TEST – Triangle Strategy : Une tactique qui fonctionne

Loin d’être le genre le plus populaire, le Tactic RPG a eu droit à une belle mise en avant cette année de la part de Square Enix avec des titres comme The Diofield Chronicles ou encore Tactic Ogre Reborn. Pourtant, c’est bien Triangle Strategy qui avait ouvert le bal sur Nintendo Switch en mars dernier. Notre Søren national n’avait d’ailleurs pas manqué de le couvrir d’éloges dans nos colonnes. À l’occasion de la sortie du titre sur PC, c’est à mon tour de vous dire ce que j’ai pensé du Tactic RPG de l’éditeur nippon !

On ne peut pas dire qu’il manque une case à Triangle Strategy

Non sans rappeler un certain Game of Thrones, Triangle Strategy nous raconte une histoire de jeu de pouvoir entre 3 grandes régions : Glenbrook, Hyzante et Aesfrost. La particularité de ces régions, c’est qu’elles possèdent chacune une ressource vitale à tout le peuple du continent. L’agriculture pour Glenbrook, le sel pour Hyzante et le fer pour Aefrost. 30 ans après la fin d’une guerre qui a laissé de nombreuses séquelles, un nouveau complot qui va changer la face du continent est sur le point de le faire trembler de nouveau. Dans toute cette histoire, vous allez incarner Serenor descendant de la famille Wolfort, elle-même liée au au royaume de Glenbrook. En s’entourant des bonnes personnes et en prenant les bonnes décisions, il sera le seul à espérer arranger les choses.

Triangle Strategy, comme on vous le disait précédemment, n’est pas sans rappeler Game of Thrones. Avec ses luttes de pouvoirs et ses nombreux personnages, le récit est tout aussi passionnant que celui de ses inspirations. Il faudra cependant passer par une introduction beaucoup trop longue pour le bien du jeu. Une belle poignée d’heures qui préfère mettre en place les personnages, les familles, les régions et les enjeux du récit. Mais à vouloir tout nous expliquer d’un coup, le rythme du jeu en pâtit forcément. Finalement, ne vous attendez pas à beaucoup combattre en début d’aventure, ce qui pourra rebuter de nombreux joueurs. Mais passées ces premières heures, Triangle Strategy délivre son plein potentiel en harmonisant beaucoup mieux ses combats et sa narration.

Et comment ne pas tomber sous le charme de ce récit qui aligne les rebondissements, des enjeux très forts et des choix à prendre qui mettent la boule au ventre. Rarement, dans un jeu, je n’ai été autant impacté par les choix qu’on me demandait de prendre. Surtout que ces derniers se décident sur la base d’un vote démocratique entre les membres majeurs de votre groupe. Si vous souhaitez que l’histoire aille dans une certaine direction plutôt qu’une autre, il faudra donc convaincre vos alliés de se rallier à votre cause. Et pour les convaincre, quoi de mieux que d’avoir de bons arguments et de bonnes informations, qui peuvent être récupérées juste avant les votes dans des petites phases d’enquête. Comme un bon détective, vous pourrez aller glaner des informations auprès de certains PNJ, afin d’avoir des arguments à faire valoir pour faire pencher le vote (et la balance) en votre faveur. Et comme Triangle Strategy est un jeu à l’écriture exemplaire, toutes les décisions que vous prendrez ne seront pas forcément les « bonnes », car impossible de prédire exactement à l’avance les répercussions. Mais comme toute médaille a ses deux faces, chaque choix possède ses répercussions positives et négatives. Quand bien même vous serez persuadés de prendre la bonne décision, il y aura toujours un élément auquel vous n’avez pas pensé et des drames se produiront fatalement.

Les mécaniques bien huilées de Triangle Strategy

Triangle Strategy ne se contente pas de nous livrer un récit bien ficelé, complexe et intrigant. Le titre de Square Enix et de la Team Asano met également en place un gameplay T-RPG de très bonne facture. Comme tout bon jeu de ce genre, le gameplay des phases de combat se traduit par des affrontements au tour par tour avec des déplacements case par case. Rien de bien nouveau sous le soleil vous me direz, mais la partition est parfaitement exécutée. Chaque personnage (qui se recrute au cours de l’aventure) tient ses propres caractéristiques, ce qui laisse un grand choix de composition de votre groupe de combat. Vous pourrez donc adapter votre équipe en fonction de votre style de jeu et vos affinités, même si certains personnages clés sont assez indispensables. Le jeu étant tout de même plutôt difficile, ça me paraît très compliqué de se passer d’un mage par exemple. Cependant, même dans la catégorie des « mages » vous aurez quand même le choix entre plusieurs personnages.

