Quand un héros s’éteint, un autre s’éveille
Yakuza: Like a Dragon
Éditeur : Sega
Genre : J-RPG
Support de test : PS4 (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 10/11/2020 (PS5 : mars 2021)
Dans Yakuza 6, le héros de la saga, Kazuma Kiryu, que l’on pensait inamovible tirait pourtant sa révérence. Yakuza: Like A Dragon marque dès lors une nouvelle ère et laisse la charge à Ichiban Kasuga de reprendre le flambeau du personnage principal. Le studio de développement Ryu Ga Gotoku en a même profité pour apporter plusieurs changements à sa franchise dont certains remodèlent complétement ce que les fans avaient connu jusqu’à présent. Alors une évolution positive ou négative ? La réponse sans ambiguïté se trouve dans les lignes qui suivent.
On change une équipe qui gagne
Oui, Kiryu a bel et bien laissé sa place de protagoniste principal. Ichiban Kasuga, qui le remplace donc, va tout de même connaitre un sort assez similaire à celui qu’avait connu le Dragon de Dojima dans Yakuza premier du nom. En effet nous rencontrons notre Ichiban, au cours de l’année 2001, en tant qu’homme de main de la famille Arakawa inféodée au fameux clan Tojo. Il est très proche du patriarche de la famille qui va finir par lui demander un sacrifice incroyable. Un capitaine de la bande a assassiné un autre yakuza bien placé dans la hiérarchie. Les conséquences d’un tel acte perpétré par un gradé de la famille Arakawa pourraient être terribles. Alors il faut que Ichiban, qui n’est qu’un sous-fifre dans l’organisation, se dénonce pour ce crime qu’il n’a pourtant pas commis. Se sentant redevable auprès du patriarche, notre héros accepte de porter le chapeau et le sort qui en découle, à savoir l’exclusion, qu’on lui promet temporaire, de la famille et surtout le long passage par la case prison. Dix-huit ans plus tard passés derrière les barreaux, Ichiban ressort plein d’espoir et motivé de retrouver un rôle dans le clan Tojo. Seulement il va vite se rendre compte que les choses ont bien changé et pas pour le meilleur.
Comme dans tous les jeux de la franchise, le scénario sera rempli de rebondissements, de révélations et autres trahisons mais aussi d’humour, d’instants de bravoure et de comportements chevaleresques. La qualité de l’intrigue de ce nouvel épisode n’a en tout cas rien à envier à ses prédécesseurs et elle regorge de moments très forts au fur et à mesure que l’on apprend à faire connaissance avec Ichiban. D’autant plus que sa personnalité tranche complètement avec celle de Kiryu qui était un taiseux et qui ne laissait que peu transparaitre ses émotions. Là, notre nouveau héros, est beaucoup plus expressif, démonstratif et il arrive dans le même temps à dégager beaucoup de classe. La greffe prend vite, on s’attache à notre compère mais aussi à la bande qui l’accompagne mais on y reviendra plus tard.
De plus, l’excellente nouvelle de ce Yakuza: Like A Dragon, c’est qu’il bénéficie d’une traduction française. Judgment, le dernier jeu du studio, avait également eu le droit à cet honneur et comment ne pas être ravi que la saga Yakuza y passe aussi. Une traduction réussie d’ailleurs et que l’on sent faite avec grand sérieux. C’est un coup de pouce indéniable pour l’essor de la franchise qui le mérite amplement alors j’insiste sur ce point positif. Pour les voix, il faudra faire avec le japonais ou l’anglais mais la VO, avec laquelle j’ai effectué ma partie, est d’une très grande qualité (comme depuis toujours sur cette saga) alors n’allons pas demander en plus une VF. Ne soyons pas trop gourmands.
Dernier changement sur la forme, le décor de l’aventure. Si l’intrigue débute dans l’éternelle Kamurocho, lieu emblématique de la série, le gros de l’aventure se déroulera cependant à Yokohama dans laquelle Ichiban va débarquer comme un chien dans un jeu de quilles. Une carte beaucoup plus grande que celle de notre ancien quartier et qui offre plus de diversité. On s’y sent plutôt bien avant tout car elle est très bien modélisée.
Les graphismes sont d’ailleurs un point fort du jeu. Le Dragon Engine utilisé notamment sur Yakuza 6 fait encore des merveilles. On distingue toujours de moins en moins les cinématiques des scènes avec le moteur du jeu contrairement avec ce qu’il se passaient dans les opus plus anciens. C’est beau et il n’y a pas matière à se plaindre même sur la génération PS4/Xbox One.
