Loin des sentiers battus ?
Éditeur : NIS America
Genre : J-RPG
Support de test : PS5 (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 5 juillet 2024
La saga The Legend of Heroes est une saga de JRPG trentenaire puisque le premier volet est sorti en 1989. Développée historiquement par Nihon Falcom, la licence ne s’est toutefois fait une petite place en Europe qu’à partir de 2015. C’était avec Trails of Cold Steel sur PS3 notamment. Depuis plusieurs opus de la branche des Trails ont fait leur arrivée sous nos latitudes. Trails Through Daybreak, le titre qui va nous intéresser aujourd’hui, marque la dernière itération en date de la série chez nous (mais en 2021 au Japon). Il propose une nouvelle aventure en offrant un terrain de jeu inédit par rapport au reste de l’univers des Trails. Pourquoi ? Comment ? Avec réussite ? Répondons à ces questions dans les lignes qui suivent.
Bienvenue dans Trails Through Daybreak
Ce nouvel arc de la saga des Trails nous permet de faire la connaissance de Van Arkride qui fera office de personnage principal de notre aventure. Ce dernier réside dans la République de Calvard, un territoire que les fans de la série n’avaient jusqu’à présent qu’entendu mentionner. En effet, Trails Trough Daybreak prend quand même place dans l’univers du reste de la franchise. Cela sera ainsi l’occasion à plusieurs reprises de faire des références aux événements survenus dans les précédents volets. Il n’est toutefois pas nécessaire d’y avoir joué pour se lancer dans cette nouvelle aventure même si être un néophyte de la saga ne donnera pas la même saveur aux apparitions de certaines personnages… mais je n’en dis pas plus.
Toujours est-il que Van, notre héros, exerce la profession controversée de Spriggan, un nom clinquant pour ce qui n’est autre qu’un mix entre détective privé et un garde du corps n’hésitant pas à flirter parfois avec la légalité. L’histoire débute lorsque Van reçoit dans son bureau la visite de la jeune Agnès qui lui passe comme contrat de retrouver un mystérieux artefact ayant appartenu à son grand-père. Si tout cela démarre comme un enquête banale pour notre Spriggan, les choses vont bien évidemment s’avérer bien plus complexe que les premières apparences. Cette quête, banale de prime abord, va se révéler bien plus profonde qu’il ne l’avait imaginé, avec pour toile de fond intrigues politiques, mafia ou encore ésotérisme.
Même si l’aventure prend place dans un nouveau décor et met en scène de nouveaux protagonistes, Trails Through Daybreak conserve l’ambiance attachante qui caractérise la saga. Le jeu continue de croiser une multitude de personnages, souvent archétypaux mais néanmoins attendrissants, ce qui contribue à la richesse de son univers. Un univers qui s’avère d’ailleurs un peu moins fleur bleue que celui de ses ainés… par moment en tout cas. Le changement de héros ne constitue pas un véritable obstacle, car l’écriture de Van est assez proche de celle des héros précédents. Toutefois, un soupçon d’originalité supplémentaire aurait pu enrichir l’expérience.
Pour autant, l’histoire reste agréable à suivre… à l’exception d’un écueil de taille : l’absence de traduction. Vous le savez si vous avez déjà joué à la saga, à l’exception de Trails of Cold Steel III, les textes ne sont disponibles qu’en anglais et les voix en anglais ou japonais. Autrement dit, pas de langue de Molière au programme. Encore une fois, il y a beaucoup de texte à ingurgiter et si vous n’êtes pas à l’aise avec l’anglais, impossible de pouvoir comprendre quoi que ce soit et l’intérêt de s’essayer au jeu est nul. Il y a eu beaucoup d’occasions ratées pour NIS de raccrocher les wagons avec les francophones, en voilà donc une nouvelle qui s’envole. C’est bien dommage.
C’est retouché ?
Si Trails Through Daybreak nous dépayse par rapport à ses ainés, il serait toutefois exagéré de dire qu’il en bouleverse tous les codes. On retrouve par exemple cette construction narrative qui s’articule entre des phases où l’on va découvrir une nouvelle zone en réalisant différentes quêtes secondaires et celles qui feront avancer réellement la conduite de l’histoire. C’était peu ou prou la mécanique qui avait cours dans les opus précédents et on s’en satisfera très largement ici aussi.
Une petite nouveauté cependant avec l’alignement LGC (pour Loi, Gris et Chaos) et qui influencera en partie le développement des interactions avec les personnages. Les choix du joueur, notamment pour la résolution des quêtes secondaires, affectent l’alignement de Van, modifiant ainsi certains événements et dialogues. Ce système ajoute une touche de rejouabilité, puisqu’il nous pousse à explorer différentes voies narratives. Cependant ne vous attendez pas à de multiples embranchements scénaristiques, les conséquences de nos choix n’offrant réellement de changement qu’à un moment bien précis du jeu. Chut, on ne spoile pas.
Autre mécanique qui fait son retour sous une forme légèrement altéré : les événements « connect » qui remplace les événements de lien. Oui c’est en fait la même chose puisqu’il s’agit de ces mini-histoires qui vous permettent de nouer des liens avec des PNJ ou bien d’autres personnages jouables pour augmenter un peu les caractéristiques des joueurs. Seul le nom a changé en fait.
