TEST – Empire of Sin, un mélange des genres explosif

Alors moi je me vois avec Empire of Sin à Chicago,
Tout le monde m’appelle Frankie Borsalino

Empire of Sin

Développeur : Romero Games
Éditeur : Paradox Interactive
Genre : Gestion / Stratégie
Supports : PS4, Xbox One, Switch, PC
Support de test : PS4 (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 01/12/2020

 

L’univers de la mafia a depuis toujours inspiré le monde de la culture. Les mondes du livre, du cinéma et bien entendu du jeu vidéo regorgent d’œuvres mettant en scène des gangsters sans foi ni loi (on pense à Mafia Definitive Edition sorti tout récemment). Aujourd’hui, c’est au tour d’un certain John Romero, co-créateur de Doom, de s’essayer à cet univers violent. Avec son studio Romero Games, qu’il a fondé avec sa femme Brenda, il nous propose Empire of Sin, qui mêle jeu de gestion et jeu de stratégie au tour au tour (ou XCOM-like comme on les appelle parfois). Sur le papier, la recette est alléchante mais le résultat est-il comestible ? Les éléments de réponses arrivent.

Sweet Home Chicago

Empire of Sin nous entraîne dans les rues malfamées du Chicago des années 20. A cette époque, la Prohibition en vigueur aux États-Unis interdisait la vente d’alcool et les organisations criminelles de tous bords se chargeaient de contrevenir à cette loi pour proposer leurs breuvages dans des salles clandestines. En face, les autorités étaient censés traquer les trafics pour empêcher la profusion d’alcool clandestin. Corruption, productions clandestines, rivalités entre gangs et voilà les bases posées pour Empire of Sin qui n’a plus qu’à jouer sur du velours.

En début de partie, on nous propose d’incarner un baron du crime parmi les quatorze disponibles, certains d’entre eux étant de vrais criminels d’antan comme Al Capone ou Sai Wing Mock. Chacun possède ses caractéristiques qui nous aideront plus ou moins à gérer notre petite affaire par la suite. Après une courte séquence, différente en fonction du personnage choisi, qui va poser les bases du fil rouge de la partie, nous voilà jeté dans les rues de Chicago.

De prime abord, les graphismes sont plutôt passables pour un jeu de cet envergure, les textures sont légèrement baveuses mais on tolère. Les environnements rendent bien surtout  grâce à l’ambiance des années 20 réussie. Qu’il s’agisse des devantures des magasins ou bien des voitures, tout transpire les années folles. Un vrai bon point.

Pareil du côté de la bande son, avec des sonorités très jazzy évidemment et sur lesquels on aura envie de danser le Charleston ou le Lindy Hop. Enfin les quelques doublages présents fleure bon les films de gangsters, parfois de manière très cliché mais ça en fait le charme. Notons au passage que les textes ont été traduits en français et que la qualité est correcte sans plus.

Je vais lui faire une offre qu’il ne peut pas refuser

Nous voilà donc dans cette belle ambiance, mais la vie n’est pas si douce à Chicago et on va rapidement contribuer à faire grimper le taux de criminalité. Hé oui, le but du jeu sera de faire en sorte que notre gang prenne le contrôle de la ville en évinçant au passage celui des autres. Pour cela, Empire of Sin propose un gameplay en deux parties qui s’entremêlent.

Dans un premier temps, l’aspect gestion. Il va falloir faire prospérer l’empire que l’on souhaite mettre en place. On va donc lancer toute une série de petits commerces de première nécessité tels  que des bars, des bordels et des casinos. Clandestins bien sûr. Le nerf de la guerre à l’époque de la prohibition c’était l’alcool. Il faudra alors contrôler des brasseries pour en produire afin d’abreuver nos différents établissements. Bon, sur le papier comme ça, ça a l’air simple sauf que l’on est pas seul à Chicago. Deux types d’organisations peu fréquentables vont ainsi vous mettre des bâtons dans les roues. Les autres gangs et la police.

