TEST – Pokémon Let’s Go Pikachu et Evoli : pas le Pokémon Switch attendu ?

Game Freak a fait plusieurs paris avec Pokémon Let’s Go Pikachu et Evoli et l’heure du bilan est arrivée.

TEST – Pokémon Let’s Go Pikachu et Evoli

Développeur : Game Freak
Éditeur : Nintendo
Genre : RPG
Date de sortie initiale : 16 novembre 2018
Support : Nintendo Switch
Version pour le test : Version Evoli fournie par l’éditeur avec une PokéBall Plus

 

Pokémon Let’s Go Pikachu et Pokémon Let’s Go Evoli marquent l’arrivée de la licence sur Nintendo Switch, une venue que l’on attendait en 2019 avec la huitième génération de Pokémon. Nintendo et Game Freak nous ont ainsi pris de court au mois de mai dernier avec une annonce d’un retour à Kanto autour d’un remake de Pokémon Jaune. Entre temps, la folie Pokémon GO est passée par là et il sera question d’adapter certaines mécaniques pour les rapprocher de celles du titre mobile. Un choix qui a beaucoup fait parler de lui au sein même du studio japonais tant il se détourne des habitudes de la série vieille depuis plus de vingt ans désormais. La question est donc de savoir si les décisions prises par Game Freak ont été ingénieuses et efficaces ou s’il s’agit d’un faux pas de leur part.

Nouveau retour à Kanto

Game Freak joue encore sur la nostalgie et le fan-service en effectuant un énième retour à Kanto. La première génération de Pokémon, celle qui compte la plus grande communauté. Par contre, le taff a été réalisé de bien belle manière. La région profite d’une refonte graphique de grande envergure et le passage vers la Switch lui a fait beaucoup de bien. Plus aucune trace de pixellisation grotesque, l’hybride laisse place à de jolis graphismes, une modélisation des villes repensée et agréable à l’œil. Il n’y a qu’à constater l’architecture des arènes et de la ligue, la simple présence d’un public pour assister à nos combats. On a parfois l’impression de redécouvrir le titre de notre enfance avec ce remake. Qu’il est plaisant, à titre d’exemple, de contempler les tableaux de Pokémon qui ornent les maisons et les bâtiments de Kanto. Pokémon Let’s Go garde le même esprit mais il est bien mieux habillé.

Par contre, il présente certains manques qui frustreront forcément les fans de la première heure. On rappelle qu’il s’agit d’un remake de Pokémon Jaune et si certaines places présentent bien plus de charme, d’autres nous donnent envie de pleurer. Les joueurs les plus nostalgiques verseront une bouteille de scotch au sol en digérant la perte du Parc Safari pourtant conforté par Koga. En souhaitant ajouter la fonctionnalité du Go Park, ils ont fait l’impasse sur ce parc mythique de la première génération. Il aurait fallu les mettre côte à côte pour satisfaire leurs envies de modernité et garder nos envies nostalgiques. Il me tardait de le redécouvrir également et il n’en a découlé que de la tristesse. Si on en revient au Go Park, cela reste sympathique de pouvoir exporter ses Pokémon de Pokémon GO à Let’s GO (méthode expliquée ici). Puis, ça fait un petit stand où les réunir mais ceci ne restait pas indispensable selon moi. Cela reste du fan-service ou un simple moyen de récompenser les plus acharnés du titre de Niantic. Au second plan, c’est le casino qui ne présente aucun stand jouable, ce qui reste dans la politique du studio depuis quelques années.

pokémon let's go pikachu

On tentera d’excuser cette maladresse en se rappelant du boulot effectué sur d’autres lieux, pensons notamment à Lavanville et sa Tour. Fantastique. L’ambiance, même les couleurs plus mornes comme pour marquer l’influence du cimetière sur la région, la musique qui accompagne le tout. Une pure merveille, de simples frissons. Autre chose, les grottes resteront moins embêtantes à parcourir. Comme les Pokémon sont désormais visibles à l’écran, il est possible de les éviter et d’explorer rapidement l’endroit. Mieux encore, comme nous ne combattons plus les Pokémon, il est moins ennuyeux d’en croiser, ce qui rend la grotte moins ennuyeuse à traverser pour ceux qui redoutaient l’endroit dans les jeux de base. D’ailleurs, sur certains axes, le chemin a été raccourci et des parcelles inutiles semblent avoir été enlevées, ce qui reste plutôt une bonne initiative de la part de Game Freak. Mieux encore, les montures débloquées après la Ligue nous permettent de survoler la map sur le dos d’un Dracaufeu entre autres, effet garanti ! L’exploration est donc globalement moins contraignante et saura ravir l’ensemble des fans.

