Guilde a envoyé plusieurs commissions de chasseurs pour tenter de découvrir ce qui attire ces créatures, mais aussi pour s’établir sur ce nouveau monde, plein de monstres et, fatalement, plein de danger. On incarne donc un jeune chasseur, arrivant dans ce nouveau monde pour enquêter et chasser les monstres. Malheureusement, ceux-ci seront bien plus puissants que prévus et cette quête sera bien plus difficile, l’obligeant à faire appel à d’autres chasseurs.
L’art de la traque
Monster Hunter World permet donc aux joueurs de trouver leur place dans une commission de chasseur, avec l’accomplissement de missions prioritaires de plus en plus difficiles et permettant d’avoir accès à des quêtes de plus en plus difficiles. Pour ce faire, le joueur ne sera jamais seul, accompagné de son Palico, un chat à deux pattes se battant aux côtés de son maître contre les monstres et offrant des aides précieuses contre les monstres, comme les vitaguêpes, qui permettent de regagner de la vie. Le joueur sera aussi accompagné d’une assistante, permettant aux joueurs découvrant le jeu de s’acclimater de certaines mécaniques de gameplay. Pour les chasseurs les plus aguerris, celle-ci se révélera vite un élément perturbateur, ne prenant la parole que pour des éléments dont il a déjà connaissance. En ville, le joueur pourra donc acheter des fournitures et combiner des éléments pour se préparer au mieux à la chasse. Les éléments à combiner peuvent être trouvés lors des chasses ou lors d’explorations, permettant de se rendre sur place sans quête à effectuer et donc, sans risque de mourir et donc sans le stress de croiser un monstre trop puissant. Ils peuvent aussi les cultiver grâce à l’herboriste, permettant de recevoir des éléments à combiner sans rien faire entre deux quêtes, ce qui est fort utile pour les composantes les plus difficiles à trouver pour faire des pièges et des bombes tranquillisantes. C’est aussi dans la ville que les joueurs trouveront la forge, un élément central du jeu, car c’est là qu’ils pourront fabriquer de nouvelles armures en utilisant les ressources récupérées au cours de leurs quêtes et le plus souvent, ce sont des parties des monstres qu’ils affrontent. C’est aussi là qu’ils peuvent améliorer leur équipement, afin de se préparer au mieux aux quêtes les plus difficiles. On retrouve enfin la cantine, très importante pour toutes les quêtes, puisqu’un repas permet aux joueurs de bénéficier de bonus non négligeables comme une vie ou une stamina améliorée. Il est à noter que la cuisine est simplifiée dans ce Monster Hunter World, puisque le chef nous propose directement des menus, déjà préparés, le joueur n’a pas à planifier son repas tout seul, bien que cela soit encore possible, mais assez compliqué. Une fois tous ces éléments en tête, le joueur peut prendre des requêtes, des missions annexes le récompensant avec des sphères d’armure, un élément important pour améliorer son armure. Ces missions annexes sont simples à réaliser, comme chasser un type de monstre précis ou accomplir un certain nombre de quêtes sur une carte déterminée. On voit que l’idée de rendre plus facile l’accès aux sphère d’armures est intéressante pour permettre aux nouveaux joueurs de faire progresser leurs armures plus rapidement, même si désormais il faut plus de sphères d’armures pour améliorer un élément, cela rend la chose moins fastidieuse que dans les précédents opus.
Concernant les quêtes, on retrouve les même types de quête que dans un Monster Hunter : des quêtes de récoltes, qui nous rappellent les raisons pour lesquelles on déteste les développeurs et on les maudit, et des quêtes de chasses, de massacres, qui nous rappellent pourquoi nous les aimons. Si les quêtes de récolte restent une épine dans le pied des chasseurs à la recherche d’action, les faire se révèle toujours utiles pour récupérer des améliorations de la cuisine ou du jardin de l’herboriste. Mais si les joueurs trouvent ces quêtes réellement fastidieuses, ils peuvent à tout moment être rejoint par un joueur de la même session ou demander de l’aide aux autres en activant la balise de détresse. L’idée de cette balise est nouvelle pour un Monster Hunter, mais force est de constater que cela colle parfaitement au jeu et à son univers. De plus, la possibilité de pouvoir demander de l’aide à tout moment est un réel soulagement, là où il fallait d’abord abandonner une quête pour pouvoir demander de l’aide, sans être sûr d’en obtenir. Un mécanisme qui rappelle celui des jeux From Software et qui s’adapte parfaitement. Bien entendu, les joueurs pourront aussi participer à des quêtes de chasse et partir traquer des petits monstres pour sécuriser la zone ou des grands monstres, afin de permettre à la commission d’étendre son territoire. En effet, le but de la commission est de découvrir la raison de la présence des monstres sur ce nouveau monde et pour cela, il faudra avancer dans un territoire hostile, obligeant le plus souvent à traquer certains monstres fort belliqueux. Il faut aussi noter que le joueur peut aussi prendre des repas en pleine quête, comme pour récupérer un bonus qu’il aurait perdu en s’évanouissant, ce qui est fort utile, surtout dans un combat acharné contre un ennemi bien trop fort. De plus, si le joueurs a la possibilité de se cacher dans son environnement, il faudra sans doute préférer l’approche directe, le temps étant compté et la majorité des quêtes ne laissant