TEST – Jagged Alliance 3, vis ma vie de mercenaire

Un retour après une très longue absence

 

Plus de deux décennies. C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour voir arriver Jagged Alliance 3 après l’opus numéro 2. Il faut dire que le parcours de la licence n’aura pas été un long fleuve tranquille. Elle a en effet changé de propriétaire à plusieurs reprises avec quelques projets avortés au passage. Haemimont Games et THQ Nordic ont finalement mis la main dessus pour enfin proposer un tout nouveau titre. L’ambition de cette renaissance était de parvenir à capturer l’essence de la série tout en modernisant et en améliorant de nombreux aspects du gameplay qui avait forcement vieilli. Est-ce que le résultat est à la hauteur de l’attente ? Réponse dans les lignes qui suivent.

Attention au grand chien

L’histoire de Jagged Alliance 3 se déroule dans la contrée fictive de Grand Chien. Le président de ce pays a été kidnappé par un seigneur de guerre locale qui a mené une rébellion. Sous le nom de « La légion » cette nouvelle faction a ainsi pris le contrôle total du territoire. Missionné par la fille du dirigeant captif, il appartient à nous autres joueurs de constituer une équipe de mercenaires pour le libérer. La trame de l’histoire est assez simpliste mais avant tout parce qu’elle s’inspire des films d’action actuels. Comment ne pas penser par exemple à la franchise des Expendables aux scénarios minces mais aux scènes d’action ultra-musclées. Cette inspiration du côté d’Hollywood n’est pas nouvelle puisque les anciens opus avait pris ce parti également.

Sans influencer sur le fond du scénario, il est à noter que les joueurs ont à plusieurs occasions des choix moraux à faire. Exiger un paiement ou non pour une tâche accomplie ou épargner ou pas un adversaire vaincu, tout pourra avoir des petites conséquences pour les suites de l’aventure. Il faudra bien gérer ses réponses et en accepter les conséquences.

L’écriture globale de Jagged Alliance 3 se fait également au travers ses mercenaires. En effet, la quasi-totalité d’entre eux sont des personnages pré-existants contrairement aux XCOM par exemple. Cela permet à chacun d’avoir sa propre personnalité et son style visuel distinct. Pour coller au reste, ils sont tous de bons clichés de films d’action. On retrouve ainsi le gros bourrin baraqué, la fille aux multiples sous-entendus sexuels, la nerd ou encore le mec beaucoup trop détendu.

Chacun pourra d’ailleurs placer des lignes de dialogues uniques au cours des quelques conversations que contient le jeu (les textes sont en français). Souvent à visée humoristique, ces moments uniques donnent de la vie à l’ensemble. D’autant plus que le doublage est plutôt réussi. L’accent français sera d’ailleurs de mise pour les habitants de Grand Chien puisque l’île est francophone (mais tout le monde parle anglais bizarrement). Comme dans les productions hollywoodiennes en fait.

Nos mercenaires n’offrent pas qu’une personnalité qui leur est propre. Ils possèdent également tous une variété de compétences et de talents qui permet aux joueurs de créer des équipes spécialisées en fonction de notre style de jeu. Rappelons-le s’il était nécessaire mais nous ne sommes pas là pour faire du tourisme mais bel et bien pour dézinguer des méchants. Un des aspects essentiels de Jagged Alliance 3 est donc la gestion de notre équipe. Il faut alors jongler entre les affinités des mercenaires qu’il est possible de recruter pour se constituer une escouade qui tient la route. Certains sont des tireurs d’élite précis, d’autres sont des spécialistes des explosifs, et d’autres encore sont des médecins compétents. Bien entendu, les meilleurs vous couteront bien plus chers que les novices.

Gestionnaire d’infortune

Car comme partout ailleurs, le nerf de la guerre c’est l’argent. En effet, comme tout mercenaire, nos unités ne sont pas engagés en CDI, elles bossent pour une durée déterminée. Le renouvellement de chaque contrat se monnaiera. Mais ce n’est pas tout. L’argent sera utile à des opérations auxquelles on pourra affecter nos unités comme comme la réparation d’équipement, la formation de milices locales ou la collecte de ressources. La gestion des ressources est également un aspect important, car on doit gérer, en plus de l’argent, notre équipement et fournitures pour maintenir notre équipe opérationnelle. Malheureusement, les menus ne sont pas toujours très ergonomiques pour gérer l’inventaire de ses escouades et manquent de quelques options pour optimiser le rangement rapide.

Pour en revenir sur le cash, Grand Chien regorge d’opportunités pour faire rentrer de l’argent. La revente, l’exploitation de mines de diamants ou l’accomplissement de quêtes annexes seront autant d’options pour éviter de se retrouver à sec. Situation qu’il faudra absolument éviter pour ne pas avoir à tout recommencer.