Une nouvelle voie
Maintenant qu’on a fait ce premier tour d’horizon, venons-en au cœur du système de jeu et donc, au changement le plus important amené par Yakuza: Like A Dragon. Jusqu’à présent la franchise s’était faite experte du beat them up, hé bien désormais elle se lance dans le J-RPG. Fini donc les combats en temps réel, bienvenue au RPG au tour par tour. Une nouveauté qui déstabilisera à coup sûr les aficionados de la licence mais ce virage a été tellement bien pris que les perturbations seront de courte durée.
Alors j’explique brièvement le système. Les combats prennent place sur une zone fixe au sein de laquelle tous les personnages se déplacent légèrement en permanence. C’est à dire que pendant que vous naviguez dans les menus pour choisir vos actions, tout le monde se déplace à petite échelle, se croisant, se rapprochant ou s’éloignant des autres combattants. Ce détail a une importance capital puisque si vous lancez une attaque physique sur un ennemi et que pour l’atteindre vous devez en croiser un autre, celui-ci pourra très bien vous cogner au passage, interrompant de fait votre assaut. De même, ce facteur est à prendre en compte pour les sorts de zones ou les charges physiques. L’aspect stratégique est alors indéniable puisque l’on se pose régulièrement la question du meilleur ennemi à attaquer sans risque.
Cela permet aussi de conserver une sorte de dynamisme dans les combats même si évidemment on atteint pas celui d’un beat them up. La présence de mini-QTE pour augmenter les dégâts causés ou réduire ceux subits renforce la démarche d’un système de combat qui refuse d’être trop figé.
Pour le reste, les bases d’un bon RPG sont là. On a donc les attaques physiques et magiques, des invocations (appelés ici Acolytes) et des attaques combinées. Hé oui, je ne l’ai pas précisé mais Ichiban peut être accompagné de 3 autres compagnons d’aventure pour mener ses combats. Chacun de nos héros peut être personnalisé grâce aux différents jobs que l’on peut leur attribuer. On peut voir ce système comme celui des classes que l’on trouve dans de nombreux RPG. Interchangeables à volonté, ces classes permettent d’adapter notre équipe pour faire face à différentes situations puisque chacun d’entre eux possède sa palette d’attaques et sorts spéciaux. Alors les jobs disponibles restent tout de même dans l’esprit Yakuza comme d’ailleurs tout le reste qui a attrait à ce virage RPG. Il n’y a qu’à voir les marrantes animations de certains sorts pour s’en convaincre. C’est aussi en ça que ce changement de taille sera si facilement assimilé par les joueurs… qui ne sont pas allergiques aux RPG.
Pimp my Yakuza
En plus des jobs, d’autres fonctionnalités permettent d’améliorer les performance d’Ichiban. Tout d’abord, il y a bien entendu l’équipement que l’on pourra soit se procurer dans des magasins, soit en faisant du crafting. Un crafting qui est assez poussé et qui nous demande, pour trouver des composants, aussi bien de bastonner des ennemis, que de parcourir des donjons ou bien que de faire du jardinage.
Notre nouveau héros devra aussi faire au cours de l’aventure un travail sur ses pauvres compétences sociales de départ, un système qui pousse encore plus loin la touche RPG. Il faudra en effet travailler sur certains aspects de sa personnalité comme l’intelligence, le style ou la confiance en soi. Plusieurs moyens lui permettront de progresser comme par exemple suivre des formations ou réaliser des défis. Au fur et à mesure de sa progression, certains de ces traits augmenteront l’efficacité de ses attaques au combat ou bien débloqueront des dialogues importants avec des PNJ pour des activités annexes.
Oui ! Rassurez-vous, Yakuza Like A Dragon regorge d’un tas d’activités annexes qui ont contribué à faire la force de ses ainés. Il y a bien entendu en premier lieu les quêtes secondaires qui comme depuis toujours proposent leur lot de petites histoires propices aux moments les plus loufoques, les plus grivois ou les plus chargés en émotions. C’est toujours un plaisir de suivre ces intrigues secondaires surtout que la personnalité plus expansive d’Ichiban comparé à celle de Kiryu est un véritable plus pour ce genre de petites saynètes.
