TEST – A Plague Tale Innocence

Repéré en 2016 lors des journées de son éditeur et attendu depuis par nos équipes, nous pouvons enfin vous donner notre avis sur A Plague Tale Innocence.

TEST – A Plague Tale Innocence

Développeur : Asobo Studio
Éditeur : Focus Home Interactive
Genre : Aventure, Dark Fantasy

Support : PC, PlayStation 4, Xbox One
Testé sur Steam.
Date de sortie : 14 mai 2019


Amicia est l’ainée d’un couple de nobles du XIVe siècle, le père étant chevalier, mais a très peu vu son frère cadet, celui-ci étant malade depuis sa naissance (ou presque) et mis à l’écart par sa mère qui travaille jour et nuit à son rétablissement. La famille vit cependant des jours heureux, et ce, malgré l’approche des forces anglaises. Nous sommes alors encore au « début » de la guerre de 100 ans. Jours heureux qui vont prendre fin au détour d’une balade sur leurs terres avec leur chien. Amicia et son père tombent alors sur les premiers signes évidents qu’un mal envahit la région. Sans qu’elle n’ait le temps de se remettre du traumatisme causé par cette première « rencontre », Amicia voit sa vie basculer avec l’arrivée de soldats de l’Inquisition, de toute évidence à la recherche de son petit frère.

Va s’ensuivre une course-poursuite pour la survie de la fratrie.

Une écriture intelligente à plusieurs niveaux

C’est dans ce contexte historique lourd que prend place la fuite en avant des deux enfants de la famille de Rune. Et comme déjà évoqué lors de notre précédente preview, écrire pour des enfants – surtout pour Hugo, 5 ans – n’est pas chose aisée. Les mécanismes de pensée n’étant pas les mêmes. Ayant eu l’occasion de discuter avec Sébastien Renard, Narrative Designer, celui-ci a confirmé cette difficulté et nous a fait part des échanges réguliers avec les équipes techniques mais aussi les acteurs doublant les personnages, permettant ainsi d’affiner les dialogues et la trame générale.

Si pour la version Française, ce sont des acteurs professionnels qui ont doublé nos protagonistes, pour la version anglaise Hugo est doublé par un jeune acteur de 9 ans. Si la qualité globale est la même et que vous n’y perdrez rien en immersion, il est vrai qu’on sent un peu plus de naturel dans la version d’outre-manche.

A plusieurs niveaux, écrivais-je en titre, car non seulement les dialogues sont des exemples de simplicité et d’efficacité, rendant l’immersion et l’attachement aux héros naturelle, mais aussi dans le scénario. Étaler l’aventure sur plusieurs mois permet de profiter d’une évolution dans les rapports ni pressée ni artificielle. Elle permet aussi de faire évoluer les décors, de profiter d’ambiances d’automne et d’hiver, et de voir les villages succomber à la peste.

Enfin, viennent les alliés. Au cours de son périple, la fratrie rencontrera d’autres enfants, plus ou moins jeunes, aux destins et compétences diverses. Ces rencontres seront l’occasion pour Amicia d’en apprendre un peu plus sur le mal rongeant la région, de faire évoluer son équipement, mais aussi de participer à des séquences de jeu articulées différemment en fonction du compagnon venu à votre aide.

Seul petit point de débat, les antagonistes principaux ne sont peut être pas assez présents pour développer un lien d’antipathie fort à leur égard, mais c’est là une question d’immersion – et donc de goût.

Un gameplay simple et efficace

Comme la fronde d’Amicia, le gameplay va droit au but. L’interface est simple, les indicateurs de visée ou de camouflage sont intuitifs, et l’écran de jeu donne toute la place au travail des graphistes. On se posait des questions sur le contenu de A Plague Tale Innocence : allait-il n’être qu’une course poursuite entre l’inquisition et la famille de Rune ? Non. Certes vous passerez le plus clair de votre temps à progresser discrètement, mais vous pourrez aussi tenter une approche plus frontale. Et puis il y a les rats …

Je n’ai pas de souvenir de jeu nous ayant mis en face d’une telle horde de créatures (hormis peut-être certaines parties avancées de Starcraft 2 avec les zergs). Les nuées de rats sont grouillantes, malaisantes, on a l’impression de voir une entité unique vouée à dévorer tout ce qu’elle trouve. Votre seul salut viendra des sources de lumière. A vous de correctement les alimenter ou de les éteindre. Ses séquences pourront donner lieu à des phases d’énigmes assez simples.