Après la gestion de son escouade, celle de l’argent, parlons de celle du territoire. On l’a dit en présentant les bases de l’histoire, Grand Chien est sous le joug de factieux. Le but est donc de s’en débarrasser en reprenant le contrôle du pays. Il est représenté à l’aide d’une carte en vue satellite et découpée en case semblable à celle d’une bataille navale de près de 100 cases. Chacune de ces cases peut-être explorée individuellement et proposent tout un tas d’environnement différents et uniques.

Certaines seront le lieu de point d’intérêt tels que des ports pour pouvoir naviguer par la mer, de mines de diamants à exploiter ou encore de place forte pour établir des milices de protections. Ces points seront à conquérir en tuant tous ses défenseurs mais attention, le Grand Chien est en mouvement constant. Si vous laissez des zones sans défenses elles pourront être reconquises, d’où l’importance de former des milices sur place.

Vous l’avez compris. Jagged Alliance 3 fourmille de détails à gérer. Il faut constamment faire des choix, prendre des décisions. C’est la marque des bons jeux de gestion et sur cet aspect-là, le titre réussit vraiment son coup. Les amateurs du genre apprécieront à n’en pas douter.

Faites attention où vous mettez les pieds…

Bien entendu, le cœur du soft réside dans son système de combat tactique au tour par tour. Le style que certains appellent le XCOM-like. A ceci-près que Jagged Alliance 3 permet également une approche plus furtive. En effet, lors de notre arrivée sur une zone, on peut, à la manière d’un Commandos-like, se faufiler pour zigouiller quelques ennemis avant de rentrer dans le vif du sujet. Cependant, il faut avouer que cette partie est loin d’être aussi fluide et maitrisée que pour les Commandos. Le premier point noir étant notamment le champ de vision des ennemis. Il n’y a pas d’indicateur de zone de détection. On pourrait se dire que cela donne plus de réalisme. Oui sauf que l’on se fait repérer très souvent de manière improbable. Dans le dos de l’ennemi, caché derrière un élément du décor… on a souvent du mal à comprendre comment approcher discrètement l’ennemi et cela devient très vite frustrant.

Alors place à l’action et aux fusillades. Lors de ces phases, on contrôle nos différentes unités pour vaincre celles de l’ennemi sur des cartes de bataille en 3D uniques, chacune ayant ses propres caractéristiques et éléments environnementaux. Comme dans tout jeu du genre, il faut tout d’abord gérer les couvertures. En effet, les éléments vont permettre d’avoir des couvertures partielles ou totale ce qui vous rendra plus ou moins facile à toucher. Il faut au passage éviter de se retrouver avec un ennemi dans le dos sous peine de se faire tirer comme un lapin. Enfin, les positions en hauteur offriront à la fois une meilleure protection mais aussi une meilleure position de tir. Tout bénéf.

Ces composantes sont déjà intégrées par les aficionados du genre et Jagged Alliance 3 les a bien intégrées à son gameplay. On rajoute à ça la possibilité de tirer sur des parties définies du corps. La tête, le corps ou le bras par exemple. Chacune des parties sera là aussi plus ou moins facile à toucher mais affectera l’ennemi de différente manière. Par exemple la tête est plus difficile à toucher mais fera plus de dégâts, contrairement aux tir au corps. D’ailleurs le système de précision est assez déroutant.

Dans la plupart des XCOM-like, le probabilité de réussite des tirs est affichée sous forme de pourcentage. Plus le pourcentage est élevé, plus le tir avait des chances pour toucher sa cible. Logique. Seulement dans Jagged Alliance 3, le système est différent puisque la probabilité est représentée par une jauge bien obscure à comprendre. Elle varie en fonction du type d’arme, de la distance et de l’application du tireur que l’on peut augmenter contre des points d’action. Je trouve vraiment ce système beaucoup moins lisible que les habituels pourcentages… peut-être une question d’habitude.

Pour le reste, les combats conservent le côté stratégique du jeu du genre avec brio. Il faudra s’adapter à l’ennemi et user à bon escient des capacités uniques de nos soldats. Il faudra aussi gérer leurs blessures et leur état de fatigue qui réduiront le nombre de points d’actions par tour.

Avant de conclure, passons à la technique. Bien entendu avec en premier lieu les graphismes. Ils sont plutôt de bonne facture. Pourtant certaines textures auraient gagné à être mieux définis mais dans l’ensemble les environnements restent bien détaillées. Les animations, bien que parfois un peu rigides, aide à l’immersion de cet ambiance films d’action made in Hollywood. Le jeu est assez fluide bien que les configurations minimales sont un poil élevée pour le rendu final.

L’IA des ennemis aurait gagné à être un peu plus intelligente également. Elle a souvent tendance à foncer dans le tas sans trop réfléchir… mais un peu comme les méchants des films dirons-nous. Quelques bugs ont également été à déplorer mais sans doute qu’ils seront réglés à coup de patch.

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