Annoncé en grande pompe lors du dernier E3, le retour des fans est depuis la B.E.T.A est un tantinet plus mesuré. Quid de cette préquelle ?
TEST – FALLOUT 76
Depuis l’E3 2018, Bethesda nous a fait autant d’effets d’annonce et de communication qu’un politicien en retard dans les sondages lors d’une campagne présidentielle : jeu éternel, contenu vertigineux, carte gigantesque… Le problème, en dehors de la réserve à avoir sur ce genre d’annonce, c’est que la réalité a eu vite fait de contraster le discours officiel : patch Day One plus gros que le jeu, bêta qui désinstalle le jeu ou refuse de se désinstaller, PVP gadget, retours mitigés des bêtas testeurs. Bref faisons le point calmement sans omettre notre esprit critique.
Retour vers le rétro-futur.
Fallout est une licence démarrée en 1997 qui a connu, avec Fallout 76, six épisodes dont seuls les deux premiers se suivent, tous les autres étant indépendants en termes de scénario voire de gameplay. Ainsi Fallout 1 & 2 sont des RPG vue en 2D isométrique et proposant un système de combat en tour par tour. A partir du troisième, on se retrouve en vue subjective (FPS) et on peut gérer via le système de visée assistée de Vault-Tec (SVAV) permettant de choisir une localisation précise et mettant, pour ce faire, le jeu en pause. A partir du cinquième épisode (Fallout 4, et oui il fallait suivre il y a eu Fallout New Vegas auparavant), le SVAV ne met plus le jeu en pause mais le ralentit suffisamment pour que le laps de temps puisse vous stresser dans la prise de décision sans pour autant vous l’imposer. Une évolution vers l’action temps réelle. Une évolution qui se poursuivra, vous l’aurez deviné, dans cet opus mais nous y reviendrons.
Les amateurs de RPG jouant aussi, voire surtout, pour l’histoire, il est important de faire le même cheminement. A quelques exceptions près (Fallout 2 et vite fait New Vegas), vous incarnez un habitant d’un abri anti-atomique, mis en œuvre par la société Vault-Tec et le gouvernement américain ayant protégé une partie de la population, présélectionnée, lorsque les premiers missiles atomiques ont frappé les États-Unis en 2077. La saga propose de vivre une vie de découvreur de territoires souillé par les radiations, les mutations et des survivants bien étranges sur une période allant de 2161 à 2284 et dans des lieux aussi divers que la Californie, Boston, Washington ou encore New Vegas. Cela nous permet ainsi de découvrir un éventail de personnages et de population qui bien que paraissant large ne l’était peut être pas tant que cela. Population divisée (ou non) entre plusieurs factions : Samaritains, Enclave, États-libres, Raiders et bien évidemment Confrérie de l’Acier, que vous retrouverez ici.
Fallout 76 se pose en préquelle, se déroulant en 2102 dans l’état de Virginie Occidentale. L’univers des années 50 est toujours bien présent : vêtements, esthétique des bâtiments, ustensiles, véhicules dont la plupart ne seront que des carcasses et dans l’ambiance sonore en faisant donc un univers rétro-futuriste. L’univers futuriste de Fallout (2077), hormis dans ces robots à l’IA très développée, ne semble pas avoir évolué technologiquement depuis 1955.
Évolution et constance, une recette réussie ?
Pour un Fallout 76 pour 4 personnes :
- Reprenez le système de jeu S.P.E.C.I.A.L basé sur 7 caractéristiques.
- A chaque niveau, vous aurez une carte à choisir vous proposant une capacité pouvant monter de niveau. Le score de votre caractéristique définissant la somme des capacités dont vous pouvez vous équiper.
- Ajoutez 3 pincées de Pip-Boy, sorte d’I-pad monté en montre permettant de gérer inventaire, santé, caractéristique et suivi de l’aventure.
- Remuez avec 1 dose de sortie d’abri pour retrouver votre superviseur.
Dans un plat séparé, faites revenir un survival (gestion de la nourriture, de la boisson, de la vie et de l’irradiation) avec un RPG que vous aurez préalablement séparé de ces PNJs, dialogues et mode tour par tour. Ajoutez un système de quêtes environnementales (reçues lorsque vous arrivez dans la zone concernée), de défis divers (cyclique ou quotidien).