L’aspect « organisation » avant une partie est également crucial et il faudra faire très attention à la topographie pour choisir vos unités et les placer de manière optimale. Surtout que le jeu ne se prive pas pour nous mettre très souvent en position de faiblesse par rapport à vos assaillants. Mais au-delà de ça, il faudra faire évoluer vos unités au cours de l’aventure. RPG oblige, celles que vous utilisez au combat grimperont en niveau et il sera possible de dépenser ressources et deniers afin de les faire monter en grade. Bien entendu, vous pourrez également faire un tour au magasin pour acheter cette nouvelle épée ou cette magnifique pièce d’armure qui vous fait de l’œil, vous évitant ainsi de vous faire monter en l’air en deux tours à la prochaine mission. Mais là aussi, il faudra faire des choix puisque 2022 oblige, votre pouvoir d’achat est d’une réalité saisissante dans Triangle Strategy. Du coup, soit vous vous passez du dernier modèle d’épée en vogue, soit vous retournez faire des missions annexes en boucle pour tendre un peu plus le tissu de votre bourse. Blague à part, j’ai trouvé que la limitation des ressources (qui fait finalement assez sens en période de guerre) et les choix qu’elle implique sur votre évolution, ajoute une dose de difficulté bienvenue au titre.

Outre les aspects RPG et évolution de votre équipe, ce sont bien les combats qui sont la clé de voûte de l’expérience de jeu. Comme je vous le disais, le tout est assez classique, mais fonctionne diablement bien. Certaines missions vous demandent de réaliser des objectifs (déplacer une unité précise à un endroit précis de la carte) tandis que d’autres sont plus simple et vous obligent à vous débarrasser de tous les ennemis. De son côté, la topographie tient une place très importante et garde une grande influence sur le déroulement des combats, car attaquer depuis un endroit en hauteur vous permettra de faire plus de dégâts. Au même titre, la glace, qui peut parfois apparaître au sol, handicapera vos déplacements, tandis que l’herbe pourra être brûlée afin d’enflammer le terrain et provoquer des dégâts à quiconque osera traverser la zone. Vous aurez donc de nombreuses possibilités pour résoudre les affrontements, qui peuvent dans les faits être comparés à des puzzles. Il faudra donc bien réfléchir à chacune de vos actions et tous vos déplacements, car la sentence peut s’avérer dramatique pour vos unités. Au niveau de la difficulté, j’ai d’ailleurs un sentiment ambivalent. Parfois, l’ennemi peut être sans pitié et sanctionner la moindre de vos erreurs. Tandis que dans d’autres situations, il peut agir de manière assez étrange avec des actions peu logiques. Mais j’arrive difficilement à considérer cela comme un défaut. Car sans certaines errances de l’IA, la difficulté aurait été selon moi un peu trop élevée. Attention, je ne dis pas que l’IA est mauvaise dans sa globalité, car ces petites actions incongrues ne sont pas monnaie courante. Cependant, il me semblait important de le mentionner.

Vers l’hégémonie de la HD-2D ?

Triangle Strategy s’inscrit dans la mouvance de jeu en HD-2D dont Square Enix est très friand depuis quelques années. Octopath Traveler, Live a Live… les titres issus de cette école graphique se reproduisent à vitesse grand V. Et force est de constater que ce style marche très bien et propose de très jolis environnements. Mais ce qui est le plus charmant dans cette technique, ce sont sans conteste les jeux de lumière qui donnent un aspect hyper chaleureux à la direction artistique. Alors on aimera ou pas, mais là où il est difficile de bouder son plaisir, c’est justement du côté de cette direction artistique. C’est globalement très réussi et les différentes inspirations, notamment en ce qui concerne l’architecture des lieux (qui fait naître des environnements diversifiés et marquants) ne manquant pas d’identité.

La musique orchestrale composée par Akira Senju (qui a beaucoup travaillé dans l’univers des animes) est également de très bonne facture avec des thèmes de combats enivrants et des musiques plus posées pendant les phases de dialogue. Encore une grosse réussite de ce côté là pour une production signée Square Enix. Mais est-ce vraiment une surprise ?

En ce qui concerne le petit point technico-technique, le jeu sorti à l’origine sur Switch tourne évidemment très bien sur PC et il ne faudra pas une machine de compétition pour faire tourner le titre, ce qui est toujours une bonne nouvelle.

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