TEST – Shin Megami Tensei V, un enfer pavé de bonnes intentions

Shin Megami Tensei V

Licence encore méconnue en France, Shin Megami Tensei et son gameplay à base de démons à collectionner et à fusionner sont pourtant le socle qui a permis la création de la licence Persona. Après le remaster Shin Megami Tensei III Nocturne HD sorti il y a quelques mois, c’est désormais au tour d’un nouvel épisode inédit : Shin Megami Tensei V. Si les fans de la licence sauront l’analyser en fonction des précédents opus de la série, nous avons ici décidé de l’approcher avec l’œil du néophyte qui découvre son tout premier « vrai » Shin Megami Tensei après avoir expérimenté Persona 4 Golden et Persona 5 Royal. Ceci, afin de répondre aux questions des joueuses et des joueurs qui seraient dans le même cas et hésiteraient à se lancer dans ce mystérieux JRPG tellement similaire et pourtant si différent.

• Genre : JRPG, combats au tour-par-tour, gestion de créatures
• Développeurs / éditeur : AtlusNintendo
• Disponible (et testé) sur : Nintendo Switch
• Version du jeu utilisée : version day-one
• Angle du test : point de vue d’un débutant sur la licence

« Et gratta gratta sul tuo mandolin, mon petit Nahobino » ♪

En tant que protagoniste de Shin Megami Tensei V, vous pensiez mener votre vie de lycéen distant et solitaire en toute quiétude, mais un jour tout se détraque et c’est la fin du monde. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « adieu Tokyo », notre héros atterrit alors dans ce qui est désormais devenu les Enfers (également nommé le Da’at). L’ambiance sombre et oppressante de cette introduction est on ne peut plus réussie. Dès le départ, on ressent l’ambiance pré-Armageddon qui plane au-dessus de la tête de tout le monde sans que personne ne se doute des évènements qui vont suivre. Puis, passé l’inévitable, notre héros obtient rapidement ses pouvoirs par le biais d’une rencontre fortuite qui en fera le héraut de ces temps perdus : le Nahobino.

L’univers, bien que d’apparence complexe de prime abord, est toutefois abordable. On apprend que Dieu vola à une époque la Connaissance de ses anciens camarade de divinité, transformant ceux-ci en démons. Les humains, quant à eux, vaquaient à leurs occupations en ces temps immémoriaux jusqu’au jour où un petit malin (un serpent, forcément) décida de leur attribuer ladite Connaissance. Depuis, les démons l’ont mauvaise, et c’est seulement de nos jours que certains espèrent récupérer ce qu’on leur a volé. Et c’est ici que vous entrez en jeu, car c’est votre Connaissance fusionnée à votre mystérieux allié qui a fait de vous un Nahobino, un être mythique aux pouvoirs qui défient l’entendement. Mais qu’est-ce qu’un Nahobino ? Et quel rôle cela vous donne-t-il ? Tant de questions parmi d’autres auxquelles vous devrez chercher une réponse au fil de votre aventure…

Une technique qui Da’at

Rapidement et sans longueurs inutiles, le jeu vous introduit dans son monde semi-ouvert. Un monde post-apocalyptique, désertique, et rempli de démons pas forcément amicaux. Le concept du jeu est très rapide à prendre en main : votre personnage dispose de quelques pouvoirs magiques et d’une épée d’énergie greffée à votre bras droit, et il vous faudra combattre et rallier des démons afin de gonfler votre propre puissance ainsi que vos rangs. Pour ce faire, il vous suffit de combattre pour gagner de l’XP et de parler avec des démons pour tenter de les recruter et les placer dans votre équipe. Votre Nahobino aura ensuite la possibilité d’utiliser des « essences » de démon pour apprendre de nouvelles capacités, et les démons, quant à eux, pourront faire de même voire être fusionnés afin de devenir d’autres démons plus puissants héritant partiellement de certaines compétences des sacrifiés.

Comme dit précédemment, le concept est simple. Trop simple, même, car la gestion du Nahobino dépend uniquement de sa montée en niveaux et de ses techniques à apprendre via les essences. Pas de tenues, d’armes ou d’accessoires à récupérer. Le jeu va à l’essentiel de ce côté-là, et c’est surtout la gestion de votre bestiaire démoniaque qui va vous occuper une bonne partie du temps via les combats, les fusions, les essences à utiliser, etc.

