Ni No Kuni II : l’avènement d’un nouveau royaume
(testé sur une version PS4 fournie par l’éditeur)
Ni no Kuni II : l’avènement d’un nouveau royaume est arrivé chez nous le 23 mars dernier, soit près de 5 ans après le premier opus qui avait obtenu un succès critique à la hauteur de sa qualité. Entre temps, Level-5 qui édite également cette suite a perdu l’appui direct du mythique studio Ghibli qui avait donné au premier volet la patte graphique si caractéristique de la firme nippone, maitre dans l’art de l’animation. Pour Ni No Kuni II, des anciens de chez Ghibli ont tout de même prêté main forte pour continuer à faire de ce nouveau titre une œuvre d’art dans la continuité de son ainé. Est-ce malgré tout suffisant pour faire un bon jeu ? Évidemment non. Heureusement, il y a plein d’autres choses à découvrir, et je vous propose un tour d’horizon dans ce test.
Au commencement, il y avait un prince…
Notre histoire débute… en compagnie du président des États-Unis (on vous rassure, ce n’est pas Trump). Celui-ci s’appelle Roland et se trouve dans sa voiture lorsqu’il voit passer juste au dessus de lui une bombe atomique qui va s’écraser quelques kilomètres plus loin. Soufflé par la gigantesque explosion, il tombe inconscient et se retrouve transporté dans un autre univers. Il atterrit dans la chambre du jeune Evan, futur roi de Carabas, lui-même en bien mauvaise posture. En effet, le vil Ratoléon, le premier ministre de Carabas, a fomenté un coup d’état après avoir lentement empoisonné l’ancien roi et père d’Evan. Le petit prince est donc contraint de quitter en catimini ce qui devait devenir son royaume. Heureusement Roland est là pour lui prêter main forte dans sa fuite. Malgré des événements tragiques au cours de son exfiltration, Evan finit par s’échapper de Carabas. Il a désormais une volonté, construire, avec l’aide de Roland, un nouveau royaume où tout le monde pourra vivre heureux.
Cette dernière phrase laisse parfaitement présager ce que nous réserve le scénario : un déluge de bons sentiments. Parfaite pour les enfants, l’histoire de Ni No Kuni II pourra s’avérer un peu trop proprette pour les plus grands. Elle reste malgré tout assez agréable à suivre sans pour autant nous réserver de véritables surprises même si, jusqu’à la dernière minute, nous sont servis des rebondissements un peu maladroits. Je dois dire que j’ai eu le sentiment d’être un peu resté sur ma faim à l’orée du générique. Scénaristiquement parlant en tout cas puisque le jeu a plutôt performé sur les autres points où je l’attendais.
A commencer par la direction artistique époustouflante. Visuellement, le titre est un véritable délice. Même si Ghibli n’a pas participé au développement de ce titre, on sent bien que la touche du studio est toujours présente. Les dessins, les couleurs, les jeux d’ombres et de lumière, cela a été pour moi un émerveillement de chaque instant. On sent en tout cas que le chara-design et les décors ont tout particulièrement été travaillés… tout du moins tant que l’on reste sur le chemin de la trame principale. En effet lorsque l’on s’aventure sur le chemin des quêtes annexes, on découvre que de nombreux environnements sont réutilisés à foison. Ce n’est d’ailleurs pas la seule impression de redondance que proposera le jeu, mais on y reviendra.
Terminons d’abord sur l’ambiance générale de Ni No Kuni II en évoquant l’aspect sonore. Là encore, c’est un régal. J’avais parfois l’impression d’être suivi par tout un orchestre philharmonique et je dois dire que c’était très agréable. Les thèmes musicaux sont souvent un vrai plaisir pour les oreilles même si j’aurais aimé en avoir plus à me mettre sous la dent. Les doublages sont aussi plutôt bons et nous permettent de s’attacher aux personnages et ils sont d’ailleurs disponibles en anglais et en japonais. L’occasion de préciser que le jeu est sous-titré en français, ce qui, par les temps qui courent, n’est jamais une précision inutile (cf. mon test de The Witch and the Hundred Knight 2). En revanche, la localisation est assez inégale. Si certains noms ont été changés à bon escient pour conserver les jeux de mots, certaines traductions de dialogue frôlent parfois la liberté excessive. Plutôt désagréable.
Parti à la conquête de territoires…
Alors l’écrin de ce Ni No Kuni II est certes bien joli mais ça ne servirait à rien s’il était vide. Rassurez-vous, il ne l’est pas, bien au contraire. Le titre de Level-5 propose beaucoup de contenu et pas mal de variété pour nous éviter de se cantonner à la trame principale. Je vais essayer d’aborder tout ça de manière succincte pour ne pas surcharger ce test en explications. Commençons par la base.
