Deuxième grosse promesse du Season Pass d’Assassin’s Creed Origins après The Hidden One (dont le test est disponible ici), le DLC The Curse of the Pharaohs est désormais disponible, apportant avec lui les réponses à ses trailers intrigants qui mêlaient des éléments fantastiques avec l’univers pourtant très cartésien de la licence. Le mélange prendra-t-il ?
Version du jeu utilisée : version commerciale (Uplay) fournie par l’éditeur.
Je Thèbes, un peu, beaucoup…
L’action, cette fois-ci, se déroule à Thèbes et ses environs. Notons qu’il s’agit ici de la ville égyptienne de Thèbes, et non de la ville située en Grèce, les deux partageant le même nom. La Thèbes Egyptienne se situe plus précisément au sud de la zone explorée dans Assassin’s Creed Origins, au sein de ce que le DLC nomme « La Vallée des Rois ».
Le synopsis se veut assez simple : après avoir reçu une missive d’Aya/Amunet, Bayek est chargé de récupérer une relique similaire à celle ayant engendré les évènements du scénario principal. Mais alors que le Medjäy débute son enquête, de mystérieux fantômes arborant les traits d’anciens pharaons font leur apparitions, fauchant les vies des habitants de Thèbes et des environs sans aucune distinction. D’emblée, je tiens à rassurer les plus tatillons d’entre nous qui se demanderont sûrement pourquoi Ubisoft apporte ici une touche de fantastique au sein d’une saga qui n’en a jamais eu (les reliques relevant finalement plus de la science-fiction) : l’ensemble tient étonnamment la route si on se remémore les éléments de lore glanés au sein des œuvres vidéoludiques précédentes. Illusions et technologies inconnues étant en effet omniprésentes dans Assassin’s Creed, l’histoire teintée de fantastique de The Curse of the Pharaohs réussit à passer comme une lettre à La Poste au fil des heures de jeu.
Au chapitre de la narration, on regrette toutefois que celle-ci se révèle par moment floue, voire trop peu précise. A certains moments du jeu, on se retrouve en effet à ne plus trop comprendre l’enchaînement entre une quête principale et une autre, surtout si on s’aventure entretemps à la recherche des activités annexes afin de collecter les divers équipements légendaires que ce DLC propose. Certains termes égyptiens sont également peu expliqués, et il faut alors s’accrocher (ou dégainer la recherche Google) pour comprendre de quoi il en retourne. Cependant, ce défaut s’estompe assez rapidement pour laisser place à la magie de la découverte d’endroits tantôt agréables à l’œil (à l’image du jeu de base), tantôt carrément fascinant de beauté.
Et c’est d’ailleurs l’un des points forts de The Curse of the Pharaohs : si le DLC nous promène pendant la première moitié du jeu dans des environnements dont le charme rend honneur à ceux déjà croisé auparavant (et dont la taille compense la déception de la map de The Hidden Ones), The Curse of the Pharaohs s’offre le luxe de flanquer une baffe au joueur lors de la seconde moitié de la partie en lui mettant sous le nez quatre nouvelles zones explorables aux atmosphères respectives radicalement différentes les unes des autres. Sur ce coup, Ubisoft a versé dans la générosité, et le prix du DLC (20€, le double de son prédécesseur) s’en retrouve rapidement justifié ne serait-ce que par l’ampleur du contenu, digne d’un add-on.
La Malédiction du Phare à On
Nouveautés appréciables, de nouvelles capacités font leur apparition : une pour chaque type d’arc existant, deux en catégorie Guerrier, et une en catégorie Clairvoyant. Et afin de débloquer tout ça, le DLC augmente la limite de niveau de 10 paliers supplémentaires (jusqu’au niveau 55, donc), soit deux fois plus que The Hidden Ones qui repoussait la limite de 40 à 45. Au fil de l’exploration de la carte, de nouveaux ennemis de type Phylakes feront leur apparition : les ombres de pharaons. Disponibles en quatre versions différentes, celles-ci apparaîtront de façon aléatoire près de votre positions (entre 100 et 300m environ), et devront être battues avant qu’elles ne tuent tous les civils situés autours d’elles. Dans le cas contraire, les ombres s’évanouiront… tout comme votre gain d’Xp et les objets récupérables. D’ailleurs, parmi lesdits objets à looter se trouvent les éclats d’étoiles, un nouveau type de ressource rare qui vous permettra d’améliorer le niveau votre équipement (à l’image du graphite pour les niveaux inférieurs).
Concernant les objets et équipements à collectionner, nous ne sommes ici pas en reste avec un ensemble assez généreux d’armes et de boucliers légendaires à débloquer au fil des quêtes principales ou annexes. Il en va de même avec deux nouvelles tenues – également légendaires – à déverrouiller : la première s’obtenant facilement grâce à une quête annexe qui annoncera clairement le type de récompense, et une autre par le biais d’un ensemble d’actions à accomplir et que le joueur sera amené à découvrir par lui-même sans l’aide d’aucune indication.
Pour résumer, The Curse of the Pharaoh propose à la fois une carte assez grande pour que son exploration ne se fasse pas en une heure (contrairement à celle du DLC The Hidden Ones), du contenu suffisamment dense pour justifier l’enchaînement des quêtes annexes et autres objectifs mineurs, ainsi qu’une histoire qui, si elle n’est certes pas parfaite à toute étape de sa narration, suffit à tenir le joueur en haleine. L’ambiance semi-fantastique et séduisante qui se dégage de ce DLC nous montre l’étendue de ce que les équipes artistiques d’Ubisoft ont sous le capot, et on en vient à se demander ce que pourrait donner un jeu d’aventure de style action-RPG qui pourrait totalement assumer ce type d’univers. Vu sous cet angle, il serait alors tentant de considérer The Curse of the Pharaoh comme un test des capacités créatives d’Ubisoft. Test remporté haut la main, en ce qui nous concerne, grâce à l’épaisse atmosphère de certains décors et à la mise en scène des derniers combats rencontrés.
Dans notre test d’Assassin’s Creed Origins, nous avions comparé celui-ci avec The Witcher 3 dont il partage certains traits comme le héros voyageur et solitaire, le soin apporté aux quêtes secondaires, ou encore l’exploration au sein d’un monde ouvert vivant, vaste, et magnifiquement créé. Après avoir terminé l’aventure proposée par The Curse of the Pharaohs, ce sentiment ne fait que se renforcer. Ce qui est loin d’être désagréable.
Si l’on ne devait retenir qu’un seul adjectif pour éviter de se répandre en superlatifs afin de décrire The Curse of the Pharaohs, ce serait sans conteste « charmeur ». Telle la mélodie du charmeur de serpent, la direction artistique envoûtante de ce dernier DLC nous hypnotise pour mieux nous immerger dans cette nouvelle épopée de Bayek de Siwa. A cette DA s’ajoute un contenu respectable qui justifie le tarif en vigueur (20€ hors-Season Pass) et assurera aux joueurs une durée de vie d’une quinzaine, voire d’une vingtaine d’heures pour les plus acharnés. Ubisoft signe ici un DLC qui relève du bon vieil add-on, loin de l’image bien connue du Downloadable Content famélique et/ou tronqué du jeu de base.