Pour étendre notre empire, contrôler toujours d’établissements est une nécessité. Seulement, si dans un premier temps, on pourra simplement en acheter ou les reprendre à des gangs mineurs, à un moment donné Chicago sera bien trop petite pour tous ces barons du crime. Il faudra en évincer certains et sans doute vous allier à d’autres… pour éventuellement les trahir ensuite. Empire of Sin nous donne ainsi l’opportunité d’établir des relations avec les gangs entrainant parfois des guerres entre les clans rivaux. Tout cet aspect est bien pensé. Il y a de nombreuses interactions possibles avec les chefs de gangs rivaux pouvant soit vous aider, soit vous ruiner la vie. Il faut alors soupeser chacune des nos décisions pour éviter l’emballement fatidique. Hé oui, l’équilibre dans le monde du crime est fragile.

D’autant que je le disais plus haut, la police s’en mêle aussi. Tous vos établissements clandestins peuvent ne pas le rester indéfiniment. Tous ont la possibilité d’être améliorés pour attirer un plus grand nombre de clients et ainsi maximiser les profits. En améliorant la qualité de l’ambiance, de la sécurité et du bouche à oreille, vous risquez au passage d’attirer l’attention des agents luttant pour la prohibition qui, s’ils vous repèrent, feront des descentes pour faire cesser la bamboche. Vous aurez toujours la possibilité de les soudoyer pour qu’ils ferment les yeux, mais si vous n’avez pas assez d’argent ils fermeront les lieux. Temporairement certes, mais vous perdrez au passage des rentrées d’argent. Il faudra alors peut-être se battre pour se débarrasser des gêneurs mais nous y reviendront.

Vous l’avez compris Empire of Sin est bourré de choix qui sont le fondement même de la gestion. Dans quoi investir ? S’allier ou se faire la guerre avec un rival ? Comment gérer les forces de l’ordre ? Des choix toujours lourds de conséquence pour votre trafic qui ne demande qu’à prospérer. La partie gestion est immersive et le seul vrai bémol à ce sujet concerne les écrans de suivis qui sont un vrai fouillis. Peu intuitifs, pas toujours très clairs, les différents tableaux de bord mettront du temps à livrer tout leur sens.

Ce n’est pas personnel, c’est uniquement les affaires

Alors la gestion dans une organisation criminelle, c’est important mais il faut aussi faire preuve de violence. Pour assurer cette partie, Empire of Sin propose un autre gameplay : de la stratégie au tour par tour. Un genre popularisé notamment par la franchise X-COM dont on retrouvera peu ou prou les bases ici. Avec son système de probabilité de réussite des actions, de couverture et semi-couverture entre autres, les habitués des jeux du genre prendront très vite leurs marques.

Ces phases de gameplay sont prépondérantes dans Empire of Sin puisque ce sont elles qui permettent d’étendre son territoire. En effet, lorsque nous allons « réclamer » la propriété d’un établissement tenu par un gang, il ne suffira pas de se poser autour d’une table. Il faudra plutôt se planquer derrière et tirer sur tout ce qui bouge. Bien entendu, notre personnage de départ ne pourra pas y arriver seul et il va devoir recruter une petite équipe de bandits pour l’épauler. Une cinquantaine de petites frappes sont sur le marché de l’emploi et elles sont classées par profession comme médecin ou expert en démolition. Comme on peut s’en douter, en fonction de sa catégorie, les types d’armes pouvant être équipés ou les caractéristiques vont varier. A nous de monter une équipe la plus équilibré possible, tout en ménageant les états d’âme. Hé oui, chaque personnage a des affinités avec certains et des inimitiés avec d’autres… En ne gérant pas bien votre affaire, on peut se retrouver dans l’incapacité de recruter le gredin que l’on voulait.

Au fur et à mesure de nos exploits sur la scène du crime, la notoriété de notre personnage principal grimpera. Nous aurons alors la possibilité de recruter de meilleurs éléments mais dont le salaire est logiquement plus élevé. Cependant, avoir une équipe bien fourni se révélera indispensable puisque la ville se divise en plusieurs quartiers et si l’on souhaite s’établir dans un coin que celui de notre départ, il faudra laisser une petite équipe sur place pour gérer la situation. En effet, les attaques de gangs et les descentes de police ne sont jamais bien loin je vous le rappelle. Se battre est une obligation dans ce milieu. D’ailleurs, on peut tout à fait attaquer par surprise des ennemis puisqu’une option permet de passer en mode combat quand on le souhaite. En plaçant un peu nos personnages comme on veut, et attendant que la brigade de police passe à un endroit précis sur son chemin vers notre établissement, on peut organiser de véritables embuscades. Malin.