Tiraillé par son désir de modernité

Junichi Masuda l’avouait, Pokémon Let’s Go a divisé l’équipe. Tous ne voyaient pas d’un bon œil les choix réalisés pour ce projet. Il faut dire qu’il y a eu des laissés pour compte et des recrues. On le disait, pas de Parc Safari mais aussi finie la pêche, pareil pour les combats contre les Pokémon sauvages, la rivalité malsaine avec les dresseurs, les œufs à faire éclore (pas encore présents lors la 1G) et du coup la reproduction. D’autres pourront même se plaindre de la frustration du farm et du temps consacré à celui-ci, d’autres s’en satisferont. À côté de cela, on accueille certaines nouveautés. On habille son starter comme on le souhaite, l’assortir au style de son dresseur ? Vous êtes décisionnaire. Il est même possible d’intégrer les formes Alola des Pokémon de la première génération. Noadkoko, Goupix, Racaillou… Plutôt bien pensé.

Dans les bonnes nouvelles, on assiste à de nouveaux événements à Kanto, des protagonistes d’Alola font leur apparition, pareil pour Régis/Blue du Bourg Palette, d’Olga qui donne du fil à retordre à la Team Rocket, puis les experts après la fin du jeu. Cela rajoute du rythme et ce sentiment de surprise que l’on ne pensait pas connaître en se relançant à Pokémon Let’s Go Pikachu ou Evoli. Mais les évolutions les plus notables restent dans l’intégration de la coopération locale et des nouvelles mécaniques de capture. Les deux restent étroitement liées et méritent qu’on s’y attarde.

Honnêtement, le mode de capture des Pokémon est une réussite. Certes, on part avec l’idée négative que Game Freak a trop voulu s’inspirer de Pokémon Go mais cela reste une bonne chose. Il était temps que l’on dépoussière les mécaniques de la licence et ça devait passer par là aussi. Choisir une des quatre attaques pour affaiblir la créature devant soi, la mécanique existe depuis deux décennies. Lorsque l’on demande de la nouveauté, il faut être prêt à l’accueillir. D’ailleurs, elle reste bien plus amusante dans Pokémon Let’s Go Pikachu que dans les précédents jeux. En utilisant le motion control, on crée ce petit fun et cette petite tension qui apportent de l’intérêt. Il n’est pas vrai de dire qu’il s’agit simplement de bouger le bras, il faut savoir gérer la direction et le timing. On a parfois la surprise de voir qu’un mauvais lancer a réussi, ou la tension de savoir si cet « excellent » lancer a enfin contribué à la capture d’un monstre. On éprouve tout de même une certaine fierté à maîtriser un timing, à viser correctement lorsqu’un détestable Pokémon volant se déplace de droite à gauche. L’utilisation des baies demeure inspirée et les nouvelles mécaniques restent une jolie satisfaction pour ma part.

pokémon let's go pikachu

Quant à la coopération, nous restons mitigés. Nous avons réalisé une bonne partie de Pokémon Let’s Go à deux et elle montrait autant de motifs de satisfaction que de frustration. Commençons par les bonnes notes, la coopération dans la capture. Plus que maîtriser le timing d’une capture, Game Freak récompense la symbiose et le timing d’une capture de monstre à deux. On lance en même temps et dans la même direction, si jamais cela réussit, ceci nous apporte plus d’EXP. Simplement génial, créateur de sourires complices et de bons moments. Il est aussi possible de se dresser à deux contre un en combat contre des adversaires, hormis la Team Rocket et sur un espace marin. Cela rend le jeu plus simple quand il n’a pas besoin d’être moins difficile. Puis, il faut s’accorder entre le Joueur 1 et le Joueur 2 pour savoir quel Pokémon accompagne qui. Il aurait été plus agréable – et peut-être utopique – que chaque dresseur s’appuie sur sa propre équipe, ses propres Pokémon.

Parfois, le second joueur éprouve le sentiment d’inutilité, lors des séquences d’exploration notamment. Il est relégué au rang de fantôme, il ne peut interagir ni avec l’environnement ni avec les PNJ ni avec les Pokémon sauvages. Une frustration automatique et certaine. Certes, cela a été pensé pour éviter les désaccords ou léguer au joueur principal un sentiment de maîtrise mais dans ce cas-là, le split-screen en exploration, cela existe aussi. Pour le coup, on se rassure et on se dit qu’au moins, il peut choisir ses Balls lors de la capture et décider d’utiliser une baie, maigre consolation avouons-le.

Une mission réussie mais imparfaite

Le fan de la première heure ne cesse de se le répéter. La direction artistique reste formidable, les animations font leur effet même si elles ne sont pas toutes révolutionnaires au niveau des capacités par rapport à Pokémon Stadium. Elles restent plus propres mais le titre Nintendo 64 me fait regretter l’absence d’une voix, celle qui apportait du dynamisme en commentant nos combats Pokémon. Au niveau sonore, des éléments dérangent à de multiples reprises. Ni le dresseur, ni les PNJs rencontrés par le personnage principal ne bénéficie de voix, Pokémon Let’s Go demeure muet. En cela, il a manqué son virage moderne réalisé par d’autres RPG. Aussi, au vu du choix de se reposer sur les 151 premiers Pokémon (voire 153 maintenant), nous aurions apprécié que Game Freak consente à des efforts quant aux cris des Pokémon inchangés depuis bien des années. Certes, les deux starters ont ce traitement de faveur mais qu’en est-il des autres ? Abo ne mérite-t-il pas, comme il le fait dans les dessins animés, de crier un bon vieux « Abooooo » au lieu d’effectuer un bruitage toujours aussi méconnaissable. Ce choix de 1G aurait pu entrouvrir la porte mais il n’en est rien.