que 50 minutes pour parvenir à vaincre les monstres. Cependant, ce délai est amplement suffisant pour chasser les monstres de Monstre Hunter World, la plupart étant vaincu au bout d’une dizaine de minutes, ce qui rend les échecs moins frustrants que si le joueur avait passé 30 minutes à chasser le monstre avant d’épuiser sa dernière vie. En effet, une autre condition d’échec dans Monster Hunter, c’est de s’évanouir trois fois, ce qui revient à échouer la quête et c’est plus souvent ça qui va être synonyme d’échec pour les joueurs. Il est à noter que les vies sont partagées et ainsi, dans un groupe de quatre chasseurs, si l’un d’entre eux s’évanouit trois fois, la quête est échouée pour tout le monde, et c’est là qu’on peut pointer du doigt un problème. Si, à la base, l’idée de s’ouvrir aux joueurs est louable, cela amène aussi des joueurs n’ayant jamais joué à un Monster Hunter et n’ayant pas encore les réflexes d’un chasseur aguerri. Or, lorsque celui-ci rejoint une quête un peu trop dur pour son niveau, il y a fort à parier que les joueurs expérimentés ne voient pas d’un bon œil ce dernier, surtout lorsque celui-ci s’évanouit pour la deuxième fois en moins de cinq minutes. Ainsi, les joueurs plus expérimentés risquent de voir leur expérience de jeu légèrement gâchée par l’arrivée de nouveaux joueurs, mais il ne faut pas non plus qu’ils oublient qu’ils sont passés par là eux aussi.
Un système plus ouvert et accueillant
Ainsi, ce Monster Hunter World est plus accueillant pour les nouveaux joueurs, beaucoup plus que certains vieux chasseurs. On note en effet que certains éléments de gameplay ne deviennent pas disponibles dès le début, comme les colliers ou les gemmes, permettant d’améliorer les talents de notre armure. Le système des talents a aussi été modifié et désormais, on peut avoir accès à un talent avec une simple pièce d’armure, là où il en fallait plusieurs pour bénéficier du talent, souvent du même ensemble. Le talent permet aux joueurs d’avoir accès à des capacités cachées lors des quêtes, comme une réduction du temps de consommation d’un objet, ce qui peut rapidement se révéler utile en plein combat. Un élément important à prendre en compte et simplifié pour les nouveaux venus, mais qui permet aussi de faire plusieurs combinaisons. Les armes aussi ont été retravaillées et les joueurs seront contents de retrouver les 14 types d’arme que propose le jeu. Il est à noter que chaque arme a son propre gameplay, permettant à tous les types des joueurs de trouver leur bonheur entre l’insectoglaive, l’arc, le fusarbalète léger et le fusarbalète lourd, la volto-hache, la morpho-hache, la lance, le lance-flingue, la grande épée, la longue épée, les doubles lames, l’épée-bouclier, le marteau ainsi que la corne de chasse. Ces armes ont connu quelques améliorations et modifications, permettant aussi aux vieux chasseurs de redécouvrir leurs armes favorites, mais surtout de donner l’occasion de tester de nouvelles armes et voir ce qu’elles ont à offrir. L’arc, par exemple, jouit d’une meilleure prise en main, profitant de la manette pour offrir de meilleurs sensations que ne pouvait le faire une 3DS. Le marteau, de son côté, bénéficie d’un nouveau stade de chargement de puissance, permettant de faire plus de dégâts sur les monstres pour briser les parties. De plus, les Hit Box ont été modifiées, permettant d’esquiver plus facilement les coups des monstres. Il est à noter que désormais, une bulle d’infos nous informe sur les parties des monstres que les joueurs brisent, facilitant la recherche d’un élément spécifique du monstre, car certaines ressources ne se débloquent qu’en brisant certains éléments du monstre, obligeant les joueurs à viser une partie du monstre pour espérer récupérer les éléments voulus. A noter que les joueurs peuvent aussi remplir des contrats, qui sont des quêtes spéciales, permettant d’avoir accès à des récompenses bonus. Ce système est parfait pour récupérer certaines ressources rares sur des monstres, ce qui est un bon ajout pour cet opus. Pendant les quêtes, les joueurs pourront aussi profiter de la présence d’autres grands monstres, qui peuvent venir attaquer la cible afin de défendre leur territoire, occasionnant de gros dégâts sur les monstres, mais il faut faire attention à ne pas tomber entre ses griffes. Ce système permet non seulement d’occasionner des dégâts supplémentaires, mais aussi d’être témoin d’un affrontement épique, ce qui est un bon point pour l’esthétique du jeu. Le système de chasse a aussi été revu et ressemble vraiment à une traque du monstre. Ainsi, on laisse tomber les marqueurs et désormais on se retrouve à étudier l’environnement et les traces laissées par les monstres sur ce dernier, comme des griffures sur des arbres ou des traces de pattes. A mesure que l’on interagit avec ces éléments, les navicioles pourront plus facilement nous indiquer la direction du monstre. Cela modifie quelque peu les habitudes des chasseurs et ce système est très plaisant à jouer, donnant le sentiment d’être toujours à la poursuite du monstre sans que celui-ci ne se doute un instant de ce qui l’attend. Les navicioles nous indique aussi les ressources autour de nous, ce qui facilite grandement les collectes, puisque nous savons désormais où chercher, les points de collecte étant indiqués sur la carte et les navicioles les mettant en surbrillance tout en indiquant de quelle ressource il s’agit.
