TEST – Trials of Mana, un remake pour rattraper le temps perdu

Le remake caché par l’autre

Trials of Mana

Développeur : Square Enix, Xeen
Éditeur : Square Enix
Genre : Action-RPG
Supports : PS4, Switch, PC
Support de test : PS4 (version fournie par l’éditeur)
Date de sortie : 24 avril 2020

Isabella Trials of ManaSquare Enix s’est lancé depuis quelques temps déjà dans une opération « nostalgie pour les fans de RPG ». D’un côté avec des titres fleurant bon l’age d’or des jeux de rôle, on pourrait alors citer I am Setsuna, Octopath Traveler ou Lost Sphear. D’un autre côté, avec toute une flopée de remasters et autres remakes. Que ce soit des titres mal connus en Europe comme Romancing Saga 2 ou bien des monuments planétaires comme le remaster de Final Fantasy VIII et évidemment le remake de Final Fantasy VII dont tout le monde parle actuellement. Dans l’ombre de cet ogre médiatique, un autre remake est sorti du catalogue de Square Enix en avril, il s’agit de Trials of Mana sur lequel nous allons nous pencher aujourd’hui. Sorti à l’origine en 1995 sur Super Nintendo uniquement au Japon sous le nom de Seiken densetsu 3, il aura fallu attendre juin 2019 pour que le jeu arrive officiellement en Europe. C’était sur Switch, dans la Collection of Mana qui regroupait les 3 premiers volets de la saga des Mana sous leur forme originelle. A savoir que la série est déjà passée par la case remake, puisque début 2018 c’est Secret of Mana, le deuxième opus, qui avait eu le droit au sien. Un retour malheureusement très mitigé comme l’expliquait notre test de l’époque. Le même verdict s’applique-t-il aujourd’hui à son petit frère ? Laissez-moi tout vous raconter.

Il était six fois

L’arbre mana se meurt. Et le mana perd de sa puissance à travers le monde, le conduisant vers sa perte. D’autant plus que l’arbre renferme 8 dieux destructeurs que des brigands mal intentionnés vont bien entendu se mettre en tête de libérer aussi vite que possible. Pour contrebalancer ces vils plans, des héros vont se dresser pour tenter de récupérer l’épée de Mana, capable de terrasser les monstres légendaires. Ces héros qui partiront à l’aventure, c’est le joueur qui aura la lourde responsabilité de les choisir.

En effet, la particularité de ce Trials of Mana réside dans l’opportunité qui nous est laissée de composer notre équipe. En tout, 6 personnages sont disponibles au début de la partie. Il faudra en sélectionner trois, un principal et deux soutiens, chacun ayant son antagoniste propre. Le scénario s’articulera alors autour du personnage principal et de ses compagnons. Vous l’avez compris, en fonction des choix que nous ferons, les évènements que l’on pourra vivre lors de notre partie ne seront pas les mêmes. Bien entendu, le fond de l’histoire se dirigera toujours vers le même point mais les étapes seront quelque peu différentes. Si ce système offre une indéniable rejouabilité, puisque pour tout découvrir, il faudra faire des parties avec une nouvelle combinaison de héros, le revers de la médaille est que la narration est quelque peu étouffée.

Hé oui, le jeu ne pouvant pas s’embêter à imaginer toutes les combinaisons possibles, l’interaction de nos personnages entre eux, et avec les PNJ est très limitée voire inexistante. Ainsi, les dialogues ressemblent surtout à des monologues collés bout à bout sans la moindre alchimie entre eux. La conséquence à tout cela, c’est un manque de vie et d’émotions flagrant dans un scénario sans âme, rempli d’ailleurs de clichés et de poncifs. Si en 1995, ce genre de défauts étaient pardonnables, puisque largement répandus en raison des contraintes techniques des consoles de l’époque, plus de 20 ans plus tard, ce n’est plus le cas.

Ce manque de vie se ressent également dans les animations des personnages durant les cinématiques. Là encore, il est imputable au système de choix des personnages. L’affichage des protagonistes se fait en temps réel et donc, les mouvements sont réduits à leur portion congrue pour ne pas sortir des attitudes physiques des personnages à l’écran. Imaginons les mouvements d’un ninja sur une enfant prêtresse, ça n’aurait aucun sens. Parlons au passage, des graphismes qui sont plutôt honnêtes même si des textures ont parfois un petit retard à l’affichage. Le chara-design est lui réussi et reste fidèle aux pixels de la version Super Nes. L’univers dans lequel se déroule le jeu est également varié même si les environnements en eux-mêmes restent assez vides.