Le jeu en lui-même est relativement facile, pour l’augmenter un petit peu il faudra jouer contre sa nature et activer un pré-réglage de HUD en immersif et jouer avec le niveau d’assistance à la visée. D’ailleurs, vous serez bien aidés par l’IA. Faut-il d’ailleurs parler d’IA ? Les ennemis sont clairement scriptés et, ce qui est le plus gênant, aveugles. Que des soldats se fassent avoir par le coup du bruit du caillou, passe encore, on a l’habitude, nous sommes dans un jeu, mais lorsque vous serez accompagnés d’un allié, celui-ci pourra être « vu » par un ennemi sans que cela ne produise la moindre réaction.

Autre problème du jeu : sa linéarité. Hormis quelques scènes, il n’est pas possible de bifurquer, d’aller à droite plutôt qu’à gauche, de monter plutôt que de descendre. Le chemin est tout tracé et notre liberté d’action sera retrouvée le temps d’un passage où on aura l’occasion de la jouer discrète, rusée ou violente pour passer quelques soldats.

En revanche, et pour rester sur l’aspect technique, on pinaillera sur certaines animations des rats, sur leurs yeux en permanence luisants ou sur certains passages plateformesques ne s’enchainant pas parfaitement, mais les animations des personnages sont de très bonne facture. Assez naturelles, celles-ci renforcent un peu plus encore l’immersion, toute la réussite venant de l’absence d’animations superflues qui auraient pu être ajoutées pour donner une fausse impression de mouvement. Du coup, on n’a pas le syndrome de l’acteur qui surjoue et c’est parfait. Des fois on améliore en ajoutant, et des fois en n’ajoutant rien.

Architecture et musique

Si des objets à collecter donneront un peu plus de contexte, il faut rendre louanges aux équipes d’Asobo Studio pour leur travail sur l’architecture médiévale. Basé à Bordeaux, le studio a pu s’appuyer sur des vestiges régionaux (comme un peu partout dans l’hexagone) pour rendre plus crédibles et réalistes ses villages et architectures intérieurs. Un vrai travail de recherche dont feraient bien de s’inspirer certains autres studios jouant avec l’histoire. Travail qui n’atteint pas pour autant le jusqu’au-boutisme de Kingdom Come Deliverance, et c’est tant mieux.

Enfin, il faut aborder et louer, là aussi, le travail d’Olivier Deriviere. Le soundcloud du compositeur propose la bande originale du jeu, et celle-ci sait à la fois mettre en valeur les divers moments en restant discrète, jouant là encore sur l’immersion de l’univers de A Plague Tale Innocence.

En bonus, nous vous avons concocté un vidéo-test, histoire que vous voyez tout cela en mouvement.

 

https://www.youtube.com/watch?v=vzb9WLdYlzU

 

 

Amoureux des histoires fortes, A Plague Tale innocence est fait pour vous, le scénario intelligemment écrit vous laissera quelques belles surprises mais jamais sur votre faim. Les héros et alliés sont attachants, et même si le jeu vient à peine de sortir, on espère les revoir un jour. En attendant, Asobo Studio est à suivre de toute urgence pour ses futures créations.
Certes, le jeu n’est pas parfait, mais c’est un coup de cœur, et les coups de cœur ne s’expliquent pas toujours. A Plague Tale Innocence se déguste comme une aventure dramatique cinématographique. Et quitte à adapter des jeux, celui-ci est clairement un bon client.

5 1 voter
Évaluation de l'article

Points forts

  • La réalisation
  • La bande-son
  • L'immersion
  • L'écriture dans son ensemble
  • Les personnages attachants

Points faibles

  • Un peu linéaire
  • les ennemis aveugles et redondants
9

Amazing

Personne ne lis jamais ces encarts (mais tu peux cliquer sur les liens)
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