Pour pimenter un peu l’action, de nombreuses quêtes annexes jalonneront notre partie. Mener l’enquête sur l’enlèvement de l’une de nos gagneuses ou comploter avec une organisation mystérieuse font aussi partie du quotidien de notre baron de la pègre. Là encore, des choix seront souvent proposés et l’on pourra souvent choisir de régler les choses pacifiquement ou… moins pacifiquement. Comme dans certains RPG, notre niveau dans certaines compétences comme la persuasion ou l’intimidation déterminera la réussite de nos choix. Cette petite touche de jeu de rôle est mineure puisque l’évolution de ces compétences est indexé sur notre niveau de notoriété. Il n’y a pas vraiment de choix à faire sur des points de capacité par exemple.

Voilà donc les deux pans du gameplay d’Empire of Sin. Je n’ai bien entendu pas détailler toutes les nombreuses subtilités mais dont je vous ai bel et  bien présenté les grandes lignes. Autant vous le dire, ce mélange est très bien pensé. Dans l’absolu, tout a été conçu de très bonne manière et mes premières heures de jeu, celles de la découverte, ont été extrêmement plaisantes. Au point de m’interroger sur la possibilité d’en faire mon GOTY. Petit à petit, cette possibilité s’est évanoui à cause d’un problème de finition.

Empire of Sin retrouvé criblé de bugs

Si vous avez lu le titre de ce chapitre, vous avez compris de quoi il s’agit. Les bugs. Il faut savoir que si ce test n’a pas été publié plus tôt, c’est que l’éditeur avait annoncé un patch day-one et il en avait besoin puisque lors de mes premières parties pour le test, j’ai eu des bugs à foison et en tous genres. Des petits comme des bugs d’animations et des gros comme des ennemis sur lesquels on ne peut pas tirer mais qui peuvent nous tirer dessus, des bâtiments dans lesquels on ne peut plus rentrer, des crashs du jeu…

Le patch a réduit le nombre de bugs, d’accord. Seulement il en reste encore parmi ceux handicapants. J’avais lancé 4 parties différentes avant le patch et je n’avais pu en finir aucune à cause de bugs. Après le patch, deux autres parties supplémentaires. Je n’ai pas pu finir la première puisque je me suis retrouvé dans l’impossibilité de rendre la moindre quête. Ma deuxième est toujours en cours, mais j’ai dû faire un retour arrière avec une ancienne sauvegarde manuelle car une quête avait buggé et je ne pouvais pas la rendre non plus. J’ai dû également recharger plusieurs fois mes parties puisque lorsque mes personnages entraient dans un bâtiment, l’un d’entre eux s’enfonçait dans le sol et lorsque c’était à son tour d’agir, les options n’apparaissaient pas, bloquant ainsi le jeu.

Bref, le but n’est pas de faire une liste exhaustive des bugs mais que faire désormais ? Espèrer qu’un autre patch va venir régler ces soucis tenaces ? Parce que derrière cette technique défaillante se trouvent des mécaniques avec énormément de potentiel. Oui les bugs ont clairement gâché assez vite mon expérience de jeu mais j’ai pourtant réussi à prendre du plaisir avec ce mix gestion / stratégie tour par tour quand tout allait bien. Ceci m’empêche dès lors d’être trop sévère avec le jeu d’ailleurs.

En définitive, Empire of Sin va se résumer en une expression. Avec une bonne idée de départ, avec des bases que l’on sent réfléchies, inspirées et des mécaniques intéressantes, tout est là pour en faire à la fois un bon jeu de gestion et un bon X-COM-like. Seulement l’optimisation n’est pas au rendez-vous et les bugs nuisent clairement à l’expérience de jeu. De nouveaux patchs sont nécessaires pour régler tout ça parce que comme disait le poète : on ne construit pas une maison sur des sables mouvants.

 

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Évaluation de l'article

Points forts

  • L'ambiance des années 20 bien retranscrite
  • La partie gestion immersive
  • La partie stratégie en temps réel réussi
  • La traduction française correcte

Points faibles

  • Des tableaux de bord brouillons
  • Des bugs à tire-larigot
6.5

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