Ce qui a vraiment changé concerne les phases de combat. En effet, le gameplay de Trails Through Daybreak en la matière marque un tournant avec l’introduction d’un système de combat hybride, nous permettant de switcher entre des combats en temps réel dans style A-RPG et des phases au tour par tour plus conforme à la licence. Cependant, les phases en temps réel ne sont pas exploitées autant qu’elles le pourraient. La panoplie d’actions étant dans ces moments-là assez limité. Tout d’abord un coup d’attaque basique et un coup puissant une fois une barre d’action remplie. L’alternance entre nos différents personnages permettant de varier les types d’attaque. Certains d’entre eux frappant à distance, d’autres au corps au corps, et d’autres encore avec des attaques magiques. Les ennemis étant plus ou moins sensibles à ces variations, il faut adapter ses approches. On peut également esquiver et en trouvant le bon timing, on accélère la jauge d’attaque puissante. Mais c’est à peu près tout.
Il n’y a pas de compétences spéciales supplémentaires à déclencher comme le proposent quasiment tous les A-RPG actuels. Par conséquent, ces phases de combat ne sont pas extrêmement intéressantes et elles serviront avant tout à affaiblir l’adversaire avec de l’enchainer avec les séquences en tour par tour. Ce mécanisme offre toutefois une flexibilité plus accrue puisque l’on peut vraiment alterner à l’infini entre les deux phases… exceptions faites contre les boss qui ne se feront qu’au tour par tour.
Bien évidemment parce que c’est la phase la plus travaillée. Globalement, elle s’inscrit dans la lignée de ce qu’a proposé la licence jusqu’à présent. Une touche de modernité a cependant été apportée à l’interface ce qui n’est pas pour déplaire. Hormis peut-être la barre d’action des tours qui est bien moins lisible qu’auparavant. Au-delà de la simple cosmétique, le gameplay bénéficié de son côté d’un peu plus de dynamisme. Tout d’abord les déplacement des personnages est bien plus libre avant de placer les attaques et link-attack, qui permettent d’attaquer en duo sont plus flexibles. En effet, les personnages se connectent automatiquement quand ils se rapprochent les uns des autres.
Pour le reste, les principes de bases restent en grande partie similaires. En plus d’attaques physique de base, viendront une nouvelles fois s’ajouter les Arts (attaques magiques), les Crafts (attaques spéciales) et les S-Crafts (les super-attaques). Si vous êtes habitué des J-RPG, rien de neuf sous le soleil. En tout cas, le système fonctionne plutôt bien comme pour ses ainés.
D’ailleurs, pour équiper des sorts et compétences spéciales, Trails Through Daybreak apporte un peu de variation. Si le système de Quartz est toujours au menu (c’est l’équivalent des matérias dans FF VII par exemple), il est couplé avec celui des Shards qui si l’on gère bien son affaire permet de déclencher tout un tas de bonus en combat. S’il nécessite un temps à prendre en main, il apporte un réel plus dans la personnalisation de nos héros. Cela permet de s’adapter aux différentes situations problématiques.
Après le fond, la forme
Le petit bémol que j’ai envie de pointer au niveau des propositions de gameplay, c’est l’absence totale d’activités annexes. Si la saga n’a jamais vraiment brillé de ce côté-là, il y a toujours eu des propositions de mini-jeux : cartes, Puyo-Puyo ou bien de la pêche. Dans Trails Through Daybreak, il ne reste plus rien comme passe-temps et c’est frustrant.
Terminons ce test avec la partie technique. Si graphiquement le titre est supérieur à Trails Into Reverie, l’opus précédent, il reste toutefois d’un niveau assez quelconque. Sans oublier qu’il est sorti initialement en 2021 au Japon et il est donc daté de fait. Les animations des personnages dans les cutscenes sont toujours rigides et je vais le redire encore, mais j’aurais aimé avoir des animations en dessin. Il y a d’ailleurs bien moins de crayonnages dans cet opus. Il n’y en a plus dans l’opening, plus pendant les super-attaques, plus dans les menus… je trouve ça vraiment triste. On notera toutefois un peu plus de variété dans les environnements que certains de ces ainés. Toujours ça de pris.
Heureusement, l’OST est là pour donner du baume au cœur avec des pistes qui accompagnent parfaitement l’ambiance générale du titre. Soulignons cependant qu’il y a plusieurs morceaux qui sont des repompes des anciens opus. Tout n’est pas vraiment original.
En résumé, The Legend of Heros: Trails Through Daybreak se placera comme un nouveau départ convainquant pour les aficionados de la saga. En effet, le titre de Nihon Falcom parvient à rafraichir suffisamment la série tout en restant fidèle à ses ainés. Avec une durée de vie encore une fois bien solide (une bonne cinquantaine d’heure pour une première run), un gameplay solide et modernisé, on ne pourra que vous dire que vous pouvez vous lancer sans crainte dans cette nouvelle aventure… si l’anglais ne vous fait pas peur.
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