L’exploration, quand à elle, aurait pu être agréable si le jeu ne souffrait pas de lacunes techniques notables. Entre la fréquence de rafraîchissement d’images qui peine souvent à atteindre les 30 FPS, les décors ternes, les textures un peu datées même pour un jeu Switch et la gestion des lumières ratée dans certains endroits, Shin Megami Tensei V est loin d’arriver à la cheville de certains (semi-)open world déjà sortis sur la console hybride de Nintendo et qui ont réussi à contourner ses limitations techniques en proposant une direction artistique solide. Si on comprend le fait qu’un mode post-apocalyptique enfoncé dans les Enfers est forcément moins lumineux et verdoyant que la plaine d’Hyrule, on regrette tout de même que « l’effet-waw » ressenti durant la première heure de jeu face à un désert aux allures mystiques s’estompe rapidement face à des décors qui peinent à frapper les esprits.

Shinigami-sensei

On combat d’ailleurs beaucoup, dans les environnements de Shin Megami Tensei V, même pour un JRPG. C’est d’ailleurs un constat que l’on dresse assez rapidement : le gameplay de SMT V gravite principalement autour de ça, de ces combats à répétition permettant de farmer de l’XP et de récupérer des démons pour compléter votre collection et ainsi permettre la création d’autres créatures démoniaques plus puissantes. Et c’est précisément sur ce point que le petit dernier d’Atlus créera un schisme : les joueuses et joueurs qui cherchent un JRPG avec des environnements à couper le souffle et une intrigue prenante déchanteront vite. Car Shin Megami Tensei V s’adresse à une autre catégorie de joueuses et joueurs : celle qui veut justement se battre et optimiser la puissance de ses personnages pour braver la difficulté de boss bien retors.

Car SMT V ne brille pas non plus par la qualité de son scénario, malgré un univers et une ambiance captivantes. Son intrigue principale est finalement peu présente, l’idée de choix à effectuer pour influer sur les évènements peine à convaincre, et les personnages – bien que très élégants d’un point de vue chara-design – manquent de profondeur. On comprend rapidement que les seuls socles sur lesquels Shin Megami Tensei V se reposent sont le système de combat et sa grande difficulté en mode de difficulté « normal ». Ce qui n’est pas un défaut pour celles et ceux qui recherchent justement ce genre d’expérience sera toutefois un gros drapeau rouge pour cette catégorie de fans de JRPG qui recherchent une expérience plus dense et moins mécanique.

Du point de vue de ce test réalisé dans la peau d’un joueur ou d’une joueuse espérant une expérience plus proche d’un JRPG conventionnel ou d’un Persona, on ressort un peu déçu de ce Shin Megami Tensei V qui ne plaira pas à tout le monde. Si son système de gestion de démons est plutôt complet et plaisant à prendre en main, le reste du jeu est hélas assez chiche. Le semi-open world possède ses qualités mais se révèle malgré tout en-deça techniquement et artistiquement de ce que la Switch peut offrir malgré ses limitations (on pense à Breath of the Wild et Xenoblade Chronicles: Definitive Edition), et on croule rapidement sous le nombre des combats redondants et rigides qui sont la clé de voûte du jeu. Côté scénario, c’est également la déception avec une histoire trop effacée et peu engageante qui ne fait pas beaucoup d’efforts pour soutenir son univers pourtant fascinant. On en ressort avec la sensation que Shin Megami Tensei V est un jeu d’initié·e·s qui ne parlera qu’à celles et ceux qui s’y lancent en sachant à quoi s’attendre et qui y cherchent avant tout des défis à relever.

 

Vous pouvez réagir à ce test avec un commentaire ou sur les réseaux sociaux via Facebook / Twitter / Instagram, et vous abonner à notre compte curateur Steam afin de retrouver nos tests PC. Pour suivre nos inénarrables péripéties en direct ou en différé, sachez que nous sommes aussi sur Twitch !

N’hésitez pas non plus à aller vous promener sur notre site, pour y découvrir nos nos tests de jeux et autres dossiers, ainsi que divers avis au sujet de films ou de séries, ainsi que des guides et astuces pour vos jeux favoris. Et ce n’est pas fini : nous testons aussi des jeux de plateau !

0 0 votes
Évaluation de l'article

Points forts

  • Le chara-design des personnages & créatures
  • Le système de fusion des démons
  • L'univers, intéressant bien que sous-exploité
  • Des modes de difficulté pour tout le monde

Points faibles

  • L'histoire, trop effacée et faussement complexe
  • Trop moyen sur le plan technique
  • Des combats, des combats, toujours des combats...
  • Une vingtaine d'euros de DLC dès la sortie qui aurait pu faire partie du jeu de base
  • Les difficultés "normale" et "facile" en dents de scie qui oscillent trop souvent entre le plat meusien et l'Everest
6

Fair

Co-fondateur de Try aGame, pinailleur en chef, et amateur de belles histoires. Vous pouvez me suivre sur Twitter et Mastodon
S’abonner
Notifier de
guest
1 Commentaire
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments
Davourie
Davourie
1 année il y a

On a pas jouer au même jeu, quel honte de mettre 6 a un tel jeu..

Mot de passe oublié