Réunissez le tout en assaisonnant de combats en temps réel et dégustez.
Cette recette nous fait donc prendre au SVAV un tournant action assez déroutant les premières minutes (voire plus) de jeu. L’activer permettant certes d’être informé sur les pourcentages de réussite et de choisir une partie plus précise du corps (avec la bonne carte équipée) mais, MMO oblige, plus de stopper le temps. Du coup les perfectionnistes du one-shot tenteront de se faire plus discrets en s’éloignant de leurs cibles potentiels pour profiter du système.
L’enfer c’est les autres.
Ou pas… Bien que massivement multijoueur Bethesda a pris le (très bon) parti de limiter le nombre de joueurs. La Virginie Occidentale est donc instanciée et limitée à 24 joueurs. Rappelons que nous sommes dans un post-apocalyptique et qu’en ce sens la population est plus que limitée. Pas question pour Bethesda que son lancement ressemble à la première apparition de la foire de Sombrelune (World of Warcraft).
Monter un groupe est plutôt agréable surtout dans une licence qui ne nous l’a jamais proposé, les joueurs de votre session sont visibles sur la carte, vous savez à peu près qui fait quoi et le niveau des joueurs.
Pas de PVP sauvage non plus, vous ne risquez donc pas de vous faire prendre à partie par un fourbe planqué à 100 m ou attendant que les contaminés ou autres mutants vous aient bien amoché. D’ailleurs pour parler décès, la mort ne sera pas vraiment contraignante, vous réapparaîtrez non loin de votre cadavre sans malus et vous aurez l’occasion de récupérer tout votre fourbi. J’en viens même à me demander pourquoi s’acharner à boire son poids en eau toutes les 15 minutes de jeu pour survivre.
Et puis il y a la construction de votre camp. Vous aimez jouer à Minecraft ? Tant mieux, car vous allez devoir farmer pour récupérer tout le matériel nécessaire à faire la baraque de vos rêves. D’ailleurs les premières heures ressemblent à du Elder Scrolls, on ramasse tout, sans même savoir pourquoi, on entasse, on recycle, on stocke. Et la boutique permettra même d’acheter de jolies portes, murs, meubles.
Car oui une troisième monnaie est disponible en jeu. Elle s’obtient contre vos codes de CB ou en réalisant des défis journaliers ou globaux. Mais rassurez-vous, les atomes (c’est son nom) ne servent qu’a l’esthétisme : décoration, tatouage, vêtements, icônes, émotes.
Menu Best of avec suppléments cheddar et cacahuète.
Résumons puisqu’il faut bien le faire. Fallout 76 est un jeu qui va évoluer, vu la longévité que Bethesda veut lui donner, ils n’ont pas le choix. Le jeu sera d’ailleurs ouvert aux mods mais pas avant début 2019.
Comment décrire l’expérience Fallout 76 ?
C’est un RPG sans réel PNJ (plein de robots qui monologuent) et sans dialogue donc sans ville.
C’est un FPS mou avec un système SVAV un peu buggé à ce jour.
C’est un Battle Royale où le meurtre de joueurs sera puni.
C’est un Sandbox sans réel PVP (du coup) où vous pourrez jouer à construire votre pavillon avec vue sur les mutants.
C’est un Survival avec des trajets rapides.
C’est un Survival où la mort n’est pas très punitive.
C’est un Survival où, du moins au début, chaque bouchée de nourriture vous irradiera et comme d’habitude pour un survival vous devrez, sur une journée, manger et boire l’équivalent de deux fois votre poids.
C’est un jeu coopératif où vous aurez la possibilité de construire de plus imposantes forteresses à plusieurs.
C’est un Fallout Multijoueur où vous pourrez lancer une bombe atomique pour transformer une zone pour obtenir des ressources rares.
FALLOUT 76 est donc un jeu hybride et évolutif aux quêtes un peu redondantes et qui tente de faire le grand écart entre 6 chaises. On applaudira la prouesse représentée par le défi, on se réjouira de jouer entre amis à un Fallout et on attendra de voir ce que l’avenir lui réserve.
Retrouvez notre guide pour vous aide à trouver les Bobbleheads en cliquant ici.