On apprécie grandement l’expérience de jeu et les nouvelles possibilités offertes en matière de composition d’équipe. Certains fans auront toujours à cœur de placer les starters Salamèche, Carapuce et Bulbizarre dans leur équipe. D’autres pourront imiter Sacha du dessin animé en complétant avec Papillusion et Roucarnage, en ajoutant Ronflex ou Leviator. D’ailleurs, il reste plutôt appréciable que les Pokémon soient bien plus variés dans les premières zones du jeu en matière d’apparition. Auparavant, nous partions avec l’impression de devoir se coltiner Roucool et Rattata uniquement avant Jadielle. Désormais, les choix sont multiples et cela reste forcément agréable. De même, si nous ne combattons pas les Pokémon sauvages que nous croisons, ils ont quand même du level lorsqu’on les croise. Pour le coup, je garde cette plaisante sensation de ne pas devoir farmer chaque Pokémon que j’attrape si je veux le conserver dans mon équipe. Ce qui débouche sur un constat qui divisera la communauté, le niveau de difficulté est moins élevé dans Pokémon Let’s Go.

Pokémon Let's Go Pikachu

Le multi EXP est automatiquement activé, ce qui permet de ne pas consacrer ses sessions à des heures de farm. L’enchaînement des captures permet d’accumuler de l’expérience et de confier à vos monstres un niveau plutôt élevé comparé à la concurrence qui se place devant vous. D’ailleurs, force est de constater que l’IA n’est pas toujours logique dans ses choix d’attaque. Parfois, on pense perdre un Pokémon avec la potentielle attaque de l’adversaire mais il choisit une autre attaque, une autre cible, comme s’il vous laissait du répit. Il existe donc moins de pression dans les zones d’exploration dans le sens où les Pokémon n’apparaissent pas subitement et qu’ils peuvent être évités. De nombreux bonbons collectés régulièrement permettent de booster les statistiques des créatures de votre choix, ce qui les rend encore plus redoutables. Comme si elles en avaient besoin… Peut-être Game Freak devrait penser à offrir à l’avenir un choix de difficulté ou la présence d’un véritable New Game Plus, de quoi offrir une vraie dose de challenge aux joueurs qui en réclament. Et ils existent !

Pokémon Let’s Go Pikachu et Evoli réussit globalement son baptême sur Nintendo Switch. Si on aborde le système de capture avec appréhension dans les premières minutes, il parvient rapidement à apporter bien plus de fun que les mécaniques des précédents titres. On regrette certaines absences, on se réjouit de quelques nouveautés mais surtout on reste transporté dans un Kanto repensé d’une main de maître et une aventure qui gagne encore en rythme. Malheureusement, tout n’est pas parfait. Une expérience de jeu bien trop facile, un mode Coopération incomplet et source de frustration pour le second joueur, un épisode qui laisse de côté l’aspect compétitif, Game Freak a encore du boulot sur la planche pour la 8e génération de Pokémon. Néanmoins, quel plaisir éprouvé tout au long du jeu. Le fan-service et la nostalgie fonctionnent à la perfection et on attendait au moins cela de ce premier titre sur la console hybride de Nintendo.

4.5 2 votes
Évaluation de l'article

Points forts

  • Refonte graphique au top
  • Capture plus dynamique
  • Kanto toujours agréable à parcourir
  • Bande-son encore au poil
  • Originalité des captures de légendaire et Ronflex
  • Chasse au Shiny facilitée

Points faibles

  • La disparition du Parc Safari
  • Plus facile
  • Une coop à améliorer
  • À quand des voix aux PNJs ou de vrais cris de Pokémon ?
7.5

Good

Toujours dans la magique potion du jeu vidéo !
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Sanchez Noël
Sanchez Noël
5 années il y a

J’arrive un mois en retard et je n’ai surtout pas touché au titre donc mon commentaire n’est pas le plus utile de l’univers j’en convient mais à la lecture de cet article je suis déçu de ce Pokemon. Je suis un fan de la première heure, j’ai jouer au premier titre au collège à leurs sortie, et j’ai touché à tous les titres à part les soleil/lune et version ultra (ça c’est juste pour poser le fait que je suis pas un mec qui sort d’une heure de jeu dans Pokemon Go). Je trouve l’idée d’innové sur les captures intéressante… Lire la suite »

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