Le système de combat de Ni No Kuni II s’apparente à un A-RPG classique, on rencontre des monstres sur notre route et on les cogne à l’aide de nos armes et autres sorts dans du combat en temps réel. Comme pour le précédent opus, nous pouvons contrôler alternativement trois personnages durant les affrontements, le passage de l’un à l’autre se faisant sur la simple pression d’une touche. Malheureusement, l’IA des deux personnages que l’on ne contrôle pas est un peu faiblarde et ils n’ont pas toujours la présence d’esprit d’esquiver les grosses attaques. Dans Ni No Kuni premier du nom, nos personnages étaient accompagnés de familiers, des monstres que l’on pouvait charmer pendant nos combats pour les faire rejoindre notre cause. On pouvait ensuite les faire combattre et évoluer à l’instar des Pokémon. Malheureusement, ce système n’est plus de mise dans cette suite. Les Familiers ont été remplacés par des Mousses, des petits personnages tout mimi, mais beaucoup moins passionnants à apprivoiser. Là il vous suffit de les cuisiner ou de les trouver dans la nature (cf. notre guide des statues du Saint-Mousse). Une fois en notre possession, il suffit de nourrir ces petits combattants élémentaux pour les renforcer. Dommage, selon moi, d’avoir abandonné les Familiers.
Malgré tout le système de combat se veut fluide et dynamique. Une petite dose de stratégie a été instaurée avec l’apparition de l’égaliseur (rien à voir avec Denzel Washington). L’égaliseur permet, au fur et à mesure de nos gains de niveau, d’augmenter les dégâts contre certains types de monstres et de se protéger de certains types de dégâts élémentaux. Inutile d’espérer tout débloquer à la fois, comme son nom l’indique, l’égaliseur nous oblige à faire des choix. A nous de nous adapter en fonction des ennemis. Si dans la théorie, le système est intéressant, il se révèlera anecdotique dans la pratique. J’ai d’ailleurs passé tout le jeu presque sans y faire attention. J’en profite pour parler du bestiaire assez pauvre. La plupart des monstres sont des variations de 5 ou 6 monstres de bases, deuxième point de redondance.
Alors ce système « classique » de combat A-RPG n’est pas le seul que l’on rencontrera. Le jeu propose également des phases qui pourraient presque s’apparenter à un STR. Nous embarquons ainsi quatre escadrons que nous déplaçons à notre guise sur la carte pour les faire combattre ceux ennemis. Chacun d’entre eux inflige un type de dégâts qui est efficace contre un type mais vulnérable face à un autre. Le fameux principe du pierre, feuille, ciseaux. Ces phases de jeu sont sympathiques à jouer et viennent briser la monotonie qui aurait pu s’installer. Bien qu’en apparence annexes, ces missions auront toutes leur importances à certains moments du jeu, et ce jusque dans les derniers instants. (une vidéo de ce mode ci-dessous)
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Pour devenir Roi pigeon
Vient ensuite l’un des points centraux de Ni No Kuni II et celui qui nous demandera le plus d’investissement : la gestion de notre royaume. Hé oui, je rappelle que le sous titre du jeu est « l’avènement d’un nouveau royaume » et c’est nous qui serons charger de lui donner forme. Bienvenue dès lors dans une sorte de mini-jeu de gestion pour faire prospérer notre joyeuse cité. Il nous revient de construire des bâtiments destinés à la récolte de ressources, à la production d’équipement ou encore à la recherche pour diverses améliorations. La pierre ne suffisant pas, il faudra aussi remplir ces infrastructures de loyaux sujets compétents dans leur domaine. Nous voici donc envoyés aux quatre coins du monde à la recherche de nouvelles recrues.
En revanche, la plupart de ces employés modèles ne se joindra pas à notre fiesta sans contrepartie. Chacun ira de sa petite exigence qui aboutira sur une quête annexe. Soit. Seulement, ces quêtes annexes s’ajouteront à celles qui permettront de booster certaines capacités de notre base et à celles qui sont là juste pour le fun. C’est ainsi une nuée de quêtes annexes qui va littéralement s’abattre sur Evan et ainsi sur le joueur. Des quêtes que l’on confierait soit à un vaguemestre (chercher un ingrédient manquant pour l’apporter à untel), soit à un agent de sécurité (va battre le monstre qui bloque tel route). La redondance des quêtes est indéniable et ce bon vieux Evan est heureusement la bonne poire du coin et s’évertuera à remplir toutes les taches, en vrai c’est nous qui nous y collons. On a forcement pas le choix si l’on veut faire prospérer notre royaume. A titre personnel, je m’y suis plié volontiers parce que la gestion du royaume est tellement intéressante et prenante que j’ai accepté de courir aux quatre vents pour tout compléter. Sans doute qu’une personne moins atteinte de complétionite aigue sera plus rapidement agacée par cette monotonie dans les quêtes.
Au final, Ni No Kuni II : l’avènement d’un nouveau royaume est un bon jeu sans pour autant atteindre le rang de chef-d’œuvre. Le jeu met au programme une direction artistique à couper le souffle et des « modes de jeu » variés avec notamment le très bon mode de gestion de royaume qui s’imposerait presque comme le point central. Ajoutant à celà une durée de vie très conséquente (bien que gonflé artificiellement par les missions annexes), le titre de Level-5 promet une expérience très plaisante, bien qu’un peu trop facile (battre le boss de fin avec 12 niveau de moins que lui…). Demeurent cependant quelques défauts comme cette redondance à plusieurs niveaux et notamment celui des quêtes annexes. Je regrette aussi que le scénario ne m’ait pas plus transporté que ça, c’est là mon seul vrai regret.