Tout comme Kamurocho, Yokohama n’est pas une ville tranquille et nous avons en plus la possibilité d’endossé la cape de héros à mi-temps. Le but de cette immense responsabilité est de parcourir la ville pour répondre aux appels à l’aide des citoyens, d’effectuer des livraisons d’items ou de simplement réaliser des défis. Là encore, c’est un moyen annexe d’engranger expérience et équipement… comme dans de nombreux
RPG en somme.
On retrouve aussi tout un tas de mini-jeux pour se divertir entre deux bastons. Des grands classiques comme le karaoké, les jeux de hasard, le mah-jong, le baseball ou la salle d’arcade mais aussi les deux grosses nouveautés que sont le Dragon Kart et le mode « Gestion ». Le premier nous propose comme son nom l’indique un jeu de karting inspiré de ce que peuvent proposer les jeux type Mario Kart avec son lot d’adversaires et d’objets disséminés sur la route pour s’en débarrasser. Ce Dragon Kart est étonnamment assez bien chiadé pour un mode qui n’est en somme qu’un mini-jeux dans un J-RPG. Ce n’est pas aussi nerveux et fun que les grands classiques du genre mais il y a malgré tout largement moyen de s’amuser un petit peu.
Chercher la petite bête sur Yakuza: Like A Dragon
L’autre gros mini-jeu, le jeu de gestion, nous place dans la peau d’un magnat de la finance, le but étant de créer la holding la plus puissante de Yokohama. Pour ce faire, il faudra acheter, revendre et racheter des propriétés commerciales tout en les améliorant pour en tirer le plus de profit. Il faudra aussi recruter, licencier puis réembaucher du personnel pour s’occuper des propriétés tout en veillant à bichonner leur moral et à les former pour les rendre plus efficaces. De temps à autres, vous devrez également faire face à des petits actionnaires avides de questions à poser lors de comités de direction. Malheureusement, bien qu’il laisse l’impression d’être complexe de prime abord, ce mode « Gestion » se révèle assez répétitif et le véritable challenge ne repose au final que sur le fait de dénicher les bons employés à travers la ville. On est loin de l’intérêt que pouvaient susciter notamment les modes « Création de Clans » ou « Majima Construction » que l’on avait pu voir dans Yakuza 6 ou encore Yakuza Kiwami 2.
Ah ! Voilà enfin un défaut… et il faut dire que c’est bien l’un des rares que j’ai réussi à sortir de ce Yakuza Like A Dragon. Ce n’est pourtant pas faute d’en avoir cherché pour la rédaction de ce test. Alors en creusant vraiment (et en pinaillant un petit peu), on en trouve quelques-uns. Durant les combats, le pathfinding des personnages rencontre parfois quelques problèmes lorsque des obstacles comme des rambardes se trouvent au milieu du chemin. Ce qui a pour conséquence de bloquer le personnage quelques instants jusqu’à celui-ci soit téléporté plus loin pour pouvoir effectuer son action. Ce n’est pas vraiment gênant en soi mais ça peut parfois faire perdre quelques précieuses secondes quand on veut frapper un ennemi à terre avant qu’il ne se relève. Honnêtement… ces moments de blocage restent assez rares.
Le dernier point un peu gênant est plus subtil. Durant le déroulement de l’aventure Kasuga va régulièrement se retrouver face à des combats amenés par le scénario. Il donne alors parfois l’impression de se lancer dans un mano à mano comme le faisait si bien notre cher Kiryu en son temps. Sauf qu’à l’époque, le Dragon de Dojima finissait vraiment par se bastonner en solo. Désormais, Ichiban est accompagné de 3 acolytes et fatalement, la tension créée par les cut-scenes retombent un peu au moment de l’affrontement. Oui… c’est du pinaillage, j’avais prévenu.
Changer à la fois le héros et la recette d’une franchise qui fonctionnait parfaitement était un choix audacieux mais force est de constater que le pari est réussi avec brio. Ichiban a beaucoup de charisme et on peut dire qu’il assure le remplacement de Kiryu avec efficacité. Le gameplay à la sauce RPG est convaincant et il arrive à s’inscrire dans l’univers de la licence avec une aisance déconcertante et seuls les réfractaires au genre seront déçus. Comme ses ainés, Yakuza: Like A Dragon jouit d’une durée de vie conséquente surtout pour ceux qui chercheront à tout compléter. Avec seulement des défauts mineurs à déplorer, cet opus se classe comme un excellent Yakuza et tout simplement comme un excellent jeu.
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