Après l’aspect visuel, parlons de l’aspect sonore qui n’est pas vraiment folichon. Les doublages japonais manquent également d’entrain, ce qui est tout de même assez rare pour être souligné. Les voix sont disponibles en anglais mais surtout les textes sont traduits en français, ce qui est l’essentiel. Pour finir sur l’ambiance sonore, Trials of Mana a conservé ses thèmes musicaux d’origine qui sont tout de même passés par une réorchestration que l’on pourra qualifier de minimaliste. Le peu de morceaux du jeu donne rapidement une sensation de répétition. Non pas que ce soit extrêmement gênant mais dans un univers qui manque déjà de vie, ça fait une tâche de plus.

Les bons côtés du choix

Jusqu’à présent, j’ai beaucoup tancé les conséquences du système de choix de nos personnages pour l’aventure. Pour autant, il n’y a pas que des défauts à cette mécanique, j’ai par exemple mentionné plus haut la rejouabilité que cela représentait. Il faut également savoir que les 6 personnages possèdent leur propre style de combat avec les attributs correspondants et qui sont issus des grands classiques du jeu de rôle. La magicienne, le guerrier, la prêtresse ou encore l’archère, chacun de nos héros a donc ses forces et ses faiblesses. Au démarrage de la partie, il convient d’essayer de choisir un équipe à la fois équilibrée et qui colle à notre façon de jouer. Une première étape de personnalisation qui en précède d’autres.

En effet, au fur et à mesure que nos personnages gagneront en expérience, ils finiront par avoir des choix pour se spécialiser davantage. Par exemple, la prêtresse pourra s’orienter vers une voie la rendant plus apte à maitriser les sorts de soin, ou bien à maitriser les buffs pour améliorer ses partenaires. Là encore, nos choix seront guidés par l’équilibre de notre escouade et par nos goûts en matière de style de combat. Très appréciable.

De même, à chaque gain de niveau, on glanera des points de compétences à répartir entre cinq caractéristiques : force, résistance, intelligence, sagesse et chance. Quel que soit le personnage, chacune de ses caractéristiques débloquera de nouvelles compétences à mesure que des points lui seront attribués. Une nouvelle façon de faire des choix de personnalisation un peu plus poussé même si bien entendu la majorité des joueurs fera des choix logiques comme améliorer l’intelligence pour la magicienne ou la force et la résistance pour le guerrier. Mais une nouvelle fois, le choix nous revient.

Pour finir, parlons tout de même du système de combat. Comme à son origine, Trials of Mana demeure un Action-RPG avec toutes les mécaniques que l’on retrouve dans les classiques du genre. Un coup normal, un coup puissant, des attaques chargés, des sorts, des esquives, etc… Rien de complètement révolutionnaire d’un point de vue contemporain. Attention, cela ne veut pas dire que c’est une mauvaise chose. Les combats sont plutôt dynamique et assez plaisants, surtout ceux contre les boss qui se révèlent bien plus tactiques que les monstres lambdas. Normal.

Côté bémols, l’IA des alliés fait régulièrement des choix assez stupides comme lancer des sorts inutilement ou « oublier » d’esquiver les grosses attaques. Si la plupart du temps, les conséquences ne sont pas catastrophiques, lors des boss fights, ça peut vite devenir un peu rageant. De plus, la caméra a parfois du mal à suivre et à se placer au bon endroit dans les combats, ce qui a tendance à nous pousser parfois à agir un peu à l’aveuglette.

Enfin, Trials of Mana était à l’origine jouable à deux, mais pour le remake, cette fonctionnalité a été écartée. Alors oui, on a tendance aujourd’hui a dire que le multi en local se meurt mais ce n’est pas une raison pour le projeter un peu plus vers la tombe alors qu’on a des occasions de lui éviter ce sort funeste.

Au final, Trials of Mana est un A-RPG de bonne facture qui pour les joueurs d’aujourd’hui ne révolutionnera rien mais qui pourra procurer tout de même une bonne trentaine d’heures agréables sur un premier run, end-game et déblocages des quelques bonus inclus. Libre aux joueurs d’enchainer sur une deuxième partie voire plus s’ils veulent découvrir tous les arcs narratifs pour l’ensemble des personnages grâce au New Game +. Même si la narration et les trames scénaristiques laissent quelque peu à désirer. Ce remake aura tout de même le mérite de faire découvrir au plus grand nombre la suite de Secret of Mana après 25 ans passés dans l’ombre.

 

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Évaluation de l'article

Points forts

  • Un bon système de combat
  • La personnalisation de nos héros
  • Une durée de vie raisonnable
  • Une rejouabilité incontestable

Points faibles

  • Un scénario et une narration sans vie
  • L'IA des alliés laisse à désirer
  • Exit le mode multi en local
7

Good

Ma devise : "Raler, c'est utile uniquement si tu en profites pour apporter une solution... sinon ça reste juste un plaisir".
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