Concernant les cartes du jeu, elles sont particulièrement grandes et riches en détails. Sur une carte, on peut trouver plusieurs environnement comme une forêt pas loin d’un désert et cela permet de dépayser le joueur. De plus, ces cartes étant suffisamment grandes et ouvertes, on ne se retrouve plus dans la situation où le monstre est prêt d’une sortie de zone et où le joueur peut facilement changer de zone en plein combat sans faire attention, ce qui lui fait perdre du temps. De plus, cela permet à l’action de continuer sans s’arrêter, là où les écrans de chargement venaient souvent poser des temps morts assez désagréables dans le feu de l’action. On notera tout de même le faible nombre de cartes, quatre, et surtout l’absence de carte dans une montagne enneigée, bien que cela soit un avis purement personnel. Mais il faut tout de même souligner que le jeu est magnifique, avec ces décors éblouissants et ses monstres hauts en couleur. Les monstres ont d’ailleurs une excellente intelligence artificielle et réagissent parfaitement comme des animaux réels le feraient, comme lorsque ceux-ci cherchent à manger ou se reposer, voire à fuir le combat quand l’adversaire se révèle trop fort. Ils sont aussi teigneux lorsqu’un joueur arrive à monter sur son dos pour le faire descendre, n’hésitant pas à aller dans un mur pour déloger l’indésirable. C’est là que l’idée du grappin est intéressante, car il permet de retourner directement sur le dos du monstre si l’on a été projeté, offrant une seconde chance pour mettre le monstre à terre et occasionner des dégâts supplémentaires. Une fois bien affaibli, celui-ci va se reposer dans sa tanière et les joueurs ont alors le choix entre achever la bête ou bien la capturer, la capture permettant de récupérer beaucoup plus de ressources qu’en achevant celle-ci. Capcom a aussi pensé à beaucoup de petits détails pour permettre une meilleure immersion dans le jeu. Ainsi, lorsque nous capturons un monstre, celui-ci est visible dans le village, lorsque nous mangeons, le personnage retire le haut de son armure. Ce ne sont que des petits détails, mais ceux-ci n’étaient pas présents dans les précédents jeux et cela montre que Capcom a vraiment pensé à tout pour cet opus. Du côté des musiques, on retrouve Akihiko Narita, qui a déjà travaillé sur les musiques des jeux précédents ainsi que sur certains autres titres de Capcom, mais aussi Zhenlan Kang, un petit nouveau. L’OST est magistrale comme le reste du jeu et l’ambiance sonore demeure parfaite avec une musique discrète lors des phases de traques puis épique lors des combats contres les monstres. Pour ce qui est de la durée de vie, Monster Hunter World reste comme les autres opus de la série extrêmement chronophages et on se retrouve rapidement avec une dizaine d’heures de jeu en ayant simplement fait les quêtes du début du jeu. Pour venir à bout des quêtes principales, il faut compter entre 40 et 50 heures de jeu, donc une bonne durée de vie, sans prendre en compte les futures mises à jour. C’est aussi là qu’on se rend compte que ce type de jeu peut vite amener un sentiment de répétitivité, mais qui est vite compensé par l’envie de jouer au jeu.
Finalement, le retour de la licence sur les consoles nouvelle génération fait un bien fou à la licence et permet de toucher plus de joueurs. Avec un gameplay retravaillé et l’amélioration pour la scénarisation du titre, on se retrouve face à un jeu avec beaucoup de points forts et peu de points faibles, souvent liés au jeu en lui-même. Ainsi, les joueurs qui ne connaitraient pas la série peuvent se jeter sur Monster Hunter World, qui est un excellent point d’entrée à celle-ci et qui permet vraiment à la licence de Capcom de prendre un nouveau départ.